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Nouvelles Religieuses.

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VOYAGE DU SAINT-PÈRE. A Frosinone, le conseil provincial a offert à S. S. une médaille frappée pour perpétuer la mémoire de ce retour et de la joie qu'il inspire. Elle porte sur l'èxergue :

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Mgr Trucchi, accompagné d'une députation de son chapitre, lui a présenté le tribut de pain que l'Evêque d'Anagni est tenu d'offrir au Pape quand il visite la Campanie, en mémoire du don de l'abbaye de S. Pietro fait par Boniface VIII, natif de cette ville.

Le Pape s'est détourné de sa route pour visiter la ville d'Alatri qui s'est montrée particulièrement fidèle et dévouée dans les dernières catastrophes.

ROME. Après que le télégraphe nous a appris l'entrée du Saint-Père à Rome, les lettres et journaux ne nous apportent plus que des détails rétrospectifs; nous croyons pourtant être agréables à nos lecteurs en les leur faisant con

naître.

Par une notification en date du 8 avril, S. E. le Cardinal Patrizi a commandé, aux chapitres des églises patriarcales, des basiliques et des collégiales, au corps des curés, au séminaire romain, et aux ordres religieux qui assistent aux processions solennelles, de se trouver, avec leurs insignes, dans la basilique de SaintJean-de-Latran, pour recevoir le Saint-Père, que le chapitre de Saint-Pierre recevra dans sa basilique. Au signal donné par le canon du fort Saint-Ange, toutes les cloches sonneront a festa pendant deux heures. Le dimanche 14, dans toutes les églises, on chantera un Te Deum. On cessera de réciter la collecte Pro Papa, et on la remplacera par l'oraison Pro gratiarum actione.

Le Pape à mis à la disposition du Cardinal-vicaire une somme de 25,000 scudi (155,000 fr.), prise sur sa cassette particulière, pour être distribuée aux pauvres. S. Em., afin de faire parvenir ce secours à ceux qui en ont réellement besoin, a institué, dans chaque paroisse, une commission présidée par le curé, et chargée de rechercher les véritables nécessiteux.

Séance de l'Assemblée.

La séance a été longue, grave, solennelle : le résultat a été déplorable. Rarement plus de logique, plus de talent, plus d'éloquence avaient été mis au service d'une théorie plus juste et plus courageuse. Rarement la faiblesse d'esprit, la pusillanimité, la vaine complaisance pour je ne sais quelle douteuse popularité, ont entraîné plus malheureusement une grande Assemblée. C'est la plaie des majorités, comme c'est la plaie des partis de compter un certain nombre d'intelligences intraitables, préoccupées avant tout de leurs pensées personnelles, s'aheurtant à une apparence de générosité, faisant du sentiment et de la tactique au lieu de faire de la politique et du droit, et jetant, par amour-propre ou par entêtement, le désarroi dans un corps dont l'union peut seule opérer le salut, et qui ne

doit vivre que de mutuelles concessions et de support réciproque. A un jour donné, en face d'une opposition aussi formidable que celle de la Montagne, il suffit d'une manœuvre ou d'un entraînement, et les batailles les plus importantes sont subitement perdues. C'est ce qui vient d'arriver ce soir. Le tiers-parti, quelques membres de la droite se sont détachés du ministère, ont abandonné la commission, et le scrutin a apporté à l'amendement montagnard de M. SavatierLaroche 365 voix contre 301. Fâcheuse au point de vue de la loi, cette issue est beaucoup plus triste au point de vue de la politique. Nous nous contentons de renvoyer les dissidents, pour toute récompense, aux joies et aux applaudissements de la Montagne !

La question pourtant était bien simple et elle avait été bien merveilleusement mise en lumière ! L'art. 17 du Code pénal, en définissant la peine de la déportation maintenue dans un article précédent, déclare que cette peine consiste à être transporté à perpétuité dans un lieu déterminé par la loi et situé hors du territoire continental de la France. Il ajoute que, tant que ce lieu ne sera pas déterminé, la peine sera subie dans une maison de détention. Certes, il ne faut pas être d'une profonde habileté en jurisprudence et en bon sens, pour comprendre que du jour où le lieu de la déportation aura été fixé, les condamnés à cette peine devront être transportés dans ce lieu. C'est là une pure affaire d'exécution. Où donc peut-on y voir l'ombre de la rétroactivité ?

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La rétroactivité, proscrite par nos lois et par l'équité, tout le monde le sait, est l'atteinte portée à des droits acquis, à des fait accomplis, à des décisions irrévocables. Jamais l'exécution d'un arrêt, dans le cas spécialement prévu par le Code, ne saurait avoir un tel caractère. Il y a mieux la loi n'a pas même à se préoccuper de cette question. C'est une discussion judiciaire : les tribunaux,-dans l'espèce la Haute-Cour, — apprécieront si la transportation à Noukahiva sera ou non un acte de rétroactivité. Voilà ce que M. Vésin a établi, voilà ce que M. de Vatimesnil a démontré jusqu'à l'évidence, avec l'admirable clarté de son argumentation et de sa logique, avec la chaleur et l'élévation de sa noble éloquence. Eh bien ! non, malgré les sages et énergiques paroles de M. Vatimesnil, couvertes cependant d'applaudissements répétés, le vote a donné raison à M. Odilon Barrot et à la Montagne !

M. le ministre de l'intérieur n'avait point été aussi habile que nous l'aurions voulu. Après avoir adopté la distinction de M. de Vatimesnil entre les devoirs du législateur, ceux du juge et ceux du gouvernement; après avoir, avec le plus louable courage, déclaré que le pouvoir ferait, en tout cas, exécuter la loi, il a insisté toutefois pour que l'Assemblée se prononçât explicitement. Il est triste de dire que derrière les suffrages se présentait une question d'application personnelle, celle de la situation des condamnés de Bourges et de Versailles. Et nous craignons qu'un sentiment moins élevé en ait pris

prétexte pour s'abriter derrière une apparence de générosité malentendue ou de clémence intempestive.

M. Odilon Barrot a exploité cette fibre. Il était souffrant; ce qui ajoutait à son débit si théâtral quelque chose de morne et de fatigué. Il a lassé l'Assemblée plus qu'il ne l'a convaincue surtout il a pompeusement couvert une sorte de défection.

De nouveaux efforts de M. Baroche ont fait éclater tout ce qu'il y avait de faux, de contradictoire, de malheureux dans le discours de M. Barrot. Ces efforts, quelque brillants qu'ils fussent, ont été perdus, et à huit heures moins un quart l'Assemblée s'est séparée dans une profonde agitation, au milieu des exclamations de triomphe de la Montagne et de la douloureuse surprise des diverses nuances qui forment d'ordinaire la majorité. Ce vote pourrait entraîner le rejet de la loi.

Chronique et Faits divers.

M. le Président de la République est arrivé à Angers, avec le ministre de la guerre et le général Castellane.

Le lendemain 19, à neuf heures, le Président est parti de la préfecture en habit de ville, dans une calèche découverte, pour se rendre à l'hôpital Saint-Jean. Les militaires blessés étaient rangés dans la cour, à droite, et les Sœurs à gauche. Le Président a donné deux cents francs à un estropié civil, qui a le poing coupé; il a promis à un jeune homme de 18 ans, aveugle, d'avoir soin de lui. Il a aussi accordé plusieurs congés à des militaires.

De là, le Président, traversant une foule respectueuse, s'est dirigé sur le boulevard de Laval; il s'est arrêté à l'Ecole mutuelle, où se trouvait un blessé qui désirait lui parler. Le Président prit les nom et prénoms du militaire blessé et demanda à connaître celui qui l'avait sauvé, le nommé Forgeil cordonnier, auquel il a remis un billet de cent francs.

Ensuite le Président se rendit à Saint-Nicolas où le 11 se trouvait caserné. En présence des militaires il a décoré un capitaine adjudant-major, le chirurgienmajor, un sergent de carabiniers et un voltigeur. Il a donné aussi des médailles à trois musiciens.

Quittant Saint-Nicolas, le Président gagna le bout du pont de la Basse-Chaîne, du côté de l'abattoir, où, sous le poids de la plus vive émotion, il a décoré deux > gendarmes.

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Avant de revenir par le pont de pierre, il s'est arrêté chez M. Letourneau, notaire, pour y visiter un blessé.

Après avoir passé le pont, le Président entra au château; du château il se rendit à la caserne de l'Académie où il décora plusieurs militaires, puis à la caserne de la Visitation où deux capitaines du 72° reçurent aussi la croix d'honneur.

De là le Président s'est rendu à la préfecture d'où il est parti pour Paris, sur les deux heures, par un convoi spécial.

Lors de son séjour, le Président a été accueilli par de nombreux cris de: Vive Napoléon! et vive le Président!

- M. le baron de Menneval, ancien secrétaire particulier de l'empereur Napoléon, est mort hier au soir à la suite d'une très-courte maladie, à l'âge de 73 ans. – Le général Narvaez, président du conseil et ministre de la guerre d'Espagne, vient de mettre les archives de son département à la disposition d'une

commission chargée de réfuter la partie de l'Histoire du Consulat et de l'Empire, de M. Thiers, qui à rapport à la campagne d'Espagne.

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L'ordre du jour appelle la suite du projet de loi sur la déportation.
Voici l'article 2:

«En cas de déclaration de circonstances atténuantes, si la peine prononcée par la loi est celle de la déportation dans une enceinte fortifiée, les juges appliqueront celle de la déportation ou celle de la détention. »—Adopté.

L'article 3 porte que la mort civile n'est pas la conséquence de la condamnation à la simple déportation ; et que les condamnés auront l'exercice de leurs droits civils, hors le cas de déportation dans une forteresse.

M. FAVREAU engage le débat. Il demande que la loi ne permette pas la déportation des condamnés actuels, parce qu'il y aurait rétroactivité.

M. VESIN demande le rejet de l'amendement de M. Favreau.

M. SAVATIER-LAROCHE propose de reprendre l'art. 6 primitivement présenté par le gouvernement, ainsi conçu : « La présente loi n'est applicable qu'aux crimes commis postérieurement à sa promulgation,» et il propose d'y ajouter :« Néanmoins, il sera loisible aux individus qui auraient été condamnés antérieurement à la déportation, de réclamer, en ce qui les concerne, l'exécution de la présente loi.

<«< Dans tous les cas, les femmes, ascendants et descendants des déportés seront autoisés, sur leur demande, à accompagner leurs époux, fils et père. »>

M. DE VATIMESNIL. Je partage complétement l'opinion de M. Vesin. C'est la justice seule qui doit prononcer sur l'application de la loi aux condamnés actuels.

Aux applaudissements de la France entière, la peine de mort en matière politique a été abolie, et on y a substitué la déportation.

Eh bien! qui pouvait croire que cette loi ne serait pas faite, qu'on laisserait sur le même terrain les chefs des attentats politiques et leurs complices, souvent entraînés, pour qu'à la première occasion de révolte on puisse, en ouvrant la porte de leur prison leur crier Amis, à la rescousse, nous sommes au jour de la vengeance! (Mouvement et approbation.)

:

M. BAROCHE déclaré qu'il adhère aux principes éloquemment développés par M. de Vatimesnil. Mais pourquoi ne pas faire dire, hautement, clairement à la loi toute la pensée du législateur?

M. ODILON BARROT défend l'article 6.

Il est passé au scrutin sur cet article.

Voici le résultat du dépouillement du scrutin :

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Banque, 2,125 00.- Obligations de la Ville, 1,270 00.- Nouvelles Obligations, 1,132 50.5 p. 100 belge, 100 318. Emprunt romain, 78 112.

L'un des Propriétaires-Gérants, CHARLES DE RIANCEY.
Pavis, imp. BAILLY, DIVRY et Comp., place Sorbonne, 2.

LUNDI 22 AVRIL 1850.

(N° 5025.)

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Il faut que je donne quelques explications complémentaires relativement à l'utopie chérie des socialistes, l'association.

Rien n'est plus élastique que ce mot qui peut offrir une foule de nuances presque infinies, depuis la fusion complète des intelligences et des volontés, dans une seule foi, sous une même règle embrassant tous les actes de la vie, jusqu'à une simple mise en commun de quelques capitaux pour une entreprise industrielle.

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Veut-on l'entendre dans le premier sens, dans le sens absolu ? Où trouvera-t-on cette espèce d'association mieux réalisée que dans ces ordres religieux, qui se sont fondés au sein de l'Eglise, depuis le cinquième et le sixième siècle de notre ère, jusqu'au dix-huitième et au dix-neuvième; depuis saint Basile et saint Benoît, jusqu'à saint Liguori et Rosmini?

Mais l'association prise ainsi dans son sens absolu, ne peut s'enraciner fortement et atteindre une durée séculaire que par des vœux sacrés et illimités d'obéissance à une autorité que l'on croit infaillible. Elle suppose l'esprit d'abnégation et de sacrifice porté à un degré presque héroïque. Par conséquent, on ne peut guère la concevoir comme compatible avec l'existence de la famille (1); et cela pour plusieurs raisons.

La première, c'est que la vie religieuse n'est qu'un conseil de perfection, et que tous n'y peuvent arriver. Par conséquent, un père et une mère ne sauraient préjuger à cet égard la force morale et la vocation de leurs enfants.

La seconde, c'est que la nature répugne à ce qu'un père ou une mère impose à des enfants qu'ils chérissent les retranchements et les renoncements nécessaires à cette sorte d'association.

La troisième, c'est qu'en ôtant au père la possibilité de consacrer à ses enfants les profits de son travail, on lui ôte le plus fort et le plus honorable stimulant de son activité.

Enfin il faudrait, pour pouvoir établir ces associations de familles, une simplicité de mœurs et une candeur de foi qui, malheureuse

(1) Nous verrons quelques exceptions à cette incompatibilité, et nous en donnerons l'explication.

L'Ami de la Religion. Tome CXLVII.

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