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des falsifications, furent condamnés à mort; trente-neuf autres, à cinq années de fers. Dix-neuf militaires, dont plusieurs << n'avaient existé qu'une heure dans cette compagnie insolite et contre-révolutionnaire »>, bénéficièrent d'un acquittement.

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Jean-Baptiste PERRAULT, né le 4 février 1763, à Tournus (arrondissement de Mâcon), de Claude, hôtelier, et de Marie Billard; prêtre, demeurant en cette ville. 1

Le 20 août 1793, neuf jours avant la reddition de Toulon aux Anglais, l'administration du département du Var avait été transférée à Grasse. Le 8 septembre, le représentant Escudier y établit le tribunal criminel, qui fut confirmé, le mois suivant, comme tribunal extraordinaire, c'est-à-dire jugeant révolutionnairement. Du 6 décembre 1793 au 8 décembre 1794, cette juridiction, statuant sur vingt-sept affaires, prononça vingt-neuf condamnations à mort, dont l'une frappa l'abbé Perrault.

Ce prêtre avait émigré en Italie. Dans le courant de septembre 1793, en compagnie d'un autre ecclésiastique, François-Joseph Ville, et d'un négociant, Jacques Gautier, il s'embarqua à Livourne et prit terre à Toulon, où les Anglais étaient entrés le 29 août. Ceux-ci évacuèrent la ville le 19 décembre. D'affreux massacres signalèrent le triomphe de la Convention. L'abbé Perrault et ses deux compagnons de voyage furent arrêtés, entre autres, et transférés à Grasse. Le 27 nivôse an II (16 janvier 1794),

1. Arch. nat., BB3, carton 15.

« vu la dénonciation de l'accusateur public portant que les susdits ont émigré du territoire de la République; qu'ils ne s'étaient embarqués à Livourne pour se rendre à Toulon que lorsqu'ils surent que cette ville infâme s'était livrée aux ennemis de la République, » le tribunal criminel les condamna à mort sur une simple constatation d'identité1. L'exécution eut lieu le lendemain, à onze heures du matin.

XXVIII

TRIBUNAL CRIMINEL DE LA MARNE

BOZOT

8 décembre 1793.

Philibert Bozor, soldat au 3 bataillon de la Manche, domicilié à Cortambert (arrondissement de Mâcon).

Prudhomme le cite comme ayant été condamné à mort, le 18 frimaire an II (8 décembre 1793), par le tribunal criminel de la Marne, en qualité de contre-révolutionnaire. Les renseignements s'arrêtent là. Le nom de Bozot ne paraît pas exister à Cortambert; mais on y trouve celui de Boyaud qui s'en rapproche assez. La Révolution ne fut pas bien cruelle dans le département de la Marne, où l'esprit est calme et répugne aux excès. Peut-être n'y aurait-elle pas fait de victimes, si des conventionnels, Rühl, Bô, Pflieger, ne s'y étaient montrés. Il fallut bien leur donner quelques satisfactions. Huit condamnations à mort furent prononcées par le tribunal criminel, du 15 septembre 1793 au 4 juin 1794. Les procédures ont disparu, et il ne reste du jugement rendu contre Bozot que les quatre lignes de Prudhomme.

1. Président : Vincent Lombard; juges: Hermentaire Gibou, César Barrière, Jacques Roubaud; accusateur public: Vachier.

XXIX

COMMISSION RÉVOLUTIONNAIRE DE L'ARMÉE DU RHIN

ROQUES

14 décembre 1793.

Jean-Jacques ROQUES, né en 1764, capitaine commandant le 1er bataillon des grenadiers de Saône-et-Loire à l'armée du Rhin. 1

A la suite de la perte des lignes de Wissembourg, le 14 octobre 1793, Saint-Just et Lebas avaient été envoyés à Strasbourg, en qualité de délégués extraordinaires, pour comprimer les mouvements que les émigrés pourraient provoquer en Alsace. Les opérations militaires ne les occupèrent pas exclusivement. Ils organisèrent la Terreur, inaugurée déjà par Euloge Schneider, moine allemand qui, de vicaire épiscopal, s'était nommé lui-même accusateur public près le tribunal criminel du Haut-Rhin. Les arrestations et les mesures vexatoires alternèrent avec les exécutions. Le 31 octobre, les délégués levaient un emprunt de neuf millions sur un certain nombre de citoyens personnellement désignés; le 15 novembre, ils signifiaient à la municipalité d'avoir à déchausser tous les aristocrates, afin d'envoyer le lendemain dix mille paires de chaussures au quartier général; une heure après, ils réquisitionnaient << tous les manteaux des citoyens de Strasbourg, » et, le même jour, ils invitaient sérieusement les dames de la ville << à quitter les modes allemandes, puisque leur cœur était français. >>

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1. Arch. nat., BB3, carton 1.

Mon. univ. du 14 thermidor, t. XXI, p. 357. 2. Recueil de pièces authentiques servant à l'histoire de la Révolution à Strasbourg ou les actes des représentants du peuple en mission dans ce département. Strasbourg, Daunbach.

En même temps qu'eux, mais en sous-ordre, deux autres conventionnels, Lacoste1 et Baudot 2, remplissaient une mission analogue. L'esprit du pays était modéré; aussi ne négligeait-on rien pour le « régénérer ». Un comité, composé des plus ardents Jacobins et institué sous le nom de Propagande, avait entrepris cette tâche. Les sociétés populaires d'autres départements lui apportaient leur concours. Chalon-sur-Saône avait envoyé comme « propagandistes >> : Lavrand3, Giroux et Schuller 5; Autun, Bonnefont 6; Couches, Reuillot et Lespagnol : tous « trempés au fer chaud du père Duchêne, » comme l'écrivait Baudot. « Surveiller les traîtres, encourager les faibles, dénoncer les modérés et persécuter les égoïstes, » tel était leur pro

1. Jean-Baptiste Lacoste, né le 30 août 1750, juge au tribunal de Mauriac, élu le 4 septembre 1792 député du Cantal à la Convention, fut un des plus dévoués auxiliaires du gouvernement de la Terreur. Dénoncé pour sa conduite en Alsace, il profita de l'amnistie du 4 brumaire an IV. Ce farouche montagnard se laissa faire préfet et comte de l'Empire. Il mourut le 13 août 1821.

2. Marc-Antoine Baudot, né le 18 mars 1765 à Liernolle (Allier), médecin à Charolles, élu le 31 août 1791 député suppléant à l'Assemblée législative, où il remplaça, le 10 juillet 1792, Charles Desplaces, démissionnaire, passa, le 6 septembre suivant, la Convention. Il remplit diverses missions, tantôt aux armées, tantôt dans les départements, et y déploya une extrême rigueur. Arrêté après le 1er prairial an III, dénoncé pour terrorisme par les Strasbourgeois, il bénéficia, comme Lacoste, de l'amnistie. Il fut banni en 1816, rentra en 1830 et mourut à Moulins le 23 mars 1837.

3. Claude-François Lavrand, accusateur public.

4. Charles Giroux. Le 8 frimaire an II (28 novembre 1793), il était donné lecture à la Société populaire de Chalon « d'une lettre du camarade Giroux, député à Strasbourg, qui invite les sans-culottes à ne plus faire quartier aux aristocrates. >> Cet individu fut élu, le 17 février suivant, membre du directoire du district.

5. Joseph Schuller, brasseur à Chalon, rue Concorde, élu à la même époque officier municipal.

6. François Bonnefont, né le 3 mars 1745, à Autun, de Guillaume-Roch, directeur des postes, et de Philiberte Delisle. Il n'avait pas été tout d'abord désigné. Le 2 frimaire (22 novembre), le comité de surveillance avait choisi l'ex-oratorien Souberbielle et l'apothicaire Barruel « pour se rendre à Strasbourg à l'effet de ranimer le zèle des habitants égarés et leur précher les sentiments du républicanisme, de la philosophie et de la raison. » Sur le refus de Barruel, l'ex-procureur Villedey lui fut substitué. Finalement, ce fut Bonnefont qui fit seul le voyage. Le 5 nivôse (25 décembre), il était de retour et rendait compte de sa mission, « ce qu'il a fait à la satisfaction de la Société. Il en résulte que l'esprit public est encore très mauvais dans les départements du Haut et du Bas-Rhin, » Bonnefont fut nommé officier municipal, après le coup d'État du 18 brumaire. Sous l'Empire, il exerçait les fonctions de directeur de la poste.

TOME XXIX.

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gramme. Baudot était ravi de leur concours. « L'esprit public, écrivait-il encore le 29 brumaire (19 novembre), gagne chaque jour par leur zèle et leurs lumières; les harangues d'un côté, et la guillotine de l'autre font espérer un succès complet ». Une autre fois, s'entretenant des contre-révolutionnaires avec ses propagandistes : « Marat, disait-il, n'avait demandé que deux cent mille têtes; fussentils un million, détruisons-les entièrement ». La République n'imaginait pas d'autres moyens pour s'attacher les populations alsaciennes. Le résultat le plus clair de cette régénération de l'esprit public fut l'émigration en masse dans la Forêt-Noire, l'arrêt de l'industrie et la désertion des campagnes.

Une loi du 12 mai 1793 avait établi deux tribunaux criminels dans chaque armée et leur avait attribué la connaissance des délits militaires assez graves pour mériter des peines corporelles. Ces tribunaux observaient certaines formes et procédaient avec l'assistance de jurés. Quand Saint-Just et Lebas arrivèrent à Strasbourg, ils s'empressèrent d'ériger le tribunal du premier arrondissement de l'armée du Rhin en commission révolutionnaire et lui donnèrent pour mission de «< juger sans forme de procédure les agents et partisans de l'ennemi, ainsi que les agents prévaricateurs des administrations de l'armée ». En cas de conviction, les accusés devaient être fusillés; en cas de simple suspicion, on les emprisonnait à Mirecourt. Le jury n'était maintenu que pour les autres délits.

Le lendemain même de l'exécution de Robespierre, le 11 thermidor (29 juillet 1794), Merlin de Douai, le futur procureur général et comte de l'Empire, montait à la tribune et, au nom du comité de Législation, dénonçait à la Convention, dans les termes suivants, un jugement qui,

1. Recueil des actes servant à l'histoire de Strasbourg.

2. Histoire générale des crimes commis pendant la Révolution, par Prudhomme, t. V, p. 508.

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