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tiers-parti et les Montagnards, on n'a vu voter que huit ou dix légitimistes, et des plus obscurs, M. Bouhier de l'Ecluse, M. Favreau, et quelques autres anciens disciples de M. l'abbé Genoude. La majorité de ce parti, et tous ses hommes éminents, MM. Berryer, de Vatimesnil, Benoît d'Azy, général de Saint-Priest, de Larcy, Béchard, etc., ont voté pour le projet de loi. Quant au grand sabre sur lequel les généraux du tiers-parti avaient, dit-on, prêté serment à la vie et à la mort; quant à l'alliance Cavaignac-de Flotte-Girardin-Eugène Sue; quant à la guerre civile imminente dans plusieurs provinces, tous ces épouvantails se sont évanouis. Le journal du père Enfantin, qui est, à cette heure, l'organe quasiofficiel des généraux Lamoricière et Cavaignac, le Crédit affirme que ce traité n'a jamais existé : ce qui veut dire qu'il n'a pu se conclure. Il est très-vrai que les frè res et amis des départements avaient reçu l'ordre de se préparer; il est très-vrai qu'à Montpellier, à Béziers et ailleurs les enfants perdus du parti démagogique, chargés de localiser la résistance, annonçaient ouvertement une prochaine levée de boucliers: mais il est évident, à l'heure qu'il est, pour tout homme de bon sens que le plan d'insurrection conçu par les habiles du parti est un véritable cercle vicieux. A Paris, en effet, que disent les chefs du complot?-« Il faut localiser la résistance: on ne devra se lever que quand la province aura levé le drapeau.

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En province, même refrain: « Nous sommes prêts, mais il faut que Paris nous donne l'exemple! Or, cet exemple, Paris ne le donnera pas. La masse des ou vriers est profondément indignée de l'égoïsme et de la làcheté des chefs monta gnards. Le prestige qui environnait ces derniers est à jamais évanoui. « Le croiriez-vous, me disait hier un correspondant des journaux rouges de Lyon, Emile de Girardin et Victor Hugo sont presque aussi populaires au faubourg SaintAntoine que Michel (de Bourges) ou le citoyen de Flotte! Or, c'est là, nous l'osons affirmer, le commencement de la fin pour un parti. La corruption des gens de lettres produit encore plus de ravages en bas qu'en haut: le directeur de la Presse et son ami M. Victor Hugo, sont destinés à exercer sur les classes ou• vrières la même influence d'abâtardissement et de démoralisation qu'ils ont exercée sur une partie de la classe moyenne, sous la monarchie de Juillet. Un homme d'esprit disait, il y a peu de jours, dans un article intitulé la Carmagnole d'O lympio (1), que ces politiques, gens de lettres, après s'être grisés de chimères et de malsaines fumées, infectent la société de leurs hallucinations maladives. L'orgueil, la folie de l'orgueil, tel est et tel sera, en effet, dans l'avenir, l'ineffaçable cachet de cette littérature avortée à laquelle notre société blasée a donné une importance ridicule, et que l'Etat, trop souvent livré aux mains de célèbres lettres, a eu l'insigne niaiserie d'installer, avec ses mœurs et ses traditions de théâtres des boulevards, au sein de la Chambre des pairs. A partir de ce jour-là, il n'y a ell si mince rimailleur, journaliste si vulgaire, romancier de si mauvais aloi, qui ne se soit arrogé la science infuse des grandes affaires politiques et des réformes économiques et sociales :

Peuples, écoutez le poète,

Ecoutez le réveur sacré!

Dans votre nuit, sans lui complète,

Lui seul a le front éclairé!

Et le peuple, en février 1848, s'est laissé prendre à ces paroles dorées; et, pendant quelques semaines, la France, livrée au bon plaisir d'une centaine d'anciens jacobins-conspirateurs, a été gouvernée au son de la flûte éternellement harmonieuse de M. de Lamartine! Aujourd'hui, poètes, littérateurs of (1) Revue des Deux-Mondes, 1er juin 1850.

journalistės coalisés travaillent à donner à la France une seconde édition de ce drame non moins ignoble que ridicule. M. de Girardin, le plus rusé et le plus pratique de tous ces ambitieux, a été choisi pour directeur de l'association. Le célèbre industriel en est, à cette heure, à invoquer, dans l'intérêt de son nou veau parti, l'autorité imposante de Maximilien Robespierre. On sait que peu de temps avant de se faire l'apologiste des massacres de septembre, l'illustre Robespierre prêchait aussi au peuple la résignation et la patience. M. de Girardin et ses amis entendraient-ils par hasard la modération à la façon hypocrite du terrible grand homme qui faisait entasser pêle-mêle dans la fatale charrette des savants comme Lavoisier, des poètes comme André Chénier?

Quoi qu'il en soit, depuis l'avénement de M. Sue, le gent de lettres afflue, plus servile que jamais, autour du trône des Olympios. Les anciens porte-queues de M. de Lamartine, dans le journal le Bien public, ont passé dans les bureaux de la Presse; dans ceux du journal l'Evénement, M. Alexandre, redevenu républicain, après avoir tant courtisé la monarchie et l'empire, vient de faire une entrée triomphale, et il sert de lieutenant à M. Victor Hugo qui s'encense lui-même dans l'Indépendance belge, journal auquel M. Paul Foucher adresse chaque jour une lettre parisienne. Depuis quelques semaines, la jubilation était dans le camp des Gringoires du journalisme et de la littérature. M. Philoxène Boyer lui-même était dépassé. De pape intellectuel qu'il était, M. Hugo était sur le point de passer demi-dieu. On cite des fragments de certaine harangue prononcée devant le célèbre poète, laquelle aurait fait honneur à l'un des courtisans de Néron et dont cet illustre baladin aurait peut-être été satisfait. Malheureusement, le discours de M. de Montalembert est venu troubler la joie du Titan de la place des Vosges. La Revue des Deux Mondes elle-même le proclame, jamais l'invective antique, celle de Démosthènes contre Eschine, celle de Cicéron contre Antoine, n'a été plus rude, plus amère, plus belle de la beauté de Némésis que l'invective de M. de Montalembert. C'est le chef-d'œuvre du genre, et jamais l'éloquence de l'homme contre l'homme n'a été plus loin. Les courtisans de M. Hugo l'ont parfaitement compris; aussi le principal lieutenant de M. de Girardin, son alter ego, M. Eugène Pelletan, laissant de côté sa phraséologie humanitaire et sentimentale, a-t-il éprouvé le besoin, dans un article relatif à la brochure de M. Croker sur LouisPhilippe, de décocher contre M. de Montalembert ces paroles où la niaiserie le dispute à la haine :

« Nous sommes tentés de ne pas croire à l'existence de M. Croker (M. Croker ne croit pas que M. de Lamartine soit un demi-dieu).

« Ce nom de Croker n'a pas figure humaine. Croker doit être le nom de guerre de' quelqu'un, la fausse moustache d'un dévot. Le démon de la haine, poussé à ce point, doit se nommer Montalembert, Croker n'est qu'un tour de promenade de M. de Montalembert sur les bords de la Tamise. »

Toutes ces fureurs sont la preuve certaine que la voie dans laquelle la majorité de l'Assemblée est entrée depuis quinze jours, est une voie bonne et sage. Que la nouvelle loi électorale soit plus ou moins efficace, là n'est pas la question, les journaux de la province arrivés ce matin le proclament presque tous. L'important, c'est que la majorité, une et compacte, ait énergiquement déclaré qu'elle était bien résolue à prendre désormais l'offensive contre les factions.

Les nouvelles des départements sont excellentes. A Lyon, à Béziers, à Montpellier, à Toulouse, où les frères et amis faisaient mine, ces jours derniers, de vouloir descendre dans la rue, on remarque que les meneurs ont l'air trèsabattu.

Il paraît, dit leNational de Saône-et-Loire, que les frères et amis de la sociale

Comptaient partout sur une prise d'armes et sur une victoire radicale. Dans les campagnes, les orateurs de cabaret promettaient hautement une dépossession générale et le partage des terres et des maisons.

Il y a quelques jours, un démocrate bien connu des paysans de la GrandeVerrière, entra dans la cour du château de B., situé an centre de cette commune et appartenant à M. de M. H y trouva M. de M. fils. Mon cher garçon, lui ditil, il y a longtemps que tu mangës des poulets et que je mange des pommes de terre; avant peu, ce sera moi qui mangerai les poulets; toi tu mangeras des pommes de terre à ton tour... C'est comme ça...

Mais comme je ne te veux pas beaucoup de mal, il se pourra que j'adoucisse un peu ton sort; si tn me promettais d'être bien gentil, bien obéissant, je te prendrais peut-être pour mon piqueur. - Avant que vous preniez ma place, lui dit M. de M..., il y aura plus d'un coup de fusil de tiré, et je vous préviens qu'il y a à la maison des armes dont nous nous servirions si l'on nous attaquait... Des armes, reprit son interlocuteur, qui était en veine de franchise, nous en avons plus que vous autres; nous en avons trois fois plus qu'il ne nous en faut.»

Aimables temps! C'est de cette façon que le socialisme est compris dans les villages et les hameaux. On voit que les courtiers d'élections ne jettent pas vainement leurs semences dans les champs.

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On vient de frapper une médaille en souvenir du discours prononcé le 19 octobre dernier par M. de Montalembert sur les affaires de Rome. D'un côté de la médaille se trouve le profil de M. de Montalembert, de l'autre on lit cette phrase de son discours : L'Eglise est plus qu'une femme c'est une mère. » Le gouvernement a reçu samedi, par dépêche télégraphique, la nouvelle de la mort de M. le général de Barral, qui a succombé à la suite d'une blessure reçue dans un engagement contre les Beni-Himmel, tribu kabyle, entre Sétif et Bougie.

M. le général de Barral, malgré sa jeunesse, vieil officier d'Afrique, était du petit nombre de ces hommes sur lesquels comptait la France; il venait d'être appelé au cominan lement d'une brigade de l'armée de Lyon,

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L'église de Sainte-Clotilde, qui s'élève sur les terrains de l'ancien clos de Belle-Chasse, et dont les murailles seront bientôt arrivées jusqu'à la naissance des voûtes, va recevoir une armature en fer destinée à supporter une couver ture de métal. Ce système d'armature en fer forgé est appelé à remplacer avec avantage le pesant appareil de pièces de charpente nommé forêts que l'on montre encore comme des curiosités dans quelques-unes de nos cathédrales. Il a été appliqué pour la première fois dans l'église Notre-Dame de Chartres. Outre l'éloignement de toutes les chances d'incendie, l'emploi da fer a cet autre avantage qu'étant, par la moindre dimension des pièces, moins pesant, il fatigue moins les murs et les contreforts.

BOURSE DU 3 JUIN.

Le 5 p. 100, 95.20 à 93:60. Le 3 p. 100, 57 90 à 58 50. Actions de la Banque, 2,240 '00. Obligations de la Ville, 1.280 00.- Nouvelles Obligations, 1,060 00.5 p. 100 belge, 99 00.- Emprunt romain, 78 0,0.

L'un des Propriétaires-Gérants, CHARLES DE RIANCEY.

Paris, imp. BAILLY, DIvry et Comp., place Sorbonne, 2.

JEUDI 6. JUIN 1850.

(N° 3067.)

L'AMI DE LA RELIGION.

Allocution de N. S. P. le Pape Pie IX
AU CONSISTOIRE SECRET TENU LE 20 MAI 1850.

(Suite et fin. Voir le numéro 5066.)

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Nous voulons aussi louer et honorer tous les personnages qui ont été auprès de Nous et de ce Saint-Siége les ambassadeurs et les ministres de ces Princes et de ces Nations, et qui, au nom de ces mêmes Princes et de ces mêmes Nations, ont déployé toute leur volonté et tout leur zèle à défendre Notre personne avant Notre retraite, et qui Nous ont fidèlement assisté dans Notre exil et dans Notre retour. Ces marques si nombreuses et si grandes de piété singulière, d'amour généreux, de soumission très-dévouée, de libéralité sans bornes, que Nous avons reçues de l'univers catholique, Nous ont si profondément touché, que Nous désirerions vivement donner dans cette assemblée des remerciements et des éloges particuliers, non-seulement pour chacune des villes et des cités, mais encore pour chacun des nombreux fidèles qui ont bien mérité de Nous; mais les bornes qui Nous sont prescrites ne le permet-1 tent pas. Nous ne pouvons pas Nous taire cependant sur les illustres et admirables témoignages de foi, de piété, d'amour, de libéralité, dont Nous ont entouré Nos Vénérables Frères, les Evêques du monde catholique, et qui ont été pour Nous la source de la plus grande joie. Tout engagés qu'ils étaient eux-mêmes, en effet, dans les difficultés et dans les périls les plus graves, ils n'ont jamais cessé cependant de remplir leur ministère avec tout le conrage et tout le zèle sacerdotal, de combattre le bon combat, de défendre héroïquement, soit par la parole, soit par de sa18

Debitæ autem laudis et honoris testimonium omnibus eorumdem Principum et Nationum apud Nos, et hanc S. Sedem Oratoribus, atque Administris deferimus, qui pro suorum Principum et Nationum erga Nos voluntate ac studiis Personam Nostram ante discessum tutati sunt, ac Nos tum in exsilio tum in reditu semper sunt comitati. Tot vero tantisque singularis pietatis, impensi amoris, devotissimi obsequii, ac largissimæ liberalitatis officiis ab universo catholico orbe affecti fuimus, ut vehementer cuperemus in hoc Vestro consessu non solum singulis civitatibus et oppidis, sed unicuique etiam hominum iterum debitas pro suis erga Nos meritis persolvere gratias ac tribuere laudes, nisi longius quam par est hæc Nostra excurrere deberet oratio. Verumtamen silentio prætirere non possumus illustria sane et mira fidei, pietatis, amoris, et liberalitatis testimonia, quibus Nos prosequuti sunt Venerabiles Fratres totius catholici orbis Antistites, qui maxima Nobis lætitiæ fuerunt. Namque ipsi, quamvis in gravissimis angustiis ac difficultatibus constituti, sacerdotali tamen fortitudine et zelo ministerium suum implere, et bonum certamen certare, et tum voce, tum salutaribus scriptis, tum episcopalibus conventibus Ecclesiæ causam, jura, libertatem impavide defendere, et commissi sibi gregis saluti prospicere numquam cessarunt. Atque hand possumus quin gratissimi Nostri animi sensus Vobis quoque profiteamur, Venerabiles Fratres S. E. R. Cardinales, qui summam certe consoL'Ami de la Religion. Tome CXLVIII.

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lationém et solatium Nobis attulistis, | lutaires écrits, soit par des conciles

quandoquidem Nostrarum calamitatum socii atque participes, invicto animo dura perpessi, et graviora quæque pro Ecclesia Dei subire parati amplissimum, quem in ædem Ecclesiæ obtinetis, dignitatis gradum omni virtute sustinere, Nosque in tanto rerum certami ne et discrimine Vestris consiliis, atque laboribus juvare numquam omisistis. Cum igitur maximo Dei beneficio res ita conversæ fuerint, ut in hanc Apostolicam Sedem inter summas non solum hujus almæ Urbis, sed omnium etiam populorum gratulationes redire potuerimus, nihil certe Nobis omnibus potius esse debet quam in humilitate cordis Nostri assiduas atque immortales ipsi clementissimo miserationum Domino agere gratias, qui fecit Nobiscum misericordiam suam, itemque Sanctissimæ Dei Genitrici Immaculatæ Virgini❘ Mariæ, cujus potentissimo patrocinio salutem Nostram acceptam referimus.

épiscopaux, la cause, les droits, la liberté de l'Eglise, et de pourvoir au salut du tronpeau confié à leur garde. Nous exprimerons aussi Notre profonde reconnaissance envers Vous, Vénérables Fières, Cardinaux de la sainte Eglise romaine, qui Nous avez prodigné tant de consolations et de soulagement, Vous qui avez suivi No're infortune et qui l'avez partagée, qui avez opposé à l'adversité un cœur invincible, qui, prêts à tout souffrir pour l'Eglise de Dien, à Vous montrer dignes par la pratique de tóntes les vertus du rang élevé que Vouis occupez dans cette même Eglise, n'avez rien négligé pour Nous venir en aidé par vos conseils et par vos travaux dans de si critiques et si périlleuses conjonctures. Et puisque, par le trèsgrand bienfait de Dieu, les choses ont tourné de telle sorte que Nous avons pu recouvrer ce Siége apostolique, nonseulement aux acclamations de cette bonne ville, mais encore de tous les peuples, qu'avons-Nous de mieux à faire que de rendre, dans l'humilité de Notre cœur, d'assidues et immortelles actions de grâces au Dieu très-ciément, au Seigneur des miséricordes, et à la très-sainte Mère de Dieu, l'Immaculée Vierge Marie, à la toute-puissante protection de laquelle Nous attr.buons le salut qui nous a été accordé.

Hactenus, Venerabiles Fratres, ea Jusqu'ici, Vénérables Frères, Nous raptim commemoravimus quæ Nobis ju- avons rappelé ce qui Nous a causé une cunditati fuerunt, nunc vero pro supre- douce satisfaction; maintenant, pressé mi Nostri Apostolici ministerii debito par le devoir de Notre ministère Aposhaud possumus quin de iis loquamur, tolique, Nous devons dire ce qui inquiète quæ cor Nostrum intime sollicitant, an- profondément Notre cœur, ce qui le gunt et premunt. Noscitis enim, Vene- remplit d'angoisses, ce qui l'accable. rabiles Fratres, teterrimum sane atque Vous connaissez, Vénérables Frères, inexorabile bellum excitatum inter iu- l'affreuse et inexorable guerre soulevée cem et tenebras, inter veritatem et er- entre la lumière et les ténèbres, entre rorem, inter vitium et virtutem, inter la vérité et l'erreur, entre le vice et la Belial et Christum, neque ignoratis qui- vertu, entre Bélial et le Christ, et Vous bus nefariis artibus et molitionibus ini- n'ignorez pas par quels artifices et par mici homines et sanctissimæ nostræ quelles menées des hommes ennemis Religionis res ubique affligere, ac pros- s'efforcent d'attaquer et de fouler aux trare, et omnium Christianarum virtu- pieds les choses de Notre très-sainte retum germen radicitus evellere, et effre-ligion, d'arracher jusqu'à la dernière

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