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MANT remplissait la lacune de la pierre de Rosette (lignes 46 et 47 du texte grec), le mois dios comprenait, pour Epiphane comme pour Evergète, le jour de l'avénement du roi (non son jour de naissance), M. VINCENT résume comme il suit les propositions qu'il a développées :

1° Sous Evergète, en l'an 243 avant notre ère, le premier dios ou le commencement de l'année civile était placé au 29 janvier julien.

2o Sous Epiphane, en l'an 200, ce jour coïncidait avec le 28 octobre.

3o Enfin, sous Philométor, 40 ans plus tard, le mois dios chevauchait sur les mois de mai et de juin.

Il résulte de là que, sous les Ptolémées, le commencement de l'année civile était variable avec le règne. Mais cette variation était-elle illimitée?

A cet égard, M. VINCENT croit pouvoir établir que, dans le cas d'association entre le père et le fils, la série des mois se continuait sans interruption, et qu'il y avait solution de continuité et institution d'une nouvelle ère seulement au cas où le nouveau souverain ne commençait à régner qu'après la mort de son prédécesseur.

De cette manière, il y a lieu de distinguer trois groupes parmi les six rois dont Champollion-Figeac compose ce qu'il nomme la première branche des Ptolémées.

Ainsi, Soter ayant associé au trône Philadelphe son fils, et celui-ci s'étant à son tour associé son fils Evergète, il en résulterait pour ces trois rois une seule ère commune commençant au 4 février 322 avant notre ère: ce serait le jour où Ptolémée Soter commença de gouverner l'Egypte.

De même, Philopator ayant, trois ans avant sa mort, associé au trône Epiphane son fils, il en résulte pour ces deux rois une ère commune commençant au 1er novembre 222.

Enfin, Philométor n'ayant régné qu'après la mort d'Epiphane, la première année de son règne commence une nouvelle ère, le 2 juin 181 avant l'ère chrétienne.

Cette théorie, en la regardant comme plus ou moins conjectu

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rale pour le premier groupe, surtout en ce qui concerne Soter, peut être tenue pour certaine relativement au deuxième groupe : ainsi le premier jour de la première année d'Epiphane, ou le commencement de son règne, est identique au 1er dios de l'an 15 de Philopator, et les années 2, 3, du premier coïncident avec les années 16, 17, du second. »

M. DE ROUGE croit devoir renouveler ses réserves sur la théorie précédente de M. VINCENT.

M. EGGER demande la parole.

« Je dois, dit-il, à l'Académie quelques mots d'explication complémentaire au sujet de l'inscription de Corfou insérée au compte-rendu de la séance du 7 décembre dernier (p. 393). Cette inscription vient d'être publiée dans le tome II, p. 136, du recueil d'érudition intitulé Hermes Berlin, 1867, in-8°), par M. Bergmann, directeur du gymnase de Brandenburg (1),. d'après une copie qu'il avait prise sur le monument même et en même temps que l'avait copiée notre jeune compatriote M. Decharme. La copie de M. Bergmann, dont il affirme, pour sa part, la scrupuleuse exactitude, offre deux variantes importantes : c'est, d'abord après la 16 lettre, en partant de la droite, la répétition fautive des trois caractères OTM, ce qui ne peut rien changer à la leçon ni à l'interprétation de cette dédicace, mais nous explique comment le graveur s'était vu forcé de reporter trois lettres en ligne perpendiculaire à gauche de la ligne principale; puis, c'est, avant le dans touμHeios, l'insertion d'un iota, ce qui importe pour la lecture du nom propre discuté par notre confrère, M. MILLER. En effet, la leçon MFetos, ainsi restituée, paraît justement à M. Bergmann une variante purement orthographique pour Mos, génitif du nom propre Mis qu'il rattache au radical du verbe μyvów, 1° en comparant Suidas: Milaç & μιγνύων, et Zonaras: Παρὰ τὸ μίσγω Μιξίας, ὡς σώζω Σωσίας; 2° en rap

(1) Sa note est datée de décembre 1866. Par conséquent il y a eu rencontre entre les deux éditeurs, qui, d'ailleurs, s'accordent sur l'ensemble du déchiffrement et sur le sens général de l'inscription.

prochant Πρᾶξις et Πραξίας de πράσσω, Λῦσις et Λυσίας de λύω, Πεισις et Πεισίας de πείθω, Τίσις et Τισίας de τίω, etc.

» J'ajouterai que, sur la simple indication de la variante dont il s'agit, mon ami, M. Fr. Meunier, m'avait déjà signalé le nom propre athénien Mitάons (dérivé de Micías), au § 14 du discours d'Isée sur l'Héritage de Philoctémon, et que dans la dernière édition du lexique de Pape figurent ce même nom, sous la forme Metiάons, d'après une inscription attique du Corpus, no 560, et le nom Matías, d'après une autre inscription attique récemment relevée par M. Koumanoudis.

» Quant à la présence d'une aspiration à la suite de la consonne M, d'après les observations judicieuses de M. Bergmann, elle ne doit pas nous étonner plus qu'à la suite de la lettre N dans εvFoc et ses composés, et à la suite de la lettre P dans PFoFaici, que nous offre une vieille inscription dorienne. Enfin la comparaison de rúpos et rúußos semble indiquer que le ẞ avait, dans cette seconde forme du mot, une valeur analogue à celle du digamma, c'est-à-dire une valeur de simple aspiration. »

Après cette communication, M. EGGER rappelle qu'il s'était fait inscrire, depuis plusieurs séances, pour communiquer à l'Académie une inscription qui lui a été adressée, le 24 février dernier, par M. Dumont, autre membre de l'Ecole française d'Athènes. Mais cette inscription vient d'être publiée par M. Pervanoglou, dans le Philologus (1867, p. 337 et suiv.).

M. DELISLE Communique la note suivante :

Sur le manuscrit de Prudence, n° 8084 du fonds latin de la Bibliothèque impériale.

L'un des manuscrits les plus remarquables de la Bibliothèque impériale est l'exemplaire des poésies de Prudence, n. 8084 du fonds latin. Il est entièrement écrit en belles lettres capitales, sur une peau très-mince. Mabillon (1) lui donnait à peu près la même antiquité qu'à un Virgile du Vatican, dont il rapportait l'exécution au quatrième siècle. Dom Tassin et

(1) « Virgilium bibliothecæ Vaticanæ qui sæculum quartum videtur superare; et alium regiæ bibliothecæ paullo inferioris ætatis; necnon ejusdem bibliothecæ Prudentium, qui ad eam ætatem accedit. » De re diplomatica, Supplem., c. III, p. 8. Je ne sais à quel ms. se rapporte la seconde des indications de Mabillon.

Dom Toustain partageaient l'opinion de Mabillon: suivant eux (1) « ce précieux manuscrit approche fort du temps de l'auteur (2), s'il n'est pas contemporain. » M. DE WAILLY est du même avis (3), et met résolument au quatrième siècle (4) le ms.'8084. Il y a là peut-être un peu d'exagération, et le volume pourrait bien n'appartenir qu'au cinquième siècle; mais ce qui est incontestable, c'est qu'il existait déjà au commencement du sixième. C'est en effet à cette dernière époque qu'appartiennent les notes inscrites sur les marges pour indiquer les espèces de mètres employés par saint Prudence. Ces notes, tracées en petites onciales, sont de la même main qu'une souscription à moitié effacée par le teinps qu'on lit au bas du f. 45, à la fin du livre des Hymnes:

† /////////// TIUS AGORIUS BASILIUS.

Nul doute qu'il ne faille lire, non pas Sextius Agorius Basilius, comme le croyaient les Bénédictins (5) et M. Champollion-Figeac (6), mais bien Vettius Agorius Basilius. Ainsi se nommait le personnage qui fut consul en Occident en 527, et qui est plus souvent appelé Mavortius (7). Il n'est pas étonnant que Mavortius ait possédé et annoté un exemplaire des poésies de Prudence: nous savons qu'il s'adonnait à la littérature, et nous avons plusieurs manuscrits d'Horace, dans lesquels se lit, à la fin des épodes, la souscription suivante : VETTIUS AGORIUS BASILIUS MAVORTIUS

V. C. ET INL. EXCOM. DOM. EX CONS. ORD. LEGI ET UT POTUI EMENDAVI CONFERENTE MIHI MAGISTRO FELICE ORATORE URBIS ROMAE (8).

Il résulte de ces faits que notre ms. latin 8084 est au plus tard du commencement du sixième siècle, et que les poésies ds Prudence ont été étudiées avec soin par l'un des plus anciens et des plus célèbres réviseurs du texte d'Horace.

Les auteurs du Catalogus codicum manuscriptorum bibliothecæ regiæ (9) ont ainsi décrit le ms. latin 8084:

<< Codex membranaceus, olim Puteanus. Ibi continentur: 4° Aurelii Clementis Prudentii liber cathemerinon. 2o Ejusdem apotheosis. 3o Ejusdem hamartigenia.4o Ejusdem psychomachia. 5° Ejusdem ex libro ept Tepávov hymni quinque, primus martyribus Hemiterio et Chelidonio secundus B. Laurentio tertius Eulalia virgini: quartus XVIII martyribus Cæsaraugustanis: quintus B. Vincentio ; finis desideratur. Is codex sexto sæculo videtur exaratus. »>

Les auteurs de cette notice ont négligé les trois derniers feuillets du manuscrit, qui ne sont pas en lettres capitales, mais qui ne doivent pas être beaucoup plus récents que le reste du volume. Ces trois feuillets, écrits en

(4) Nouveau Traité de diplomatique, III,64; conf. III, 60 et 64.

(2) Saint Prudence naquit en 348 et publia le recueil de ses euvres en 405, voy. les prolégomènes que M. Albert Dressel a mis en tête de son édition des poésies de Prudence (Aurelii Prudentii Clementis quæ exstant carmina, Lipsiæ, 1860, in-8°), p. II et IV.

(3) Éléments de paléographie, II, 283.

(4) Ibid., 245.

(5) Nouveau traité de diplomatique, III, 208.

(6) Paléographie universelle, 2e partie.

(7) J.-B. de Rossi, Inscriptiones christianæ urbis Romæ, I, 460.

(8) Jo. Horkel, Analecta Horatiana (Berlin, 4852, in-8o), p. 9. (9) IV, 426.

belles lettres onciales, renferment un petit poëme chrétien (1), de la fin du quatrième siècle ou du cinquième, qui est probablement resté inédit jusqu'à ce jour. C'est une invective contre les dieux du paganisme.

Il y a dans le style et dans la versification de ce petit poëme beaucoup de traces de barbarie. Je laisse aux latinistes exercés le soin d'en établir le texte et de discuter le sens de plusieurs passages qui sont fort obscurs. Je me bornerai à offrir une transcription fidèle; mais je dois signaler particulièrement à l'attention de mes confrères deux passages relatifs à des cérémonies dont la ville de Rome dut être le théâtre vers la fin du quatrième siècle.

Le poëte, après avoir énuméré les principales divinités de l'Olympe, en faisant allusion aux circonstances les plus propres à les rendre ridicules, s'adresse aux païens et leur demande si c'est la protection de pareils dieux qui peut leur faire espérer le salut de l'Empire:

Convenit his ducibus proceres sperare salutem
Sacratis? Vestras liceat conponere lites.
Dicite praefectus vester quid profuit urbii,
Quem Jovis ad solium raptum tractatus abisset,
Cum poena scelerum tracta vix morte rependat?
Mensibus iste tribus votum qui concitus urbem
Lustravit, metas tandem pervenit ad aevi.

Quae fuit haec rabies animi? Quae insania mentis?
Sed Jovi vestram posset turbare quietem.

Quis tibi justitium incussit, pulcerrima Roma,

Ad saga confugerent, populus quae non habet olim?

Un peu plus loin le poëte décrit une fête dont il a été témoin, et s'élève contre les honneurs rendus à la déesse Flora, à laquelle un Symmaque venait d'élever un temple.

Vidimus argento facto juga ferre leones

Lignea, cum traherent juncti stridentia plaustra,
[D]extra levaque Situm argentea frena tenere,
Aegregios proceres currum servare Cirillae,

Quem trahere [t] conducta manus Megalensibus actis,
Arboris excisae truncum portare per urbem,
Aut incastratum subito praedicere solem,

Artibus seu magicis, procerum dum quaeris honores,
Sic miserande jaces parvo donatus sepulcro;
Sola tamen gaudet meretrix, te consule, Flora,
Ludorum turpis genetrix Venerisque magistra,
Conposuit templum nuper cui Symmacus heres.

Les lacunes que présente la copie suivante tiennent à l'état de dégradation dans lequel nous sont parvenus les deux derniers feuillets du ms. 8084. J'ai remplacé par des points les lettres qui manquent et imprimé en italiques les mots ou les parties de mots dont la lecture est incertaine.

(1) Les bénédictins, dans le catalogue ms. qu'ils ont rédigé vers 1680 des manuscrits latins de la bibliothèque du roi, indiquent ainsi ce petit poëme : « Incogniti fragmentum poeticum contra Paganos. » Voy. le ms. latin 9358, f. 289.

ANNÉE 1867.

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