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d'une voix très-faible, des considérations générales qu'on pourra relire avec intérêt au Moniteur.

Nous avons eu ensuite M. Victor Hugo. L'ancien pair de France voudrait bien être le Tyrtée de la Montagne; mais sa poésie n'est plus qu'un misérable déchaînement d'antithèses; et le fiel dont il a soin d'assaisonner ses pénibles diatribes ne saurait plus en relever la vulgarité. Je ne l'ai jamais entendu si pauvre et si creux. La majorité ne se donnait même plus la peine de l'interrompre, si ce n'est par quelques huées et quelques éclats de rire aux endroits les plus pitoyables. Le malheureux orateur était au supplice, et cette indifférence lui pesait plus que toutes les colères. Il «ahannait » — pardonnez ce vieux mot qui est d'une vérité frappante, »— il « ahannait » à trouver quelque phrase ronflante, quelque période à effet ; et toujours au lieu de toucher le sublime, il s'abîmait dans le ridicule. On ferait un ana de toutes les platitudes, de toutes les extravagances, de toutes les folies qu'il a débitées. Ah! si l'éloquence, la vraie éloquence est le don le plus magnifique de la nature humaine, quelle triste, quelle honteuse, quelle humiliante parodie qu'une rhétorique de tréteaux!

C'est M. Jules de Lasteyrie qui a succédé à M. Victor Hugo. A lui revient la palme de la séance. Esprit, bon sens, vigueur, logique, M. de Lasleyrie a eu tout pour lui. Et bien qu'il ne soit pas orateur dans la haute acception de ce terme, bien que sa parole manque parfois de netteté et de méthode, il a conquis de très-justes et de très-légitimes applaudissements. La noblesse de son caractère personnel qu'il a fièrement opposée à cet adulateur de tous les pouvoirs auquel il répondait, des mots heureux, des retours offensifs très habilement ménagés, et par dessus tout une loyale et franche attitude en face des ennemis de l'ordre social, lui ont assuré un très-beau et très-enviable succès. C'est le seul discours qui restera de cette séance et la majorité y a été dignement, courageusement représentée.

M. Pascal Duprat a fini la journée. Il y mettait de la coquetterie: il ne voulait pas parler à cinq heures et demie; il a fallu les instances de ses amis pour vaincre cette pruderie, et j'ai vu le moment où l'Assemblée, piquée au jeu, prononcerait la clôture de la discussion. En vérité, pourquoi donc faire tant de façons? Ce que M. P. Duprat avait à dire pouvait s'entendre sur le coup. C'est le thème connu. La Constitution violéc, le suffrage universel supérieur à la Répubiique, et attaqué par qui ? par ses propres élus : voilà le fond du discours, revêtu d'une forme toujours déclamatoire, mais sans violence et sans injures.

Le tout a fini à six heures et un quart. Et chacun, en s'en allant, se disait: «C'est bien calme! Fallait-il faire tant de bruit pour aboutir à si peu!

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Demain, nous verrons si la lutte sera plus vive.

Pétition de l'Episcopat belge, au sujet de la loi sur l'enseignement moyen.

L'Episcopat belge vient de parler. Au moment où le Sénat va discuter ce projet, déjà voté par la Chambre des Représentants, cette assemblée aura pu connaître officiellement l'opinion de toutes les Eglises du royaume. Il aura sous les yeux la pétition, si digne dans son langage, si forte dans ses raisons, du Cardinal-Archevêque de Malines, des Evèques de Liége, de Tournai, de Namur, de Gand et de Bruges.

Il a fallu, sans doute, les motifs les plus graves, pour déterminer les vénérables Prélats à rompre le silence qu'ils gardent habituellement au milieu des débats politiques. Mais il ne s'agit pas seulement ici de politique: il s'agit de l'éducation de la jeunesse; c'est à-dire des inaliénables prérogatives de leur autorité, de l'avenir de leur pays, des intérêts les plus chers de la société et de la religion. Placées au sommet de Sion pour éclairer et repousser l'ennemi, les sentinelles vigilantes ont jeté le cri d'alarme!

Espérons que ce cri, si noblement exprimé, ne sera pas entendu en vain par la portion la plus conservatrice de la représentation belge. Puisse le Sénat, en donnant satisfaction aux vœux si justes et aux réclamations si élevées de l'Episcopat, épargner de grands malheurs à une nation qui est restée heureuse et tranquille tant qu'elle a été fermement attachée à l'union traditionnelle des principes religieux et des vraies et sages libertés.

Voici le grave et solennel document que le Moniteur belge a publié le premier :

A Messieurs les président et membres du Sénat.

< Messieurs,

« C'est avec un profond sentiment de douleur que nous avons vu présenter à vos délibérations le projet de loi sur l'instruction moyenne, voté par la Chambre des Représentants, parce que, nonobstant les modifications qu'il a subies, ce projet attribue au Gouvernement un pouvoir réel en matière spirituelle, et blesse grièvement les droits de l'Eglise.

I. Le projet, d'après les déclarations formelles du ministère, ne reconnaît pas le droit des Evêques d'entrer dans les écoles moyennes à titre d'autorité.

< Cependant, c'est aux Apôtres seuls, et à leurs successeurs, les Evêques, que Jésus-Christ a dit : Allez, enseignez toutes les nations,... apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Ainsi, enseigner les vérités de la foi et les préceptes de la morale évangélique est un droit qui n'appartient qu'à l'autorité spirituelle; et dès lors, c'est à titre d'autorité que les Evêques catholiques, ou leurs délégués, doivent donner l'enseignement religieux et moral dans les établissement d'instruction moyenne. La loi sur l'instruction moyenne, pas plus que la loi sur l'instruction primaire, ne peut être équivoque sur ce principe fonda

mental.

A Dieu ne plaise, Messieurs, que nous contestions à l'autorité civile son indépendance; mais elle est, et elle sera toujours vraie, cette parole célèbre du Pape Gélase à l'Empereur Anastase: Le monde est gouverné par deux autorités,

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l'autorité spirituelle et l'autorilé civile. Elles sont l'une et l'autre souveraines, absolues et sans dépendance dans les choses de leur ressort.

• S'il est des matières mixtes, il faut, pour les régler, entre les deux autorités, union, entente et mutuel accord; et la loi sur l'instruction primaire a prouvé que cette harmonie, si désirable, si utile, si nécessaire même au bonheur du pays, n'est pas difficile à obtenir de notre part.

« II. En réservant au gouvernement la nomination de tout le personnel des établissements d'instruction moyenne, le projet de loi lui accorde, contrairement à l'art. 16 de la Constitution, le pouvoir de nommer des ministres du culte, char ́gés de l'enseignement religieux; car, dans les établissements d'instruction moyenne, l'enseignement de la religion et de la morale demande des développements qui ne peuvent être donnés que par des ecclésiastiques.

La nomination de ces ecclésiastiques nous appartient; nous ne saurions renoncer à un droit inhérent à l'Episcopat, que la Constitution elle-même reconnaît et garantit. Mais si la loi est telle que rien ne nous empêche de concourir à son exécution, nous ferons en sorte qu'en usant de ce droit, nos choix ne tombent que sur des hommes agréables à l'autorité civile; comme nous nous attendrons à ce que celle-ci ne nomme professeurs que des hommes sincèrement religieux, propres à former, avec les ministres du culte, un personnel homogène, afin qu'il y ait, pour l'éducation chrétienne de la jeunesse, unité de vues et d'action; c'est là une condition essentielle au succès des établissements, à la réussite de l'éducation et au bonheur des familles.

« III. En attribuant au gouvernement la direction absolue de l'enseignement moyen dans ses établissements, le projet de loi dénie implicitement aux chefs du culte le droit d'y régler et d'y inspecter l'enseignement religieux et moral; droit cependant qui appartient à l'Eglise, aussi essentiellement que celui de donner cet enseignement.

IV. En accordant la faculté de créer un nombre indéfini d'établissements soutenus aux frais de l'Etat, le projet de lci lèse les droits acquis des catholiques, quí, en vertu de la liberté de l'enseignement, ont fondé, à leurs frais, un grand nombre de maisons d'éducation dignes de la confiance des pères de famille.

« V. Enfin, en se bornant à inviter le clergé à donner l'instruction religieuse, et à ne concourir ainsi que dépendamment de la volonté du pouvoir qui invite, au succès d'établissements érigés, d'après l'aveu du ministre, contre l'influence des établissements mêmes du clergé, le projet de loi fait aux ministres du culte une position que votre haute sagesse, Messieurs, saura apprécier, et que sans doute elle trouvera peu digne de leur caractère et de leur sainte mission.

Ces motifs, Messieurs, et d'autres encore qu'il serait trop long d'énumérer, nous font un devoir de vous déclarer que si le projet ne subit pas dans ses principes des modifications essentielles, la loi créera pour nous une situation critique, facheuse, compromettante. Nous espérons, Messieurs, que vous ne voudrez point nous y placer.

Notre plus intime désir est de pouvoir concourir loyalement à l'exécution de cette loi importante, comme nous avons concouru à la loi sur l'instruction primaire de 1842; comme nous avons concouru, depuis 1830, à toutes les mesures pour lesquelles l'autorité civile a, dans quelque intérêt social, réclamé notre coopération.

Ce désir, en présence des orages qui menacent la société, est d'autant plus vif que rien, selon notre manière de voir, ne contribuera autant à consolider la paix publique, dont la Belgique a eu le bonheur de jouir jusqu'à présent, que

l'accord parfait de l'autorité civile et de l'autortté ecclésiastique sur la première des questions sociales, celle de l'instruction et de l'édncation de la jeunesse. « Agréez, Messieurs, les assurances de notre haute considération.

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ENGELBERT, Cardinal-Archevêque de Malines;
CORNEILLE, Evêque de Liége;

GASPARD-JO

SEPH, Evêque de Tournai; † NICOLAS-JOSEPH,
Evêque de Namur; † LOUIS-JOSEPH, Evêque de
Gand; JEAN-BAPTISTE, Evêque de Bruges.

Bruges, le 17 mai 1850. ›

Affaires religieuses du Piémont.

Le ministère s'engage tous les jours davantage dans la voie où il est entré, et tous les jours il se verra poussé plus avant; car un acte de persécution en appelle un autre, et plus il accorde aux passions anti-religieuses, plus il lui sera difficile de s'arrêter. C'est maintenant un prêtre entouré de la considération générale, et voué depuis onze ans aux pénibles fonctions d'aumônier d'une prison de femmes, qui vient d'être destitué sans avertissement préalable, parce que après son instruction du dimanche, il avait recommandé de prier pour les besoins de l'Eglise et spécialement pour l'Archevêque, et avait ajouté que pour être en prison le prélat n'était pas coupable; qu'avant lui les saints, saint Pierre et saint Paul, et Jésus-Christ lui-même avaient été dans les chaînes.

Il n'y a là aucune atteinte à la loi, et s'il faut punir tous ceux qui font prier pour l'Archevêque, il faut que le ministère mette la main sur tous les prêtres du diocèse et presque du royaume. Ces gens-là vont devenir aussi ridicules qu'odieux.

-L'Armonia rapporte la circulaire suivante adressée très-confidentiellement par l'intendant d'Aoste aux syndics de sa juridiction. Elle est devenue publique par la naïve indiscrétion d'un syndic, ardent démocrate, qui n'a rien cu de plns pressé que d'afficher ce document parmi les actes publics :

INTENDANCE D'AOSTE. 3me division.

CIRCULAIRE TRÈS-CONFIDENTIELLE, no 3.

Monsieur le Syndic,

« Il est parvenu à la connaissance du gouvernement que par suite de la lei abolitive du for ecclésiastique et des immunités locales, loi hautement réclamée par les principes proclamés par le Statut, le clergé s'agite et se concerte pour y résister, sous la direction même de ses supérieurs ecclésiastiques, et qu'il serait même disposé à prononcer et à publier, dans ce coupable but, des excommunications contre quiconque voudrait procurer l'application de cette loi, et cela, sous le prétexte de défendre les intérêts de la religion, et osent-ils dire, ceux mêmes du trône, pour conserver des priviléges incompatibles avec nos libertés constitutionnelles, et nullement nécessaires à la gloire et à l'accroissement de notre sainte religion.

La dignité de la nation, celle du roi Victor-Emmanuel II, qui est énergique

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ment décidé à défendre les belles institutions dont nous dota son auguste père contre quiconque oserait les attaquer, sont vivement offensées par ces menées qui, outre qu'elles sont attentatoires au respect dû aux lois de l'Etat, pourraient encore soulever des partis dans le pays et y causer des désordres.

Le gouvernement a donc pris l'énergique résolution de prévenir et au besoin de réprimer avec force de semblables scandales; et, à cet effet, il excite la vigilance et compte sur l'énergique concours de tous ses officiers.

Ce ne seront certainement pas MM. les syndics du Val-d'Aoste, qui ont toujours donné tant de preuves d'attachement au précieux héritage de Charles-Albert, je veux dire aux libertés constitutionnelles dont, grâce à ce grand prince, notre pays a le bonheur d'être en possession, qui se refuseront à seconder de tous leurs efforts le gouvernement dans cette tâche pénible, mais hautement sollicitée pour la tranquillité et la sûreté de l'Etat, ainsi que pour celle du trône.

C'est pourquoi, Monsieur le syndic, je dois vous charger de surveiller soigneusement si, par hasard, des écrits, quelle qu'en soit la forme, tels que lettres, circulaires, mandements ou avis, et dans quelque lieu que se soit, seront publiés, affichés ou répandus tant publiquement que clandestinement dans votre 2 commune; et, dans le cas affirmatif, de pourvoir à leur prompt saisissement pour m'en faire tout de suite la transmission par exprès.

Vous surveillerez pareillement si quelqu'un, sans aucune distinction de personnes, osait exciter à la désobéissance et au mépris des lois, en faisant surtout attention si, contre toute attente, ces paroles de mépris et d'insubordination venaient à tomber de la chaire de vérité. Dans ce cas vous m'en informerez aussi avec la plus grande promptitude, et vous en informerez également à l'instart M. le juge du mandement, en ordonnant de plus l'immédiat saisissement de l'autenr de ces discours, si jamais ces discours venaient à donner lieu à des tumultes. ou à des rassemblements dangereux pour la tranquillité publique, bien persuadé comme je le suis, que dans tous les cas la brave garde nationale de votre commune ne manquera pas d'obéir à la voix de son chef, et de le seconder dans l'accomplissement d'un devoir aussi sacré que celui de défendre l'ordre et de réprimer quiconque tenterait audacieusement de le troubler.

« Dans l'assurauce que les ordres que je vous transmets au nom du gouvernement recevront de votre part la plus entière et la plus fidèle exécution, et en mettant d'ailleurs cela sous votre propre responsabilité, agréez que je vous renouvelle l'expression de la considération bien distinguée avec laquelle j'ai l'honneur d'être, etc. »

Fondation d'un Collège catholique et gratuit à Vannes. Des catholiques dévoués, des personnes considérables du Morbihan, parmi lesquels on remarque des membres du conseil général du département et du conseil municipal de Vannes, se sont réunis pour assurer dans cette ville, à la jeunesse bretonne, le bienfait d'une éducation chrétienne. La circulaire suivante a été, en conséquence, publiée pour faire connaître la constitution et les plans de I'OEuvre :

« Plusieurs départements ont fondé par souscription des colléges catholiques destinés à donner aux enfants une éducation bonne et gratuite. La Bretagne possédera bientôt un semblable établissement, nous sommes heureux de vous l'annoncer; et déjà des pères de famille se sont adressés aux missionnaires du dio

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