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ches les plus pures, à envenimer leurs intentions les plus innocentes; de là ce grand nombre d'écrits empoisonnés, de brochures et de pamphlets qui trompent l'opinion; de là ces dérisions grossières, ces impudents mensonges, ces déclamations bouffonnes, ces compilations infâmes et systématiquement impies contre le Pontife de Rome, contre le Seigneur et contre son Christ. Et c'est dans la Belgique, qui s'honorait jadis du titre de pays éminemment catholique ; c'est dans la Belgique,

que des hommes qui ont abjuré tous les sentiments de l'honneur et de la justice, osent insulter ainsi à notre religion sainte. Mus par de telles considérations, nous allons unir nos faibles efforts à ceux de tant de généreux défenseurs des saines doctrines; comme eux nous nous vouons à la défense de la religion outragée et de la vérité foulée aux pieds dans les places publiques. Et dans cette noble carrière, guidés par des principes de sagesse et de douceur, de force et de justice, nous ne négligerons rien pour rendre cet ouvrage le plus propre possible à faire fleurir dans les familles ces principes de morale et de religion, que de trop funestes exemples tendent aujourd'hui à effacer de plus en plus de tous les esprits et de tous les

cœurs.

Concourir à cette œuvre, et s'associer au bien qu'elle produira, est une idée qui ne peut manquer de toucher la charité et d'enflammer le zèle des Ames sincèrement attachées à ces devoirs, dont l'accomplissement constitue leur seul et véritable bonheur.

DES

VRAIS PRINCIPES.

Presse et Enseignement public.

C'EST une chose vraiment remarquable, que notre loi fondamentale ait réuni, en un seul et même chapitre, tout ce qu'elle dit concernant l'enseignement public et la liberté de la presse. Les rédacteurs de cette charte ont apparemment regardé ces deux objets comme étant de même nature; et il nous semble qu'en cela ils ne se sont point trompés. Former l'esprit et le cœur des citoyens, tel est le but qui leur est commun. L'enseignement donne ses leçons de vive voix, et ordinairement aux enfants et aux jeunes gens; la presse emploie un langage muet, mais qu'elle sait rendre très-expressif et très-énergique, et qui s'adresse à chaque individu. L'un et l'autre servent, ou doivent servir, à bannir l'ignorance, à favoriser le progrès des lumières et à hâter la civilisation des peuples. Le premier exerce un grand empire sur la société, puisqu'il se rend maître des cœurs encore novices, et parce que ses préceptes ne s'oublient jamais entièrement : les effets

de l'éducation sont durables, et dirigent presque toujours les dispositions naturelles des enfants. Mais dans l'état des choses où se trouvent actuellement les peuples, la seconde est peut-être encore plus puissante. Que ne peut-on pas exécuter par le moyen de la presse ? que de changements n'at-elle pas amenés, depuis un siècle, dans l'Europe entière? quel rang, quelle classe d'hommes n'a pas ressenti son influence? Et cela ne doit pas étonner : elle a les moyens de s'introduire partout, de se multiplier à l'infini en un instant, de parler en même temps à des milliers d'individus, d'exciter ou d'appaiser les passions d'une multitude nombreuse et dispersée en divers endroits, Et ce qu'elle dit avec quelque talent, ne s'efface pas entièrement, mais se répète au contraire de jour en jour; et l'effet d'une pensée bien produite, d'une observation critique et piquante, augmente

sans cesse.

La presse est l'arme la plus puissante et la plus redoutable que l'esprit puisse inventer, et son pouvoir probablement se fera sentir de plus en plus. Employée en bien, elle peut rendre des services inappréciables; employée en mal, elle peut causer les plus affreux désordres. D'où il suit, que le gouvernement, qui lui laisse pleine liberté, doit connaître bien sa force, et avoir bien étudié l'esprit du peuple qu'il régit. Un peuple vif, chez qui les passions s'enflamment aisément, qui agit souvent sans

réflexion, qui ne sait pas bien tenir un juste milieu entre deux extrêmes, ne semble pas fait pour jouir de la liberté de la presse, sans compromettre son propre repos. Nous sommes plus heureux sous ce rapport. Le peuple belge, quoique plus sensible, tombe rarement dans des extrêmes; il sait se tenir à une égale distance entre les deux abîmes qui se montrent aux deux bouts de sa carrière; il n'a ni la vivacité dangereuse de certains peuples du midi, ni l'indolente apathie des nations qui habitent des

pays moins chauds. Il a, plus peut-être qu'aucun autre peuple, le droit de manifester franchement ses pensées. On peut dire aussi que jusqu'ici il n'a pas en général abusé de la permission que la loi fondamentale accorde à ce sujet ; pas le moindre désordre n'a rendu nécessaire l'introduction de la censure; pas la moindre crainte fondée de trouble n'a donné occasion au gouvernement de se repentir d'avoir été trop libéral sous ce rapport. La liberté porte souvent à faire de sérieuses réflexions, et il serait à souhaiter qu'en certains points elle fût un peu restreinte, et un peu élargie en d'autres : toujours est-il constant que la tranquillité de l'état n'en a jamais souffert d'une manière sensible.

Mais il n'est pas moins certain que, si jamais des esprits inquiets tentassent à troubler le repos public, ils se serviraient plutôt de la presse que de l'enseignement public. La raison

le dit, et l'expérience le prouve. Par le moyen de la presse on agit plus promptement, et d'une manière plus directe et plus efficace; avec l'instruction de la jeunesse on peut bien se promettre des résultats, mais ceux-ci ne seront jamais qu'éloignés, et par là même incertains; ils pourront encore être modifiés, détruits par mille causes diverses. Des gens qui voudraient bouleverser l'état, écriraient ou feraient écrire ; ceux qui viseraient à une révolution dans les principes et dans les moeurs, tâcheraient de se rendre maîtres de l'instruction du premier âge.

La presse étant donc, en nos jours, le plus puissant levier dont on puisse se servir, elle est donc aussi une arme infinement dangereuse entre les mains de gens dont les talents se prêtent à des desseins pervers; une arme qui blesse et qui tue avec une effroyable rapidité; une arme dont ceux qui sont le plus à craindre se servent sans se montrer; une arme enfin, qui perce souvent des milliers de cœurs " sans qu'on puisse découvrir la main meurtrière qui la dirige.

Il n'en est pas

ainsi de l'enseignement. Un instituteur ne sait pas se cacher entièrement ; quelqu'obscur, quelqu'ignoré qu'il soit, sa conduite, ses sentiments, ses leçons ne sauraient rester inconnus: avec toutes les précautions, avec toutes les ruses possibles, il ne parviendrait pas à se soustraire aux regards attentifs d'une certaine partie du public. N'eût-il dix élèves, il peut

que

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