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à imiter les erreurs de ce pays, lorsque le modèle si longtemps admiré est à la recherche d'un port contre le naufrage? Ce ne serait pas seulement un malheur, ce serait une honte qui nous imprimerait le stigmate du ridicule. ›

Mgr de Seckau s'efforce ensuite de prémunir ses ouailles contre les fausses interprétations et contre les calomnies auxquelles les nouvelles ordonnances donneront lieu nécessairement. La suppression du fameux placetum, qui semblait aux faux libéraux le plus beau fleuron de la couronne impériale, fournira matière aux déclamations de ceux-là dont l'âme est remplie d'un amas de lieux communs puisés dans les romans et dans les journaux :

Ils diront que le sombre moyen âge revient. Encore quelques jours, ́ajouteront-ils, et l'on verra des bulles d'interdit, des dépositions de rois, l'inquisition d'Espagne, les bûchers allumés, etc. Mes chers frères, il faudrait rire de ces rè ves, s'il n'était pas si déplorable que des catholiques se laissassent dominer par de pareilles absurdités. Le moyen âge, loué par un petit nombre, indignement calomnié par la foule, était un temps qui non-seulement comprenait les besoins les plus sacrés de l'esprit, mais qui, de plus, s'efforçait de les prendre pour règle et pour mesure de la vie tout entière. Il cherchait à faire converger toutes les puissances de la nature humaine vers le but éternel auquel l'homme doit tendre, et ce furent là sa grandeur et sa gloire. Certes, l'unité du monde chrétien sous la direction du Souverain-Pontife, messager d'une volonté supérieure et avec un empereur gardien du droit, c'était là une grande et belle pensée; mais, même au moyen âge, cette pensée fut singulièrement détournée de sa voie par les passions humaines, et la vouloir ressusciter aujourd'hui serait chose aussi raisonnable que de conseiller à nos guerriers d'endosser la cotte de mailles sous laquelle combat. tait Godefroy de Bouillon au pied des remparts de Jérusalem! ►

Mgr de Seckau termine sa belle lettre pastorale par des conseils paternels au clergé de son diocèse :

Si les prêtres du Seigneur, s'écrie le vénérable Prélat, sont remplis de la foi et de l'héroïsme des Apôtres, alors aucune puissance terrestre ne ponrra ettraver leur action, et s'ils succombent, leur sang sera une semence féconde pour l'avenir... Le temps des grâces, le jour du salut est arrivé, car le Seigneur a fait de grandes choses pour son peuple. Renonçons donc à tous nos vains projets, qui appartiennent à la poussière, et marchons vers la lumière qui vient de Dieu... Prêtres, soyez aux fidèles un modèle de cette foi vers laquelle le monde malade et poursuivi de rêves fiévreux se tourne et qu'il appelle, sans s'en douter. Soyez des exemples vivants de cet esprit de véritable fraternité dont la caricature est employée comme un puissant moyen pour détruire tout ordre divin et humain. Apprenez-leur par vos paroles et par vos exemples combien le Seigneur est un bon maître pour qui le craint. Levez-vous, levez-vous pour la société, car en Dieu seul est son salut. >>

Nouvelles Religieuses.

ROME.-Nous apprenons que le 14, à neuf heures du matin, il s'est tenu au Vatican, dans la salle du Trône, une Congrégation générale des Rits, en présence de Sa Sainteté, pour la cause de la vénérable Germaine Cousin, bergère de Pibrac, au diocèse de Toulouse. C'est la Congrégation qui avait été indiquée pour

le 9 avril, et que le retour du Saint-Pape avait forcé d'ajourner. Une quinzaine de consulteurs, neuf Cardinaux, ont successivement lu leur voto, et le Pape enregistrait de sa propre main le résultat des votes. Cette Congrégation est la dernière avant le décret sur les vertus dont on espère la prochaine proclamation. Puis il faudra passer par les mêmes épreuves au sujet des miracles, c'est-àdire par la Congrégation anté-préparatoire, à laquelle assistent les consulteurs seulement, par la Congrégation préparatoire à laquelle prennent part les consulteurs et tous les Cardinaux membres de la Congrégation des Rits; enfin, par la Congrégation générale, composée comme celle qui a eu lieu le 14, des consulteurs, des Cardinaux et de Sa Sainteté. Interviendra ensuite, s'il y a lieu, le décret sur les miracles.

Lorsque les deux décrets sur les vertus et sur les miracles ont été rendus, après des années et quelquefois des siècles d'examen, le Saint-Père demande encore pour dernière sûreté à tous les Cardinaux de la Congrégation réunis en sa présence s'il peut procéder sûrement à la béatification.

Cette dernière formalité a eu lieu dans la Congrégation du 14, pour le Père Claver, de la Société de Jésus, dont les vertus et les miracles ont déjà subi avec succès toutes les épreuves que nous avons indiquées plus haut. Tous les Cardinaux ont répondu : Puto procedi posse, en sorte que nous espérons voir prochainement célébrer à Saint-Pierre la magnifique cérémonie de la béatification. S. Em. le Cardinal Du Pont, dernièrement nommé membre de la Congrégation des Rits, assistait à la Congrégation du 14; mais il a dû, selon l'usage, se borner à répondre, quand il a été interrogé : Je m'abstiens pour cette fois.

Il est d'usage, pendant le temps que dure la Congrégation générale, de tenir le Saint-Sacrement exposé dans une église de la ville éternelle. M. l'abbé Titrade, chanoine de Toulouse, postulateur de la vénérable Germaine Cousin, à l'habileté et au zèle duquel sont dus les merveilleux progrès de la cause, avait eu l'heureuse idée de choisir pour cette cérémonie l'église française de SaintDenis, appartenant aux filles de Notre-Dame, qui sont une colonie venue de Toulouse, et établie à Rome, il y a une vingtaine d'années, par Mme du Terrail, restauratrice de cet ordre en France après la Révolution.

Des deux vénérables personnages que l'Eglise est à la veille d'élever sur les autels, l'un est une simple bergère qui vécut iguorée, et dont l'existence ne s'est manifestée que par les miracles qui se multiplient autour de son tombeau; l'autre est une pauvre religieuse de cette société si persécutée par les hommes et surtout par nos socialistes, qui consuma sa vie sur une plage brûlante, dans les prisons et au service des nègres, rebuts de la société. N'est-ce pas là un enseignement de la plus haute importance?

DIOCÈSE DE LYON.-On écrit de Lyon :

‹ M. Eugène Boré, qui a résidé pendant plusieurs années en Orient, où il se dévouait à l'instruction religieuse et à la fondation d'écoles parmi les fidèles des divers rits catholiques, vient d'arriver à Lyon. Il compte y passer quelques jours. M. Eugène Boré avait, dans le principe, entrepris ce voyage, chargé de missions scientifiques par l'Institut de France, et s'était acquitté avec autant de fidélité que de distinction de ces honorables fonctions.

« L'honneur du nom français, l'étude des langues orientales, le progrès des sciences et la diffusion des véritables lumières comme des bienfaits de la civilisation chrétienne, tels furent constamment les graves et nobles objets des soins de M. Boré dans la Perse, l'Arménie, la Syrie, et dernièrement encore à Constantinople. C'est là que le jeune voyageur devait donner une direction nouvelle à ses pensées, et consacrer d'une manière plus décisive encore ses forces,

ses talents et ses vastes connaissances au bien de l'humanité, en réclamant la faveur d'entrer dans les ordres sacrés. Un autre Français, Mgr Hillerera, patriarche latin de Constantinople, donnait, il y a quelques jours, à M. Boré l'onction sacerdotale, et dans ce même moment, il était reçu membre de la société des Lazaristes, de cette société vénérable fondée par saint Vincent-de-Paul et qui a si bien su conserver jusqu'à ce jour ce zèle et cette sagesse qui distinguaient éminemment son illustre fondateur. »

DIOCÈSE DE MOULINS. Mgr l'Evêque de Moulins a inauguré dimanche dernier, à sept heures du soir, les conférences de cette association des ouvriers dont il a poursuivi la réalisation avec cette ardeur, ce zèle vraiment apostolique qu ne reculent devant aucune difficulté, aucun sacrifice. La salle des assises, affectée provisoirement à ces réunions, était trop étroite pour contenir la foule d'honnêtes travailleurs qui se pressaient pour entendre la voix de celui qu'ils oat salué unanimement du nom de Père; et le plus grand silence, l'ordre le plus parfait n'a cessé de présider à cette cérémonie dont chacun comprenait l'importance en même temps que la pensée toute chrétienne.

DIOCÈSE DE Verdun.

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Mgr l'Evêque vient d'ordonner la célébration d'un service solennel dans toutes les églises chefs-lieux de doyennés de son diocèse por repos de l'âme de Mgr Valayer, ancien Evêque de Verdun.

le

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L'ordre du jour appelle la suite de la discussion sur la loi électorale.

M. LE COLOVEL DE LABORDE présente, en faveur des anciens militaires, un amen dement repoussé par la commission.

M. DE LAROCHEJACQUELEIN, malgré les explications très-claires de M. L. Faucher persiste à demander pour ces militaires ce que la loi leur accorde.

Les articles 4, 5, 6 et 7, du projet de la commission, sont adoptés.

M. HENNEQUIN a la parole sur le paragraphe 4 de l'article 8.

Le paragraphe contre lequel je parle, dit-il, dirigé contre ceux qui auront été con damnés pour outrage à la morale publique et religieuse ou aux bonnes mœurs, rappel lera à tout le monde le nom de notre collèque, M. Esquiros... (Rumeurs diverses.) Je comprends que le condamné subisse sa peine, mais une fois la peine subie... (Lterrnption)

Voix Et les forçats?

M. HENNEQUIN. On dit à ces exclus: Vous pouvez vous réconcilier avec le ciel, mais jamais avec la terre. (Bruit.)

Il y a un autre paragraphe de l'article sur lequel je veux appeler votre attention. Je sais que je viens défendre à vos yeux une détestable cause, mais je ne la désertersi pas. Je proteste contre l'exclusion des vagabonds et des mendiants. (Ah! ah!) L'ensemble de l'article 8 est adopté.

La séance est levée.

BOURSE DU 30 MAI.

Le 5 p. 100, 91 40 à 91 65. - Le 3 p. 100, 56 85 à 57 00. Actions de la Banque, 2,170 00. Obligations de la Ville, 1,280 00.- Nouvelles Obligations, 1,140 00.5 p. 100 belge, 99 00.- Emprunt romain, 79 0,0.

L'un des Propriétaires-Gérants, CHARLES DE RIANCEY.

Paris, imp. BAILLY, DIVRY et Comp., place Sorbonne, 2.

SAMEDI 1 JUIN 1830.

L'AMI DE LA RELIGION.

(N° 3065.)

Séance de l'Assemblée.

La loi électorale est votée: 433 voix contre 241 l'ont adoptée. Ce résultat a été proclamé à la fin de la séance et accueilli par le calme le plus digne de la part de la majorité. La Montagne était attearée. On avait annoncé des protestations, des réclamations, que sais-je? Tout cela n'a abouti qu'au plus morne silence.

Ce vote est un grand acte : c'est le signal et le premier pas d'une politique plus énergique, plus unie, plus résolue que jamais. C'est la consécration du rapprochement entre toutes les nuances de la majorité: à peine quelques rares dissidences se sont-elles produites, et encore les noms qui les représentent leur enlèvent-ils toute valeur considérable. C'est une défaite absolue pour le tiers-parti, pour cette fraction remuante, inquiète, indécise, qui spécule sur la division, et dont toutes les tactiques ont été complétement déjouées. C'est une immense victoire morale remportée sur l'esprit de désordre et d'anarchie. Déjà la révolte, qui avait secoué son hideux drapeau pour effrayer les législateurs, a été forcée d'avouer son impuissance, et de rentrer dans le néant. La fermeté de la majorité ne s'est pas plus arrêtée devant les violences parlementaires que devant les menaces de la place publique. Il est aujourd'hui démontré au pays que quand les hommes d'ordre seront parfaitement décidés et unanimes, nul n'osera s'élever contre eux. La loi aura eu, dans ce temps d'agitation et d'alarmes, pour résultat et pour effet le désarmement actuel de l'insurrection. Aux yeux de la France et de l'histoire, ce pacifique triomphe comptera parmi les plus grands services que pouvaient rendre le gouver--nement et l'Assemblée.

Félicitons-en sincèrement les grands pouvoirs de l'Etat. Une preuve de vigueur, une manifestation d'autorité, la force unie avec le droit; ce sont là de ces spectacles salutaires qu'on est heureux d'applaudir au milieu des défaillances et de l'insubordination de nótre époque.

› La séance est toute dans ce vote. Il n'y avait plus de bataille possible: il n'y avait place que pour des déroutes plus ou moins rapides. Le désespoir des auteurs d'amendements revêtait des formes singulières. Chez M. Larabit, il se traduisait par des gémissements et des éclats de voix incroyables. Chez M. Charamaule, c'étaient des accès de colère tribunitienne. Chez M. Saint-Romme, c'était de la supplication et de la lamentation. Chez M. Chavoix, c'était de la violence à froid et de l'injure préméditée. Chez M. Lagrange, c'était des gestes de convulsionnaire. Chez M. le général Fabvier, l'affliction a pris L'Ami de la Religion. Tome CXLVIII, 16

des proportions phénoménales. Par respect pour ce vieux brave, nous ne dirons pas tout ce qu'a fait souffrir à l'Assemblée la philippique sans suite el sans cause qu'il est venu débiter à la tribune.

Deux amendements seuls méritent d'attirer l'attention: ils ont tous deux été adoptés, l'un avec, l'autre sans l'approbation de la commission. Le premier est de M. le général Oudinot, et tend à suppri mer le droit électoral pour les soldats condamnés à faire partie des compagnies de discipline du dernier degré (les pionniers), et à le suspendre seulement pour ceux du premier degré (les fusiliers). On sail que les soldats insoumis ou intraitables sont envoyés dans ces bataillons de correction à titre de peine. La distinction qui se base sur la différence de culpabilité est de toute justice.

L'autre amendement est de M. Nettement. Il exclut des listes élec torales les individus condamnés pour adultère ou pour complicité de ce crime, ainsi que les maris qui auraient souillé le domicile con jugal en y entretenant une concubine. L'Assemblée, en admettant ces indignités, a fait un acte de haute et sévère moralité. C'est en répondant ainsi aux vrais sentiments de la pudeur publique, que les Pouvoirs se relèvent dans l'estime des gens de bien. Nous regrettons beaucoup que la commission n'ait pas cru devoir appuyer cet amendement.

Faut-il parler maintenant d'une sortie que M. Larabit a cru devoir faire avant le vote, on ne sait vraiment pas à quel propos, pour réserver, a-t-il dit, le droit de M. le Président de la République à re mettre la loi en délibération, s'il jugeait convenable d'user de la prérogative que lui assure la Constitution? Est-ce que M. le Président ne sait pas son droit? est-ce qu'il n'est pas juge de l'usage qu'il doil ou ne doit pas en faire? est-ce que l'Assemblée y porte atteinte? estce que M. Larabit est chargé de se mêler de ces sortes d'affaires?

Il y a eu aussi deux rejets, par la question préalable, de deux inventions plaisantes de MM. Lagrange et Moreau (de la Creuse). Le pre mier ne voulait-il pas exempter du service dans les armées de terre et de mer tous les citoyens non électeurs? Le second n'avait-il pas imaginé d'exempter cette même catégorie de tout impôt indirect, yoire le passeport et le tabac? En vérité, il est triste d'avoir à faire justice de telles mauvaises plaisanteries. Qu'elles paraissent dans le Charivari, soit; mais qu'elles soient apportées à la tribune, c'est offensant pour la majesté d'une Assemblée souveraine.

Les menaces d'insurrection que le parti demagogique lançait il a quelques jours à la société, ont réveillé dans les départements de justes appréhensions. Mais, presque partout, an lieu de s'en tenir à de stériles frayeurs, on s'est demandé quelles seraient les meilleures mesures à prendre pour maintenir l'ordre au milieu de populations honnêtes el paisibles dans le cas où les bandes, dont on prophétisait

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