Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

salem. Acre, ou Ptolémaïde est bientôt le seul port qui reste aux croisés en Palestine. On y voit réunis le roi de Jérusalem et de Chypre, le roi de Naples et de Sicile, le roi d'Arménie, le prince d'Antioche, le comte de Jaffa, le patriarche de Jérusalem, les chevaliers du Saint-Sépulcre, le légat du pape, le comte de Tripoli, le prince de Galilée, les Templiers, les Hospitaliers, les chevaliers Teutoniques, ceux de SaintLazare, les Vénitiens, les Génois, les Pisans, les Florentins, le prince de Tarente et le duc d'Athènes. Tous ces princes, tous ces peuples, tous ces ordres ont leur quartier séparé, où ils vivent indépendans les uns des autres : « en sorte, dit l'abbé Fleury, qu'il y avoit cinquante-huit tribunaux qui jugeoient à mort (1). »

Le trouble ne tarda pas à se mettre parmi tant d'hommes de moeurs et d'intérêts divers. On en vient aux mains dans la ville. Charles d'Anjou, et Hugues III, roi de Chypre, prétendant tous deux au royaume de Jérusalem, augmentent encore la confusion. Le soudan Mélec -Messor profite de ces que

(1) Hist. ecclés.

relles intestines, et s'avance avec une puissante armée, dans le dessein d'arracher aux croisés leur dernier refuge. Il est empoisonné par un de ses émirs, en sortant d'Egypte; mais, avant d'expirer, il fait jurer à son fils de ne point donner de sépulture aux cendres paternelles, qu'il n'ait fait tomber Ptolémaïde.

Mélec-Séraph exécute la dernière volonté de son père Acre est assiégée et emportée d'assaut, le 18 de mai 1291. Des religieuses donnèrent alors un exemple effrayant de la chasteté chrétienne: elles se mutilèrent le visage, et furent trouvées dans cet état par les infidèles qui en eurent horreur, et les massacrèrent.

Après la réduction de Ptolémaïde, les Hospitaliers se retirèrent dans l'île de Chypre, où ils demeurèrent dix-huit ans. Rhodes révoltée contre Andronique, empereur d'Orient, appelle les Sarrazins dans ses murs. Villaret, grand - maître des Hospitaliers, obtient d'Andronique l'investi ture de l'île, en cas qu'il puisse la soustraire au joug des Mahométans. Ses chevaliers se couvrent de peaux de brebis, et se traînant sur les mains au milieu d'un troupeau, ils se

glissent dans la ville pendant un épais brouillard, se saisissent d'une des portes, égorgent la garde, et introduisent dans les murs le reste de l'armée chrétienne.

Quatre fois les Turcs essaient de reprendre l'ile de Rhodes sur les chevaliers, et quatre fois ils sont repoussés. Au troisième effort, le siége de la ville dura cinq ans, et au quatrième, Mahomet battit les murs avec seize canons, d'un calibre tel qu'on n'en avoit point encore vu en Europe.

Ces mêmes chevaliers, à peine échappés à la puissance Ottomane, en devinrent les protecteurs. Un prince Zizime, fils de ce Mahomet II qui naguère foudroyoit les remparts de Rhodes, implore le secours des chevaliers contre Bajazet son frère, qui l'avoit dépouillé de son héritage. Bajazet qui craignoit une guerre civile, se hâte de faire la paix avec l'Ordre, et consent à lui payer une certaine somme tous les ans, pour la pension de Zizime. On vit alors, par un de ces jeux si communs de la fortune, un puissant empereur des Turcs, tributaire de quelques Hospitaliers chrétiens.

Enfin, sous le grand-maître Villiers-del'Ile-Adam, Soliman s'empare de Rhodes,

après avoir perdu cent mille hommes devant ses murs. Les chevaliers se retirent à Malthe, que leur abandonne Charles-Quint. Ils y sont attaqués de nouveau par les Turcs ; mais leur courage les délivre, et ils restent paisibles possesseurs de l'île, sous le nom de laquelle ils sont encore connus aujourd'hui (1).

[ocr errors][merged small][merged small][merged small]

A L'AUTRE extrémité de l'Europe, la chevalerie religieuse jetoit les fondemens de ces Etats, qui sont devenus de puissans royaumes. L'ordre Teutonique avoit pris naissance pendant le premier siége d'Acre par les chrétiens, vers l'an 1190. Dans la suite, le duc de Massovie et de Pologne l'appela à la défense de ses Etats contre les incursions des Prussiens. Ceux-ci étoient des peuples barbares, qui sortoient de temps en temps

(1) Vert. Hist. des Cheo. de Malthe; Fleury, Hist. ecclés. Giustiniani, Ist. cron. dell' or. degli Ord. milit. Helyot, Hist. des Ordres relig. t. III.

de leurs forêts, pour ravager les contrées voisines. Ils avoient réduit la province de Culm en une affreuse solitude, et n'avoient laissé debout, sur la Vistule, que le seul château de Plotzko. Les chevaliers Teutoniques, pénétrant peu à peu dans les bois de la Prusse, y bâtirent des forteresses. Les Warmiens, les Barthes, les Natangues subirent tour à tour le joug, et la navigation des mers du Nord fut assurée.

Les chevaliers de Porte-glaive,. qui de leur côté avoient travaillé à la conquête des pays septentrionaux, en se réunissant aux chevaliers Teutoniques, leur donnèrent une puissance vraiment royale. Les progrès de l'Ordre furent cependant retardés par la division qui régna long-temps entre les chevaliers et les évêques de Livonie; mais enfin, tout le nord de l'Europe s'étant soumis, Albert, marquis de Brandebourg, embrassa la doctrine de Luther, chassa les chevaliers de leurs gouvernemens, et se rendit seul maître de la Prusse, qui prit alors le nom de Prusse ducale. Ce nouveau duché fut érigé en royaume, en 1701, sous l'aïeul du grand Frédéric.

Les restes de l'ordre Teutonique sub

« ZurückWeiter »