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les plaintes de la France, qui, ayant toujours loyalement associé ou du moins initié l'Angleterre à presque toutes ses résolutions, n'avait pu voir, sans la plus vive surprise, l'explosion des griefs britanniques contre la Grèce.

Lord Palmerston chercha à atténuer la portée des mesures prises à Athènes, en représentant l'affaire comme si simple et si peu importante, qu'il n'avait pas cru devoir en prévenir le gouvernement français. Il prétendit, en outre, que M. Wyse n'avait pas prêté l'oreille à M. Thouvenel (l'agent français), parce que celui-ci favorisait ouvertement les intérêts grecs. Là dessus, après avoir rétabli le vrai caractère de M. Thouvenel, M. Drouin proposa que l'accord qui n'avait pas eu lieu à Athènes s'établit à Londres, rien ne s'opposant à ce que, pour régler les suites de ce différend, l'Angleterre acceptât les bons offices de la France. Le résultat de cette première entrevue fut une promesse d'adresser à M. Wyse et à l'amiral Parker des instructions particulières portant suspension des mesures coërcitives; instructions qui devaient être réitérées d'une manière officielle dès que lord Palmerston aurait reçu une note de notre ambassadeur. Elle fut envoyée de suite et en voici le texte :

« Mylord,

<< Londres, 7 février 1850.

« Le Président de la République a appris avec un vif regret le conflit qui s'est élevé dernièrement entre le gouvernement britannique et celui de la Grèce. Désireux d'en arrêter le plus promptement possible les suites fâcheuses, de prévenir de nouvelles complications et de contribuer, autant qu'il est en lui, à ramener le bon accord entre deux puissances alliées, il m'a autorisé à proposer au cabinet britannique, pour atteindre plus facilement ce but, les bons offices du gouvernement français.

«Les rapports d'amitié qui lient la France et l'Angleterre, l'intérêt que ces deux puissances prennent également à la prospérité de la Grèce, la haute impartialité que la France est en position d'apporter dans l'examen des questions en litige, paraissent au gouvernement français autant de titres à la confiance des deux parties; et il espère que telle sera aussi l'opinion du gouvernement de S. M. la reine de la Grande-Bre sagne.

« Je saisis avec empressement, Mylord, cette nouvelle occasion de vous offrir l'assurance de la haute considération avec laquelle je suis, etc.

« DROUIN DE L'HUYS. »

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Cette note devait amener l'acceptation de nos bons offices comme médiateurs. Mais la réponse de lord Palmerston se fit un peu attendre et ne fut pas aussi satisfaisante qu'on l'eût désiré. Il voulut que notre intervention fût, non pas un arbitrage, mais une médiation of ficieuse, une interposition de bons offices. « Ce n'est pas, lui dit avec une politesse diplomatique notre ambassadeur, ce n'est pas moins que vos promesses, mais c'est moins que mes désirs et mes espérances. » Lord Palmerston, tout en maintenant ce qui était fail, en disant que le cabinet britannique ne pouvait pas faire table rase et remettre toutes ses réclamations à la décision d'un arbitre, renouvela de la manière la plus expresse l'assurance que des ordres avaient été envoyés à M. Wyse et à l'amiral Parker pour qu'il fût

sursis à l'emploi de nouveaux moyens coërcitifs. Ainsi le blocus fut levé et les bâtiments marchands cessèrent d'être capturés.

Tout cela se passait le 9 février. Depuis lors la question marche Hentement. M. Wyse se montre difficile, les questions de chiffres se lébattent avec quelque aigreur. Lord Palmerston autorise, il est vrai, M. Wyse à réduire le chiffre de l'indemnité, mais notre ambassadeur regarde, avec raison, cette autorisation comme de nul efet, si elle n'est pas accompagnée d'une lettre confidentielle qui lui lonne le caractère et la valeur d'un ordre formel.

Le 4 mai, on dit à M. Drouin de Lhuys que la transaction ne marhe pas et que vraisemblablement le projet de convention envoyé le Paris et de Londres pourrait seul mettre un terme à toutes les

ésitations.

Le 6, M. le ministre des affaires étrangères adresse à notre ampassadeur la dépêche suivante, où le gouvernement fait entendre un angage mesuré encore, mais assez fier pour laisser comprendre ce qu'il fera dans le cas où l'éventualité que lui font soupçonner les ettres de M. Gros deviendraient un fait.......

«Il est permis de craindre que, par suite des inqualifiables procédés de M. Wyse, ce rojet ne soit arrivé trop tard, que l'œuvre de la médiation n'ait été abandonnée, que es mesures coërcitives n'aient été reprises, et qu'enfin la querelle n'ait abouti à une soution déplorable, contre laquelle il nous serait impossible de ne pas protester. Vous en ugerez par la copie ci-jointe de deux lettres particulières de M. Gros, en date du 23 vril..... Evidemment M. Wyse était décidé à ne souscrire à aucun arrangement qui ne ut pas pour la Grèce une injure mortelle, une profonde humiliation. J'ai la conviction qu'en exigeant des stipulations dont, à Londres, on ne nous avait pas seulement laissé entrevoir la pensée et en se refusant, contrairement aux promesses réitérées de lord Palmerston, à attendre, avant de reprendre les hostilités, de nouvelies directions de son gouvernement sur le dissentiment qui avait éclaté entre lui et M. Gros, il a méconnu es ordres mêmes du cabinet britannique. Ce cabinet, lorsqu'il a accepté nos bons ofices, lorsqu'il a débattu avec nous les clauses d'un arrangement, n'a certainement pas voulu nous assigner le rôle étrange que M. Wyse a prétendu nous faire jouer dans la négociation; mais si l'affaire se terminait comine les lettres de M. Gros permettent de le craindre, le public, qui ne connaît pas les détails des communications auxquelles elle a donné licu, pourrait croire que nous avons accepté une position aussi intolérable. La dignité de la France nous ferait une loi de mettre au grand jour tout ce qui s'est passé, de prouver que, si nous avons tenté, par esprit de bienveillance et de conciliation, une médiation bien délicate, bien difficile, nous ne l'avons pas fait cependant dans les conditions impossibles que suppose la conduite de M. Wyse. Nous savons tout ce qu'une pareille publication auraît de fàcheux; aussi, ne serait-ce qu'à la dernière extrémité que nous nous y déterminerions. Je veux espérer encore que le résultat de vos négociations avec lord Palmerston aura été connu, à Athènes, assez tôt pour prévenir une rupture. En fût-il autrement, et la Grèce eût-elle, tout en protestant, accepté l'ultimatum de M. Wyse, sous la menace de la reprise des mesures coercitives, lord Palmerston croirait sans doute dévoir maintenir les stipulations de l'arrangement dont il était convenu avec nous. Je n'ai pas oublié qu'il avait fait la réserve du cas où une autre convention plus favorable ou moins favorable aurait été préalablement conclue à Athènes; mais cette réserve ne peut évidemment s'appliquer à l'hypothèse d'un ultimatum imposé par la

force.

Je vous prie de ne pas perdre un moment pour entretenir lord Palmerston des circonstances et des considérations que je viens de vous exposer. Il me tarde de connaître sa réponse.

« Agréez, etc.

DE LAHITTE. »

Celle dépêche amène une démarche de notre ambassadeur près de lord Palmerston : le résultat en est satisfaisant. Il faut citer en grande partie la dépêche de M. Drouin de Lhuys:

« J'ai dit à ce ministre que j'avais reçu de Grèce, sous la date du 23 avril, les nouvelles les plus fàcheuses et les plus imprévues. Les siennes, m'a-t-il répondu, n'allaient que jusqu'au 18. Je lui ai done appris qu'à la suite d'un échange de projets successivement retouchés, M. Wyse avait rejeté les propositions de M. Gros, présenté un ultimatnm, déclaré que les bons offices du médiateur français, sans avoir atteint le but, étaient arrivés à leur terme, et que les mesures coërcitives allaient être reprises. J'ai signale les quatre points sur lesquels les deux négociateurs étaient en désaccord. »

Ces points portent sur le chiffre de l'indemnité et sur la lettre du ministre grec, M. Londos, à M. Wyse. Les observations de lord Palmerston ressemblent fort à des chicanes.

<«< Qnant à moi, ai-je répliqué, la seule chose que je reproche à la lettre de M. Lon« dos, c'est une déférence excessive. Si vous n'avez vu dans les sommations de M. Wys <«< qu'une occasion de satisfaire d'autres ressentiments, dont nous ignorons la cause, et << qui sont étrangers aux réclamations déjà connues, il fallait nous le dire: nous n'au<< rions pas envoyé un agent français pour être témoin des tortures de la Grèce. Voss << m'aviez annoncé, ainsi qu'à M. le baron de Brunow, que vous ne demandiez pour « l'affaire du Fantôme qu'une lettre de regrets. La lettre que je vous ai présentée vous «< a paru tout-à-fait acceptable, et M. Wyse rompt les négociations, parce qu'il trouve <«< inadmissible la réparation beaucoup plus complète que M. Londos a offerte spontané

«<< ment.

« Votre plénipotentiaire insiste sur la condition d'un dépôt de 150,000 drachmes « pour garantir le paiement des incroyables créances de M. Pacifico (1) sur le gouver <«<ment portugais. Il n'avait jamais été question à Londres d'une pareille exigence. Vous « y avez renoncé vous-même dans le projet de convention que vous avez approuvé ici « et cependant M. Wyse rompt la négociation, parce que cette prétention est re« poussée.

« Enfin, vous m'avez dit que M. Wyse n'était pas autorisé par ses instructions à « exiger du gouvernement grec l'engagement de prendre à sa charge, ou au moins de a ne pas appuyer les demandes en indemnité que des sujets grecs ou des tiers pour <«<raient élever à l'occasion des avaries souffertes par les navires capturés. Or, une telle << stipulation est si contraire à tous les principes comme à toutes les pratiques du droit « des gens, qu'on ne peut concevoir comment elle a pu venir à l'esprit d'un diplomate, « et qu'on se demande si M. Wyse n'a pas voulu ménager à l'Angleterre le moyen d'e «poser une quittance arrachée à la faiblesse du roi Othon, à des réclamations aux<«< quelles des paroles plus ou moins positives de M. Zographos avaient promis l'appui « du gouvernement russe. Mais, en vérité, une telle précaution serait-elle digne de ls « Grande-Bretagne ?... Et cependant, c'est le quatrième écueil contre lequel la média

ation vient échouer!

« Ainsi, des quatre prétentions de M. Wyse, l'une est insignifiante, deux excèdent ce « qui avait été annoncé dès le principe, et ce qui a été définitivement accepté à Lon« dres, et la quatrième est contraire à vos instructions ainsi qu'au droit des gens. <«< Mais, en supposant même que ces prétentions fussent justes, et que l'arrangement « proposé par M. Gros ne fût pas acceptable, M. Wyse avait-il le droit de prononcer << en dernier ressort, de la rejeter définitivement, et de mettre, de sa propre autorite, « un terme à l'action des bons offices de M. Gros, pour y substituer l'emploi des << moyens coërcitifs? Cela est encore en opposition avec toutes les règles et avec tous « les usages diplomatiques. C'est également contraire à ce qui avait été formellemen « convenu. Maintes fois, d'après vos assurances, j'ai écrit à mon gouvernement que « M. Gros déclare qu'il ne peut faire agréer au cabinet d'Athènes un arrangement que

(1) Nous avons dernièrement fait connaître ce don Pacifico et indiqué quelle valeur

peuvent avoir ses prétentions.

« les plénipotentiaires trouvent convenable, et qu'il n'espère plus rien de ses bons ofafices, les mesures coërcitives seront reprises, sans que les agents britanniques aient à attendre de Londres de nouvelles instructions: mais que si un dissentiment s'élève (entre M. Wyse et M. Gros, sur la question de savoir si une transaction proposée par le premier peut ou non être acceptée par l'Angleterra, le juge suprême d'un tel dis: sentiment sera, non pas M. Wyse, mais le gouvernement britannique. Jamais nous : n'eussions consenti à nous placer dans d'autres conditions; jamais nous n'avons reconnu à l'agent britannique la faculté de régler à son gré la durée de la médiation, d'en fixer le terme, et de reprendre les mesures coërcitives, lorsqu'il le trouverait convenable.

« Le cas actuel est celui qui a été tant de fois posé, et si nettement résolu, Mylord, par vos explications, dont j'ai rendu compte à mon gouvernement, dans des relations que je vous ai lues, et dont vous avez bien voulu reconnaître la parfaite exactitude. De quoi s'agit-il aujourd'hui ? D'un dissentiment entre M. Wyse et M. Gros. C'est précisément le cas dans lequel M. Wyse, avant de recourir à l'emploi des moyens rigoureux, devait attendre de nouvelles instructions de sa cour. »

«Le ministre des affaires étrangères s'est plaint de la mollesse des efforts de notre tégociateur pour faire rendre justice à l'Angleterre. « Il semble, a-t-il dit, se préoccu4 per beaucoup plus du soin de réduire nos créances, que de chercher les moyens de nous faire payer ce qui nous est dû. »>

« J'ai protesté contre cette espèce de reproche de partialité; j'ai dit franchement que si M. Gros éprouvait des scrupules, il fallait s'en prendre, non pas à ses préventions, nais bien à l'exagération et à la nature même de certaines demandes présentées par M. Wyse. J'ai ajouté qu'en proposant son dernier projet, il avait fait au devoir politique ous les sacrifices que pouvait admettre sa conscience d'honnête homme.

«En résumé, Mylord, je tiens à bien constater que la situation actuelle est celle-ci : M. Gros a proposé un arrangement qui se rapproche beaucoup de celui que vous avez vous-même approuvé, et auquel il déclare pouvoir obtenir l'adhésion du gouvernement grec. M. Wyse rejette cette proposition, signlfie un ultimatum, et annonce la reprise des mesures de rigueur. Mon gouvernement a le désir et le droit de savoir si vous partagez l'opinion de M. Wyse, si vous regardez la médiation comme rompue, « et le recours aux moyens coërcitifs comme ne violant pas les engagements pris. » « Lord Palmerston, après une longue discussion, m'a dit qu'il n'avait point reçu les rapports de M. Wyse, et que les faits dont je venais de l'entretenir ne se trouvaient consignés que dans des lettres particulières; que des renseignements de cette nature ne lui permettaient pas de prononcer en connaissance de cause sur la conduite de son

agent, »>

«Au surplus, a-t-il dit, je pense que la convention que nous avons faite ici arrivera à Athènes avant que rien soit assez engagé pour qu'elle ne puisse pas être mise à exécution. Les choses n'iront pas si vite que M. le général de Lahitte paraît le croire. «L'amiral Parker, après la déclaration de M. Wyse, se sera sans doute mis en mesure « d'empêcher les bâtiments grecs de sortir des ports. Pendant ce temps-là, le courrier "apportera notre convention, et tout s'arrangera. »

M. Drouin de Lhuys prouve ici à lord Palmerston que d'après ses propres engagements, au cas même d'une rupture, l'Angleterre pourrait seulement procéder à la vente des bâtiments capturés, sans rétablir le blocus. Le ministre anglais se refuse à admettre ce point :

« Revenant à la situation qui nous est faite et au rôle de M. Gros, j'ai supposé le cas où la Grèce, tout en protestant, aurait accepté l'ultimatum de M. Wyse, sous la menace de la reprise des mesures coërcitives. J'ai dit à lord Palmerston qu'alors sans doute il croirait devoir maintenir les stipulations de l'arrangement dont il était convenu avec nous, bien qu'il eût fait la réserve du cas où une autre convention plus favorable ou moins favorable aurait été préalablement conclue à Athènes. Après quelque hésitation, ce ministre m'a répondu que, si la convention de Londres arrivait à Athènes, soit avant,

soit pendant la reprise des mesures coërcitives, elle pourrait être mise à exécution, pourvu toutefois que le gouvernement grec n'eût pas encore accepté d'ultimatum de M. Wyse; car, s'il avait accepté cet ultimatum, la convention devait être considérée comme non avenue. Je renonce, général, à vous exposer les arguments par lesquels j'ai combattu pendant une heure celte thèse vraiment insoutenable, et ceux par lesquels mon interlocuteur s'est efforcé de la défendre. J'ai conclu en disant à lord Palmerston que je vous rendrais compte de cet entretien, et que mon gouvernement aurait à décider s'il doit rappeler immédiatement M. Gros.

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D'après ces documents publiés par les journaux anglais euxmêmes, de quel côté est la bonne foi? Et la France ne devait-elle pas à sa dignité de rappeler, comme elle l'a fait, son ambassadeur?

Une souscription a été ouverte par l'Univers pour offrir une croix pastorale à Mgr l'Archevêque de Turin, en témoignage d'admiration et de respect. L'Univers a publié déjà une première liste que nous reproduisons. Nous sommes heureux de nous associer, pour notre part, à cette excellente pensée, et nous annonçons que nous recevrons également dans nos bureaux les sommes qui seraient destinées à cette œuvre.

Voici notre première liste:

Mgr l'Evêque de Langres, représentant, 10 fr.

M. de Montalembert,

id.

10 fr.

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Nouvelles Religieuses.

DIOCÈSE DE PARIS. Une ordination nombreuse a eu lieu aujourd'hui à Notre-Dame. Mgr l'Archevêque a donné les saints ordres à 32 prêtres, dont 10 du diocèse de Paris; 31 diacres, dont 5 parisiens; 48 sous-diacres, dont 15 pour Paris; 60, tant minorés que tonsurés, dans lesquels Paris comptait 15 diocésains. La congrégation de Saint-Lazare a fourni à cette ordination, 21 sujets; les Missions-Etrangères, 10; le séminaire des Irlandais, 16; les Dominicains, 4. La cé rémonie, commencée à sept heures du matin, n'a fini qu'à midi. Le même jour, Mgr l'Archevêque de Calcédoine a conféré les ordres, dans la chapelle de sa malson, aux élèves de sa Congrégation qui s'y étaient disposés.

Voici quelques détails sur l'attentat commis contre le roi de Prusse :

La cour allait se rendre aujouord'hui de Charlottenbourg à Postdam, pour ! passer l'été. Le roi et sa suite devaient prendre le convoi public. A midi, le roi descend, à l'avant-dernière porte de la station, les trois marches qui séparent la salle d'attente du perron. D'après une version, qui a pour auteur un personnage témoin de l'événement, le roi, embarrassé dans un éperon. aurait fait, au mo

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