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par les hommes les plus éminents, n'est pas encore consommée et officiellement annoncée. Une volonté jusqu'à présent inébranlable s'y oppose, c'est celle de Mme la duchesse d'Orléans. »

L'auteur de la lettre dit ici que Mme la duchesse d'Orléans croit que son fils a des droits, et prend pour un parti capable de les faire triompher cette phalange incorrigible de vieux libéraux qui oublient tout et n'apprennent rien au milieu des leçons que leur donne la Providence. Il continue ainsi :

Dieu veuille que cet aveuglement étrange n'ait pas besoin, pour être dissipé, du cruel et inutile remède de l'expérience! Car si la France, dont nul ne peut dire qu'elle est définitivement constituée en république, voulait revenir à la monarchie, on ne pourrait lui imposer la monarchie constitutionnelle et la dynastie › d'Orléans, que par une surprise qui tromperait ses meilleurs instincts et qui durerait peu. Cette monarchie, entachée d'usurpation sur le droit de la maison de Bourbon et sur le droit de la France, ne rattacherait à son avenir aucune des grandes forces de l'opinion. Livrée à toutes les brigues, à toutes les incertitudes, à toutes les suspicions; gouvernée sous la main d'une femme étrangère par des hommes que leur passé condamne à respecter tous les priviléges de l'anarchie dont ils ont professé tous les sophismes, cette monarchie, et c'est tout dire en un mot, serait fatalement révolutionnaire. Elle aurait bientôt fait d'abolir parmi nous la notion déjà si altérée du droit et jusqu'à l'instinct même de la conservation. Alors, quand le sceptre lui-même aurait tranché et déshonoré les dernières racines du principe monarchique; quand la licence des écrits, des doctrines, de l'enseignement, des conspirations, aurait consommé la souillure des mœurs; quand on aurait vu, dans sa bassesse effrontée, l'imbécile combat des ambitions bourgeoises, alors un dernier orage emporterait à jamais et Bourbons, et couronne et société.

<< Mme la duchesse d'Orléans ne connaît pas la France. Elle ne sait pas que la France est catholique, et c'est là peut-être la base principale de cette entente qui règne entre elle et les vieux libéraux, aussi peu instruits là-dessus qu'ellemême. Or, la France ignore peut-être quels sont ses sentiments politiques : depuis soixante ans on ne l'a vue s'attacher bien fortement à rien. Si par nature elle est monarchique, cet instinct, troublé et comme affolé par de si longues révolutions, n'a plus assez de force pour se faire obéir. Mais en religion, la France est catholique, elle n'est pas autre chose, et j'ose dire qu'elle l'est profondément. Son catholicisme a été soumis à toutes les épreuves à l'échafaud, à la législation, à la raillerie, à la fausse science; il a triomphé de tout. C'est là vraiment le sentiment national. Non pas celui qui fait des journaux, qui déclame à la tribune et qui hurle dans les rues, mais celui qui dure, qui inspire les résistances invincibles et qui, poussé à bout, suscite une Vendée et des martyrs. Mme la duchesse d'Orléans ne compte pas sans doute que la royauté de son fils rallierait les républicains, ni les légitimistes: elle ne peut raisonnablement l'espérer; qu'elle craigne davantage encore l'hostilité pacifique des catholiques. Vainement elle abdiquerait la régence, vainement elle s'abtiendrait de tout ce qui pourrait porter ombrage à la foi religieuse, vainement, chose impossible, elle aurait la prudence et le courage de résister à ce que voudraient et ne manqueraient pas d'entreprendre à cet égard ses conseillers: on la verrait auprès de son fils, ce serait assez pour provoquer des défiances insurmontables.

Il est à souhaiter que cette situation frappe au jour et le plus tôt possible 'esprit si élevé de Mme la duchesse d'Orléans. Elle verra, en y réfléchissant, qu

pour trop hater l'avenir de son fils et le vouloir trop magnifique, elle risque de le perdre tout à-fait. »

Nous terminerons par le passage suivant, qui contient un détail consolant et un grand enseignement :

Après de longues et difficiles négociations, Marie-Amélie a pu enfin obtenir du gouvernement anglais la faveur de faire célébrer le saint sacrifice dans le château royal de Claremont. La messe est dite tous les jours, et chaque jour la famille entière y assiste. J'ai vu s'incliner devant l'autel tous ces fronts qui ont perdu la couronne. C'est une grande scène ; je ne l'oublierai jamais. Je me rappelais deux autres messes très-solennelles auxquelles j'ai assisté aussi, les messes célébrées sur la place de la Concorde pour les funérailles de Juin et pour la promulgation de la Constitution. Je songeais encore que probablement, à la même heure, Dieu voyait au pied de l'autel un autre prince, un autre Bourbon, un autre exilé. Voilà ce culte que l'on dit mort. Ceux qui sont tombés lui demandent la résignation, ceux qui vivent lui demandent la durée, ceux qui s'élèvent lui demandent l'accroissement. Il est le même pour le passé, pour le présent, pour l'avenir; le même pour la défaite, pour le triomphe, pour l'espérance. Entendre la messe est le principal signe, la principale garantie morale que donnent à la société la monarchie constitutionnelle exilée à Claremont, la République modérée, régnante à Paris, la monarchie pure, disponible à Frohsdorf. En dehors de ces trois grandes fractions qui entendent la messe, que reste-t-il en France? Par qui voudraient être gouvernés ce qui nous reste de voltairiens conservateurs? >

Nous ne saurions trop recommander cette correspondance de l'Univers aux méditations de tous les catholiques. Y a-t-il une époque dans le monde où l'on ait pu admirer davantage cette frappante vérité que « L'homme s'agite et Dieu le mène ? »

La Patrie annonce que M. Thiers doit arriver demain, de retour de son voyage en Angleterre.

Plusieurs personnages importants, parmi lesquels on cite MM. Guizot, Duchâtel et de Dalmatie, partiront samedi ou dimanche pour Claremont.

Les journaux belges nous apportent les résultats des élections qui ont eu lieu le 11 juin pour le renouvellement partiel de la Chambre des représentants.

Ces élections nous paraissent avoir une portée significative. C'est pour le ministère de M. Rogier plus qu'un avertissement; c'est un échec.

Même à Bruxelles, où les préjugés hostiles à l'Eglise ont le plus d'empire, et où la liste ministérielle ne devait pas rencontrer de contestation, M. Ch. de Brouckère, l'adversaire de la loi sur l'enseignement moyen, a passé le premier avec 5,694 voix. M. Verhaegen, au contraire, l'un des chefs les plus anciens et les plus acharnés du parti contraire aux catholiques, n'est venu que le sixième sur dix, avec 1,500 voix de moins que M. Ch. de Brouckère. M. Verhaëgen

était cependant, au moment où expirait son mandat, président de la Chambre des représentants, et ce titre donnait à sa candidature un lustre emprunté.

A Louvain, la liste de l'opposition catholique a réussi tout entière. Il y avait quatre députés sortants; un seul, M. de Man d'Attenrode, a été réélu. Le parti ministériel a perdu ses trois anciens champions, et il n'a pu faire passer son nouvel adhérent, le déserteur de l'autre camp, M. Schollaert.

A Anvers, où le cabinet avait fait les derniers efforts pour assurer à M. Rogier un grand triomphe, tous les anciens représentants ont été renommés. Mais M. Osy, qui a combattu la loi sur l'enseignement, a eu 4,000 voix, tandis que le ministre de l'intérieur n'en a réuni que 2,300, et ne l'a emporté que de 400 voix sur le premier de ses concurrents catholiques.

A Turnhout, l'opposition a conservé M. Coomans attaqué par le pouvoir, et elle a remplacé M. Dubus, ministériel, par M. de MérodeWesterloo.

A Malines, pas de changement; à Bruges non plus, quoique la Tutte ait été très-vive dans cette ville. Entre M. Pcers, membre sor#ant, et M. Kervyn de Lettenhove, le jeune historien des Flandres, dont la candidature apparaissait pour la première fois, il n'y a eu qu'une centaine de voix de différence.

A Ypres, M. Malou, ancien ministre, qui manquait au parlement belge, l'a emporté sur M. Boëdt.

A Tielt, même succès pour M. de Muelenaëre.

Les faux libéraux n'ont pu renverser M. Moncheur à Namur, ni M. de Liedekerke à Dinant; tous les deux ont joué un rôle important dans les derniers débats sur l'enseignement.

A Ostende, à Roulers, dans les provinces de Luxembourg et de la Flandre Occidentale, il n'y a eu que des réélections. M. d'Huart n'a malheureusement point pu passer.

En somme, le corps électoral avait à renouveler les mandats de la moitié de la Chambre des représentants, de 54 membres, qui se divisaient ainsi : 35 libéraux, 13 catholiques, 6 neutres.

Les catholiques n'ont pas perdu un seul siége. Un des neutres a été écarté, huit des faux libéraux ont succombé.

Les neuf membres nouveaux appartiennent, soit aux catholiques, soit à la nuance intermédiaire. Ce sont : MM. de Meulenaëre, ancien ministre; Malou, ancien ministre; Desmaizières, ancien ministre ; de Lacoste, ancien gouverneur; Landeloos, Wouters, de MérodeWesterloo, Roussel, de Steenhault.

Le ministère actuel conserve donc la majorité dans la Chambre, mais une majorité décimée. Jusqu'ici le parti qui est arrivé avec lui aux affaires, avait toujours gagné du terrain; il en perd aujourd'hui. En Belgique comme en Suisse, les vrais conservateurs montent; leurs adversaires ne tarderont pas à descendre.

N'en sera-t-il pas bientôt de même en Piémont ?

De tels symptômes, même dans les pays où la situation n'est pas si favorable qu'ailleurs, sont dignes de remarque. On ne nous en voudra pas d'y insister.

M. le ministre de l'instruction publique vient de nommer une commission chargée de préparer un projet d'organisation de l'enseignement professionnel. Cette commission se compose de MM. Thénard, Cousin, Saint-Marc-Girardin, Leverrier, Wolowski, Ferdinand de Lasteyrie, Milne-Edwards, Pouillet, Poirson, Sonnet, Ollivier et Lesieur, secrétaire.

M. l'abbé TESTOU, aumônier de l'hôpital militaire à la Pointe-à-Pître, vient de fonder une bibliothèque à l'usage des militaires et des autres personnes auxquelles on pourra étendre la bienfaisante influence de ce moyen de moralisation. Approuvé par M. Drouelle, son supérieur ecclésiastique, qui lui a écrit une lettre pleine d'encouragements, il a reçu encore les témoignages les plus flatteurs de la part du gouverneur de la Guadeloupe. Après avoir consacré ses ressources personnelles à l'achat d'un terrain, à la construction d'une bibliothèque, et à l'achat des premiers ouvrages, il s'adresse à ses frères d'Europe et les prie de venir en aide à son œuvre. Les personnes qui voudraient destiner des livres à cet usage sont priées de vouloir bien les adresser à M. Boucher-Leclerc, 24, rue Beaurepaire, à Paris.

On lit dans le Moniteur catholique :

« Les abonnés du Moniteur catholique sont prévenus qu'à partir du 16 de ce mois, le journal sera dirigé et administré exclusivement par M. l'abbé Migne.

Mgr l'Archevêque de Paris, ayant reconnu l'inconvénient d'un patronage accordé à un journal en particulier, nous invite à faire savoir que désormais il n'accorde à aucune feuille publique un intérêt spécial, et qu'il protégera avec une égale bienveillance tous les journaux religieux qui se montreront dignes de ce

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Nouvelles Religieuses.

DIOCÈSE D'ORLEANS. Le ministre des cultes vient d'allouer des fonds pour la restauration de la cathédrale. Un pilier du côté sud va être entièrement refait, ainsi que l'emmarchement du portail, dont la surélévation empêche la ville de terminer le pavage de la place. Quant au clocher, rien n'est résolu. Le ministre s'en réfère à un plus ample informé. Un ingénieur est chargé de faire une nouvelle inspection et un nouveau rapport.

DIOCESE DE Langres. On lit dans l'Union de la Haute-Marne :

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« Nous apprenons avec plaisir que les professeurs du grand-séminaire de Langres se sont entendus avec le clergé paroissial et plusieurs laïques de la ville pour donner, aux militaires de la garnison, des leçons d'écriture, de lecture, de grammaire, d'histoire et d'arithmétique, et pour faire à ces braves soldats des conférences re igieuses.

« Ces leçons sont suivies avec beaucoup d'intérêt. Près de 1,000 soldats y prennent part. Leur zèle prouve qu'ils apprécient le bienfait dont les honorent leurs professeurs dévoués.

« Le 21° de ligne avait déjà reçu des leçons des Frères du R. P. Lacordaire à Paris. C'est même sur la demande d'un religieux dominicain, originaire de la Haute-Marne, que l'œuvre s'est continuée à Langres. »

DIOCÈSE DE TROYES. - Mgr l'Evêque a présidé, le 6 juin, à la clôture de la retraite ouverte dans la maison centrale le 12 mai. Plus de 750 hommes ont reçu la sainte communion, le mercredi 5, et le lendemain 620, femmes et enfants se sont approchés de la sainte table. La confirmation a été donnée à plus de 600 prisonniers.

Quatre femmes seulement, parmi celles qui sont détenues, ont été sourdes aux paroles de miséricorde et de grâce que les pieux missionnaires étaient allés apporter à tous indistinctement.

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- Le journal la Bretagne avait dit :

«On assure que dans la ville d'Avignon où l'on a ouvert un collége catholique gratuit, presque tous les élèves un peu âgés ont quitté l'école des Frères, pour aller apprendre le grec et le latin. »

La Commune d'Avignon répond en ces termes :

« Nous croyons de notre devoir de démentir cet on assure. Près de quinze cents enfants fréquentent, dans nos murs, les écoles des Frères, et leur nombre augmente tous les jours.

« Entre ceux qui suivent les cours de l'externat gratuit, nous n'en connaissons pas plus d'une douzaine qui aient quitté pour cela les écoles des Frères. Le presque tous se réduit, on le voit, à un peu moins d'un sur cent. Or, est-il bien étonnant que sur cent élèves des Frères, il y en ait un qui puisse être appelé à pousser plus loin ses études? est-il bien dangereux pour la société d'ouvrir gra tuitement, sous l'égide de la religion, la porte des sciences à ces quelques intelligences privilégiées ?

«Le danger de la société n'est pas dans la diffusion des connaissances, mais dans les vices de l'éducation, d'une part, et de l'autre, dans le machiavélisme d'un monopole administratif qui ne cesse de présenter le budget comme une vaste curée offerte à tous les appétits, et sollicite ainsi sans fin et sans mesure le déclassement de la foule. »

-On lit dans le même journal:

« Une lettre particulière de Cavaillon nous apprend une nouvelle bien consolante pour les amis de la religion. Le digne curé de cette ville, M. Ailhaud, vient de reconstituer l'ancien ordre religieux des Doctrinaires, qui est dû au bienheureux César de Bus, né, comme on sait, à Cavaillon en 1544, et mort à Avignon en 1607, après avoir édifié nos contrées par ses vertus, ses fondations pieuses, au nombre desquelles il faut placer en première ligne l'établissement des Ursulines, et par ses travaux vraiment apostoliques. M. Ailhaud a reçu l'habit de la nouvelle Congrégation des Doctrinaires des mains de Mgr l'Archevêque d'Avignon.

DIOCÈSE DE BESANÇON. Mgr Matthieu, Archevêque de Besançon, est arrivé de Rome, vendredi dernier, et a suivi, le dimanche de l'octave de la Fête-Dieu, la procession du Saint-Sacrement de la paroisse Saint-Jean, sa métropole.

Son voyage de Rome à Besançon a été fait en peu de jours. Il a profité du paquebot de guerre qui ramenait en France S. E. Mgr le Cardinal Dupont. C'est lundi de la semaine dernière qu'il est parti de Rome, et vendredi soir de la même semaine il était à Besançon.

ALGERIE. La procession de la Fête-Dieu a rempli, dimanche dernier, toute

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