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Vienne et par la Correspondance autrichienne. Les lettres reçues de Saint-Pétersbourg par le Times mentionnent, comme une preuve de l'enthousiasme national, l'offre faite à l'empereur Nicolas, par la noblesse allemande de Courlande, d'envoyer ses enfants combattre, comme volontaires, à leurs frais, pour la défense de la foi orthodoxe :

En Russie, ajoute cette feuille, l'armée, le clergé et le peuple portent dans cette guerre toute l'énergie de la nation; les classes supérieures seules en craignent les résultats et les chances défavorables. Nous entreprenons d'opposer un obstacle à cette agression passionnée; à ces appétits désordonnés nous opposons l'idée du droit et d'obligations mutuelles. Mais il ne faut pas croire que la tâche que nous entreprenons soit facile. Il s'agit de l'indépendance et de la civilisation de toute l'Europe, et, par la nature même de cette guerre, la Russie ne peut réussir sans subjuguer à la fois l'Orient et l'Occident. Il est difficile d'attaquer l'empire russe à sa frontière, impossible de le forcer dans ses retraites. La population est plutôt disciplinée qu'affaiblie par le gouvernement absolu, et jamais l'énergie d'une seule volonté n'est plus utile que dans la guerre. Dans tout l'empire, on fait des préparatifs de guerre sur la plus grande échelle. Confiants comme nous le sommes dans le triomphe définitif d'une cause défendué par l'Angleterre et la France, nous demandons, au nom de l'honneur des deux pays, qu'on ne prenne point de demi-mesures, et que si nous nous engageons dans la guerre, nous sachions bien que nous avons affaire à un ennemi fier et puissant.

Les autres journaux de Londres ne paraissent pas non plus prévoir un dénoûment pacifique. Le Morning-Post particulièrement fait observer que l'empereur de Russie n'abandonnera pas aisément le but auquel il tend, c'est-à-dire le monopole politique en Orient:

Aussi, dit le Morning-Post, les instructions données aux amiraux de France et d'Angleterre seront exécutées. Peu importe que ce soit un peu plus tôt ou un peu plus tard. La question de paix et de guerre dépendra du résultat de l'envoi de ces ordres et de leur exécution, et de la réponse qui sera faite par l'empereur Nicolas à la notification de la marche adoptée par les puissances occidentales !

Il a paru, dans le Lloyd de Vienne, un travail aussi remarquable qu'étendu sur la question d'Orient. Remontant jusqu'aux événements de 1839 et 1840, cette feuille a rappelé tout ce qui se fit alors entre les puissances, la France exceptée, pour régler le différend oriental. Le souvenir de cette action commune est pour le Lloyd une preuve qu'il n'appartient à aucun Etat de prétendre à exercer, en Orient, soit une domination, soit un protectorat. En résumé, après avoir exposé les pièces du débat important qui, en 1840, faillit mettre l'Europe en feu, le Lloyd pose, par analogie, les conclusions suivantes :

De tout ce qui précède il résulte : 1° Que l'indépendance et l'intégrité

de la Turquie est placé sous la garantie des cinq grandes puissances; 2° Qu'aucune de ces cinq grandes puissances ne peut prétendre à une position privilégiée par rapport à la Turquie, puisque le protocole du 17 septembre 1840 dit expressément qu'à l'avenir il ne sera accordé par la Porte à aucune puissance un avantage quelconque qui ne puisse également être accordé à toutes les autres.

Si nous appliquons ces deux résultats au différend actuel entre la Russie et la Porte, nous reconnaîtrons que la résolution des quatre cours de mettre un terme à la guerre entre la Turquie et la Russie n'est que trop légitime. Quant à la Russie, elle devrait d'autant moins décliner les efforts communs des puissances à cet égard, qu'elle a elle-même, en envoyant le baron Brunow à Londres en 1839, contribué à la conclusion de ces traités sur lesquels s'appuie le protocole du 5 décembre 1853.

Tout homme impartial reconnaîtra que l'état de choses en Europe est actuellement plus grave qu'il n'était en 1840; car alors les fondements de la société n'étaient pas aussi ébranlés qu'ils le furent à la suite des bouleversements de 1848.

Sans parler des espérances exagérées de la propagande révolutionnaire, n'est-ce pas un symptôme significatif que les sociétés secrètes commencent, précisément depuis les complications d'Orient, à lever la tête ? Faut-il attendre tranquillement que la révolution rallume ses torches à peine éteintes, et par un mot de ralliement fasse naître de la lutte entre le czar et le sultan une guerre sanglante de nationalités? La triste expérience de 1848 ne nous a-t-elle pas appris comment les calculs des hommes d'Etat les plus expérimentés et les plus sagaces se brisent contre les événements les moins importants, mais imprévus?

Les motifs qui avaient décidé l'Autriche et la Prusse à prêter, en 1839 et 1840, leur appui à la Russie pour maintenir la paix et la tranquillité en Europe par une prompte solution de la question d'Orient, sont encore plus puissants aujourd'hui pour faire agir les cours de Vienne et de Berlin de concert avec la France et l'Angleterre.

De tout ce que nous venons de relater, il résulte : 1° que la Porte est disposée à traiter, mais que la pensée de l'empereur Nicolas, sur les propositions de Vienne, est encore inconnue; 2o que les préparatifs de guerre ne sont nullement suspendus et que les hostilités n'ont pas été interrompues dans les provinces du Danube; 3° que les flottes ont pu profiter du retour d'un temps meilleur pour entrer enfin dans la mer Noire; 4o que la presse de Londres est unanime pour engager son gouvernement à prendre une attitude décisive; 5° que les journaux de Vienne parlent dans le sens d'une imposante médiation diplomatique de l'Europe, et, en tous cas, de la neutralité de l'Autriche.

DERNIÈRES NOUVELLES

Des détails nous sont fournis. ce matin, sur le mouvement des flottes anglo-francaise, par la dépêche suivante, adressée de Vienne. 10 janvier, au Morning-Chronicle :

Vienne, le 19 janvier.

Il est arrivé des nouvelles de Constantinople du 2 janvier : le mouvement des escadres combinées dans la mer Noire a commencé le 30 décem bre. Quatre bâtiments français et autant d'anglais ont quitté Beïcos et jeté

l'ancre des deux côtés des roches Cyanées. Les roches Cyanées sont situées sur la côte du sud de la mer Noire, près du Bosphore, et dans l'ouest. Les autres bâtiments de guerre destinés pour l'Euxin devaient entrer le 2 janvier.

Il a été formé un camp près de Constantinople.

Les ambassadeurs tenaient tous les jours des conférences à la résidence du baron de Bruck.

Une armée, sons les ordres d'Amadi-Pacha a été concentrée sur la frontière de Perse.

Voici le plan que la Patrie attribue aux Russes, et, de plus, les renseignements peu circonstanciés, il est vrai, que cette feuille donne sur les engagements qui auraient eu lieu près de Kalafat :

Une lettre particulière de Vienne, du 9 au matin, annonce, comme un bruit très-accrédité, que les opérations des Russes dans la petite Valachie avaient pour but d'attirer le gros de l'armée ottomane vers l'extrémité des provinces danubiennes, afin de pouvoir tenter sur un autre point le passage du Danube.

Le prince Gortschakoff devait, dit-on, quitter Bucharest pour diriger luimême cette opération aussitôt que les renforts partis des frontières de Pologne seraient arrivés.

Nos dernières correspondances particulières des provinces danubiennes, sans nous donner des détails circonstanciés, nous assurent, ainsi que le bruit en a couru à Constantinople, le 31 décembre, que les Turcs, après plusieurs combats partiels meurtriers, attaqués dans leurs lignes à Kalafat même, sont parvenus, à la suite d'une défense énergique, à repousser les troupes russes; mais elles ajoutent que le général Gortschakoff ayant envoyé de nouveaux renforts dans la petite Valachie, on s'attendait prochainement à une nouvelle attaque pour laquelle Omer-Pacha avait pris toutes ses dispositions.

Les Anglais ne se lassent pas de tenir des meetings en faveur de l'indépendance et de l'intégrité de la Turquie. Sheffield vient d'avoir, à son tour, les honneurs et le tumulte d'une réunion de ce genre; on y a prononcé de longs discours, et on ne s'est séparé qu'après avoir voté les propositions les plus énergiques.

La Correspondance de Berlin, du 8, annonce que le couste de Reizet est arrivé dans cette ville où il est resté vingt-quatre heures. Il a été présenté à M. de Manteuffell, ministre des affaires étrangères, par l'ambassadeur de France.

La Correspondance dit que les dépêches de M. de Reizet contiennent l'ultimatum des gouvernements de France et d'Angleterre, et qu'au nombre des principales propositions de cet ultimatum figure celle de déclarer la neutralité de la mer Noire. Alfred DES ESSARTS.

L'Empereur a adressé la lettre suivante à M. Ducos, ministre de la marine et des colonies : « Palais des Tuileries, le 9 janvier 1854. « Monsieur le ministre, le rapport que, sur mon ordre, vous m'avez

adressé me démontre d'une manière si heureuse les ressources considé rables de notre marine, que je me hâte de vous en témoigner toute ma satisfaction, et, pour vous en donner une preuve non équivoque, je vous nomme grand officier de la Légion d'honneur. Je ne saurais assez vous remercier d'avoir, avec un budget si réduit, préparé des ressources qui me permettraient, d'un jour à l'autre, de doubler ou de tripler nos escadres. « Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde. NAPOLÉON. »

Les Evêques de la province ecclésiastique de Turin viennent de s'associer à leurs vénérables collègues de la province de Chambéry, pour réclamer en faveur des droits et des intérêts de l'Eglise, menacés par le projet de loi sur la levée militaire. On sait que cette loi a déjà été votée par la chambre élective; mais, comme elle ne l'a pas encore été par le sénat, c'est à la haute Chambre que les Evêques se sont adressés. Ils ont, en outre, porté leurs remontrances et leurs réclamations jusqu'au pied du trône, afin d'épargner à la puissance royale, s'il est possible, le malheur de se compromettre, en sanctionnant des actes qui froissent la conscience publique et sont une violation des engagements contractés envers l'Eglise.

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NOUVELLES RELIGIEUSES

ROME. Par billets de la secrétairerie d'Etat, Sa Sainteté le Pape Pie IX a daigné nommer protonotaire apostolique, ad instar participantium, Monsignor Joseph Bovieri, chargé d'affaires intérimaire du Saint-Siége près la Confédération helvétique; et prélat domestique, Monsignor Louis Brancadoro, préfet des cérémonies pontificales.

Le 1" janvier, il y a eu une grande réception chez S. Em. le Cardinal Altieri. Tous les Cardinaux, la prélature, le corps diplomatique assistaient à cette soirée, où l'on remarquait S. A. R. le prince Guillaume de Prusse.

DIOCÈSE DE PARIS.

FRANCE. Les amis de la charité apprendront avec satisfaction que les Petites-Sœurs des Pauvres viennent de fonder une nouvelle maison, rue des Postes, 52, spécialement pour le faubourg Saint-Marceau. Nulle part peut-être un établissement de ce genre n'était plus nécessaire que dans ce quartier qui est un foyer de misère. Déjà, quarante vieillards sont logés, et plus de cinquante autres sollicitent leur entrée.

- Avant-hier 11 janvier, a eu lieu dans l'église Saint-Étienne-du-Mont et dans la basilique de Sainte-Geneviève, la clôture de la neuvaine commencée le 3 à l'occasion de la fête de la patronne de Paris. Les habitants de la banlieue se sont, comme les années précédentes, rendus en foule à ce pieux pèlerinage, et l'on peut évaluer à deux cent mille le nombre des fidèles qui ont été visiter le tombeau de sainte Geneviève dans l'église de Saint-Étienne pendant les neuf jours qui viennent de s'écouler. A l'église Sainte Geneviève, en présence de Mgr l'archevêque, a eu lieu l'installation de la nouvelle compagnie des porte-châsse de Sainte-Geneviève.

DIOCÈSE D'AVIGNON. La translation des reliques de saint Bénézet et du bienheureux Pierre de Luxembourg vient d'être célébrée à Avignon, le

1er janvier, avec un enthousiasme et une foi qui marqueront dans les fastes de cette cité si éminemment catholique.

Ces reliques, arrachées miraculeusement aux profanations de 1792, et ayant été retrouvées et reconnues authentiques, n'avaient plus qu'à reprendre leur place dans le lieu saint. La veille de la fête, M. Sermand, vivaire général, les vérifia pour la dernière fois, en présence de témoins.

Mgr l'Archevêque, assisté d'un nombreux clergé, a fait lui-même la levée des reliques et en a remis le précieux dépôt à deux diacres, qui les ont portées jusqu'au palanquin triomphal. Alors le chœur a entonné l'hymne Iste Confessor, et les tambours ont battu aux champs. A ce signal, la procession commença à s'ébranler. Toute la ville était là.

A deux heures, le cortège sacré arriva par la place du Palais des Papes. En ce moment, le P. Laurent, provincial des Capucins, debout au pied du Calvaire, adressa à l'immense auditoire quelques paroles pleines de chaleur et d'onction sur l'objet de cette auguste cérémonie.

Il était cinq heures lorsque la procession parvint enfin à l'église SaintDidier, terme de son itinéraire.

DIOCÈSE DU PUY.Le chiffre des souscriptions réunies pour élever une statue monumentale de la Sainte Vierge sur le rocher de Corneille, au Puy, a atteint déjà 108,689 francs 30 centimes.

M. Armand Bertin, rédacteur en chef du Journal des Débats, vient de mourir presque subitement.

Cette affligeante nouvelle est ainsi annoncée par M. S. de Sacy:

Nous sommes cruellement frappés dans nos affections les plus chères, les plus intimes et les plus anciennes. Notre ami, et celui que nous aimions tous à appeler notre maître, M. Armand Bertin, nous a été enlevé ce matin par une mort presque subite. Ses amis le pleurent avec amertume; et ce n'est pas pour eux seulement que la mort de M. Armand Bertin est une mort irréparable. Nous n'avons ni le courage ni la force de dire autre chose aujourd'hui. Nous nous bornerons à ajouter que ceux qui ont si longtemps partagé ses travaux et reçu sa direction et ses conseils trouveront dans le souvenir qu'ils gardent de lui la force de continuer son œuvre, et croiront rendre ainsi le meilleur hommage à sa mémoire chérie et respectée.

NOUVELLES ET FAITS DIVERS

Une dépêche télégraphique privée, en date de Madrid, le 8 janvier, annonce que la princesse nouvellement née était morte ce jour même. La reine Isabelle ignorait encore cet événement.

- Une dépêche télégraphique vient d'ordonner la mise en commission de port, à Lorient, de quatre nouvelles frégates à vapeur. Le même ordre a été expédié dans plusieurs autres de nos ports. En ce moment, la France possède 40,000 matelots, et elle peut arriver à un chiffre de 50,000.

Vendredi dernier, Mgr l'Archevêque de Paris, accompagné de son secrétaire général, s'est rendu chez M. Didron, rue Hautefeuille, 13, dans les salons duquel est exposée la châsse de sainte Radegonde de Poitiers. Le prélat a donné de grands éloges à ce précieux travail exécuté en émail,

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