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fortune n'est pas seulement un tribut payé à la solidarité et à la philanthropie, mais un acte de religion qui honore le pauvre, en même temps qu'elle le soulage, le relève à ses propres yeux et lui rend courage et confiance dans la lutte contre les duretés de la vie en lui démontrant l'action tutélaire de la Providence.

Nous pouvons donc faire au regretté défunt la très consolante application de la parole du Sauveur rapportée par saint Luc Avec cet or qui trop souvent, hélas ! sert d'ins» trument à l'iniquité, faites-vous des amis, afin que lorsque » la vie vous manquera, ils vous reçoivent dans les taber»nacles éternels. »> 1

Oui, mes chers Frères, regardez-les avec moi, ces pauvres, ces malades, ces affligés dont M. Bulliot s'était fait depuis si longtemps le bienfaiteur et l'ami. Il me semble voir leur immense cortège se tenir prêt à l'entourer au moment même où sa poitrine haletante rendait son dernier souffle, et où se brisait le lien de sa captivité terrestre. Ils étaient là pour l'attendre, le remercier, l'acclamer, l'escorter aux pieds du souverain Juge. Et au moment où ils le lui présentaient, celui-ci accueillait ce bienfaiteur des pauvres, en lui disant Gabriel, j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'étais sans vêtements et vous m'avez vêtu; j'étais malade et vous m'avez visité. En vérité, ce que vous avez fait au plus petit d'entre mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. Entrez donc, bon et fidèle serviteur, entrez - pour y demeurer éternellement dans la joie de votre Maître. 2

Mes chers Frères,

Quand je considère la place que M. Bulliot a tenue dans le double domaine de la science et de la charité, je me rends

1. Luc xvi, 9.

2. Matth. xxv, 25-35, Luc; XIX, 17.

mieux compte du très grand vide qu'il laisse après lui. Ce vide, je supplie Dieu de daigner le combler et je répète, et je vous demande de répéter avec moi, la belle prière de notre Liturgie pour l'octave de la fête de saint Laurent, ce diacre martyr qui, en montrant au juge païen les pauvres, les infirmes, les paralytiques soignés et assistés par lui, les appelait le plus précieux trésor de l'Église :

« Suscitez, Seigneur, parmi nous l'esprit dont votre ser» viteur a été l'instrument docile, afin que, nous aussi, >> remplis de ce même esprit, nous nous appliquions à » aimer ce qu'il a aimé. »1

Oui, mon Dieu, pour le bien de notre patrie française et tout particulièrement pour le bien de notre chère cité d'Autun, provoquez parmi les jeunes hommes qui grandissent autour de nous le désir de marcher sur les traces de celui que vous venez de nous reprendre. Qu'ils aient, comme lui, l'amour du travail, de la vie réglée, de l'application assidue aux grandes pensées et aux nobles œuvres, la passion du beau et du bien, le culte des choses anciennes et l'intelligence des besoins de leur temps! Que, par-dessus tout, ils gardent comme lui le trésor immaculé d'une foi tendre et virile, généreuse et agissante, commandant le respect à ceux qui ont le malheur de l'avoir perdue, et donnant aux enseignements de l'Évangile leur commentaire le plus persuasif, celui qui consiste à imiter le Maitre, et à passer en ce monde, comme Lui, en n'y faisant que du bien : Pertransiit benefaciendo. 2

1. « Excita, Domine, in Ecclesia tua spiritum cui beatus Laurentius servivit, ut eodem nos repleti studeamus amare quod amavit....... »

2. Act. x, 38.

PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

*

SÉANCE DU 21 MARS 1901.

PRÉSIDENCE DE M. G. BULLIOT.

La Société Éduenne s'est réunie le jeudi 21 mars 1901, à l'hôtel Rolin, à une heure, sous la présidence de M. Bulliot.

Étaient présents à la séance: MM. Hippolyte Abord; le baron Boucher; A. de Charmasse; le colonel Désveaux ; Gadant; René Gadant; le docteur Gillot; Émile Gillot; A. Gillot; Antony Graillot; G. de la Grange; Amable Molin; Perrouin; Tessier-Viennois ; Victor Verger.

Avant d'aborder les questions prévues par l'ordre du jour, M. de Charmasse rappelle l'élection de M. Bulliot comme membre correspondant de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, faite au mois de décembre dernier. En son nom et au nom de la Société, dont il se fait l'interprète, il offre à M. Bulliot ses félicitations pour cet honneur tardif, que lui méritent ses nombreux et remarquables travaux. M. Bulliot remercie les membres présents de la sympathie qu'ils lui témoignent par leurs applaudissements.

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La Société a ensuite reçu, en qualité de membres titulaires : M. Hilaire Olinet, sous-lieutenant au 155° d'infanterie, à Verdunsur-Meuse, présenté par MM. Olinet et Dejussieu; M. Charles Boël, à Autun, présenté par MM. de Charmasse et Gillot ; M. l'abbé Manier, vicaire général, présenté par MM. Bulliot et de Charmasse.

M. le président communique :

Les lettres par lesquelles MM. Dantel, Imbert, Le Camus, le comte Henry de Louvencourt, le vicomte de Masin et le marquis

de Montmorillon remercient la Société de les avoir admis au nombre de ses membres, et celle par laquelle M. Dubois, secrétaire, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance de ce jour;

Une circulaire de M. le ministre de l'instruction publique, du 7 janvier 1901, annonçant que le trente-neuvième congrès des Sociétés savantes s'ouvrira à Nancy, le 9 avril prochain, et invitant ceux des membres de la Société Éduenne, qui voudraient y assister, à donner leur adhésion le plus tôt possible, afin de profiter des avantages ordinaires accordés aux congressistes;

Une autre lettre émanant également de M. le ministre de l'instruction publique, du 26 février dernier, informant la Société Éduenne qu'une subvention de 500 francs lui est accordée comme encouragement à ses travaux scientifiques.

A l'occasion du centenaire de sa fondation, l'Académie du Var a publié un livre d'or, qu'elle envoie à titre d'hommage confraternel à la Société Éduenne, avec laquelle elle échange ses publications. M. le président dépose ce volume sur le bureau et prie le secrétaire d'adresser les remerciements de la Société à l'Académie du Var.

Après avoir fait part de la mort récente de M. le comte Stéphane de Rouville, qui avait fait don à la Société du portrait de son oncle, M. Bernard Jovet, M. Bulliot donne lecture de la notice suivante sur M. le capitaine de Dinechin, membre titulaire, décédé au mois de janvier dernier :

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<< M. le capitaine DUPONT DE DINECHIN (Marie-Antoine-Philibert), dont nous déplorons la perte récente, était né le 29 septembre 1853 à Fleury-la-Montagne, en Charollais. Le hasard des déplacements du service militaire l'avait amené à Autun, où un lien antérieur lui donnait droit de cité. Un de ses ascendants avait contracté alliance dans la famille d'Isaac Lemulier, lieutenant particulier criminel, qui deux fois fut vierg de notre ville en 1628 et en 1654.

» Entré à l'École spéciale militaire le 27 octobre 1873 et en activité à sa sortie, il servit successivement à Lyon, Dijon, Bourges, Épinal. Un ordre en septembre 1881 l'envoya en Afrique avec la mission d'y conduire un détachement à ElAricha; il était lieutenant au 152° d'infanterie, lorsque sa pro

motion au grade de capitaine le fit entrer au 29e le 23 avril 1888, et c'est avec ce grade qu'un décret du 12 juillet 1897 le nomma chevalier de la Légion d'honneur. Adjudant-major le 1er mai 1899, il était proposé au choix pour chef de bataillon depuis le 3 juin 1896 et allait être promu à ce dernier grade, lorsqu'une mort foudroyante, le 14 janvier 1901, a brisé fatalement ses espérances et plongé dans un deuil irrémédiable une famille entière.

» Cette fin prématurée a été vivement ressentie par tous les camarades du capitaine, très apprécié de ses chefs et de tous ceux qui, à un titre quelconque, avaient des rapports avec lui. Intelligent, travailleur et instruit, il avait pris rang à la Société Éduenne dès le 5 mars 1889. Mais à côté des mérites du soldat, ce qui l'élève à nos yeux ce sont les mérites du chrétien sans défaillance, subordonnant ses actes à ses convictions. Simple, doux envers tous, bon pour ses inférieurs, qui le lui rendaient en affection, il puisait à la vraie source les nobles inspirations. A côté de son chevet on trouva le livre qui contient toute la philosophie de la vie, l'Imitation de Jésus-Christ. Un mot suffit pour caractériser le capitaine de Dinechin : « il fut l'homme de tous les devoirs. » Son colonel, en face du cercueil, lui a rendu une justice méritée dans un dernier adieu. »

Dans les termes suivants, M. le président attire l'attention sur un camée antique, trouvé à Autun :

« J'ai l'honneur d'offrir à la Société, au nom de M. Alexis Rérolle, le beau camée représentant ATHENA, placé sous vos yeux.

>> Cette tête qui rappelle, un peu modifiée, celle figurée sur les publications de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, est découpée dans un onyx à trois couches de teintes différentes, utilisées avec art par le lapidaire dans la répartition des couleurs. Le noir brillant dessine la partie latérale du casque attique de la déesse, dont le cimier se déroule comme un serpent détaché en saillie dans l'épaisseur du fond; les boucles de la chevelure s'épandent le long des tempes et du front, tandis qu'une guirlande de longues tresses nouées flotte sur le cou et sur l'épaule.

» Ce bijou, d'une dimension hors ligne, comparé à tous ceux de même catégorie exhumés du sol autunois, acquiert, en raison 28

TOME XXIX.

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