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cèse ces prêtres consentent à nous procurer un personnel choisi avec soin. Nommer de tels maîtres nous dispense d entrer dans de longs détails: le monde entier connaît leurs vertus, leur science, leur zèle et leur dévouement. Ils conduisent l'enfant par un admirable mélange de douceur et de fermeté; en l'initiant aux connaissances humaines, ils cultivent son cœur, gravent profondément dans son esprit la règle des mœurs, et dirigent sa raison vers la justice et la vérité.

Réunis pour mettre cette œuvre à exécution, nous venons vous présenter notre projet et solliciter votre bienveillant concours.

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« Dès le commencement de l'année scolaire, avec votre appui, nous ouvrirons à Vannes un externat dans lequel les enfants seront admis sans aucune rétribution; nous proposons aux amis de l'éducation catholique une souscription payable pendant cinq années pour couvrir les dépenses de ce collége.

«Des familles honorables demandent de créer également un internat; nous comprenons la solidité des motifs qu'elles allèguent, nous nous appliquerons à les satisfaire. Mais pour atteindre ce but, il faut d'abord qu'elles nous aident à compléter la première partie de notre œuvre, puisque dans les colléges les internes et les externes assistent aux leçons des mêmes maîtres.

Cependant les familles éloignées de la ville voudront sans doute faire profiter leurs enfants des études qui vont s'ouvrir. Nous savons les vives inquiétudes où les jette l'idée de perdre de vue ce qu'elles ont de plus cher au monde : qu'elles se rassurent, les élèves seront soumis à une surveillance paternelle, exercée sans relâche dans les pensionnats particuliers qu'on s'attache déjà à former; elles peuvent être certaines qu'on prendra à ce sujet des mesures efficaces. Si les parents désirent de plus amples renseignements, ils peuvent s'adresser à M. l'abbé Levé, supérieur des missionnaires, rue de l'Unité à Vannes.

Tel est le plan abrégé de cette œuvre. Elle touche aux intérêts les plus chers de notre religieuse Bretagne; si vous la jugez digne d'appui, vous unirez vos efforts aux nôtres, et vous userez de toute votre influence pour la soutenir. Vannes, le 4 mai 1850. » (Suivent les signatures.)

Bulletin de la politique étrangère.

ANGLETERRE.-Les journaux anglais arrivés aujourd'hui à Paris contiennent de nombreux et importants articles sur le différend survenu entre la France et l'Angleterre. Le sentiment général qui anime les divers organes de la presse anglaise est le ferme désir et la confiance que le commencement de rupture diplomatique ne dégénerera point en hostilités entre les deux pays. Les adversaires et les défenseurs de lord Palmerston sont d'accord sur ce point. Les uns et les autres sont également énergiques dans leurs protestations en faveur de la paix.

Le Times et le Morning-Chronicle, les deux journaux les plus influents d'Angleterre, l'un organe de la cité, l'autre dévoué à sir Robert Peel, continuent à juger avec une extrême sévérité la conduite de lord Palmerston et à faire valoir la justice des griefs du gouvernement français.

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CHINE. L'empereur Tao-Kwang est mort à Pékin, le 25 février, à l'âge de soixante-huit ans. Cet événement a été notifié officielle

ment par l'intendant, le 20 mars, aux consuls anglais, français et américain de Changhaï, qui ont abaissé leurs pavillons à mi-mât, en signe de deuil. Voici les termes de cette notification :

« Je vous informe que je viens de recevoir de la capitale la nou« vellé que, le quatorzième jour de la première lune, S. M. l'empea reur est parti pour le grand voyage, et qu'il est monté sur le dra«gon pour devenir un hôte des cieux. Le même jour, son héritier est monté sur le trône. Je vous écris pour vous apprendre ces nouvelles, et je souhaite en même temps que le bonheur soit toujours

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L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi ayant pour objet de modifier la loi électorale. (Mouvement.)

M. LE PRÉSIDENT. Le rapport que vous avez entendu samedi porte à la fois sur l'urgence et sur le fond. L'Assemblée doit d'abord se prononcer sur l'urgence aux termes du règlement; c'est donc sur l'urgence que la délibération va s'ouvrir pour porter ensuite, s'il y a lieu, sur le fond.

M. CH. LAGRANGE. Je demande la parole.

M. LE PRÉSIDENT. La parole est à M. Lagrange.

M. LAGRANGE monte à la tribune où il attend longtemps le silence dans une de ces attitudes dégingandées dont il a seul le secret. Enfin, quand les rires que provoque la burlesque importance qu'il se donne se sont calmés, il s'exprime ainsi :

Pour laisser la parole à des voix autrement puissantes que la mienne dans une question si palpitante d'intérêt pour la tranquillité publique, je serai court, selon mon habitude. J'entre donc immédiatement en discussion.

Dans ma pensée, le projet de loi me paraît porter atteinte à la Constitution; dans ma pensée, la demande d'urgence est une aggravation de cette mauvaise action.

Quel moment choisit-on pour vous présenter un projet de loi qui soulève toutes les passions bonnes et mauvaises ? Celui où deux élections consécutives, ayant donné le triomphe à la démocratie, ont prouvé par les actes tout pacifiques qui les ont consommées que le peuple est mùr pour la liberté et pour le suffrage universel. J'en appelle aux étrangers qui m'écoutent du haut de la tribune diplomatique. (Murmures et rires de pitié.)

Une voix : C'est honteux!

M. LAGRANGE. Nous voulons garder la République, et le peuple est aujourd'hui celui qui repousse l'anarchie, c'est lui qui défend l'ordre et la propriété.

Je vote donc contre l'urgence, je vote contre cette loi, parce qu'elle serait une violation de la Constitution, elle serait un crime.

M. LE PRÉSIDENT. La parole est à M. de Flotte. (Mouvement de curiosité.)

M. DE FLOTTE monte à la tribune au milieu d'un profond silence. Quel que soit notre désir de donner à nos lecteurs une idée éxacte du discours qu'il prononce, nous sommes obligés d'avouer notre impuissance.

M. DE FLOTTE entre dans un pathos absolument incompréhensible sur la notion de l'autorité supérieure et la notion de l'autorité inférieure.

Nous jouissons en France, continue-t-il, d'une autorité puissante, de l'autorité la plus noble. Si l'autorité qu'on appelait légitime à été détruite pour faire place à l'autorité supérieure, n'essayez pas de détruire cette autorité supérieure pour revenir à l'autorité inférieure; car ce serait tenter l'impossible et préparer des révolutions nouvelles. (Rires)

Une voix : C'est du galimathias double.

M. LE PRÉSIDENT. On demande le scrutin de division sur l'urgence.
On procède au scrutin de division.

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M. LE PRÉSIDENT. La discussion s'engage sur le fond. La parole est à M. le général Cavaignac.

M. LE GÉNÉRAL CAVAIGNAC croit devoir expliquer pourquoi il a voté la question préalable et pourquoi il repousse la loi en discussion.

L'orateur termine ainsi son discours :

Je ne descendrai pas de la tribune sans aller au-devant de réponses qui ne me seront pas faites ici, je l'espère, mais sur lesquelles j'ai besoin cependant de dire un mot. Déjà les hommes de mon opinion ont été, hors de cette enceinte, en butte à des attaques calomnieuses.

Nous sommes présentés, nous devrions en rire vraiment, comme des ennemis du repos public, comme des démagogues!

Je suis sûr que de pareilles attaques, que de pareilles expressions ne me sont pas réservées ici je suis sûr qu'on ne nous reprochera même pas d'être involontairement des promoteurs de désordres. (Sourires.)

D'ailleurs, il me serait facile de me défendre; je n'aurais qu'à m'adresser aux hommes de l'opposition libérale de 1830, de l'opposition constitutionnelle de 1840, je leur dirais: Tout ce qu'on dit contre nous, on l'a dit contre vous autrefois; on s'est servi d'expres sions aussi outrageantes. Vous aussi on vous a désignés à l'animadversion publique comme des promoteurs de désordres, des séditieux.

Les attaques dont vous avez été l'objet n'ont pas diminué votre persévérance, car vous aviez pour vous la vérité et la justice. Eh bien! nous ne serons pas moins persé vérants! (Rumeurs.) car nous croyons avoir pour nous la justice et la vérité. (Bruit.) Quant aux sentiments personnels que ces attaques nous inspirent, je renvoie les hommes politiques dont je viens de parler aux sentiments qu'ils éprouvaient autrefois en présence d'attaques semblables.

M. Cavaignac, en descendant de la tribune, est accompagné par quelques cris de très-bien! poussés sans enthousiasme par MM. Bourzat, Deneyrouse, Parfait et autres interrupteurs ordinaires de la Montagne.

M. DES ROTOURS DE CHAULIEU prononce un discours que la faiblesse de sa voit nous empêche de saisir.

M. VICTOR HUGO se livre à une déclamation très ampoulée sur le suffrage universe qui sacre l'homme citoyen.

Regardez l'ouvrier qui va au scrutin : il y entre avec le front du prolétaire, courbé par le souci ; il en sort avec le regard d'un souverain. (Hilarité prolongée.)

Messieurs, il m'est impossible de ne pas faire remarquer la nature d'interruptions calculées et systématiqnes...

Voix Mais on rit... voilà tout.

Autre voix Cela dérange votre discours appris par cœur, n'est-ce pas ?

M. NAPOLÉON BONAPARTE. On ne doit pas interrompre ainsi.

Voix à droite: On a le droit de rire, grand citoyen.

M. HUGO. On veut déconcerter la pensée de l'orateur.

Voix Mais puisque vous apprenez par cœur.

M. V. HUGO. On veut déconcerter la pensée de l'orateur.

Voix : Dites donc la mémoire! la mémoire! (Rires.)

M. V. HUGO. On veut ôter à l'orateur la liberté...

Voix : La mémoire! la mémoire!

M. V. HUCO. Ce système d'interruptions se fait un jeu de la dignité de l'Assemblée..... M. THOURET. Ecoutez donc! écoutez!

M. V. HUGO. En présence de ces interruptions que je laisse à l'opinion publique le soin de qualifier...

M. LE PRÉSIDENT. Mais vous voulez donc empêcher que l'on rie?

M. V. HUGO. En présence de cette nature d'interruptions, je mets l'orateur sous la protection de la majorité.

Je continue. J'énumère devant vous les effets du suffrage universel. Qu'est-ce que cela ? C'est la fin de la violence, de la force brutale, de l'émeute, c'est la fin du fait matériel.

Le peuple attendra que le jour légal se lève, il regardera d'un œil de dédain vos pauvres petites lois de réaction, et rira de les voir chercher à enfoncer leurs malheureux ongles dans le granit du suffrage universel. (Approbation à gauche.)

Cette loi exclut les professions libérales et entre autres celle des artistes dramatiques qui changent de domicile dans l'intérêt de leur art. (Rires.) Cette loi assimile l'homme condamné pour délit commnn, à l'écrivain condamné pour délit de presse et elle est faite de façon que si Voltaire vivait... (Interruption.) Je ne veux pas nommer des vivans. (Ah! ah!)

Mais enfin si Voltaire vivait, il aurait été déjà condamné pour offense à la morale publique et religieuse.

Voix : Mais vous l'avez attaqué.

M. V. HUGO. Si Voltaire vivait, eh bien! votre loi mettrait sur les listes d'indignités le repris de justice Voltaire, ce qui ferait grand plaisir à Loyola.

A gauche Très-bien ! très-bien !

M. V. HUGO. Messieurs, cette loi constitue tout un système de formalités et de dé1 lais; elle est pleine de piéges et de trappes où tomberont trois millions d'électeurs; elle viole ce qui est antérieur et supérieur à la Constitution, c'est-à-dire la souveraineté de la nation,

Je ne dirai pas que c'est Tartufe qui l'a faite, mais que c'est Escobar qui l'a baptisée. (Hilarité presque générale.)

M. J. DE LASTEYRIE. On dit que la Constitution est violée; on se trompe. Si nous n'avions pas été maintenus par les règles constitutionnelles, la loi électorale n'aurait pas été telle que nous l'avons faite. (Rires à gauche.) Il est permis de ne pas approuver tous les paragraphes de la Constitution; il est permis d'aller dans cette voie même moins loin que M. de Lamartine dans un récent écrit... (Rires.)

Il y a deux manières d'envisager la Constitution; les uns la respectent et ne l'admirent pas, les autres l'admirent et ne la respectent pas. (Hilarité.) Moi, je le déclare, en principe, je ne suis pas partisan des majorités relatives et de l'électorat à vingt-un ans; cependant, nous avons dans cette loi électorale, strictement respecté la Constitution sur ces points.

Vous nous accusez de ruse, d'hypocrisie, de subtilité; vous nous accusez de tout.. Notre loi n'en est pas moins une loi constitutionnelle... Vous êtes obligés de le reconnaître. (Bruit à gauche.)

Je vais vous dire quels sont les ennemis de la Constitution : La Constitution a exclu le socialisme; quand on dit qu'on est socialiste, on dit qu'on est violateur de la Constitution. (Très-bien!) Qui dit socialiste dit anarchiste.

L'anarchie est le contraire de tout gouvernement, même de la République; et ne voyons-nous pas tous les matins écrire dans certains journaux que l'anarchie est le meilleur des gouvernements? Ah! les anarchistes ne sont d'aucun gouvernement; Messieurs, les dangers sont grands; vous devez vous emparer de la légalité pour débarrasser votre pays de tels périls. (Três-bien! très-bien.)

M. PASCAL DUPRAT prononce un long discours contre la loi.
La suite de la discussion est renvoyée à demain.

Chronique et Faits divers.

A dix heures, ce matin, de grandes mesures de sûreté étaient organisées autour de l'Assemblée nationale. Le 25o de ligne, la 11° légion de la garde natio

nale, des lanciers, des soldats du génie et une compagnie d'artilleurs étaient de service. Le grand portique du pont de la Concorde était couvert de baionnettes: A la caserne du quai d'Orçay, à celle de la rue de Bellechasse et à l'Ecole militaire, les lanciers, chasseurs et hussards étaient prêts à monter à cheval. Dans le camp des Invalides, à l'Ecole-Militaire, dans le bâtiment des bureaux du nouyeau ministère des affaires étrangères, à la caserne de la rue de Lille, à celle de la rue Neuve-du-Luxembourg, l'infanterie, les chasseurs de Vincennes et les gendarmes mobiles se tenaient le fourniment sur les épaules, et les armes étaient en faisceaux dans les cours. De nombreux sergents de ville et agents de police stationnaient autour du palais législatif.

La foule a commencé à s'agglomérer vers onze heures sur la place de Bourgogne; on a dû faire sortir deux compagnies du 25 de ligne pour rétablir le circalation.

Il n'y a eu, du reste, ni cris, ni voies de fait; mais on lisait une vive préoccupation sur toutes les figures.

La foule n'a cessé d'aller croissant jusqu'à la fin de la séance.

- Aujourd'hui, dans la matinée, M. le général en chef Changarnier a eu une conférence au palais de l'Elysée avec M. le Président de la République. Plusieurs officiers-généraux ont également été appelés à l'Elysée.

Mme la comtesse de Beauharnais, belie-mère de Mme la duchesse de Bade, est morte à Paris la nuit dernière.

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M. Monduit, chef de bataillon de la 11° légion, vient d'être suspendu pour deux mois de ses fonctions, par un arrêté de M. le préfet de la Seine, en date da 16 mai. Cette suspension est motivée sur une lettre que M. Monduit a adressée le 29 avril au National.

L'Académie des sciences morales et politiques avait mis au concours, dans la section de législation, la question suivante: «Retracer l'organisatiou de la famille en France, depuis les temps anciens jusqu'à nos jours.

Le prix, consistant en une médaille d'or de 1,500 fr., vient d'être décerné, dans la séance de 18 mai, à l'auteur du mémoire n° 2, M. L.-J. Konigs warter, membre correspondant de l'Institut.

Il ne reste plus trace, aujourd'hui 17 mai, de l'agitation qui s'était manifestée au Creuzot et qui a eu un si fàcheux retentissement. Tout est entièrement rentré dans l'ordre, et les ouvriers ont repris leurs travaux. Les perturbateurs les plus compromis sont entre les mains de la justice, qui instruit. Sur l'un des principaux agitateurs qui, du reste, était étranger à l'usine, on a saisi des papiers assez compromettants. (Courrier de Saône-et-Loire.) Une scène déplorablement scandaleuse a attristé, à Moulins-Lille, le nombreux public qui suivait le cercueil d'une jeune fille, cercueil précédé et porté par les compagnes de la défunte, vêtues, selon l'usage, de vêtements blancs. Deux ivrognes, étrangers à la commune, se sont livrés à cette occasion à des cris ignobles, tels que Vive la guillotine! A bas les blancs! Mort aux aristos! etc. Il est à regretter que la force publique n'ait pu arrêter immédiatement ces for cenés. (Liberté, de Lille.)

BOURSE DU 21 MAI.

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Le 5 p. 100, 88 40 à 88 50.- Le 3 p. 100, 55 05 à 55 15. — Actions de la Banque, 2,090 00. - Obligations de la Ville, 1,270 00. Nouvelles Obligations, 1,110 00.5 p. 100 belge, 97 314.- Emprunt romain, 77 114.

L'un des Propriétaires-Gérants, CHARLES DE RIANCEY.

Paris, imp. BAILLY, DIVRY et Comp., place Sorbonne, 2,

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