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jours d'hiver, de la Solitude à Lorette, pionnier infatigable, il traçait la route dans la neige pour les jeunes séminaristes, comme un habitant du mont Saint-Bernard.

Vers lui s'empressaient M. de Ravignan, se consacrant à Dieu, et le P. Couturier, devenant abbé et supérieur de la Trappe, et NN. SS. de Frayssinous, Evêque d'Hermopolis et ministre, le Cardinal prince de Rohan, puis son successeur, Mgr le Cardinal Mathieu, Archevêque de Besançon, Mgr de Forbin Janson, l'Evêque missionnaire fondateur de l'OEuvre de la Sainte-Enfance; NN. SS. Bruté, de Saint-Palais, Pellerin, qui de l'orient à l'occident évangélisent les missions lointaines, NN. SS. de Luçon, d'Orléans, d'Arras, pour s'éclairer de la prudence et des conseils de ce grand serviteur de Dieu.

Mais aussi quelle manière de diriger!

Votre tour était venu: vous étiez reçu par l'homme de Dieu avec des égardsinfinis. Quelle que fût la modestie de votre situation, vous pouviez lui ouvrir librement votre cœur vous causiez avec un ami, un vieil ami, un homme qui n'avait au monde aucune affaire plus chère, plus pressée, plus importante que la vôtre, et qui, par la simplicité, le naturel, l'abandon, le dévouement de son accueil vous avait bientôt convaincu que vous n'aviez pas à craindre d'être indiscret. La, rien de serré, d'officiel, de pompeux ou de doux, à faux. Là, point de mystérieuse réserve, de préoccupation personnelle, d'idée empesée de sa supériorité c'était votre homme, votre ami, votre confident. Là, rien dans la pose, la réponse, le silence, le geste ou le regard, rien qui vînt vous dire, au beau milieu d'un trouble, d'un aveu, d'une hésitation: « Vite, hâtez-vous, épargnez mon temps, Près de ce grand cœur, la ferveur à ses débuts, la générosité et ses élans, le scrupule et ses souffrances, l'indécision et ses doutes, le souvenir et ses larmes, le découragement et sa plainte, l'aigreur et son murmure, la fatigue et son soupir, l'injustice sentie et son contre coup, pouvaient s'épancher dans la mansuétude, la miséricorde. Une ingénieuse originalité trouvait à votre adresse ou le plus suave langage, ou le trait le plus incisif, ou la pensée la plus élevée, ou le mot le plus pittoresque pour tout réparer, tout consoler, tout diriger. Que les esprits sont, dit-on, quelquefois difficiles à conduire! M. Mollevault avait su inspirer le désir, le goût d'être conduit. Ce n'est pas toujours la confiance qui manque à la direction: on a vu quelquefois la direction manquer à la confiance. Jamais M. Mollevault n'eut cet air capable et infaillible, cette intime conviction qu'on n'avait rien à lui apprendre pour lui ou les siens, qu'on rencontre quelquefois dans des personnages vertueux du reste, mais qui du haut de la demeure qu'ils ont en eux bâtie à

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l'estime d'eux ou des leurs, froissent l'âme délicate ou fière! Quelle grâce remarquable pour l'apaisement des orages du cœur, plus fécond en tempêtes que les océans redontés! Pour combien a-t-il prononcé un Quos ego définitif! Il savait faire renaître la douce joie et la confiance, l'encouragement dans le cœur blessé, abattu. Son esprit de foi lui faisait juger choses, hommes et monde avec une solidité, une supériorité remarquables. Chez lui ce n'était pas un effort, on eùt dit qu'il voyait, et au lieu que les autres en agissant par une vue, un principe de foi, paraissent toujours faire un raisonnement, la foi, chez lui, si l'on peut s'exprimer ainsi, était son état de nature: il faisait de la foi et du bon sens une solution inébranlable. D'une incroyable générosité, il ne gardait jamais rien: il voulait tout donner, et cela avec tant de grandeur, de largesse, de magnanimité, qu'à côté de lui il était bien difficile de ne pas ressembler à un cœur mesquin, étroit, petit. Quel vrai mépris des biens de la terre! Non content d'avoir donné tout ce qui était à lui, il aurait, en vrai prodigue, donné les biens de la communauté, et à ses yeux de prudents économes étaient gens qui ne savent pas que le moyen de s'enrichir est de tout donner. On en connaît cependant, et en saintes maisons, qui ne sont pas toujours de Paulin DC CHESNE.

cet avis.

(La suite prochainement.)

A dater du 16 avril 1854, la manufacture de grandes orgues d'église de M. Aristide Cavaillé-Coll, auteur des orgues de Saint-Denis et de la Madeeine, sera transférée de la rue de La Rochefoucault, 66, rue de Vaugirard, 94 et 96.

Magasin spécial de Thés de choix, à prix très-modérés; Chocolat faLriqué à froid. Maison Caron, 8, rue de la Bourse.

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L'un des Propriétaires-Gérant, CHARLES DE RIANCEY.

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DE SOYE ET Bouchet, impriMEURS, 2, PLACE DU PANTHEON.

SAMEDI 29 AVRIL 1854.

L'AMI DE LA RELIGION

(N° 5677.)

L'ÉGLISE OATHOLIQUE EN ANGLETERRE

(Voir les no. 5606, 5618, 5621, 5626, 5634, 5637, 5642, 5663, 5671, 5673.)

I

L'indignation et le courroux que montrèrent la Reine et son peuple, à l'occasion du rétablissement de la hiérarchie, avaient pour objet principal, sinon unique, disions-nous dans notre dernier article, la personne de Mgr Wiseman, revêtu de la double dignité de Cardinal et d'Archevêque de Westminster. Et cependant, au lieu d'être dirigées contre cet éminent Prélat, comme on aurait pu s'y attendre, les mesures législatives proposées par le ministère et votées par le parlement ont porté sur la hiérarchie elle-même et sur les titres ecclésiastiques. Comment expliquer cette inconséquence?

La réponse nous semble facile. La Reine ou son parlement ne pouvaient consentir, suivant les idées universellement reçues parmi les protestants, à entrer en lice avec un Prélat catholique, quelque élevé qu'il fût en dignité aux yeux de ses coreligionnaires. Dans l'opinion de la nation, c'eût été ravaler la majesté royale et compromettre la dignité de son gouvernement. D'ail– leurs, à quoi bon de nouvelles mesures législatives à cet effet? Nous l'avons déjà dit, le gouvernement anglais est armé des lois nécessaires pour éloigner, s'il lui semble bon, le Cardinal Wiseman d'Angleterre. S'il ne l'a pas fait jusqu'à ce jour, c'est qu'il a craint de servir le Catholicisme en prenant ouvertement le rôle de persécuteur et en donnant au Cardinal l'auréole du martyre. Ainsi, quoique Mgr Wiseman, Cardinal-Archevêque de Westminster, fût comme le point de mire de l'irritation na-tionale, le protestantisme ne trouvait ni son intérêt, ni son honneur à sévir contre lui personnellement. On devait donc plutôt essayer d'avilir son caractère devant la nation par le dédain et le mépris; et c'est en effet la politique qui a prévalu dans les conseils de la Reine.

D'un autre côté, les ennemis religieux de l'Eglise, les chefs du protestantisme anglais, voyant les dispositions unanimes de la nation, devaient naturellement chercher à en profiter et saisir l'occasion de porter au Catholicisme un coup aussi rude que possible. Or, ce résultat ne pouvait être obtenu qu'en transformant le débat en une question de principe.

L'AMI DE LA RELIGION — T. CLXIV.

13

II

Grâce à Dieu, la complication d'embarras politiques qui survinrent dans ces circonstances sauva l'Eglise catholique d'un échec plus considérable que celui qu'elle a subi. Sans cette complication providentielle, on ne voit pas où se fût arrêtée la réaction anticatholique. Toute mesure législative contre l'Eglise eût été possible; mais les événements furent plus forts que les intentions.

Au moment où la réaction se déclara, il n'y avait, pour ainsi dire, en Angleterre, ni ministère, ni parti politique; la Chambre était en proie à la plus entière confusion; l'Angleterre se gouvernait d'elle-même. Divisés sur tout le reste, les protestants anglais ne s'entendaient que dans la haine commune dont ils poursuivaient les Catholiques. Et cependant, malgré ces difficultés de la situation politique, les ennemis de l'Eglise trouvèrent le moyen de faire adopter une loi si machiavélique, que, tout en ménageant les intérêts matériels des laïques catholiques, elle tend à ruiner l'Eglise dans l'avenir. Car, nous l'avons dit et nous le répétons, il ne faut pas se faire illusion sur la gravité de cette loi et sur ses conséquences possibles. Elle est telle que nous l'avons qualifiée. C'est l'épée de Damoclès menaçant à toute heure la vie du Catholicisme en Angleterre. Tant que cette loi ne sera pas abrogée, l'Eglise, dans ce pays, ne vivra qu'avec peine et dans de continuelles angoisses.

III

Le mal, nous dira-on, est-il irrémédiable? Ne serait-il pas possible aux Catholiques de faire révoquer cette loi?

Espérer une révocation formelle de cette loi, dans la situation présente des esprits, serait, croyons-nous, une prétention chimérique. Cependant, dans une certaine hypothèse et grâce à une occasion qui pourra bien se présenter, nous ne renonçons pas à l'espoir de la voir disparaître du code anglais.

L'hypothèse serait que tous les Catholiques suivissent désormais la ligne de conduite sage et conciliante que nous avons pris la liberté de leur indiquer plusieurs fois, et que les esprits éclairés par les événements se décidassent à inaugurer un autre système de politique.

L'occasion qui peut leur être extrêmement favorable, pourva qu'ils s'entendent pour en profiter, est celle que nous allons indiquer.

On prépare en ce moment, dans la législation anglaise, un travail immense. Ce travail est ce que les jurisconsultes anglais appellent la consolidation des statuts. Il s'agit de former un seul code de la substance de tous les actes du parlement, demeurés jusqu'à ce jour dans une grande confusion. Ainsi, par exem

ple, sous le titre de suprématie spirituelle de la Reine, on rangera tout ce que la loi décrète en cette matière importante.

Or, en vertu de la loi de 1851 touchant les titres ecclésiastiques, ce qu'il y avait sur ce point de confus et de douteux depuis l'émancipation des Catholiques a complétement disparu. D'un côté, la religion catholique peut être tolérée; les laïques catholiques peuvent arriver à certaines charges et honneurs; mais, d'un autre côté, la suprématie spirituelle de la Reine est, aux yeux de la loi, un dogme incontestable, un privilége qu'on ne peut nier publiquement sans délit. Ce principe domine toutes les concessions faites aux Catholiques et asservit la liberté de conscience elle-même. Eh bien, nous pensons que si les Catholiques anglais prennent les mesures nécessaires pour arrêter les progrès de la réaction et pour calmer les passions religieuses, il ne leur serait pas impossible de faire insérer dans le code dont il s'agit une clause qui sauvât légalement les droits de l'Eglise et révoquât indirectement la funeste loi de 1851. Nous en disons autant au sujet de l'enquête qui menace en ce moment les institutions monastiques. Ce n'est là, il est vrai, qu'une espérance, mais une espérance qui n'est pas sans fondement.

IV

Nous voici arrivés au terme de cette étude.

Nous avons essayé de retracer fidèlement à nos lecteurs les pensées, les sentiments et l'irritation qu'a produits dans la reine Victoria et ses sujets le rétablissement de la hiérarchie catholique en Angleterre.

En racontant ces faits, qui tiendront une place importante dans l'histoire de l'Eglise au XIXe siècle, nous espérons avoir respecté scrupuleusement la vérité; et il n'y a pas longtemps, croyons-nous, qu'un rapport officieux, sorti d'une source officielle, présentait les faits à peu près comme nous les avous vus nous-même, en nous plaçant, dans l'intérêt des Catholiques, au point de vue anglais et protestant.

On a vu que la Reine, si populaire, si universellement respectée et estimée, s'est cru et se croit encore attaquée personnellement et profondément blessée dans son autorité royale; que les grandes classes moyenne et commerçante, qui, dans les temps de crise, donnent toujours l'impulsion à la politique, se sont laissé entraîner à ces préventions religieuses, si puissantes chez elles, et ont provoqué la terrible réaction dont nous déplorons les suites funestes; que l'habile et politique aristocratie, ne voulant pas laisser échapper de ses mains la direction des affaires, s'est conduite en cette circonstance comme elle agit toujours, c'est-à-dire s'est faite l'organe de l'opinion nationale; que le clergé anglican, tout en évitant soigneusement d'avouer

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