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tions, les mauvais traitements, les menaces et les coups étaient employés contre les païens pour les convertir, contre les chrétiens pour les amener aux cérémonies du culte.

Quel respect, quelle confiance, quelle autorité pouvaient s'attacher à un ministère ainsi rempli ? Les Indiens s'éloignaient de semblables prêtres, et concevaient contre eux autant de mépris que de haine, d'autant plus que le clergé, en majorité du moins, semblait prendre à tâche de froisser leurs sentiments les plus intimes et les plus chers.

Ces peuples ont une vénération profonde pour la hiérarchie, pour la gravité et la pureté des mœurs, pour la dignité du caractère. Comment n'eussent-ils pas été scandalisés de voir des hommes qui, dans leur opinion, devaient être les modèles de la vertu et de la sainteté, se livrer à des vices dégradants, montrer une sordide avarice, s'abandonner à l'ivresse, se mêler à de sanglantes querelles, braver la pudeur publique?

En même temps ce clergé, si orgueilleux et si indulgent pour lui-même, était d'une intolérance excessive et à l'égard du clergé indigène et à l'égard des missionnaires étrangers. Un bref d'Alexandre VII, daté de l'année 1658, établit que la prédication, la Confession et l'administration des Sacrements sont interdits au clergé indigène, à ceux mêmes de ses membres qui réunissent toutes les qualités requises. » Quant aux missionnaires, bien que le Saint-Siége les eût placés sous l'autorité des vicaires apostoliques, ils étaient exposés aux plus brutales persécutions. Quelques-uns furent chassés de leurs Eglises et jetés, sous prétexte d'hérésie, dans les cachots de l'inquisition, à Goa. Les vicaires apostoliques n'étaient point à l'abri des impérieuses prétentions du Primat. L'un des plus illustres Evêques que la France ait fournis à l'apostolat des infidèles, l'Evêque de Béryte, fut sommé, contre tout droit et toute convenance, de présenter son diplôme à l'Archevêché de Goa. C'était insulter à son double caractère d'Evêque et de délégué du Saint-Siége. Il s'y refusa, et l'inquisition portugaise ne craignit pas de le déclarer rebelle, de foi suspecte, et d'interdire, sous peine d'excommunication, à tous les chrétiens, d'avoir aucune relation avec lui ou avec ses missionnaires.

On comprend la légitime indignation de la cour romaine. Clément X infligea un blâme énergique à l'Archevêque et aux chanoines de Goa, et défendit, sous les peines les plus sévères, de porter la moindre atteinte à la juridiction, aux droits et aux personnes des vicaires apostoliques et de leurs prêtres, lesquels dépendent immédiatement du Siége apostolique.

Loin d'obéir, le clergé et le primat, soutenus par les agents de l'autorité royale, ne tinrent compte des ordres du Souverain

Pontife. L'un des brefs de Clément X fut déclaré apocryphe; des affidés furent envoyés dans les missions et dans les vicariats pour exciter la rébellion contre les délégués du SaintSiége. Cette lutte impie porta le désordre et la confusion dans toutes les chrétientés.

Enfin lorsque, comme nous l'avons dit, Innocent XII créa de nouveaux vicariats en Chine, la révolte, jusque-là concentrée dans les Indes, s'étendit en Europe. La protestation du roi de Portugal mit cette couronne, longtemps fidèle, en-hostilité déclarée avec l'auguste chef de la catholicité.

De ce moment date la décadence même politique du royaume Portugais. La Hollande et l'Angleterre lui enlèvent ses plus riches possessions. Vaincu et dépouillé, le cabinet de Lisbonne n'en persiste que davantage dans sa triste opiniâtreté. Nonseulement le clergé de la métropole de Goa ne peut plus suffire par le nombre; la suppression de la Compagnie de Jésus, à laquelle le ministre Pombal eut une part si dominante et si odieuse, diminue encore les ressources de l'Eglise dans ces contrées abandonnées. Des paroisses entières apostasient et passent au protestantisme. Ailleurs, des catholiques refusent de rester en rapport avec des ministres qu'ils regardent comme l'opprobre de la religion. En 1791, la Compagnie des Indes signifie à l'Archevêque de Goa qu'il ne doit plus prétendre à aucune juridiction sur Bombay, que le Pape place sous le gouvernement d'un vicaire apostolique.

Les siéges épiscopaux dépendant du Patronat du Portugal deviennent vacants. Enfin, le philosophisme et la révolution aidant, les couvents sont sécularisés, les ordres religieux détruits et leurs biens confisqués. En un mot, la foi se perd et le catholicisme périt dans ces Indes où saint Francois-Xavier l'avait rendu si florissant.

Tel est, en résumé, le résultat de l'obstination et de la révolte du clergé indo-portugais; telle est l'extrémité où il est descendu depuis les premiers jours de ses débats avec le Siége apostolique.

Nous sommes parvenus à l'époque contemporaine. L'illustre préfet de la Congrégation de la Propagande vient d'être élu au trône pontifical, Grégoire XVI monte sur la chaire de saint Pierre.

Il faut considérer maintenant les actes de ce Pape, de vénérable mémoire, et ceux par lesquels S. S. Pie IX continue glorieusement la tradition de son prédécesseur.

Mais déjà nous connaissons les origines du Patronat. Nous avons vu avec quelles mesures, avec quels ménagements les Souverains-Pontifes ont respecté ces priviléges; comment ils

n'ont exercé leurs droits souverains que lorsque le salut des ames abandonnées l'exigeait, et lorsque le clergé indo-portugais, non-seulement ne suffisait pas à la tâche laborieuse qui ftai était imposée, mais compromettait les destinées de la religion elle-même. Nous avons signalé et la longanimité du Saint-Siége, et ses légitimes griefs, et son autorité méconnue, et sa juridiction méprisée. Tels sont les tristes préludes d'une rupture et 'd'un schisme plus déplorable encore, 'et dont nous allons présenter l'esquisse. Henry de RIANCEY.

(La suite prochainement.)

Nous lisons dans le Journal de Bruxelles :

Nous apprenons que tous les Evêques du royaume viennent d'adresser de Malines, à M. le Ministre de l'intérieur, une lettre collective par laquelle ils adhèrent complétement à la marche adoptée par S. Em. le cardinalarchevêque de Malines, sur la proposition de M. le Ministre, relative au concours du clergé dans les établissements d'instruction moyenne de 'Etat.

CONFLIT DE BADE.

D'après les données les plus certaines, il paraît que la cour de Carlsruhe a pris sérieusement le parti de la sagesse. La Volkshalle, le Volksblatt et d'autres organes de la presse rhénane confirment la nouvelle que le général badois comte de Leiningen va partir pour Rome, afin de traiter, au nom de son gouvernement, avec le Saint-Siége, sur les questions relatives au conflit.

Hâtons-nous de dire que M. de Leiningen est catholique et connu pour un homme d'un caractère estimable. Serait-ce un indice des bonnes dispositions que le gouvernement aurait pour terminer enfin d'une manière solide et stable les graves difficultés que sa lutte avec l'Archevêque suscite tous les jours?

Malgré quelques démonstrations sans valeur réelle, parce qu'elles ont été extorquées administrativement ou qu'elles proviennent d'hommes depuis longtemps suspects et désavoués par les vrais catholiques, il commence, en effet, à se déclarer un malaise de plus en plus sensible. Les mesures coërcitives contre le clergé deviennent d'une exécution difficile, parce que les employés et fonctionnaires hésitent. Nous avons parlé dernièrement de M. de Jagemann, qui ne voulait accepter les fonctions éminentes de directeur municipal qu'à la condition qu'il serait déchargé de ce qui concernait la répression des délits contre l'ordonnance du 7 novembre. Il semble que le gouvernement ait eraint de rencontrer un second refus ailleurs, puisqu'il se détermine à inviter le député Burger à aller reprendre ses fonce tions à Fribourg.

Nous ne parlons pas des, vexations de tout genre qui contiBuent sur tous les points du grand-duché, grâce à quelques magistrats, plus obséquieux envers le ministère. C'est pitié que de voir souvent la ridicule et indigne conduite que tiennent, dans ces sortes de circonstances, des hommes d'ailleurs revêtus de hantes dignités. Le successeur du baron d'Uria, à Heidelberg, M. Vilhelmi, mérite à bou droit d'être signalé comme le plus distingué de cette estimable phalange, bønneur de la magistrature badoise. Rien n'égale son ardeur de répression ; il confisque tout, même l'Ordo diuini officii, dans la crainte que ce ne soit un livre dangereux, et, dernièrement, dans une séance du conseil d'administration du lycée d'Heidelberg, il poussa l'impudence jusqu'à vouloir qu'un candidat qui ne réunissait pas les conditions de capacité et d'application voulues pour jouir d'une bourse ecclésiastique, fùt admis, en demandant naïvement: « Mais un theologien catholique a-t-il done besoin de savoir autre chose que chanter? (1)»

Que penser d'un gouvernement qui, dans une ville comme Heidelberg, ne trouve qu'un Vilhelmi digne de sa confiance? Le prince-évêque de Brixen, doyen de l'épiscopat allemand,

(1) Le même magistrat, nous écrit l'un de nos correspondants, a cru faire un chef-d'œuvre de prompte justice en terminant, le même jour, la mise en accusation, les débats, la condamnation et l'incarcération du vicaire Więser, à Heidelberg; mais tout à coup le régent cassa le jugement. Le même choc eut lieu dans l'affaire d'un honnête bourgeois qui avait été conduit en prison, pour avoir répandu un écrit en vers, adressé par Oscar de Redwitz à Mgr l'Archevêque. Le bourgeois fut élargi par ordre supérieur.

Mais tous ne sont pas aussi favorisés. Ainsi, une tragédienne de Fribourg osa dernièrement s'écrier sur le théâtre ; « Ma vie, ma fortune est au régent, mais ma conscience est à moi! » Parole, sublime et courageuse qui fut punie d'une grosse amende..

Quelle honte et quelle faiblesse pour un gouvernement, quand il s'est mis dans le nécessité de pratiquer de pareilles persécutions! Jugez-en par un nouvel exemple. La veuve d'un honnête bourgeois de Fribourg est mise à la question. On veut savoir d'elle le nom de la personne qui lui a remis un exemplaire du petit écrit: Catholiques, gure à vous! Elle refuse. Elle a dans sa maison trois petits enfants; c'est très-bien, on se servira de ces innocentes oréaturas pour extorquer le secret, s'il est possible. La pauvre mère est conduite en prison pour trois semaines. Quoique faible et maladive, on ne lui, accorde que la nourriture ordinaire des détenus; on lui refuse tout, jusqu'à la permission de prendre un instant de récréation dans la cour de la prison, Dans l'intervalle des trois semaines de sa détention, l'assesseur Schpeider vient à deux reprises représenter à la pauvre mère que ses petits enfants brûlent d'envie de la revoir parmi eux, mais que c'est en vain qu'ils réclament l'élargissement de leur mère. Enfin, sortie de prison et retournée chez elle, on la vit tomber şans connaisance au milieu de ses enfants en pleurs. D'abbéi HQBaмANN!

si connu par ses écrits et son zèle apostoliquc, Bernard Galura, a félicité à son tour son collègue de Fribourg! Chose touchante! un saint Evêque nonagénaire adressant de fraternels encouragements à un Archevêque octogénaire luttant pour la liberté de l'Eglise. Rarement un pareil spectacle s'est vu. Il faut remarquer que le vénérable Galura est Badois de naissance et qu'il a été autrefois curé de la cathédrale de Fribourg. En même temps qu'il écrivit à Mgr de Vicari, il adressa une autre lettre au prince-régent lui-même, dans laquelle il défendait avec chaleur la cause de son digne collègue. Il est permis d'espérer que cette lettre ne sera pas restée sans influence sur l'esprit du grand-duc.

L'autre nouvelle a également quelque chose de consolant. C'est la publication d'une brochure du chanoine de Hirscher, et le succès avec lequel elle est accueillie partout. On faisait remarquer ces jours-ci que c'était la première publication non anonyme faite sur le différend politico-ecclésiastique survenu dans le grand-duché de Bade. Or, nous sommes heureux d'ajouter que cette circonstance précisément va donner un grand poids aux vérités qu'elle renferme. Le nom de M. de Hirscher est un des plus estimés par les hommes éclairés de toutes les opinions. L'un des patriarches de la science catholique allemande, professeur distingué à l'université de Fribourg, doyen du chapitre de la cathédrale, il emploie l'immense popularité de son nom pour soutenir la cause de son Archevêque et de son Eglise. Ce coup a été fort sensible au gouvernement badois.

La brochure est intitulée : « Pour servir à orienter dans le conflit ecclésiastique actuel. » Comme tous les pamphlets de vogue, celuici est écrit d'un style clair, facile, piquant et populaire. C'est un véritable triomphe de plus pour la cause déjà triomphante de l'Archevêque. M. de Hirscher mérite la reconnaissance de tous les catholiques. L'abbé A. SISSON.

Mgr BEDINI AUX ÉTATS-UNIS.

La mission de S. Exc. Mgr Bedini, après avoir fait une si profonde impression sur toutes les populations qu'il a visitées dans les Etats-Unis, vient d'être l'objet de satisfaisantes manifestations de la part des Chambres américaines et du gouvernement de Washington. Le sénat s'en est occupé à l'occasion des émeutes suscitées dans diverses villes par Gavazzi, cet indigne apostat dont la voix, sans écho parmi les vrais et bons citoyens de l'Union, n'a soulevé que la lie des démagogues réfugiés d'Allemagne. Il appartenait aux pouvoirs constitués de la grande république du Nouveau-Monde de réprouver solennel

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