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Cependant, on prétend que Jésus a déclaré qu'il y aurait toujours des Pauvres, et l'on invoque le fait suivant :

§ XXVI. Y aura-t-il toujours des Pauvres?

Marie versant du parfum.

« Jésus étant à Béthanie, dans la maison de Simon, une femme vint à lui avec un vase d'albâtre plein d'un parfum de grand prix, qu'elle lui répandit sur la tête pendant qu'il était à table. — Ses Disciples s'en fâchè... rent et dirent : « A quoi bon cette perte? On aurait pu vendre ce parfum bien cher et en donner le prix aux Pauvres. » - Mais Jésus leur dit : « Pourquoi faitesvous de la peine à cette femme? Ce qu'elle vient de faire envers moi est une bonne œuvre; car vous aurez toujours des Pauvres parmi vous, mais moi vous ne m'aurez pas toujours.... Partout où sera prêché cet Évangile, ou racontera à la louange de cette femme ce qu'elle vient de faire. » (Mat., XXVI, 6 à 13.)

Il est vrai que Matthieu, ou plutôt son traducteur (qui peut avoir fait une traduction volontairement ou involontairement inexacte),fait dire à Jésus: Vous aurez toujours des Pauvres.

Mais Marc, qui raconte le même fait avec les mêmes circonstances à peu près, fait dire à Jésus :

« Vous AVEZ toujours des Pauvres parmi vous, et vous pouvez leur faire du bien quand vous voulez;

mais pour moi vous ne m'aurez pas toujours. » (Marc, XIV, 7.)

Et Jean raconté ainsi :

Marie, ayant pris une livre d'huile de parfum de vrai nard qui était de grand prix, la répandit sur les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux. — Alors Judas, qui devait le trahir, dit : « Pourquoi n'a-t-on pas vendu ce parfum 300 deniers qu'on aurait donnés aux Pauvres ? » — Il disait ceci, non qu'il se souciât des Pauvres, mais parce qu'il était larron et que, gardant la bourse, il portait l'argent qu'on y mettait Mais

Jésus dit : « Laissez-la faire; car vous AVEZ toujours des Pauvres avec vous, mais pour moi vous ne m'aurez pas toujours. » (Jean, XII, 3 à 8.)

Ainsi, Marc et Jean font dire à Jésus: Vous AVEZ toujours des Pauvres parmi vous, parce qu'en effet ils se trouvent tous les jours au milieu des Pauvres; l'expression que le traducteur prêté à Jésus dans Matthieu a nécessairement le même sens; et Jésus, qui ne travaille qu'à détruire la Pauvreté, ne peut avoir condamné l'Humanité à renfermer éternellement des Pauvres !

Il y a plus, la traduction française de ce verset de Matthieu par le catholique abbé de Sacy, ou par le protestant Osterval, dit bien vous aurez, mais, c'est une altération manifeste; car le texte latin de la Vulgate (par Saint

ha

Jérôme) dit habetis, vous AVEZ, et non pas bebitis vous aurez, et la traduction française du Père Bouhours dit vous AVEZ. Quand donc de Sacy et Osterval disent vous aurez au lieu de vous avez, ils altèrent incontestablement le texte latin.

Jésus n'a donc pas dit qu'il y aurait éternellement des Pauvres.

Aussi, quand ses Apôtres, guidés par son Esprit, établiront la Communauté, ils déclareront formellement qu'il n'existe plus alors AUCUN PAUVRE parmi eux. (Act. des Apôt., IV, 34.)

Ainsi c'est une vérité mille fois établie que le Royaume de Dieu ou la Communauté déploiera tous les prodiges de l'Agriculture, de l'Industrie et des Arts, détruira la Misère, produira l'Abondance et rendra le bonheur à l'Humanité dans un véritable Paradis terrestre.

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Voyons maintenant où, quand et comment, arrivera le Royaume de Dieu. Mais comme nous n'avons dit qu'un mot sur la Religion et sur le Culte dans ce Royaume, nous allons d'abord ajouter quelques développements sur ces deux sujets importants.

CHAP. VI.

RELIGION DE JÉSUS-CHRIST.

§ I. Religion en général.

Le mot Religion vient d'un mot latin (Religio), qui vient d'un autre mot latin (religare), qui signifie lier, relier. Le mot Religion signifie donc lien.

Une Religion est donc un lien entre les hommes qui ont la même opinion, la même idée, la même croyance. C'est dans ce sens qu'on dit Religion politique pour les hommes d'un même Parti ou d'un même Système politique.

Mais ce mot est généralement consacré aux opinions, aux idées, aux croyances, qui concernent la Cause première, l'Etre suprême, Dieu ou la Divinité : c'est le sens qu'il a quand il est employé tout seul.

La Religion est donc le lien soit entre l'Homme et une Divinité, soit entre les Hommes qui adoptent le même Dieu.

Chaque Peuple eut d'abord, comme nous

l'avons déjà dit (pag. 7 et suiv.), une Religion particulière, et même presque toujours plusieurs Religions différentes, en sorte qu'il y eut d'innombrables Religions, réduites ensuite à quelques grands Systèmes religieux.

Jésus n'emploie pas plus le mot Religion que le mot Morale; il n'emploie que les mots Loi, Doctrine, Commandement; ce n'est qu'après sa mort que sa Doctrine a été appelée Religion, et sa Religion le Christianisme : mais sa Doctrine n'en est pas moins une Religion.

Nous connaissons déjà les principes de sa Religion; ajoutons seulement quelques autres de ses idées.

§ II. Dieu suivant Jésus,

Nous avons vu (pag. 97) Jésus présenter Dieu comme étant la Cause unique de l'Univers, la Perfection et l'Infini en tout, en puissance, en intelligence, en sagesse; comme étant la Justice, la Bonté, l'Amour, la Lumière, la Vie, la Vérité, la Raison; surtout comme étant le Père de tous les hommes et leur commandant de s'aimer.

Quelle Religion peut avoir un principe plus sublime et plus favorable à l'Humanité ?

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