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FM. BOURZAT, de sa place. J'ai vonlu dire... (Oh! oh!) J'ai la conviction intime... (Allons donc! Nouvelle interruption à droite.)

M. LE PRÉSIDENT. M. Bourzat a dit : « Oui, de la Constitution que vous violez. >> C'est sur ces paroles que je l'ai interpellé. M. Bourzat, expliquez-vous.

M. BOURZAT. L'expression a manqué à ma pensée... (Rumeurs à droite. Nouvelle interruption.)

Citoyens, je suis sous le coup d'une censure, j'ai droit au silence; votre devoir est de m'entendre. Je disais que les mots : La Constitution que vous violez... (Comment! comment! à droite) m'étaient échappés et ne rendaient pas ma pensée. L'Assemblée est sortie du suffrage universel, elle n'est rien sans lui; il est donc impossible... (Oh! oh! assez! à droite.)

M. LE PRÉSIDENT. Il ne s'agit pas, pour le moment, de savoir ce que l'Assemblée 2 veut ou ne veut pas faire. Retirez votre expression, purement et simplement. A gauche: Ne la retirez pas, Bourzat, ne la retirez pas!

M. BOURZAT. Je retire l'expression et maintiens ma pensée.

M. LE PRÉSIDENT. La pétition, objet de cet incident, devait être présentée purement et simplement par celui qui déposait. Le premier tort est d'avoir accompagné ce dépôt d'explications interdites par le règlement. M. Bourzat a eu tort ensuite de dire les paroles qu'il a dites, et je l'aurais rappelé à l'ordre s'il ne les avait pas retirées. (Très-bien!)

Les pétitionnaires n'ont pas à nous rappeler au respect de la Constitution. (Nouvelle approbation.)

Une voix à gauche : C'est le gouvernement qu'on rappelle au respect de la Constitu

tion.

MM. Testelin, Bruys et Boissel déposent des pétitions ayant le même objet.

M. ROUET dépose une pétition identique en ajoutant que les pétitionnaires demandent que la loi-Baroche soit rejetée. (Murmures. A l'ordre!)

M. LE PRÉSIDENT. Celui qui présente une loi ne lui donne pas son nom; il s'en honore si la loi est bonne. Vous n'avez pas le droit de donner un nom propre à cette loi. (Très-bien! très-bien !)

M. GENDRIEZ dépose une pétition analogue.

M. MATHÉ dépose une pétition demandant le rejet de la loi des dix-sept, et le respect de la Constitution violée par le projet du gouvernement. (Exclamations et mouvements prolongés.)

M. LE PRÉSIDENT. Je vous rappelle à l'ordre. (Très-bien! très-bien! à droite.Cris et agitation à gauche.) Tout cela n'est que de la tactique, je le déclare. (Nouvelle approbation.) La violence ne réussira à personne. (Applaudissements.)

M. SCHOELCHER. Nous l'avons entendu et nous en prenons note.

A gauche Et l'Assemblée nationale et la Patrie?

M. BAUDIN dépose des pétitions.

M. MIOT. Je dépose des pétitions signées par plusieurs électeurs du département de la Seine, qui demandent le maintien du suffrage universel, car... (Oh! oh!)

M. LE PRÉSIDENT. Vous n'avez pas de car à ajouter. On rit.)

M. MIOT. Car ils regardent la loi électorale comme une violation... (Assez! assez !— Bruit.)

M. LE PRÉSIDENT. M. Miot, je vous rappelle à l'ordre. (Très-bien! très-bien!) M. MIOT. Je dépose également une pétition signée par des citoyens du département de la Seine qui demandent que les conseils municipal et général de la Seine soient produits par le suffrage universel.

M. Miot quitte la tribune après avoir jeté ses pétitions, au lieu de les déposer sur le bureau du président.

M. LE PRÉSIDENT. Veuillez présenter vos pétitions d'une manière plus honnête. (A l'ordre! à l'ordre!) On doit déposer les pétitions et non pas les jeter. Si votre mouvement injurieux ne s'adressait pas à ma personne, je vous rappellerais de nouveau à l'ordre. (A l'ordre! à l'ordre! à droite.)

M. MIOT, de la Montagne, et en étendant le bras vers le président. Il y a vingt ans que vous me faites la guerre, Monsieur le président.

Voix nombreuses à droite: La censure! appliquez la censure! Consultez l'Assemblée! (Agitation.)

M. LE PRÉSIDENT. Maintenant c'est une injure directe au président et à l'Assemblée que M. Miot vient de se permettre, je consulte l'Assemblée sur la censure.

Plus des trois quarts de l'Assemblée se lèvent pour l'application de la censure. M. le général Cavaignac est du nombre.

La discussion sur le budget des recettes est reprise, au milieu des préoccupations étrangères aux articles débattus à la tribune.

M. DE SAINT-PRIEST demande que la taxe actuelle des lettres soit maintenue. Cet amendement est rejeté.

L'affranchissement des lettres recommandées cessera d'être obligatoire. La surtaxe à leur apposer pour frais de recommandation, au lieu du double port fixé par l'art. 4 du décret du 24 août 1848, ne sera qu'un supplément de 25 centimes, quel que soit le poids des lettres et quelle que soit la taxe qu'elles devront supporter à raison de ce poids.

Les prix de 20 et 40 centimes fixés par l'art. du décret du 24 août 1848 pour la vente des timbres ou cachets destinés à l'affranchissement d'une lettre seront de 25 et 50 centimes à partir de la même date.

Le ministre des finances est également autorisé à émettre et à faire circuler des timbres-postes au-dessous de 25 centimes, pour l'affranchissement des correspondances lo

cales.

Les avocats ont été définitivement soumis à la patente.

La suite de la discussion du budget est renvoyée à demain.

Chronique et Faits divers.

Le rapport de M. Léon Faucher sur la révision de la loi électorale sera lu demain samedi en séance publique.

On lit dans le Courrier du Havre du 15:

On nous assure que des armements maritimes d'une grande importance sont ordonnés et doivent être faits, en toute hâte, dans nos ports militaires. Une dépêche télégraphique serait même arrivée, aujourd'hui, à l'administration de la marine de notre port, l'invitant à lever immédiatement les marins des classes. Des feuilles de routes sont données aux quartiers-maîtres et matelots, âgés de 20 à 40 ans, et qui n'ont pas quatre ans de service. »

- Le général Rapatel, commandant la 2o légion de la garde nationale, vient de réunir le corps d'officiers pour les avertir des périls de la situation et les engager à se tenir prêts d'un moment à l'autre à défendre l'ordre menacé. Immédiatement une distribution de cartouches a été faite dans la légion. (Patrie.)

- Nous apprenons d'une personne en position d'être bien informée, que hier, à La Villette, on a découvert une fabrique de poudre clandestine. A cette occasion, un certain nombre d'arrestations ont été opérées dans cette commune. - Des armes et des munitions de guerre viennent d'être saisies, à Saint-Laurent, par la brigade des douanes de Charleville.

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On écrit de Caraman à l'Indépendant de Toulouse:

♦ Les démocrates-socialistes de Caraman, non pas les meneurs, car ils sont sans courage, à moins qu'ils ne soient bien accompagnés, et encore se tiennentils toujours derrière, se sont livrés, dans la soirée du 11 de ce mois, à une scène de désordre qui aurait pu avoir des suites fàcheuses sans la fermeté de l'autorité.

◄ Plusieurs jeunes gens, poussés par les meneurs, ont eu l'audace de chanter une chanson dans laquelle ils demandaient que le général Changarnier soit mis au bout de leurs fusils.

«Le commissaire de police a arrêté un des individus qui proféraient ces chants, et tout est rentré dans l'ordre sans qu'on ait eu aucune collision à déplorer, ce qui n'aurait pas manqué d'avoir lieu, si l'autorité ne s'était mêlée aux groupes qui e'étaient formés, et n'avait, par ses paroles fermes et conciliantes, ramené le calme dans les esprits. »

Par arrêté du préfet de la Corrèze, le sieur Soutet, instituteur à Saint-Cyprien, a été suspendu de ses fonctions pendant trois mois, avec privation de traitement, pour cause de négligence habituelle dans l'exercice de ses fonctions, et le sieur Champeil, instituteur à Darazac, pendant trois mois, avec privation de traitement, pour la même cause.

Le comité supérieur de Tulle a prononcé le déplacement du sieur Constantin, instituteur au bourg de Sainte-Fortunade. Cet instituteur négligeait son école pour courir les foires, et dans plusieurs circonstances, sa conduite a été répréhensible.

Le sieur Libouroux, instituteur à Tarnac, a été suspendu de ses fonctions pendant trois mois, avec privation de traitement, pour s'être livré à la propagande de mauvaises doctrines.

En Autriche, on publie maintenant 177 journaux: 92 allemands, 50 italiens, 28 slaves, 6 magyars et 2 rumênes.

VARIÉTÉS.

Une course de taureaux à Séville.

L'amphithéâtre de Séville, le plus grand d'Espagne, pourra bientôt contenir 20,000 spectateurs; il rappelle, pour la disposition, ceux de Pompéia, de Pouzzoles et de Nîmes, avec cette différence que sa forme est entièrement circulaire. C'est là que se porte avec fureur la population dès qu'un combat a été annoncé; on se presse, on s'étouffe pour trouver place; mais, une fois les gradins de pierre garnis, le peuple devient souverain de l'arène et s'y fait obéir en maître; l'autorité elle-même étudie ses plus bizarres caprices pour les satisfaire. Malheur à l'étranger dont le langage, le vêtement, la tenue, frappe un de ces oisifs qui courent partout après le bruit! En un clin-d'œil le mot d'ordre est donné : une immense clameur s'élève comme la tempête, régulière dans sa spontanéité, effrayante par Son énergie, menaçante et absolue dans son langage: il faut que ces gants disparaissent, que cette cravate soit changée, que ces lunettes rentrent dans leur étui. La victime voudrait en vain résister, montrer la dignité du droit et l'impassibilité du courage; si elle ne se conforme pas aux injonctions des tyrans de la rue, la gendarmerie viendra la prier de s'éloigner parce qu'on ne répond pas des excès où se porterait une aveugle colère. Moyennant cette satisfaction, l'orage s'apaise, l'ordre se rétablit, le jeu va commencer.

A droite de l'amphithéâtre, s'ouvre subitement une porte à larges battants: un alguacil à cheval, enveloppé dans un ample manteau de cérémonie et la tête couverte d'une toque élégante, s'avance au

milieu de quatre officiers du cirque à pied, traverse l'arène dans toute son étendue et s'arrête au pied de la loge des princes s'ils sont présents, du capitaine-général s'ils sont absents: il se découvre avec respect, ses officiers mettent un genou en terre, il demande la permission d'ouvrir le combat. Ce moment est d'une solennité très grande, c'est le beau moment par excellence; ce respect pour l'autorité publique, ce concours innombrable, ces milliers de visages tournés vers le même centre dans une attitude silencieuse, ne manquent jamais de frapper l'étranger. Pour signe de consentement, le président des jeux jette la clef des taureaux; on le salue de nouveau, et le cortège se remet en marche vers l'autre extrémité, où se trouvent enfermés les fiers animaux, ordinairement au nombre de huit. Pendant ce temps, de nouveaux personnages ont surgi, au son d'une marche militaire et de fanfares joyeuses: habillés avec magnificence et bon goût, chacun dans sa couleur préférée, les toréadors et les picadors viennent à leur tour implorer humblement la faveur des princes, genou en terre et chapeau à la main. Après l'avoir obtenue, ils rendent les mêmes devoirs à la députation provinciale en traversant aussi l'arène. Les toréadors sont à pied, munis seulement d'un manteau écarlate; les picadors, au contraire, se tiennent à cheval et sont armés d'une lance. Chacun se met en place, c'est-à-dire que tous ces hommes s'échelonnent le long des barrières. Tout à coup la porte s'ouvre, et le superbe roi de la fête, le taureau s'élance, majestueux et terrible; il est reçu par les acclamations de la foule. Son premier mouvement est un regard d'étonnement qu'il promène avec rapidité autour de lui; le second, de courir tête baissée sur le premier ennemi qu'il rencontre. La lutte est engagée. Harcelé de toutes parts, il a beau poursuivre le plus hardi de ses adversaires, un manteau déroulé à temps devant ses yeux le distrait et le déroute; il se jette sur le cavalier voisin : un coup de lance le repousse. Alors c'est de la fureur il bondit comme un chevreuil, court comme un insensé, ou bien s'arrêtant il fait voler la poussière au-dessus de sa tête et se bat les flancs avec dépit.

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Ici le combat cesse pour faire place à une savante boucherie. L'homme, aidé de la raison qui lui donne un avantage inappréciable sur le taureau, va déployer toutes ses ressources pour abuser de la colère de l'irascible animal; s'il est poursuivi, il se réfugiera derrière une infranchissable barrière, tandis que le taureau n'a pas de retraite; ils se mettent plus de dix contre lui. Où est la noblesse d'une telle attaque? j'avoue que, malgré l'enthousiasme espagnol, je ne la comprends pas. Ceci n'est encore que le prélude. Un coup de trompette se fait entendre, les banderilleros paraissent : après avoir étourdi le taureau par quelques manoeuvres habiles, ils saisissent adroitement le moment pour le percer entre les cornes de dards acé rés qui s'enfoncent en frémissant dans sa chair; en un instant il est couvert de sang; les acclamations tiennent de la frénésie. Si, après

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cela, l'animal n'a pas atteint le paroxysme de la rage, d'autres dards remplis de poudre lui sont lancés, éclatent dans ses plaies béantes, ele labourent dans tous les sens; je tremblais d'indignation; les Andaloux n'ont pas de plus douce volupté; ils expriment à cette vue une joie aussi bruyante que barbare. Mais déjà le taureau ne se possède plus; il mugit, bondit, gratte la terre; ses cornes aiguisées entrent dans les entrailles, dans les côtes, dans le poitrail des malheureux chevaux qu'elles mettent en pièces; il n'importe, le picador se relève, remonte sur son coursier déchiré dont on a bandé les yeux et dont les entrailles palpitantes balaient après lui l'arène; au besoin, on coupera ces entrailles, et la cavité qu'elles remplissaient sera bourrée d'étoupes, jusqu'à ce que le pauvre serviteur, dont les longs services sont ainsi récompensés, tombe épuisé sur le sable et expire dans d'atroces douleurs. On immole ainsi vingt, trente chevaux par course. L'espagnol, en le voyant tomber, n'aura pas un mouvement de compassion; le plus grand nombre rient et plaisantent... je ne l'aurais jamais cru si je ne l'avais vu, et c'est à peine si j'ai pu en croire mes yeux eux-mêmes. Nos idées françaises sont trop généreuses pour adopter de telles images; notre indignation éclaterait à ce spectacle; ici il faut la retenir avec soin.

Quelquefois des jeux gracieux se mêlent à ce carnage : des hommes, affrontant le péril, prennent dans leurs agressions les poses les plus théâtrales, jouent avec l'ennemi qu'ils ont déchaîné, s'effaScent rapidement devant la corne qui les effleure, et recueillent pour récompense les bravos infinis de la multitude. Il arrive à quelques-uns de payer de la mort celle audacieuse agilité; on applaudit le taureau: « Bravo el toro! Bravo! mille fois bravo!» La vie d'un homme n'est rien; ce qui est essentiel, c'est que ce peuple s'amuse... Quel amusement, grand Dieu! et que je comprends bien le saint Pape Pie V excommuniant quiconque y assistait! Il est vrai que Grégoire XIII a levé la sentence sur les représentations de la cour, se d plaignant que l'Espagne est ingouvernable sans ses boucheries bienaimées. Ce spectacle n'en est pas moins horrible. Dans toute lutte il doit y avoir un vainqueur et un vaincu, la valeur décide pour l'une des parties: ici le taureau, brave ou lâche, cruel ou paisible, héros du cirque ou honte de sa race, est invariablement destiné à périr. A un second coup de trompette, un homme armé d'une épée est aux pieds des princes: « Madame, dit-il à l'infante en fléchissant le genou, permettez que j'aille donner la mort au monstre; si je succombe, je me réjouis de mourir sous les yeux de V. A. R. pour servir à ses plaisirs... » N'est-ce pas la parole du Colisée : « Cesar, morituri te salutant! » Cet homme, c'est le matador, le principal personnage de la scène. De la main gauche couverte d'une étoffe rouge il attire l'attention du laureau, et de la droite, quand il se baisse, il lui enfonce l'épée dans la moëlle épinière; l'animal chancelle, se défend quelques secondes, tombe lourdement, étend sa large tête sur le sable et

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