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Oui, Dieu le veut, car son dessein est de conduire le monde à l'unité dans la vérité; or, si les tendances orgueilleuses que nous allons combattre triomphaient, le monde serait conduit à l'unité dans l'erreur. Il y a en Orient, en ce moment même, au sein de l'hellénisme chrétien, plusieurs symptômes de retour à l'unité. Les haines tendent à s'apaiser, les préjugés à décroître. Ces symptômes seront étouffés si l'influence moscovite continue, et, surtout, si elle grandit. L'influence de l'Occident, au contraire, les favoriserait et les conduirait à l'unité véritable.

Dieu le veut, car l'obstacle à l'unité, maintenant, ce n'est plus l'islamisme : disons-le, c'est le césarisme moscovite, avec ses prétentions, avec son fanatisme. Rien ne menace l'Église de Dieu comme les développements de cette puissance, déjà trop colossale. Ils disent que c'est une honte pour l'Europe chrétienne d'aller en Orient à la défense des Turcs. Mais est-ce, au fond, pour défendre les Turcs que nous allons en Orient? N'est-ce pas plutôt pour mettre une digue aux progrès menaçants d'un pouvoir dont il est temps d'arrêter la marche? Est-ce notre faute si les ennemis de la civilisation, si les ennemis de l'Église ne sont plus en Turquie, mais ailleurs, et si c'est un peuple chrétien qui, en corrompant le Christianisme et en le rendant complice de son ambition, a pris aujour d'hui la succession et le rôle des anciens ennemis de Jésus-Christ? Qu'il soit donné au Czar-Pontife, qui est aujourd'hui perdu dans ses steppes, de venir s'asseoir, comme nous le disions, sur le trône de Constantinople, portant sur sa tête la triple couronne, unie au diadème impérial; qu'il règne de là sur l'Orient et qu'il pèse sur l'Occident, en attendant de l'asservir, et rien ne ressemblera davantage à cette universelle apostasie dont parlent les livres saints et à cette œuvre impie qui doit être le contrepied de celle de Jésus-Christ, et signaler, en les épouvantant, les derniers jours du monde.

Oui, Dieu le veut, car sa justice n'attend pas toujours l'éternité pour punir les persé cuteurs. Il y a, dans le nord, des nations martyrisées; il y a des Eglises entières dont la foi a été violemment étouffée; du fond des déserts glacés de la Sibérie des milliers de voix s'élèvent chaque jour vers le ciel; sur tous les chemins de l'exil on rencontre des victimes de cette inexorable persécution. Dieu ne peut rester longtemps sourd à tant de plaintes, Un pouvoir si coupable, sera puni. Le Ciel permet qu'il s'aveugle, et ce sera l'excès même de son orgueil qui amènera sa punition et sa ruine.

Abaissons-nous, N. T. C. F., devant ces imposants spectacles de la justice et de la miséricorde de Dieu. Demandons-lui que son règne arrive sur la terre, que ses grands des seins s'accomplissent, et que tout ce qui se cache de bien dans le sein agité des nations, sorte et nous console des douleurs de l'enfantement qui commence.

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Prions pour le prince, que Dieu a providentiellement placé à la tête de notre nation. Demandons à celui qui lui a inspiré une politique si ferme et si résolue, si droite et si sincère, particulièrement ennemic de toute mauvaise finesse, de continuer à l'assister de sa sagesse divine : « O Dieu de nos pères, Seigneur miséricordieux, envoyez-la, cette « sagesse, envoyez-la des cieux, du trône sublime où vous êtes assis, plein de gloire et ‹‹de majesté, afin qu'elle soit avec lui sans cesse et qu'elle agisse toujours avec lui (1). Prions pour notre valeureuse armée et pour son intrépide chef. Demandons que la pensée de Dieu et de la patrie leur soit comme un doux repos au milieu des fatigues de la guerre; que ce double amour leur fasse généreusement affronter les plus grands périls sans souci de la vie; que nos magnanimes soldats, contents de leur solde (2), * conformément au précepte de l'Evangile et aux glorieuses traditions de Farmée, conti nuent à se préserver de toute injustice; que, pleins d'humanité au sein même des hor reurs des combats, ils épargnent le sang autant que possible, et ne frappent jamais l'homme sans défense; qu'ils respectent surtout l'enfant, la femme et le vieillard, que la religion et la nature, que le droit public de l'Europe et les mœurs chrétiennes de lá France placent sous la sauvegarde de l'honneur national; qu'ils fassent admirer enfin ces vertus, qui leur sont de tout temps familières; ainsi que leur vieille bravoure, à nos amis et à nos ennemis.

Demandons aussi à Dieu d'abréger les jours et les souffrances de cette lutte su

(1) Sap. ix. 10.

(2) Lue, ni, 14.

prême. Hélas! les guerres, même les plus justes et les plus nécessaires, traînent toujours avec elles d'infinies calamités. Puisse Dieu les adoucir pour les peuples et håter le moment d'une heureuse et solide paix !

Il n'y a pas encore bien longtemps que, dans une solennité guerrière, nous bénissions les drapeaux de la France et les signes glorieux de nos victoires. Nous ne pensions pas que bientôt nos aigles reprendraient leur vol du côté de cet Orient où la gloire française a laissé des traces si lumineuses. Nous parlions de paix alors: nos cœurs et pos espérances étaient à la paix. Cependant, en empruntant les prières que l'Eglise met sur les Lèvres de ses Pontifes, dans ces grandes circonstances, nous prophétisions en quelque sorte les événements présents.

« Seigneur, Dieu des vertus, disions-nous, vous qui donnez le salut aux rois et la prospérité aux peuples, accordez à nos guerriers l'esprit de conseil et de force; qu'ils rem portent la victoire sur tous leurs ennemis, et que, en recueillant ici-bas, avec votre secours, des lauriers qui se flétrissent, ils parviennent, conduits par vous, à ce royaume qù il n'y a plus de combats, mais un éternel triomphe et une gloire immortelle. Dieu tout-puissant, qui êtes la force des triomphateurs, écoutez nos voix suppliantes, bénissez ces drapeaux prêts pour le combat; qu'ils soient terribles aux ennemis des enfants de votre Eglise; qu'ils dissipent les nations qui veulent la guerre, ad dissipandas gentes quæ bella volunt; qu'ils enveloppent d'une ferme protection ceux qui se confient en vous, et qu'ils soient toujours le signe assuré de la victoire.»

Nous répétons aujourd'hui ces prières et ces vœux. Mais, ministres de paix, c'est la paix surtout que nous désirons comme résultat de la guerre. Puissent nos armées la rencontrer bientôt sur le chemin de la victoire! Et puisse l'Europe, après cette commotion et cette crise nécessaire, rasseoir sa stabilité sur son équilibre ébranlé, en ce moment, par l'ambition d'un homme! Puisse-t-elle enfin reprendre le cours de ses prospérités interrompues, et ne plus poursuivre que les seuls triomphes dignes d'envie, les triomphes de la paix!

A ces causes, après en avoir conféré avec nos Vénérables Frères les Chanoines et Chapitre de notre Eglise métropolitaine,

Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

Art. 1o. A dater de la publication de notre présent Mandement, les Prêtres récitoront, pendant neuf jours, à la Messe, les Oraisous Pro tempore Belli (Missale Parisiense, prXcv). - Art II. Pendant la durée de la guerre, les mêmes Oraisons seront récitées, le Dimanche, à toutes les Messes.· Art. 3, A tous les Saluts qui seront donnés pendant la durée de la guerre, après le Domine Salvum et le v. Frat manus tua, on chantera l'Oraison Pro imperatore et ejus exercitu. (Missale parisiense, Orationes ad diversa, no 18.) Ei sera, potre présent Mandement lu au Prone de la Messe paroissiale, dans les Eglises et Chapelles de notre Diocèse, le Dimanche de la Passion; publié et affiché partout où besoin sera.

Donné à Paris, sous notre seing, le sceau de uos armes, et le contre-seing du Secrétaire général de notre Archevêché, le 29 mars 1854.

MARIE-DOMINIQUE-AUGUSTE, Archevêque de Paris,
COQUAND, Chan. Secrét. Gen.

Par Mandement de Mopseigneur l'Archevêque,

NOUVELLES ET FAITS DIVERS

Le Moniteur annonce que le gouvernement fait rechercher, pour les livrer aux poursuites de la justice, les auteurs et propagateurs de bruits calomnieux, répandus ces jours-ci à la Bourse, et qui ont pu nuire à la réputation de maisons de banque honorables,

Madame la duchesse de Levis vient de succomber à une maladie contre laquelle n'ont pu prévaloir ni les soins de la science, ni les soins de l'affeation. Madame la duchesse de Levis était de ces femmes qui marquent leur place dans le monde par l'élévation du caractère et par la distinction de l'esprit; elle ajoutait aux vertus sérieuses la bonne grâce qui les fait

aimer.

- Le télégraphe et les correspondances ne nous ont fait connaître encore aucun détail sur la mort tragique de S. A. R. le duc Ferdinand-Charles III de Parme et Plaisance, seulement nous lisons dans le Journal des Débals:

Ferdinand-Charles III, duc de Parme, Plaisance, etc., etc., était un prince de la maison de Bourbon, descendant de Louis XIV par Philippe V, roi d'Espagne; il avait le titre d'infant d'Espagne; il était âgé de trente et un ans, étant né le 14 janvier 1823. En 1845, il avait épousé la princesse Louise-Marie-Thérèse de Bourbon, fille du duc de Berry, qui est mort à Paris le 13 février 1820, assassiné par Louvel. Quatre enfants sont nés de ce mariage, deux princes et deux princesses. L'aîné des princes, Robert-Charles-Marie, succède à son père; il a été proclamé duc de Parme sous la régence et la tutelle de la duchesse sa mère. Le nouveau souverain de Parme est né le 9 juillet 1848: il n'a pas encore atteint la septième année de son âge.

Le feu duc de Parme avait succédé à son père, Charles II, infant d'Espagne, à la suite de l'abdication que celui-ci avait faite de sa souveraineté le 14 mars 1949 Lo duc Charles II vit encore. La mère de ce dernier, reine d'Etrurie, était l'une des filles du roi d'Espagne Charles IV, et sœur, par conséquent, du roi Ferdinan 1 VII, dont la fille occupe aujourd'hui le trône d'Espagne sous le nom d'Isabelle II. Le duc Charles II avait d'abord porté le titre de duc de Lucques; il était le souverain de ce petit Etat. L'archiduchesse Marie-Louise d'Autriche, veuve de l'Empereur Napoléon I", était alors duchesse de Parme et de Plaisance; mais cette princesse étant morte en l'année 1847, Charles II, duc de Lucques, devint duc de Parme et de Plaisance, et le duché de Lucques fit retour au grand-duché de Toscane, conformément aux arrangements qui avaient été arrêtés dans les conseils des grandes puissances européennes. S. de Sacy.

Le Sun, du 29, annonce que le ministère du duché de Parme est dissous et que l'Anglais Ward a été banni de ce pays.

ACADÉMIE DES SCIENCES

H. RANG.

Commençons par dire quelques mots de la séance solennelle du 30 janvier, dans laquelle il a été distribué un certain nombre de prix. L'astronomie, la mécanique, la statistique, la chirurgie et la médecine, toutes les branches des sciences, en un mot, ont été couronnées dans la personne de leurs laborieux représentants; mais, parmi les travaux auxquels ont été décernés des prix, nous n'en citerons que deux, comme particulièrement propres à intéresser nos lecteurs.

Le grand prix des sciences physiques a été attribué à M. Van Beneden, professeur à l'Université catholique de Louvain. La matière du travail qui a mérité au savant physiologiste cette couronne distinguée qui, depuis plusieurs années, attendait vainement un athlète heureux, cette matière, disons-nous, est loin d'offrir, au premier coup d'œil, un intérêt bien vif, et surtout la révélation de tout ce qu'il contient. Il s'agissait du développement des vers intestinaux ! Mais cette question épineuse impliquait la grave question des générations spontanées, cette thèse affectionnée de la plupart des matérialistes; et, si absurde qu'elle soit à priori, il faut convenir qu'elle était singulièrement favorisée par les nuages qui voilaient complétement l'origine et les évolutions des entozoaires. Ce mystère a été percé; on a re

connu, non-seulement le mode de génération de beaucoup de ces animaux, mais le fait très-bizarre et très-inattendu de leurs métamorphoses. Il est aujourd'hui bien démontré que plusieurs de ces singuliers produits de la nature, qui présentent des aspects et des formes très-divers, ne sont que les développements et les transformations d'un même individu, qui traverse ces différentes phases, et conserve son identité, comme la chenille et le papillon, qui se succèdent en se transformant l'un dans l'autre, et qui constituent une espèce unique. Certaines origines incomprises et des apparitions qui se manifestent là où le germe n'en existe pas, en apparence du moins, s'expliquent ainsi par la présence d'autres espèces qui se transforment obscurément en produits très-dissemblables. Quand nous disons qu'elles se transforment, on comprend bien que nous n'entendons pas par là de véritables transmutations spécifiques; il y a continuation de l'individu et de l'espèce, et l'unité n'en est pas rompue; mais cette unité se développe sous des formes très variées, analogues aux métamorphoses des insectes. Cette révolution, qui ouvre à la science un horizon nouveau, dont l'importance et l'intérêt n'échapperont à personne, est due principalement aux profondes études de M. Van Beneden sur la matière. Depuis longtemps, l'Académie n'avait couronné une œuvre de pareil mérite, et le haut rang qu'elle a assigné à celle-ci fait le plus grand honneur au savant professeur de Louvain.

Je citerai en second lieu les prix décernés à divers inventeurs pour des procédés propres à détruire les insectes qui attaquent les grains, tels que les alucites et les charançons. C'est pour l'importance du problème que je cite ceux-ci, et je ne demanderais pas mieux que d'ajouter une foi respectueuse aux décrets académiques qui affirment que le problème est résolu d'une manière satisfaisante. Les procédés signalés consistent, d'une part, dans un mode de battage ou d'agitation qui tuerait à la fois les insectes et les germes; d'autre part, on ferait la même besogne en soumettant les grains à une température de 60 degrés environ, qui, sans les altérer, suffit à cuire les insectes et les en débarrasse. A cet égard, je n'oserais dire que ma confiance est entière. Les moyens préconisés ne sont pas d'invention récente : ils étaient déjà appliqués sous diverses formes, et n'ont pas, que nous sachions, détruit la race de ces maudites bêtes. Il faut rabattre un peu des éloges décernés par l'Académie aux inventions et aux inventeurs. Toutefois, il faut leur rendre la part de justice qu'ils méritent; et, s'il n'est pas à croire qu'il ne survivra pas un seul charançon à ces manœuvres meurtrières, il n'est pas douteux, cependant, qu'elles n'en diminuent très-notablement la race et les dégâts. La recette que

nous croyons la plus efficace est le chauffage à 60 degrés, opération pour laquelle on a imaginé diverses sortes d'appareils.

-Si nous voulions enregistrer toutes les recettes proposées contre la maladie de la vigne, et qui pleuvent sur les trois commissions savantes organisées pour recevoir ces communications, il nous faudrait un gros volume, que suivrait sans doute un second, sinon davantage. On conçoit que, pour les apprécier expérimentalement, les juges auront fort à faire. Mais, sans autrement entrer dans la discussion de ces innombrables formules, il en est une que nous tirons hors ligne, et que nous recommanderons aux amateurs comme « la bonne et la vraie.» La théorie en est fort simple, assurément. L'oïdium suce et atrophie les grains de vos grappes; eh bien, prenez une brosse ou un plameau, et enlevez l'oïdium, comme et par la même raison que vous enlevez la poussière qui couvre un habit ou un chapeau en passant la brosse sur l'habit ou sur le chapeau. Cette idée est tellement simple, que, suivant l'usage, elle ne s'est présentée tout d'abord à personne. On a cherché, on a imaginé toutes sortes de moyens pour tuer l'oïdium sur place; on a fait comme un jardinier naïf qui, voyant des limaçons ronger ses fruits ou ses légumes, chercherait des moyens de les asphyxier, de les empoisonner, de leur inoculer toutes sortes de maladies mortelles, au lieu de les prendre avec les doigts et de les rejeter loin des végétaux qu'ils ravagent, pour les écraser finalement avec son pied. Le brossage du raisin envahi par l'oïdium, voilà le plus naturel, le plus simple et le plus efficace des remèdes. Pour affirmer cette efficacité, il fallait y être autorisé par l'expérience. Or, justement celle-ci a parlé, elle l'a fait clairement et éloquemment, et je remarque que ce procédé du brossage est avoué comme excellent par les théoriciens qui ont les idées les plus diverses sur les causes de la maladie, et par des inventeurs qui, eux-mêmes, préconisent d'autres recettes. Pour exécuter l'opération, on se sert d'une brosse molle ou même d'un simple plumasseau formé de quelques éléments de l'aile d'un canard. Si, après un premier brossage, l'oïdium reparaît au bout de quelque temps, on répètera l'opération. Que ce moyen soit pleinement efficace, c'est ce que des témoignages nombreux et imposants ne permettent pas de révoquer en doute. La question n'est plus là. Elle est toute à savoir si le travail et les frais de ce traitement ne dépassent pas, ou du moins n'absorbent pas une grande partie des profits. Or, à ce sujet, il faut remarquer : 1o que tous les traitements sont plus ou moins coûteux, et que la conservation d'une grappe vaut bien un coup de brosse. Ici, les profits sont évidemment proportionnels aux frais : si ceux-ci sont trèsconsidérables, c'est que les valeurs conservées le sont égale

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