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par Jésus dans l'intérêt humanitaire ou social; c'est le dévoûment pour en imposer à l'oppresseur, pour faire estimer et respecter l'opprimé, pour vaincre et triompher par la douceur, la patience et la résignation plus sûrement que par la force ou la violence; c'est le dévoûment personnel et volontaire dans le but de mieux assurer le triomphe de la Cause.

Ce n'est pas là une Doctrine de lâcheté, puisqu'aucune n'a inspiré plus d'intrépidité pour braver les supplices et le martyre!

Mais si un frère était attaqué, frappé, menacé dans son existence, Jésus, qui recommande de donner sa vie pour ses frères, ne dit pas qu'il faudrait le laisser blesser ou tuer, lui qui prend son van à la main pour nettoyer son aire (Mat., III, 12); lui qui conseille d'arracher l'œil qui scandalise (V, 29); lui qui appelle les Pharisiens race de vipère, qui les attaque et les menace; lui qui condamne à l'enfer tous les oppresseurs et tous les spoliateurs du Pauvre...!

Et les Apôtres Paul et Jean ne conseillent pas non plus une tolérance sans limite, eux qui conseillent de repousser toute communication avec les brouillons et les vicieux qui troublent

XVI, 17 et 18;

l'harmonie de la Société (Paul, Épît. aux Rom., 1" Épît. aux Corint., V, 11; - Épit. aux Thess., V, 14; -2° Épît., III, 41 à 15; — Jean, 2o Épît., 9 à 11.)

Et s'il est permis de citer ici une anecdote plus vulgaire, écoutez encore !

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Un Ouvrier âgé, voulant forcer au combat un autre Ouvrier (un charpentier), lui crache à la figure, en présence de plusieurs camarades. Ce dernier, jeune et doué d'une force extraordinaire, pourrait le terrasser à l'instant et le broyer. Mais, quoique violemment ému, il réfléchit, veut être modéré, fait effort sur luimême, maîtrise son irritation et dit à l'agresseur : Vous mériteriez..., mais je respecte vos cheveux blancs... Second outrage... Alors, le jeune et vigoureux charpentier, presque hors de lui, sort, s'éloigne, et rentre chez lui, tremblant de tous ses membres, couvert d'une sueur froide, ne pouvant plus retenir des larmes qui s'échappent brûlantes, mais bientôt triomphant en lui-même, fier et heureux de sa victoire, tandis qu'il a laissé ses camarades remplis d'admiration pour son courage, et son adversaire honteux de sa propre violence

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La Miséricorde, (1) ou la PITIÉ pour les malheureux de toute espèce et pour les souffrants, est une conséquence de la Fraternité et du précepte faites à autrui, etc. : c'est pour ceuxlà que la Fraternité est le plus utile; ce sont ceux-là que Jésus recommande surtout d'aimer; et c'est la Miséricorde surtout qu'il ordonne d'exercer.

Nous l'avons déjà vu louer la Miséricorde du Samaritain envers une victime des voleurs (page 118).

Parlant au Peuple, il s'écrie:

« Bienheureux ceux qui seront miséricordieux, parce qu'ils obtiendront eux-mêmes MISÉRICORDE!» (Mat., V,7.)

« Soyez pleins de miséricorde, comme votre Père. » (Luc, VI, 36.)

« J'aime mieux la miséricorde que le sacrifice. » (Mat., XH, 7.)

Et l'Apôtre Jacques dit aussi :

« Celui qui n'aura point fait miséricorde sera jugé sans miséricorde.» (Épît. de Jacq., II, 13.)

(1) Le mot miséricorde vient d'un mot latin misericordia, composé de deux mots : miseri (malheureux) et cordia (pitié, compassion).

Nous allons voir Jésus recommander le pardon des offenses envers nous-mêmes, à plus forte raison l'indulgence pour les fautes en général; et c'est toujours la conséquence de la Fraternité.

§ XI.-Pardonnez! Pas de vengeance!

C'est Jésus qui parle :

« Si votre frère vous a offensé, allez lui représenter sa faute en particulier, entre vous et lui: s'il vous écoute, vous aurez gagné votre frère. » (Mat. XVIII, 15.)

« Pardonnez pour qu'on vous pardonne. » (35.) Pardonnez toujours!» (21.)

Aussi Jésus recommande-t-il de prier ainsi :

« Notre Père,... pardonnez-nous comme nous pardonnons. »

Et sur la croix, au milieu de tous les outrages et des tourments d'un horrible supplice, victime de la plus noire ingratitude, il donnera le plus sublime et le plus divin exemple en pardonnant à ses accusateurs, à ses juges et à ses bourreaux.

« PARDONNEZ-LEUR, mon Père, dira-t-il; car ils NE SAVENT ce qu'ils font. » (Luc, XXIII, 34.)

Oui, ce Peuple que Jésus veut délivrer et sauver, ce Peuple pour le salut duquel il se dévoue et donne sa vie, ce Peuple qui devrait

être rempli pour lui de reconnaissance et d'amour, ce Peuple qui, trompé par les calomnies des Prêtres, ses véritables ennemis, leur livrera son meilleur ami en lui préférant un assassin et en demandant pour son libérateur le plus cruel supplice, ce Peuple ne saura pas ce qu'il fera; il commettra un acte de monstrueuse ingratitude sans vouloir être ingrat et sans être intentionnellement ingrat; il crucifiera sans savoir qu'il se crucifie lui-même et qu'il se suicide.

Et ces Prêtres, qui savent qu'ils sacrifient un innocent, victimes eux-mêmes de Satan ou d'une satanique organisation sociale qui les a nourris d'égoïsme et d'orgueil, ils ne sauront pas complétement ce qu'ils feront.

Et tant que le Royaume de Dieu n'existera pas, elle sera vraie cette sublime et divine parole de Jésus: « Pardonnez-leur, mon Père, car ils NE SAVENT ce qu'ils font.

Et c'est en présence de cette parole que tant de Rois qui se diront Chrétiens, fermeront impitoyablement leur cœur à la clémence!

C'est en présence de cette parole prononcée du haut de la Croix que toutes les Nations chrétiennes maintiendront la peine de mort!!!! et tant de tortures dans les prisons !!!

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