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marche que doivent suivre les souverains, c'est désirer qu'elle se place aujourd'hui dans une position fâcheuse, c'est lui dire de se disposer à souffrir les sanglans reproches que des hommes de mauvaise foi ne manqueraient pas de lui adresser, quand les circonstances qui firent naître ses résolutions, se seraient évanouies.

>> Voyez comment le libéralisme a coutume de qualifier les Croisades, que les ministres de la religion avaient eux-mêmes sollicitées. Il ne trouve jamais d'épithètes assez fortes pour exprimer son indignation à ce sujet. Cependant quel était le but de ces expéditions saintes? la délivrance d'un pays dont les Turcs s'étaient injustement emparés. Alors, comme aujourd'hui, des chrétiens gémissaient dans une dûre servitude, et enduraient les plus infàmes traitemens. Devait-on se montrer insensible à leurs gémissemens? était-ce un crime de voler au secours d'un peuple infortuné qui tendait vers ses frères d'Europe, ses mains déchirées par les chaînes? profana-t-elle sa noble mission, l'église qui mit tout en oeuvre pour les arracher au joug pesant de l'esclavage, et qui opposa en même temps une digue puissante à l'envahissement des hordes barbares échappées de la Tartarie? Non, sans doute, puisqu'elle ne faisait que réaliser ce précepte de l'évangile, qui est aussi le plus fort lien des sociétés : Faites à autrui ce que vous voudriez que l'on vous fit. Ici c'est le même cas. Après une longue et pénible

servitude, la patrie de Léonidas, de Platon, de Démosthène et de Périclès, a voulu recouvrer son indépendance nationale. Indignée des fers dont l'avaient chargée des barbares, elle les brise courageusement, et s'efforce de reprendre parmi les nations le rang qu'elle y avait occupé jadis avec tant de gloire. Le clergé catholique pourrait-il blâmer ce courage d'un peuple chrétien, lui qui protesta le premier contre l'usurpation des Turcs? Non, non, c'est une calomnie qu'ont inventée les ennemis du sacerdoce. Il applaudit, comme toutes les âmes généreuses, aux efforts des héroïques guerriers qui, sur les débris du croissant, relèvent l'auguste étendard de la croix. S'il n'a élevé la voix en leur faveur, ce n'est point par indifférence pour eux, mais uniquement par respect pour l'autorité des rois. Il aurait craint de compromettre la sûreté des états, en prenant l'initiative dans une affaire de si grande importance. Depuis que quelques puissances semblent le tenir comme asservi, il n'ose pas tout ce qu'il voudrait, il redoute de rompre avec les gouvernements une bonne intelligence dont les suites pourraient allumer, dans toute la chrétienté, des querelles d'autant plus difficiles à éteindre que la religion en serait le prétexte.

pas

>> Certes, si les potentats de l'Europe ont mérité quelque blâme au sujet des Grecs, on n'a pas manqué de leur en adresser. On leur a prodigué assez d'injures, sans qu'il fût nécessaire que le

clergé vint encore les contrister par ses plaintes. Non, sa conduite a été plus sage. Essentiellement ami de l'ordre, il ne l'a point troublé par d'indiscrètes déclamations. Il attendra sans doute pour se déclarer, que les princes rassurés pour eux-mêmes et pour les peuples qu'ils gouvernent, croient le moment favorable de sauver un peuple de la destruction. Alors, rompant un silence que l'intérêt du bien public ne lui commandera plus, il fera retentir les voûtes des temples de ces paroles puissantes, qui jadis enfantèrent tant de héros. Les appels du libéralisme sont beaucoup plus infructueux, parce que les purs motifs de religion n'y entrent pour rien. Et s'il est vrai que la conviction seule peut enfanter de nobles inspirations; s'il n'a pas été donné à l'impie de prêcher la charité comme elle mérite de l'être, quel cas devons-nous faire de cet étalage de mots sonores en l'honneur de la croix qu'il débite tous les jours, et qui expirent sans effet comme le vain bruit de l'airain. A la foi seule appartient de parler le langage de la persuasion, parce que la charité est son domaine, et qu'elle seule peut l'exploiter avec succès. Hors de là, il n'y a que froids calculs, que misérables intérêts. Veut-on les faire triompher par l'éloquence? elle sera aussi froide que les motifs qui l'inspi

rent. >>

Après avoir prouvé que le clergé, dans les circonstances actuelles, s'est conduit avec toute la

sagesse que lui prescrivait sa position, M. Saintes fait remarquer l'inconséquence de ces imprudens auteurs qui versent sur lui, avec tant de légèreté, le blâme et le mépris. Il signale le crime qu'ils commettent, quand ils enflamment les passions de la multitude contre les ministres des autels. Traçant ensuite le portrait du véritable prêtre, pour mieux faire ressortir l'inconduite des ennemis du sacerdoce, il montre les suites épouvantables que doit entraîner la haine contre les prêtres, et ne craint pas de nous prédire une catastrophe prochaine. Nous partageons nous-mêmes ses alarmes; car l'impiété devient de plus en plus générale et menaçante. Des hommes se sont rencontrés qui corrompent, par mille moyens, l'opinion publique; qui égarent les sentiments d'une nation généreuse, et la mènent insensiblement du mépris des prêtres à l'abjuration de la foi.

«< O France! nation digne d'un meilleur sort! quand te verrons-nous désabusée des vains fantômes qui t'occupent? quand cesseront de te charmer les prestiges qui t'égarent? n'as-tu pas encore assez bu aux sources infectes de l'erreur? n'as-tu pas encore appris à connaître les maîtres. à qui tu t'es donnée? à quoi te servent les nombreuses cicatrices que l'on aperçoit encore sur toi, si elles ne te portent pas à rompre avec ceux qui te firent les blessures? Tu ne te rappelles donc plus les maux cruels qu'ils t'ont causés et qui te

firent un instant ouvrir les yeux? tu as donc oublié la pénible agonie qu'ils t'ont fait endurer, et qui fit craindre pour ton existence? Infortuné pays! reconnais, dans ceux qui te flattent tant aujourd'hui, les mêmes hommes qui déchirérent cruellement ton sein. N'est-ce pas en te parlant de liberté qu'ils te forgèrent des fers? n'est-ce pas en proclamant l'égalité qu'ils se gorgèrent de tes richesses? n'avaient-ils pas également à la bouche les mots séduisants de modération, de vertu, de morale, de patriotisme, de religion, quand ils se souillaient de tous les excès, quand ils étonnaient le vice lui-même par la grandeur de leurs désordres, quand ils mettaient aux prises toutes les passions, quand sur les ossements du prêtre et sur les débris de l'autel, ils juraient une guerre éternelle à la superstition!.. Le ciel a signalé une fois sa miséricorde ; si tu veux qu'il ne signale pas de nouveau sa justice, sois docile à ses avertissements. Le péril est imminent; hâte-toi de le prévenir, par l'abjuration des doctrines philosophiques; mais surtout ne te flatte pas de rencontrer le remède hors du sein de l'église catholique : c'est dans la source de ses enseignements que tu dois puiser la vie. Si tu hésitais dans ton choix, si tu mettais seulement en balance la vérité et l'erreur, sache que l'éternité ne sera jamais assez longue pour déplorer ton funeste aveuglement. >>

Fasse le ciel que ces éloquentes paroles soient entendues! qu'elles aillent retentir aux oreilles

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