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Terminons par un conseil à ceux qui nous font l'honneur de nous soumettre leurs œuvres.

WALCKENAER, rapporteur d'un de nos premiers concours, engageait, il y a quarante-cinq ans, les amateurs d'archéologie à se tenir en garde contre les tendances exagérées de ce qu'il appelait le celticisme.

Depuis lors, de très-savants travaux ont jeté, sinon une lumière complète, du moins un demi-jour sur les antiquités celtiques. Mais, comme si l'obscurité avait le don d'attirer toujours l'inexpérience, nous voyons aujourd'hui beaucoup d'archéologues novices prétendre à remonter encore plus haut et se jeter, avec un entraînement quelque peu aveugle, vers les études antéhistoriques. Les silex taillés, les ustensiles en corne de cerf ont trop d'adeptes. Trop de personnes s'imaginent que, les recherches littéraires étant à peu près nulles là où il n'y a pas de monuments écrits à consulter, un peu de sagacité et d'imagination suffisent pour recréer un monde éteint. Cette erreur, nous regrettons d'avoir à le constater, nous vaut chaque année un certain nombre d'ouvrages d'une insuffisance absolue. C'est qu'en effet, loin d'être facile, cette étude encore si nouvelle des époques antéhistoriques exige, au contraire, une foule de connaissances très-solides et très-variées; qu'il faut beaucoup d'expérience et une critique très-sûre pour se guider dans ces épaisses ténèbres et pour se préserver des hallucinations que produit souvent l'excessive obscurité.

A ceux que séduit cette nature de recherches, nous ne refuserons jamais notre intérêt; mais nous ne pouvons que leur recommander de s'y préparer par de longues et sérieuses études.

Vous le voyez, Messieurs, nous n'avons pas craint de signaler ici certains côtés faibles de nos concours. Cette imperfection relative de quelques œuvres est heureusement compensée, vous avez pu vous en convaincre, par le caractère de plus en plus sérieux et le cachet de bonne érudition de la plupart des ouvrages qui nous sont adressés. Bien qu'intérieur par le nombre, le concours de cette année est, ainsi que nous vous le disions en commençant, remarquable par la qualité, et l'on peut en tirer des inductions très-favorables quant au niveau actuel des études hitsoriques dans notre pays.

Les membres de la Commission des Antiquités de la France:

VITET, DE SAULCY, EGGER, MAURY, DELISLE, DESNOYERS,
HAURÉAU, F. DE LASTEYRIE, rapporteur.

L'Académie, après avoir entendu la lecture de ce rapport, en a adopté les conclusions.

Certifié conforme: Le Secrétaire perpétuel de l'Académie,

J. D. GUIGNIAUT.

Séance du vendredi 19.

PRÉSIDENCE De m. de longPÉRIER.

Il est donné lecture de la correspondance.

Par une lettre en date du 10 juillet, M. le Président de l'Institut prie M. le Président de l'Académie de l'inviter à désigner un

lecteur qui devra la représenter dans la séance publique annuelle de l'Institut fixée au 14 août. - Cette désignation sera mise à l'ordre du jour de la prochaine séance.

Par une lettre de ce jour même 19, M. DE LABORDE informe le Secrétaire perpétuel qu'étant obligé, par l'état de sa santé, de s'abstenir de tout travail, il croit devoir donner sa démission de membre (Président) de la Commission de l'Ecole française d'Athènes, il le prie d'en faire part à l'Académie. - L'Académie accepte provisoirement cette démission fondée sur une cause qu'elle déplore ; « mais elle ne peut penser, avec M. DE LABORDE, qu'il lui soit facile de trouver dans son sein un membre ayant des titres plus sérieux que les siens à la distinction qui lui avait été conférée. Moins que jamais, elle oublie les deux volumes qu'il avait publiés sur Athènes, et le grand et bel ouvrage entrepris par lui sur les monuments de l'Acropole. » Elle remet à statuer ultérieurement d'une manière définitive sur le remplacement de M. DE LABORDE.

M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL donne lecture de son rapport sur les travaux des Commissions de publication de l'Académie pendant le 1er semestre de l'année 1867.

MESSIEURS,

En vous présentant, il y a six mois, mon précédent rapport sur vos travaux, j'étais loin de prévoir à quel point mes espérances seraient déçues pour le semestre qui vient d'expirer. Des causes indépendantes de la volonté de vos Commissions, comme de la mienne, et je dois ajouter, pour être juste, de la volonté même de l'Imprimerie impériale, ont plus qu'à demi paralysé celles de nos publications qui lui sont confiées, c'est-à-dire presque toutes. Si janais nous étions menacés du retour d'une telle éclipse dans la manifestation de notre vie académique et dans l'accomplisment apparent de nos devoirs envers l'Etat, nous aurions à y pourvoir; un service public ne doit point en entraver un autre, et surtout de l'ordre dont il s'agit.

Il résulte de cet état de choses que, douze feuilles du tome XXIII des Historiens de la France se trouvant imprimées à la fin du second semestre de 1866, ce volume n'en compte aujourd'hui que seize tirées, six bonnes à tirer et quatre en épreuves. L'impression est arrêtée depuis quatre à cinq mois, quoique la copie ne fasse pas défaut.

C'est bien pis pour vos Historiens occidentaux des croisades, dont le tome III vous fut présenté à la fin de l'année dernière. Déjà le plan du tome IV, soumis à votre Commission des travaux littéraires, avait été adopté et une partie considérable du manuscrit envoyée à l'imprimerie; les éditeurs ont vainement attendu jusqu'ici une première épreuve, et ils ont le droit de s'en plaindre.

Dans la division du même recueil qui doit comprendre les Historiens orientaux, un plus grand malheur nous est arrivé. M. REINAUD, qui, depuis trente ans, s'occupait des auteurs arabes de l'histoire des croisades, pour qui cette étude avait toujours été un sujet de prédilection, n'aura pas eu la consolation de voir paraître ce premier tome dont l'introduction et les compléments l'avaient entraîné bien au delà de ses prévisions et des nôtres. Un des plus dignes hommages que nous pussions rendre à la mémoire d'un savant qui à tenu parmi nous une si grande place dans la littérature arabe, même après SILVESTRE DE SACY et ETIENNE QUATREMÈRE, c'était de lui donner pour continuateur celui qu'il nous avait lui-même désigné, avant sa mort si soudaine, par une prévoyance qui devait être trop tôt justifiée. L'Académie a sanctionné cette désignation, en nommant notre confrère, M. DE SLANE, éditeur de cette importante partie du Recueil, dont le plan général, rédigé par lui et soumis à la Commission des travaux littéraires (ce plan dont nous avions toujours regretté l'absence), a été adopté dans l'une de vos dernières séances. L'exécution commence en ce moment, par la rédaction de l'Introduction du premier tome, laissée à l'état de matériaux plus ou moins précieux, et par la reprise de l'impression des Corrections et additions, pour lesquelles M. REINAUD s'en était remis à son zélé collaborateur, M. Defrémery.

M. DULAURIER nous fait savoir que de nouvelles insistances auprès de l'Imprimerie impériale ont produit enfin leur effet. L'impression du texte et de la traduction qui complètent le corps du tome Ier des Historiens arméniens des croisades vient d'être reprise. Notre confrère annonce la livraison prochaine du manuscrit de l'Introduction et de l'Index qui terminera le volume. Nous prenons acte avec grand plaisir de ces assurances.

Quant aux Historiens grecs du même Recueil, ils ont pris leur part du retard général de nos impressions. La première partie du volume qui doit les comprendre ne s'est avancée, dans le cours du semestre, que de la cent-quatrième à la cent-dixième feuille; mais, avec un peu d'activité, cette partie, dont toute la copie est déposée, atteindra bientôt son terme. M. ALEXANDRE nous informe que, dès que son collègue M. MILLER, après en avoir fini avec les textes dont il est chargé, aura terminé les notes sur la première croisade, d'après Anne Comnène, il livrera, de son côté, celles, qui se rapportent aux textes de la seconde et de la troisième, d'après Cinname et Nicétas, textes depuis longtemps imprimés comme ceux d'Anne Comnène.

Pour revenir aux publications concernant notre histoire nationale proprement dite, je répéterai plus d'une fois encore, selon les apparences, que le futur Recueil des Chartes et diplômes non imprimés de la troisième race, jusqu'à Philippe-Auguste, est toujours en voie de préparation, M. Siméon Luce a terminé, sous la direction de M. L. DELISLE, la copie du Cartulaire de Lérins, qui a fourni un total de trois cent-six documents antérieurs à l'année 1180. D'autre part, M. de Fleury, archiviste du département de Loir-et-Cher, a envoyé la copie de soixante-quatorze pièces appartenant aux fonds de Bourg-Moyen, Pontlevoy, Saint-Laumer et Vendôme.

La Table des pièces imprimées, continuée après BRÉQUIGNY et M. PARDESSUS, par M. LABOULAYE, a vu, il y a peu de jours, reprendre l'impression du tome VIII et dernier, parvenu à la quatorzième feuille tirée, au trentesixième placard et à l'année 4306, Une nouvelle livraison de copie a été récemment déposée,

L'impression du tome XVI du Gallia christiana a été momentanément suspendue par des raisons toutes différentes de celles qui en ont fait languir

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nombre d'autres. La province ecclésiastique de Vienne ne fournissant pas autant de matière que les provinces de Tours et de Besançon, M. HauRÉAU a cru devoir, avant de faire continuer la composition, se rendre un compte exact des feuilles de copie qu'il lui restait à livrer et en référer à la Commission des travaux littéraires. Sur les renseignements donnés par le Secrétaire perpétuel au nom de l'auteur, la Commission a décidé que le tome XVI du Gallia christiana se renfermerait dans trois fascicules, formant un ensemble d'environ cent cinquante feuilles. De ces trois fascicules, deux étant déjà publiés, l'impression du troisième a été reprise : soixanteseize feuilles du texte et trente-six des Instrumenta sont maintenant tirées; dix, tant de l'un que des autres, sont à l'état d'épreuves, et toute la copie peut être livrée. La rédaction et l'impression des différents index relarderont seules désormais la publication du troisième et dernier fascicule du tome XVI.

Pour l'Histoire littéraire de la France, dont le même savant dirige la publication, en qualité d'éditeur, l'impression du tome XXV se poursuit sans interruption. Un seul article reste à livrer, et déjà la Commission rédige ou revise les notices qui doivent trouver place dans le tome XXVI. M. VICTOR LE CLERC avait pensé que le tome XXV devait finir avec l'année 1310. L'addition de plusieurs notices et les développements nouveaux donnés à quelques autres ont contraint la Commission à modifier le plan primitif, et le tome dont il s'agit n'ira pas au-delà de l'année 1308. Les feuilles tirées sont au nombre de cinquante-trois; six autres feuilles sont en épreuves.

Je passe, sans insister davantage sur la situation de vos grandes publications nationales, héritage, en partie, des Bénédictins, à celles que le temps et les besoins de la science, objet de votre constante sollicitude, y ont successivement ajoutées. Là aussi, des retards regrettables se sont fait sentir pendant le dernier semestre. La partie orientale du tome XXI des Notices et Extraits des manuscrits, qui doit le compléter, vous eût élé présentée, si le savant traducteur des Prolégomènes d'Ibn-Khaldoun, après avoir terminé ce grand travail, eût obtenu de voir achever l'impression de la table spéciale, rédigée par lui, qui en est l'accompagnement nécessaire. La seconde partie, par laquelle commence le tome XXII du même Recueil, qui attendra aussi sa partie orientale, a été plus heureuse. Dixsept feuilles du travail de M. Thurot sur nos grammairiens du moyenâge sont aujourd'hui tirées, cinq sont bonnes à tirer; sept placards sont en première et deuxième épreuve, et la valeur de trente environ, ou quinze feuilles, reste à imprimer.

Quant au Recueil ouvert par votre libéralité à ceux des savants étrangers à l'Académie dont vous avez distingué les travaux, le tome VII de la première série, consacré au Syllabaire assyrien, en est resté au même point, c'est-à-dire à vingt-deux feuilles tirées; deux feuilles sont en épreuves et quelques-unes en composition. L'auteur est forcé d'attendre pour la correction des épreuves, la fonte de cinq ou six caractères dont les dessins sont exécutés depuis la fin de janvier dernier.

Le tome VIII de la même série du même Recueil n'a pas eu beaucoup meilleure fortune. Les Inscriptions inédites de Delphes, publiées et commentées par M. Wescher, qui doivent occuper une si grande place dans la première partie de ce tome, et dont le manuscrit a été livré en entier, n'en sont encore qu'à quatorze feuilles tirées, formant la première des deux sections du Mémoire; et cependant, comme j'ai déjà eu occasion de le dire, plusieurs travaux de mérite, remis depuis longtemps par les auteurs, attendent vainement leur tour. Ils l'auront, pour peu que cet état de

choses se prolonge, dans la seconde partie de ce tome, qu'il faudra bien commencer avant que soit terminée la première.

Rien n'est encore à l'horizon, depuis le grand Mémoire de M. Bourquelot, pour le tome VI de la deuxième série du Recueil, relative à nos Antiquités nationales. J'attends les désignations qui pourront être faites par la Commission compétente, pour saisir la Commission des travaux littéraires de la proposition d'ouvrir un nouveau volume de cette série.

J'aborde, en terminant, Messieurs, la question qui concerne vos Mémoires, question toujours plus ou moins délicate, puisqu'il s'agit pour nous tous du premier titre d'honneur de cette Académie, et pour moi, en particulier, de la rédaction de ses Annales que vous m'avez confiée. Je vous annonçais, il y a six mois, qu'avant l'expiration de ce semestre je comptais bien être en mesure de déposer sur le bureau la première partie du tome XXVI de votre nouveau Recueil. J'ai été déçu dans un espoir qui semblait fondé de tout point. D'une part, qu'il me permette de le dire, les scrupules excessifs de notre honorable Président, au milieu des préoccupations de toute espèce qui l'ont assiégé dans les derniers mois, ont retardé la révision peu nécessaire du Mémoire qui doit couronner le volume sous presse: d'autre part les planches qui servent d'éclaircissements à ce Mémoire et à deux autres se font encore attendre. Quarante feuilles n'en sont pas moins tirées, gage d'une publication qui ne peut désormais tarder beaucoup.

J'en dirai autant de la première partie du tome XXIII, qui comblera prochainement une des deux lacunes que présente depuis trop longtemps notre collection. L'Histoire de l'Académie, pour la période qui embrasse les années 1857 à 1860, est depuis plus de deux ans sous presse. Indépendamment de vérifications difficiles et, par suite, de délais inévitables, il y a peu de jours seulement, j'ai pu obtenir et corriger les épreuves qui conduiront bientôt à vingt-trois les quatorze bonnes feuilles dès longtemps tirées du volume. Il ne me reste plus, pour toucher au terme, qu'à faire réimprimer, après la révision de mon honoré prédécesseur et la mienne, les notices consacrées à la mémoire de trois de nos confrères, et prononcées publiquement dans le cours de la période dont il s'agit.

L'autre lacune que je viens d'indiquer, celle de la Table de la seconde décade de notre nouveau Recueil, devant former le tome XXII, soulève une question grave, qu'il faut résoudre à tout prix et que j'ai cru devoir déférer aujourd'hui même à la Commission des travaux littéraires. Elle sera plus tard portée devant l'Académie.

Je ne saurais finir, Messieurs, sans prendre acte, dans ce rapport, du nouveau travail que vous venez d'ajouter à tant d'autres, et qui a motivé dans votre sein la formation d'une nouvelle Commission de publication. Cette Commission, composée de six membres, s'est mise à l'œuvre sur-lechamp et s'est partagé la préparation de la longue tâche qui sera exécutée en commun. Espérons que le Corps des inscriptions sémitiques prendra dignement sa place à côté des deux grands Recueils dont l'Académie de Berlin a successivement doté l'épigraphie grecque et l'épigraphie latine. M. le Ministre de l'instruction publique a fait à notre entreprise un accueil plein d'intérêt, et nous a donné l'assurance du concours efficace de son administration. Je lui en renouvelle ici nos remercîments. >>

L'Académie passant à l'ordre du jour, M. VINCENT a la parole pour une communication complémentaire des précédentes.

Après avoir rappelé que, d'après la manière dont M. CH. LENOR

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