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Environ quatre mille personnes, venues de tous les environs, y assistaient, et parmi elles se trouvait un certain nombre de curieux et d'incrédules. Après la plantation de la croix, M. le curé de Minié prononça un discours analogue à cette touchante cérémonie, et il y rappela particulièrement le miracle de la croix apparue dans les airs devant l'empereur Constantin. Un instant après, on vit dans le ciel une grande croix lumineuse (croix latine), qui ne laissait point à douter qu'elle fût miraculeuse, puisque le temps était fort serein, et que, par sa disposition et son éclat, elle ne pouvait nullement être considérée comme un météore. M. le marquis de Courzan, maire de la commune de Minié, et les nombreux assistans apperçurent parfaitement la croix, et furent frappés d'un miracle aussi extraordinaire. Cette croix lumineuse parut dans le ciel pendant près d'une demi-heure, et il n'est aucune personne présente à la cérémonie, qui n'en ait été témoin. Un tel miracle fut suivi, comme vous pensez, de nombreuses conversions; depuis ce temps, beaucoup d'incrédules se sont empressés d'abjurer leurs erreurs, et de rentrer dans le sein d'une religion qui a toujours fourni des preuves éclatantes de sa divinité. Dieu a voulu ainsi ramener à lui, dans ce canton, un grand nombre de chrétiens indifférens et égarés. Au surplus, je m'abstiens de toute autre réflexion, et je n'entre pas dans plus de détails; car je suppose que ce fait vous est déjà connu. Je me borne donc à vous écrire cette note à la hâte.

Agréez, etc.

» M....., membre de plusieurs sociétés savantes. »

Concordat.

NUL événement n'a peut-être été ni plus vivement désiré, ni contrarié avec plus de malice, que la conclusion d'un concordat entre le SaintSiége et le gouvernement des Pays-Bas.

Quels sont ceux qui désirent un concordat? Le roi (1), les états-généraux (2) et généralement tous les amis de l'ordre et de la religion. De son côté le chef suprême de l'église ne souhaite rien si ardemment que de voir les affaires ecclésiastiques se régler dans un pays qu'il aime avec une tendresse paternelle. Quel est donc le mauvais génie qui sut entraver jusqu'à ce jour, et qui maintenant encore veut empêcher par de nouveaux obstacles, ce concordat si généralement désiré? N'en doutons pas, c'est l'esprit révolutionnaire, l'esprit de rébellion et de désordre,

1 ) « Bientôt », disait Sa Majesté dans son discours à la derniere ouverture de l'assemblée des états-généraux, « bientôt, je l'espère, un arrangement concernant les affaires du culte catholique-romain pourra être conclu avec le Saint-Siége, conformement au désir manifesté des deux côtés ; une nouvelle négociation va s'ouvrir à cet effet à Rome. »

(2) Dans la réponse des états-généraux au discours du roi, il est dit : « Nous apprenons avec satisfaction, qu'une nouvelle négociation va s'ouvrir avec la cour de Rome concernant les affaires du culte catholique-romain. Nous espérons que l'effet, confor. mément à la loi fondamentale, répondra au désir de Sa Majesté et à celui de la nation. >>

qui a juré l'anéantissement de l'autel et du trône : constant dans sa haine et dans son mépris pour les rois, il sait au besoin les flatter avec hypocrisie, afin de les aveugler d'autant mieux et de les pousser à leur perte; il les appelle les pères du peuple (3), en même temps qu'il aiguise la hâche destinée à leur arracher la vie sur l'échafaud. Cet esprit qui, se flattant dans son orgueil d'avoir remporté une victoire complète, fut assez imprudent pour oser se montrer en France sous sa véritable forme, lorsqu'il transforma les sanctuaires du Dieu vivant en temples de la raison, lorsqu'il égorgea tous ceux qui refusaient de jurer haine à la royauté; et qui, depuis qu'il a laissé tomber le masque d'une prétendue philosophie, cherche vainement à se cacher sous le simulacre de la civilisation et du bonheur des peuples: ce même esprit, dont les partisans se nommèrent d'abord philosophes, ensuite révolutionnaires et qui maintenant s'arrogent le nom de libéraux, continue à tromper le roi et ses fidèles sujets, dans leur espoir d'un concordat qu'ils désirent unanimement.

Comment cet esprit révolutionnaire est-il devenu assez puissant dans les Pays-Bas, pour y oser contrarier, avec tant de persévérance, la

(3) C'était le nom qu'on donnait à l'infortuné Louis XVI, au commencement de la révolution, qui peu après fit tomber sa tête royale sur l'échafaud.

volonté expresse du roi et le désir ardent du peuple? Il l'est devenu par la pernicieuse influence d'étrangers; par des missionnaires étrangers venus au nom de cet esprit, qui a ravagé la France et ébranlé toute l'Europe; étrangers qui furent forcés de fuir ou d'abandonner leur patrie, une fois que la religion et l'ordre y reparurent. Ils trouvèrent un asile sur le sol hospitalier de notre patrie; mais semblables au serpent qu'un voyageur compatissant a rechauffé dans son sein, et qui lui porte des blessures mortelles, ils ont secoué les torches de la discorde et de la désunion au milieu des habitans paisibles de la Belgique comme la Salamandre, qu'on dit ne pouvoir vivre que dans le feu, ces êtres abjects et méprisables ne sauraient vivre là où ne brûle point le feu de la discorde; ces ennemis conjurés de la religion, sans laquelle il n'y a ni bonheur ni ordre stable pour les peuples, voudraient voir éclater, au milieu d'un pays aussi religieux que le nôtre, les mêmes persécutions contre la religion catholique et contre ses ministres, qu'ils eurent autrefois l'infernal plaisir d'allumer dans leur pays; ils voudraient voir les prêtres et les hommes religieux expirer par milliers au milieu des tourmens. Qu'on ne pense pas que notre imagination échauffée nous fasse voir des fantômes; non-seulement ce sont les mêmes hommes qui osèrent, en France, donner le nom de TYRAN et de TRAÎTRE au meilleur des

rois, à celui qu'ils venaient de nommer père du peuple, bienfaiteur de la France, Louis le bien-aimé, et qu'ils envoyèrent bientôt après à l'échafaud, au milieu des vociférations d'un peuple égaré; ce ne sont pas seulement, disonsnous, les mêmes hommes, ou leurs frères et amis, qui viennent maintenant éclairer le peuple belge, et dans ce but travaillent à lier ensemble des journaux que l'on ne peut lire sans être saisi de crainte et d'horreur; mais leurs principes sont encore les mêmes qu'en 1791 ils osent déjà tenir au milieu de nous le même langage, qui dans leur patrie glaçait d'effroi tous les honnêtes gens. Qui ne se souvient pas de ces vers impies de MESLIER :

Par les boyaux du dernier prêtre,
Serrez le col du dernier roi.

Qui ne s'en est pas souvenu en entendant le langage infâme, qu'un nommé SANTO-DOMINGO a osé tenir publiquement à Bruxelles? En nous expliquant le sens d'une fable intitulée le Chameau, le Bonze et le Tartare, il dit :

Puisez dans cette fable un avis salutaire,
Dominateurs sacrés, qui fatiguez la terre:
D'un monarque absolu, d'un absolu clergé,
Le peuple désormais se trouve surchargé.

Cette fable, rapportée dans le Courrier des Pays-Bas, n'est plus énigmatique depuis l'ex

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