Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

sur les actes quelconques de l'administration, le jugement qui lui paraît le plus équitable : prétendre le contraire; soutenir, avec quelques journalistes flagorneurs, qu'on attaque le roi en critiquant des mesures du ministère, c'est dire que la liberté de la presse, assurée par la loi fondamentale, est une garantie illusoire; c'est affirmer que le gouvernement représentatif est devenu chez nous un mot vide de sens.

Le système de ceux qui attribuent au gouvernement le droit exclusif de régler tout ce qui a rapport à l'instruction publique, a été, nous le savons, plus d'une fois victorieusement combattu par d'excellens écrivains; mais il ne saurait être superflu d'y revenir encore: aussi long-temps que la vérité n'a pas dissipé entièrement les ténèbres de l'erreur, il est bon de montrer combien un tel système est loin d'être fondé sur de vrais principes. Nous l'envisagerons donc ici comme contraire à la religion catholique, contraire à l'autorité paternelle, contraire à la loi fondamentale du royaume.

Et d'abord qu'y-a-t-il de plus contraire à la religion catholique, que d'investir le gouvernement du droit exclusif de régler tout ce qui a rapport à l'instruction publique ? Est-ce aux gouvernemens temporels, dont les doctrines varient selon les hommes qui les composent, ou bien aux apôtres et à leurs successeurs, que Jésus-Christ

a adressé ces paroles mémorables: Allez, enseignez tous les peuples. Non, jamais, avant la propagation des doctrines de la philosophie moderne, on ne disputa chez aucun peuple catholique sur le sens de ces paroles du Sauveur. Jusqu'à cette époque les écoles avaient été pour la plupart fondées par des prêtres, et étaient généralement soumises à l'influence de l'autorité ecclésiastique. Il n'en saurait être autrement, sans que la religion ne soit exposée à un danger toujours existant. Les écoles de Buonaparte fournissent une preuve irrécusable de ce que nous avançons sur la fin de son règne le despote s'attribua le droit exclusif de diriger l'éducation publique. Qu'en résulta-t-il ? la plupart des écoles devinrent des antres d'immoralité et d'irréligion; le crime devança l'âge des passions, et l'on vit une malheureuse jeunesse porter le désespoir dans l'âme de ses parens, en donnant tous les indices d'une horrible dépravation. Nous pourrions appuyer ceci d'un grand nombre de faits que personne n'a démentis; bornons-nous à en citer quelques-uns des plus frappans :

Presque partout les exercices religieux n'étaient qu'un scandale de plus. Dans une école spéciale, pour concilier les bienséances publiques avec la commodité particulière, on avait imaginé l'expédient de faire assister les élèves à la messe par députation.

>> Ailleurs on a vu, avec une sorte d'épouvante,

presque tout un lycée, les chefs à la tête, approcher, à jour fixe, de la sainte table, et recevoir le corps d'un Dieu, sur cette même langue qui, la veille, prêchait l'athéisme. C'est ainsi qu'on prétendait répondre au reproche d'irréligion.

» Un élève, un jour, disait à son condisciple: Tu as été à confesse; as-tu tout dit? — Crois-tu donc que j'aie perdu la tête? On dit ce qu'on veut, et rien de plus. Mais as-tu communié? -Sans doute ; pourquoi pas ? Ce dialogue, dont je garantis l'exactitude, est plus fort que tout ce qu'on pourrait ajouter : on frémit, et l'on se tait.

[ocr errors]

>> Si je voulais peindre les mœurs des lycées, je dirais des choses horribles. Un enfant de quinze ans écrivait à son frère : Je ne connais d'autre divinité, que Vénus et Bacchus. Tel est le symbole et le code des écoles impériales. Jamais dépravation précoce n'offre de spectacle plus hideux. L'université elle-même l'avoue, et me dispense de revéler ces infamies.

>> Un seul trait entre mille autres. Pendant long-temps une classe entière se formait régulièrement deux fois par jour en comité de débauche. Je tiens ce fait d'un des complices qui, revenu à lui-même, ne savait comment exprimer l'horreur que lui inspirèrent ces scènes abominables. Dans une autre maison le désordre en vint au point que le médecin déclara qu'il ne pouvait plus répondre de la vie des élèves. Plusieurs, en

effet, périrent victimes de leur philosophie pratique (1). »

On voit, par ces exemples, ce que peut devenir l'éducation, quand un esprit anti-catholique prédomine dans le gouvernement, et à quoi l'on s'expose en attribuant à l'autorité temporelle le droit exclusif de la diriger. Quiconque est maître de l'éducation, est maître de la religion et des moeurs de la jeunesse les libéraux le savent bien, et c'est pour cela que toujours ils ont cherché à s'en emparer. On trouve à cet égard, dans un ouvrage fameux des illuminés d'Allemagne, des instructions assez curieuses; voici ce qu'on y recommande aux adeptes : « Il faut former sans » cesse de nouveaux plans pour soumettre à la » direction de l'ordre, l'éducation de la jeu»nesse.» SPARTACUS ET PHILON, pag. 117.

« Ce sont surtout les jeunes gens, qui attirent » l'attention de l'ordre; c'est pourquoi chaque >> préfet s'occupera, dans le pays qu'il habite, » des écoles de l'éducation de la jeunesse, et » des maîtres auxquels elle est confiée, et » cherchera à faire conférer ces places à des » membres de l'ordre. » Ibid., pag 172.

La société tot nut van 't algemeen peut servir à compléter ces preuves. On cherche, par tous les moyens possibles, à l'étendre dans nos provinces méridionales. Quelques écoles, à ce qu'on nous a assuré, y sont déja soumises à son

(1) De La Mennais, Mélanges.

[ocr errors]

influence. Quelles en seront les suites pour les enfans catholiques qui les fréquentent? Il est facile de le prévoir on sémera les doctrines de l'indifférentisme dans leurs jeunes intelligences, et tôt ou tard la religion des auteurs de leurs jours deviendra pour eux un objet d'indifférence ou de haine (2).

(2) Qu'ils y prennent garde (les Belges catholiques), nous le leur disons sérieusement. Il faut qu'ils se demandent ici, s'ils veulent conserver leur religion, ou s'ils veulent en faire le sacrifice. La discussion, établie dans les journaux sur l'affaire dont il s'agit, a pris la tournure qu'elle devait prendre. Nos adver saires ne prétendront plus démontrer que nos principes sont nouveaux et opposés à ceux de l'Église ; que nous sommes en contradiction avec le Saint-Siége; que les séminaires, demandés par nous, sont des établissemens d'une invention récente : ils se contenteront de dire ou d'insinuer que les souverains ont le droit de traiter les affaires religieuses comme ils le jugent convenable ; que le concile de Trente n'oblige que ceux qui veulent se laisser obliger, quand même on l'aurait admis; qu'un traité avec le pape n'est obligatoire que pour le pape; qu'il nous faut un clergé national et indépendant, c'est-à-dire, des prêtres n'écoutant le SaintSiége que quand bon leur semble. On ne se cache plus ; et bientôt, si nos négociations avec le Souverain - Pontife n'ont point d'heureuse issue, on parlera encore plus haut; plaise à Dieu que nous ne soyons pas réduits à voir cette prédiction s'accomplir.

Les ennemis de la religion se sont aperçus que le meilleur moyen de réussir pour eux, c'est de s'emparer de l'instruction des jeunes gens qui se destinent à l'état ecclésiastique; et il faut en convenir, leur instinct est bon. Si leurs plans sont adoptés, ils auront remporté une grande victoire : ils n'auront garde de dire qu'ils veulent détruire la religion catholique; ils soutien. dront qu'ils aiment, qu'ils défendent cette religion jusqu'au mo ment où ils n'auront plus besoin de se contraindre.

Maintenant, à les entendre, il n'est question que de nous don ner des ecclésiastiques instruits; et voici comme ils s'y prennent: ils s'emparent de l'enfant au sortir du berceau ; c'est chez eux qu'il

« ZurückWeiter »