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qu'il expliquait dans ses cours. La traduction de Pindare n'offrait que peu de lacunes; le fils de l'auteur a cru qu'elle méritait d'être publiée, et M. EGGER s'est adjoint à lui pour ce travail. M. EGGER pense que cet hommage rencontrera dans la compagnie des sentiments et des souvenirs de pieux respect pour l'éminent helléniste. Il demande l'indulgence de ses confrères pour la modeste part qu'il a prise à cette publication. « Peut-être, ajoute-t-il, aimera-t-on à remarquer que le volume sort des presses d'un éditeur de Grenoble et qu'il fait quelque honneur à notre imprimerie provinciale. »

M. Schmidt achève la lecture de son mémoire sur la valeur des monuments de la chronologie égyptienne et hébraïque.

Cette lecture donne lieu à quelques observations de M. VINCENT. M. le Président lit, au nom de M. Lenormant, la note suivante sur les Eponymes dans l'Empire himyarite :

« On ne trouve à relever qu'un petit nombre de dates dans les inscriptions himyaritiques dont on possède soit l'original, soit la copie, et jusqu'à présent on n'a les moyens de déterminer la concordance d'aucune avec les ères connues. Mais si nous sommes condamnés à rester sur ce point dans une ignorance absolue jusqu'à ce que de nouvelles découvertes viennent nous éclairer, il y a du moins quelques remarques à faire, qui ne sont pas sans intérêt, sur la manière dont ces dates sont exprimées. Deux seulement sont marquées par les années d'une longue ère prolongée pendant plusieurs siècles. C'est d'abord celle de l'inscription de Sanaa qui porte le n° 4 dans les copies de Cruttenden et le n° 3 dans la publication de Fresnel :

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>> et

: A la date (arabe • בורח דחוף דלתלתת ושבעי וחמש מאתם

ا رخ

ورخ

dater; éthiopien: OC: mois, et plus générale

» ment temps) de l'an (arabe: automne et aussi année; éthiopien:

ዓረፋ፡

l'année courante) cinq cent soixante-treize. >>

C'est ensuite celle qui termine la grande inscription de Hisn-Ghorâb, en dix lignes, relevée par Wellsted:

Sa date [est] de » ווחהו דחלתן דלארבעי ושת מאתם חר[פ]ים

notre « établissement (arabe: Ja) six cent quarante années. »

Roediger (Versuch über die Himjaritischen Schriftmonumente, p. 41) a déjà reconnu que ces deux dates, qu'il lisait, du reste, inexactement, devaient appartenir à la même ère, car l'identité du type graphique dans les inscriptions qui les contiennent coïncide parfaitement avec le peu de temps (67 ans seulement) qui dans cette manière de voir séparerait l'exécution de l'une et de l'autre. Mais les annales primitives de l'Yémen sont encore si obscures et si peu connues, que l'on ne saurait émettre une conjecture solide au sujet du fait historique, désigné par le mot

¡ qui en était le point de départ. Il était assez dans les habitudes des Arabes antéislamiques de faire partir des ères d'un usage plus ou moins régulier de certains événements considérables qui demeuraient comme des points fixes dans les souvenirs populaires. C'est ainsi qu'à la Mecque nous voyons l'ère de l'éléphant, qui commence à l'expédition d'Abraha, vice-roi abyssin de l'Yémen, contre les Koreischites (CAUSSIN DE PERCEVAL, Histoire des Arabes, t. I, p. 268 et 282), et l'ère du crime, yaum-el-fidjár, qui se compte depuis l'attentat de Barrâdh, cause de la seconde guerre sacrilége» (CAUSSIN DE PERCEVAL, t. I, p. 316); chez les Arabes Maaddiques on trouve l'ère de la perfidie, am-el-ghadr, basée sur l'attaque traîtreuse d'une caravane de pèlerins de la Caâba par les BenouYarbou (CAUSSIN DE PERCEVAL, t. II, p. 462). Fresnel a pensé que l'ère mentionnée dans les deux inscriptions de Sanâa et de Hisn-Ghorab pouvait être celle de l'établissement du judaïsme dans l'Yémen; mais une telle hypothèse n'est pas admissible, car cet événement, même si on voulait prendre pour point de départ les premières conversions au judaïsme sous le règne d'Assâad-Abou-Karib (CAUSSIN DE PERCEVAL, t. I, p. 94), est trop rapproché du temps de Mahomet pour permettre des dates aussi élevées que celles que nous venons de rapporter. Pour nous, nous nous bornerons à faire remarquer qu'une ère qui aurait commencé à l'avénement des princes de la dynastie himyarite sur le trône de l'Yémen comporterait parfaitement une date d'an 640 antérieure à l'établissement de l'islamisme, car Thaâlebi place cet avénement 700 ans avant l'hégire (CAUSSIN DE PERCEVAL, t. I, p. 63).

Si l'hypothèse que nous émettons sous une forme tout-à-fait dubitative se vérifiait, les deux inscriptions de Sanâa et de Hisn-Ghorâb seraient d'un temps très-voisin de celui de Mahomet. Ce que les indices les plus positifs semblent en tous cas indiquer, c'est que ces deux monuments sont d'une date comparativement récente.

Dans les inscriptions qui remontent, au contraire, sinon aux temps antérieurs à la fameuse rupture de la digue de Mareb, du moins à la période florissante de la monarchie des Himyarites et à la domination incontestée du paganisme dans l'Yémen, la manière d'indiquer les années est tout autre. On ne trouve plus les chiffres d'une ère, mais la mention de personnages éponymes.

Nous connaissons quatre dates de ce genre, toutes fournies par les tables de bronze du Musée Britannique :

בחרף עמכרב בן שמהכרב בן התפרם דתתאורם 49

<< dans l'année

de Amkarib, fils de Samahkarib, fils de Htafur, femme de T'aur. » (Pl. III, no 4, de la publication anglaise; pl. I, du mémoire de M. Osiander).

-dans l'année de Samah » בחוף שמהכרב בן תבעכרב בן פצחם 20

» karib, fils de Tobbâkarib, fils de Fadhah. » (Pl. IX, no 13, de la publication anglaise; pl. IX du mémoire de M. Osiander).

,בחוף ודדאל בן יקחמלך כבר חלל 30

« dans l'année de Wa» dadil, fils de Yakihmalik, le noble (arabe), l'aimé (arabe: Jubai). . » (Pl. VIII, no 12, de la publication anglaise; pl. XII du mémoire de M. Osiander).

בחוף שמהכלב בן תבעכלב בן הדמות 40

« dans l'année de » Samahkarib, fils de Tobbâkarib, fils de Houdhmat. » (Pl. X, no 15, de la publication anglaise; pl. XIII du mémoire de M. Osiander).

M. Osiander (Zeitschr. der deutsch. morgenl. Gesellsch., t. XIX, p.

168) a déjà reconnu que les personnages dont les noms déterminent les années ne peuvent pas être des prêtres, car dans la formule leur caractère sacré se serait trouvé indiqué d'une manière quelconque, comme il arrive toujours, chez tous les peuples, dans les dates sacerdotales, que ce sont donc nécessairement des magistrats annuels et éponymes. Mais ici se présente un grave problème.

Les dates par magistrats éponymes, comme celles des archontes, à Athènes, des prytanes ou des stratéges dans beaucoup d'autres cités grécques et des consuls à Rome, ne se rencontrent d'ordinaire et ne se comprennent bien que dans les pays à constitution républicaine, où la suprême magistrature était annuelle. La conservation de l'usage des dates consulaires à Rome, sous l'empire, tient à un fait spécial à l'histoire romaine, le soin avec lequel Auguste, en constituant le pouvoir impérial, maintint nominalement les anciennes formes de la République.

Mais dans l'Yémen, il n'est possible de songer à rien de semblable. De tout temps et dès l'aurore de la civilisation, ce pays a été le siége d'une monarchie puissamment organisée sur ce type de despotisme qui est celui de toutes les monarchies orientales, et dans laquelle le roi était considéré comme un dieu manifesté sur la terre. Dans un semblable gouvernement, les magistrats éponymes n'ont pas une place naturelle. Aussi voyons-nous toujours dans un cas pareil, quand on ne fait pas usage d'une ère fixe et déterminée, compter par les années des règnes.

Il est pourtant une exception, une seule, à cette règle constante. C'est l'Assyrie qui nous la fournit.

M. le général Rawlinson et M. Oppert ont constaté que, dans les inscriptions cunéiformes assyriennes, les dates sont constamment exprimées par le jour, le mois et l'année portant un nom d'homme. Quelquefois ce nom est celui du roi lui-même, exactement comme les empereurs romains figurent dans les fastes consulaires; le plus souvent c'est celui d'un particulier. Ainsi dans une inscription de Sardanapale III nous lisons : « Le 24 jour du 5e mois de ma propre année; » et dans une autre du même prince: « Le 22e jour du 3 mois de l'année de Dagan-Asir. » On a des listes de ces personnages, dressées par les Assyriens eux-mêmes, qui embrassent, avec des lacunes plus ou moins étendues, une période de trois siècles, de 954 à 642 avant l'ère chrétienne, et donnent ainsi une base solide à la chronologie et à l'histoire.

M. Rawlinson a proposé de regarder comme des grands prêtres les individus dont la mention sert ainsi à désigner l'année dans les usages du grand empire d'Assyrie. Mais M. Oppert a fort bien fait voir, en analysant le mécanisme des éponymies, l'impossibilité de s'arrêter à cette opinion (Annales de philosophie chrétienne, 5e série, t. VI, p. 47). Les titres des personnages par lesquels on indique les années sont quelquefois relatés après leur nom, et toujours ce sont des officiers du palais, des onctionnaires civils ou des chefs militaires, jamais des individus de l'ordre sacerdotal. La plus ancienne date que l'on possède, celle du cylindre de Tiglatphalasar Ier (XIIIe siècle avant notre ère), fournit le nom d'un chef des esclaves. Sur l'obélisque de Sardanapale III il est question de « l'année de Dayan-Assour, » lequel est qualifié de « grand Tartan de l'armée du roi ». Dans le cylindre qui raconte les campagnes de Sennachérib on trouve la mention de « l'année de Naboulih, préfet d'Arbèles », et de « l'année de Bel-Simiani, préfet de Circésium »>,

En présence de ces indications il devient évident que l'éponymie chez les Assyriens n'était pas une fonction sacerdotale, mais une fonction honorifique de l'ordre gouvernemental et politique, et qu'on ne saurait

appliquer à ceux qui en étaient investis un autre nom que celui d'éponymes, concurremment adopté par M. Oppert et par le docteur Hincks. Le rôle des éponymes assyriens est tout-à-fait semblable à celui des consuls sous l'empire romain. Etait-ce un dernier vestige du temps où les Rotennou, c'est-à-dire les Assyriens primitifs, tels que nous les montrent les monuments égyptiens de la XVIIIe et de la XIXe dynastie, formaient une confédération de chefs égaux et pas encore un grand empire monarchique fortement centralisé? On ne saurait le dire dans l'état actuel de la science, mais ce qui est bien certain, c'est qu'au temps dont datent les mentions d'éponymes parvenues jusqu'à nous, c'était la volonté toute-puissante du souverain qui chaque année désignait un haut fonctionnaire de la cour, de l'administration ou de l'armée à l'insigne honneur de donner son nom à cette année et de l'immortaliser ainsi dans les fastes de l'empire. Le roi se réservait seulement l'éponymie de l'année de son avénement.

Le système des éponymes himyarites, que les inscriptions citées plus haut nous révèlent dans l'organisation de la monarchie des anciens rois de l'Yémen, est fidèlement calqué sur celui des éponymes assyriens, si peu conforme aux usages habituels des autres royautés antiques de l'Orient. Il y a là entre la civilisation nationale et la constitution de l'Arabie méridionale et celle du grand empire des bords de l'Euphrate et du Tigre une analogie que nous ne pouvons croire fortuite et qui nous a paru digne d'être signalée à toute l'attention des savants. >>

Séance du vendredi 30.

PRÉSIDENCE DE M. DE LONGPÉRIER.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et la rédaction en est adoptée.

M. Ladislas Lazèski communique à l'Académie une tessère en bronze munie de son anneau et portant une inscription latine il y joint la note suivante qui fait connaître les circonstances dans lesquelles cette plaque a été découverte.

« La plaque dont il s'agit a été trouvée dans les montagnes de Gibraltar, du côté de la Jimena (Himena, avec h aspirée). Dans ces montagnes il y a des traces d'une mine avec une descente dans le puits à l'aide de marches taillées dans le roc et tout près dudit puits les vestiges d'un laboratoire et quelques débris de creusets de toute nature. Dans les environs de ces montagnes et sur les terres défrichées existe une grande pièce de terre parsemée de matériaux de construction, de débris de corniches, de statues brisées; et à la lisière de ce champ, il y a quelques années, existait une sirène mutilée retrouvée dans le même endroit. Ce champ occupe et recouvre des ruines très-importantes ANNÉE 1867. 15

attestant l'existence d'une grande population disparue dans les premiers moments de la domination des Goths ou peut-être de la première invasion des Arabes qui sont entrés en Espagne par Gibraltar et Tarifa; la plaque a été trouvée à la suite de petites fouilles faites dans le champ en question situé à 6 kil. de Alcala de las Garules. >>

Cette communication est accueillie par l'Académie avec un vif intérêt, et M. Ladislas Lazeski autorise toute publication ou discussion qui pourrait avoir ultérieurement pour objet d'éclaircir ce texte dans tous ses détails historiques et philologiques.

M. EGGER lit la note suivante de M. Prince, professeur honoraire à l'Académie de Neuchâtel, sur l'interprétation des vers 158-168 du discours d'Atossa dans les Perses d'Eschyle: c'est l'extrait d'un mémoire critique sur les passages les plus difficiles de cette tragédie.

ΑΤΟΣΣΑ

ταῦτα δὴ λιποῦσ ̓ ἱκάνω χρυσεοστόλμους δόμους,
καὶ τὸ Δαρείου τε κἀμὸν κοινὸν εὐναστήριον.
καί με καρδίαν ἀμύσσει φροντίς· ἐς δ ̓ ὑμᾶς ἐρῶ
μῦθον, οὐδαμῶς ἐμαυτῆς οὔσ ̓ ἀδείμαντος, φίλοι,
μὴ μέγας πλοῦτος κονίσας οὔδας ἀντρέψῃ ποδι
ὄλβον, ὃν Δαρεῖος ἦρεν οὐκ ἄνευ θεῶν τινός.
ταῦτά μοι διπλῆ μέριμν ̓ ἄφραστός ἐστιν ἐν φρεσίν,
μήτε χρημάτων ἀνάνδρων πλῆθος ἐν τιμῇ σέβειν,
μήτ ̓ ἀχρημάτοισι λάμπειν φῶς ὅσον σθένος πάρα.
ἔστι γὰρ πλοῦτός γ ̓ ἀμεμφής, ἀμφὶ δ ̓ ὀφθαλμοῖς φόβος.
ὄμμα γὰρ δόμων νομίζω δεσπότου παρουσίαν.

<< Les interprétations et les paraphrases proposées sur ce discours d'Atossa ne me paraissent pas en avoir levé toutes les difficultés, et avoir reproduit, dans leur unité, la pensée et le sentiment de la reine. La plupart des commentateurs font dire à Atossa, dans les vers 162-163,« je crains que notre grande richesse, prenant tout à coup le vol (xovloas oõòas, celeriter aufugiens) ne renverse en fuyant l'édifice de prospérités (6λ6ov, la haute position que notre famille occupe, la paisible possession des honneurs suprêmes) que Darius a élevé, non sans l'assistance de quelqu'un des Dieux. Les images employées dans la phrase grecque supposeraient un renversement subit et violent de cette fortune, en sorte que nous serions entraînés à entendre, dans la seconde partie de ce discours, commençant par la transition Tauta, où la reine formule ses appréhensions, les deux vers 165-6, ute..... μtε........... dans ce sens : le premier, qu'une richesse, si grande soit-elle, qui n'est pas soutenue ou défendue par une armée, ne commande plus le respect des peuples, et peut, par conséquent, devenir la proie du premier audacieux qui voudra la saisir (Vers 752-3 Herm., dédoixa, μà ñoλùs ñπλOÚTOV πόνος δυμὸς ἀνθρώποις γένηται τοῦ φθάσαντος ἁρπαγή); et le second, qu'une

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