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la vertu

les talens, en un mot tout ce qui restait de sacré et de respectable dans le royaume bouleversé.

Telles furent, comme on en convient aujourd'hui généralement, les causes principales de nos dernières catastrophes. Ainsi la faiblesse du gouvernement à l'égard du philosophisme perdit la monarchie. Il fallait éteindre les torches qui embrasaient le royaume; il fallait proscrire les productions de l'impiété, et répandre partout une multitude d'ouvrages capables d'éclairer l'intelligence de la multitude, de la rappeler à son antique foi, et de détruire dans les esprits les funestes doctrines propagées par les ennemis de l'état. C'eût été le seul moyen d'arracher des mains de la révolution, qui déjà l'avait saisie, notre coupable et malheureuse patrie.

Or, maintenant ces mêmes livres qui renversèrent la monarchie, ne sont-ils pas dans toutes les mains? n'ont-ils pas pénétré jusque dans les chaumières de l'indigence? le peuple n'est-il pas incomparablement plus dépravé ? ses croyances religieuses, son respect pour les ministres de Dieu, son horreur pour la rébellion, toutes ses vertus, c'est-à-dire toutes les garanties d'ordre et de paix publique, n'ont-elles point presqu'entièrement disparu? La France se trouve donc aujourd'hui dans des circonstances au moins aussi alarmantes que celles où elle se vit quelques années avant sa dernière révolution; il est donc

au moins aussi urgent d'employer le moyen de salut qui fut alors négligé ; il nous faut donc des lois qui arrêtent la circulation de tous les livres anti-chrétiens, et qui encouragent puissamment la publication des ouvrages religieux et monarchiques. Voilà ce qu'exige la situation morale du royaume, et qui peut rendre illusoires les efforts prodigieux du libéralisme, et ce que, par conséquent, la religion commande impérieusement à ceux qui sont chargés de veiller à la sûreté de l'état.

Puisse-t-elle être enfin obéie, cette religion divine, qui ne demande à l'homme que de la laisser travailler en paix au bonheur des sociétés humaines, comme à l'éternelle félicité de tous les individus qui les composent! On a fait de la politique une sorte de science ténébreuse qui a déjà perdu plusieurs royaumes; que ne s'est-on contenté des lumières et des doctrines de la foi chrétienne! elles auraient assurément sauvé les états que le philosophisme a renversés, et qu'une politique fictive n'a pu défendre. Nous sommes loin de vouloir blâmer les intentions de ceux qui président au gouvernement de la France nous n'avons aucune raison pour ne pas les croire droites et irréprochables. Mais, qu'il nous soit permis de le dire, ils ne paraissent point comprendre toute l'étendue des devoirs que la religion leur impose. On dirait qu'une sorte de tolérantisme engourdit leurs âmes, enchaîne leur puis

sance, et les empêche d'agir toujours selon les lois aussi justes que salutaires de la morale catholique. Qui ignore cependant que les grandes transgressions de cette divine morale sont ordinairement suivies de grands désastres et de lamentables infortunes? car il n'en est point de l'impiété d'un peuple comme de celle d'un particulier. Un athée peut jouir, durant toute sa vie, d'une paix extérieure et d'une sécurité parfaite, tandis qu'il n'est pas encore une seule nation qui ait pu subsister quelque temps même avec du déisme. Toutes ont puisé la vie dans leur foi aux révélations divines dont elles eurent toujours une connaissance certaine plus ou moins explicite. Si l'on veut donc raffermir les trônes ébranlés, il est temps d'observer les lois souveraines de la religion, et de remettre entre ses mains le sceptre du pouvoir suprême : elle seule possède une sagesse assez profonde, et des forces assez puissantes, pour assurer aux états une longue stabilité.

M. DE LA MARNE.

De la tolérance dans les premiers siècles de l'église.

Comme le savant Kerz, continuateur de l'Histoire de la Religion de Jésus-Christ, par le comte de Stolberg, n'est pas assez connu en Belgique, nous croyons rendre service à la bonne

cause, en donnant quelques extraits de son ouvrage; ils seront propres à faire apprécier l'esprit, le talent et la manière de l'auteur.

Ce ne fut pas une des moindres marques de la divine miséricorde, que dans les premiers siècles du christianisme, dans ces temps où l'église était dans toute sa vigueur, toutes les hérésies imaginables, toutes les espèces d'opinions erronées et d'extravagances osèrent lever la tête. L'église avait alors dans son sein une foule d'hommes pleins de force et d'onction, qui, ignorant les systèmes d'accommodement, étaient tous de feu pour la vérité, et prêts à quitter à chaque moment leurs siéges épiscopaux et leur patrie; à sacrifier leur liberté, et leur vie même, plutôt que de négocier avec l'erreur, et de conclure avec elle des traités honteux. On ne connaissait pas encore cette tolérance, qui souffre l'erreur à côté de la vérité, qui lui permet de se répandre à côté de celle-ci, et de creuser de plus en plus l'abîme où elle prétend la précipiter; tolérance que certaines gens cherchent à couvrir du masque de la charité, de la charité, tandis qu'elle n'est autre chose qu'une protestation impudente et criminelle contre toute vérité. Il existe entre celle-ci et le mensonge, comme entre la vertu et le vice, une sainte inimitié, une sainte haine, qui sont implacables. L'évangile nous ordonne non-seulement de supporter l'homme égaré, l'homme obstiné dans l'erreur, le pécheur le

plus endurci; mais aussi de l'aimer comme un frère malheureux et digne de toute notre compassion, de lui rendre tous les services temporels et spirituels qui dépendent de nous. On peut satisfaire à ce commandement sans excuser le vice, sans faire hommage à l'erreur, sans regarder le mensonge comme frère de la vérité. Comme donc en ces temps-là l'ennemi de toute vérité employa toutes les armes que lui fournissait l'enfer et les passions humaines, pour obscurcir la doctrine. de l'église, pour détruire la foi et pour arracher les plus saintes vérités de tous les cœurs, et que toutes ses armes, ses flèches et ses dards se brisèrent contre le bouclier impénétrable d'un nombre infini de saints évêques et d'illustres docteurs de l'église; qu'au contraire ces grands hommes déplièrent avec une sagesse éclairée chaque nouveau tissu de l'erreur, et mirent devant les yeux de tout le monde la perversité et la fourberie dans leur plus hideuse difformité, et firent ainsi briller de nouveau la vérité avec plus d'éclat; ils donnèrent par ces luttes continuelles, et les réfutations déposées dans leurs écrits immortels, des dards et des boucliers à tous ceux qui, dans les temps les plus reculés, voudraient s'en servir contre les attaques de tous les ennemis futurs de la religion, contre toutes leurs objections usées depuis longtemps, contre leurs systèmes éphémères, leurs artifices et leurs sophismes, par lesquels, dès le temps des Por

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