Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

suivant la coutume des gens de métiers, s'étaient groupés quelques artisans exerçant la profession de maréchal. Or, en 1515, les comptes de la grèneterie du chapitre nous apprennent qu'il existait à Autun une rue «< ès Mareschaulx 1, dont le nom s'est perpétué jusqu'à nous. Le tracé de la rue actuelle coïncidant avec celui de la rue du plan de 15812, et ce dernier ne devant pas sensiblement différer de celui de 1425, nous devons en conclure qu'il y avait identité entre la rue actuelle et celle de 1425. Celle-ci devait donc partir de la porte des Bancs et longer les murs du Château pour aller, en passant devant la porte de l'Évêché, rejoindre la rue qui emprunta son nom au ruisseau de Saint-Pancrace, appelée alors « reu Boutaillier ou Boutoillier. »>

L'emplacement de l'auditoire sur la rue aux Maréchaux actuelle une fois déterminé, comme nous savons d'autre part que ce tribunal tenait « à la barriere du chastel dudit. Ostun,» il s'ensuit qu'il ne pouvait se trouver que dans le voisinage immédiat soit de la porte de l'Évêché, soit de la porte des Bancs. En avant de chacune d'elles, au delà du fossé, sur lequel était jeté le pont-levis, se trouvait, ainsi que c'était l'usage alors, une barrière flanquée peut-être comme celle du château de Riveau de deux « helles de mur. 3 » C'était là l'un des principaux moyens de défense accumulés autour des portes, point de mire des assaillants qui, pour éviter les longueurs du siège, s'attaquaient de préférence à celles-ci dans l'espérance d'entrer dans la place par surprise. Si même l'assiégeant eût réussi à forcer l'entrée du Château, il aurait trouvé pour l'arrêter, disposé aux abords de la grande porte de la citadelle, un semblable système

1. Harold de Fontenay, Autun et ses Monuments, p. 375, n. 2.

2. V. le plan d'Autun publié par Saint-Julien de Balleure (De l'origine des Bourgongnons, Paris, Chesneau, 1581, in-f").

3. Arch. dép. de la Côte-d'Or, B,2365, fo 36, r°. Cf. A. de Charmasse, l'Église d'Autun pendant la guerre de Cent Ans (Mém. de la Soc. Ed., t. XXVI, p. 40), et Et. Picard, le Château de Riveau......... au quinzième siècle (Ibid. t. VIII, p. 242).

d'ouvrages défensifs en effet, l'année précédente, Jean Tyvernon, charpentier, reçoit XLV francs pour avoir exécuté au Château de Riveau, entre autres ouvrages de charpenterie, « une barriere de boiz, » en tout semblable « à la barriere de la grant porte des Bans de ladicte ville de chastel d'Ostun1. » C'est probablement près de celle-ci et non près de celle de l'Évêché, que fut installé l'auditoire du vierg. S'il se fût agi de cette dernière, on l'eût désignée nominativement et en l'absence d'une indication précise, nous croyons que la barrière dont il est question dans notre texte, est celle de la porte des Bancs, de la « grant porte, » comme on disait alors, par laquelle les évêques d'Autun étaient introduits dans le Château au moment de leur entrée solennelle. Ce qui confirme notre hypothèse, c'est qu'il est dit dans le texte cité plus haut, que les viergs firent placer « dans l'édiffice ou l'en tient les jours dudit. vierg....... certains bans à mectre char et à vendre. » Or, joignant la porte des Bancs se trouve la rue du même nom, qui tire son origine des bancs loués par la ville aux bouchers pour leurs étaux 2. L'auditoire devait donc se trouver près de là.

1. Arch. dép. de la Côte-d'Or, B,2365, fo 37, ro.

2. Depuis longtemps les bouchers étaient installés dans cette rue et ce sont bien les bancs disposés pour l'étalage des viandes qui lui donnèrent son nom. En effet, en 1325 les exécuteurs testamentaires de Guy Barbier, prêtre d'Autun, donnent à cens perpétuel pour l'acquit d'une fondation faite par celui-ci à l'abbaye de SaintAndoche « une maison sise dans la rue des bancs des bouchers du Château d'Autun, entre la maison des héritiers de Gauthier Porchet et celle qui fut à Edmond de Pesme. » Communication de M. A. de Monard, du 2 février 1893, dans les Mém. de la Soc. Ed., t. XXI, p. 386.

Ce marché de boucherie, auquel venaient s'approvisionner les habitants du Château, n'était pas le seul qui se tint à Autun; il existait vers la même époque dans la ville basse une autre halle spéciale réservée aux bouchers. En effet des extraits faits en 1685 du terrier de l'abbaye de Saint-Jean-le-Grand de 1483 nous apprennent qu'il y avait dans le bourg Saint-Jean, ressortissant à la justice de l'abbesse, « une certaine place appellée la place des Bancs de la Boucherie, en laquelle l'on souloit avoir bancs de boucherie appartenants madicte dame et y tuoit-on chair chacun jour, réservé le sabmedy, jour de marchef. » Voy. l'Inv. som. des arch. dép. de Saône-et-Loire ant. à 1790, par L. Michon, A. Bénet et L. Lex, seconde partie, sér. H, p. 373.

Par conséquent, il parait assez légitime de conclure. qu'au mois de février 1424 (n. st. 1425) le tribunal du vierg occupait dans la ville haute une partie de l'emplacement du petit musée lapidaire, qui précède la seule tour encore debout de l'ancienne porte des Bancs attenant aujourd'hui à l'hôtel Rolin et empiétait probablement sur la rue aux Maréchaux et sur la maison voisine n° 21 de cette rue.

Quant à l'époque à laquelle on peut faire remonter la construction de l'auditoire, à défaut d'un texte qui nous permette de la préciser, c'est dans notre histoire locale qu'il faut aller chercher les quelques détails à l'aide desquels nous pourrons la déterminer d'une manière approximative. En 1425, ce devait être déjà une construction relativement ancienne; ce ne fut en effet qu'après la destruction de la maison de Clément du Champ, « arse pour le temps de la guerre ancienne des Anglois, » que l'auditoire du vierg fut élevé sur les ruines de celle-ci. Or, nous savons qu'au commencement du mois d'août 1364, Autun fut attaqué par de nombreuses bandes de routiers, notamment par celle du fameux Arnauld de Tillebort, plus connu sous le nom de Talebardon; elles saccagèrent les faubourgs d'Arroux et de Saint-André et enlevèrent «le for de Marchault » sans réussir à forcer les portes du Château 1. L'année suivante, au mois de janvier, celui-ci eut encore à supporter un autre assaut cette fois c'étaient les gens d'un autre routier non moins célèbre, Arnaud de Cervole, dit l'Archiprêtre, engagés pourtant au service de Philippe le Hardi, qui vinrent << environ la forteresse et jusque sur les fossés 2. » Si, en l'absence d'un autre texte que celui que nous avons cité, il

1. Sur le passage des Compagnies et sur les ravages commis par elles dans l'Autunois, v. le récit qu'en a donné M. A. de Charmasse dans l'Eglise d'Autun pendant la guerre de Cent Ans (Mém. de la Soc. Ed., t. XXVI, p. 10 et 11), et qui a été résumé par le P. H. Denifle dans la Désolation des églises, monastères et hôpitaux en France pendant la guerre de Cent Ans, Paris, Picard, 1899, in-8°, t. II, p. 475.

2. V. la poursuite dirigée contre Taxin, valet de Jean de la Roche, chanoine d'Autun, dans A. de Charmasse, ouv. précéd. cité, p. 16-17.

est permis de hasarder une hypothèse, c'est, pensons-nous, à l'une de ces deux dates que fut probablement « arse » la maison dont Clément du Champ venait de faire l'acquisition et sur l'emplacement de laquelle les viergs, qui se succédèrent au pouvoir, installèrent dans la suite leur auditoire, sans qu'il nous soit possible en l'état présent de nos recherches d'assigner une date précise à la construction de cet édifice.

Depuis cette époque le vierg continua-t-il longtemps après l'intervention du duc de Bourgogne, en 1425, de maintenir la tenue de ses jours près de la porte des Bancs? A quel moment et à la suite de quelles circonstances transférat-il le lieu de ses assises dans la ville basse ? C'est ce que ne nous ont pas révélé ceux des comptes de la viérie, que nous avons pu consulter et qui sont sur ce sujet la source principale de renseignements. Il nous a été seulement donné de relever de temps à autre quelques mentions concernant l'auditoire; l'une d'elles nous a semblé devoir être retenue et bien qu'elle se rapporte à des faits se plaçant à une époque un peu postérieure, nous croyons devoir la citer intégralement. C'est l'un des paragraphes d'un chapitre de dépenses faites par Philibert Maignien, notaire royal, commis à la recette de la viérie en 1495-1496: « Audit rece» veur plus pour avoir payé d'avoir fait faire les evvangilles » de l'auditoire d'icelle viérie mises en bois et armoyées » aux armes du roy nostredit seigneur, six blans, la clef » d'icelle auditoire et asseoir la ferrure, ung gros; et pour » avoir acheté ung gros papier de justice pour enregistrer » et escrire par le greffier les causes provenans chascun » jour en l'auditoire et jugement d'icelle vyérie, que l'on » avoit peu avoir ne recouvrer des mains du greffier 1

1. Il se nommait François Machin; la communauté des habitants réclama contre lui et contre l'ancien receveur de la viérie Huguenin Marchandot, qui ne voulait pas rendre « les papiers ne autres obligacions servans à icelle vyérie. » (Inv. des arch. dép. de la Côte-d'Or, série B, t. I, p. 267-268.)

» d'icelle pour les habitans laiz dudit Ostun tenans icelle » vyérie en leurs mains, le tout montant à la somme de huit » gros et demi payé par ledit receveur, comme appert par » certificacion cy rendue pour ce......... vIII gros demi. » 1

En résumé, l'existence de l'auditoire de la viérie près de la porte des Bancs à la fin du premier quart du quinzième siècle est le seul point qui soit définitivement acquis. Les autres questions, que nous avons posées, pourront être résolues le jour seulement où l'on aura dépouillé, jusqu'en 1653, date du transfert de Marchaux au champ Saint-Ladre du tribunal du vierg, la longue suite des comptes de la viérie et les registres des délibérations du conseil de ville, qui nous ont été conservés.

1. Arch. dép. de la Côte-d'Or, B,2500, fo 32, r° et v°. Compte premier de Philibert Maignien, citoyen d'Autun, notaire royal, « commis à la recepte de la viérie dudit Ostun, naguères réunie au demaine du roy nostre sire estans es mains des habitans laiz dudit Ostun, » en remplacement de Huguenin Marchandot (1 octobre 1495, 30 septembre 1496).

or

ANDRÉ GILLOT.

« ZurückWeiter »