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tendant des Beaux-Arts. La suite de cette affaire est ajournée

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jusqu'au retour du Secrétaire perpétuel.

M. MILLER Communique la lettre suivante, qu'il a reçue ce jour même de M. Dumont, membre de l'École française d'Athènes. Athènes, 7 sept. 1867.

MONSIEUR,

<«< Voici une inscription chrétienne de Mégare que la Société d'archéologie vient d'acquérir. J'ai tout lieu de la croire inédite. Elle est peut-être intéressante, parce que les textes de ce genre sont très-rares dans la Grèce propre. De Mégare, en particulier, nous n'en possédons pas plus de cinq ou six et tous très-courts.

La lecture n'offre aucune difficulté; c'est pourquoi je ne joins pas à ma copie un estampage; j'ajouterai que les lettres sont gravées si profondément qu'il eût été difficile d'en prendre l'empreinte d'une manière satisfaisante.

Cette plaque est gravée avec un soin remarquable. J'ai reproduit assez exactement le style des caractères.

On a déjà remarqué que xountńptov à Mégare s'écrivait par KY et on en a donné pour raison que les Mégariens, encore aujourd'hui, prononcent et ot à peu près de la même manière u, eu. Je ne sais si ce rapprochement n'est pas plus ingénieux que vrai. Kountpov est un mot constant dans les épitaphes chrétiennes d'Athènes, comme je m'en suis assuré en recueillant une trentaine de petites inscriptions funèbres attiques: on y trouve plus souvent la première syllabe écrite par v que par ot.

L'intérêt du document est peut-être dans l'explication de la deuxième et de la troisième ligne, où il y a, je crois, une ellipse assez forte.

Vous m'excuserez, Monsieur, de vous envoyer si peu de chose; mais le texte est inédit et le sens même n'est pas certain.

M. Apostolidis prétend que son manuscrit (1) est perdu au milieu de ses autres livres. Il faudra bien qu'il se retrouve. Veuillez agréer, etc... ALBERT DUMONT.

(4) Il s'agit du manuscrit de Macarius Magnès, dont M. MILLER avait déjà entretenu l'Académie,

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Hauteur 0,40; largeur 0,54; épaisseur 0,018; hauteur des lettres 0,03.

A la dernière ligne j'ai un peu forcé les signes abréviatifs. »> Après avoir donné lecture de la lettre de M. Dumont, M. MILLER s'exprime ainsi :

<< Essayons maintenant le travail que M. Dumont n'a pas voulu entreprendre. Voici d'abord comment je lirais l'inscription :

+ Κυμητήριον διαφέρον Λουκά
καὶ Κυριακῇ ̓Αθηναίοις ὑπὸ
Παύλου τοῦ τὴν λογίαν μνήμην
σχόντος καὶ θείου δικαστοῦ γενα
μένου. Ἐκυμήθη ἐν εἰρήνῃ ὁ αὐτ
τὸς τῆς μακαρίας μνήμης Λουκᾶς

μηνὸς νοεμβρίου ἑνδεκάτῃ, ἐνδικτιῶνι ἑβδόμη. +

Cette inscription est très-intéressante en ce qu'elle présente des particularités tout-a-fait nouvelles, indépendamment de certaines obscurités d'expressions et de langage. Et à ce titre, elle mérite de fixer l'attention des épigraphistes.

Avant tout, je dois exprimer le regret de n'avoir pas entre les mains les moyens de comparaison dont M. Dumont parle dans sa lettre. Les inscriptions chrétiennes d'Athènes qu'il a recueillies contiennent peut-être des similitudes de formules et d'expressions qui aideraient à expliquer ce monument. Le petit nombre d'épitaphes du même genre provenant de Mégare ou d'Athènes, et qui sont données dans le Corpus, ne nous sont d'aucun secours

pour aborder les principales difficultés de l'inscription nouvellement découverte.

Kount piov est en effet le mot adopté dans les pays en question. Ailleurs les expressions varient à l'infini : θέσις, θήκη, σωματοθήκη, χαμοσόριν, μνῆμα, τόπος, etc. Quant au changement de o en v, on a remarqué que cette faute était plus particulière aux Mégariens, à cause de la prononciation pareille de l'u et de la diphthongue ot, ce qui semblerait indiquer un système orthographique; mais dans une autre inscription de Mégare (Corp., n° 9305), on lit régulièrement xountptov. Dans d'autres contrées on trouve de même xúunos pour xoiunois (cf. Corp., nos 9569 et 9940). Du reste, cette prononciation remonte beaucoup plus haut qu'on ne pense, et était généralement répandue c'est ainsi que dans une autre inscription (Corp., n° 6749) on trouve polywv au lieu de quyóv. C'est ce qui explique aussi pourquoi les copistes ont confondu Μύροις avec Μοίρας (4), et μοιολγός avec μυολοιγός (2).

:

On remarquera une autre faute d'iotacisme, TI pour TH, dans le mot κυμητήριον.

Le mot suivant diapépov a le sens de appartenant, étant la possession de, comme dans les auteurs anciens. Ce sens, bien souvent, n'a pas été saisi par les traducteurs, même les plus habiles; c'est ce qu'a prouvé avec son érudition accoutumée M. HASE dans une note sur Léon Diacre (3). Dans les siècles chrétiens le mot diapépei avait conservé la signification ancienne, comme le prouvent plusieurs inscriptions. Citons entre autres les suivantes (n° 9281, du Corpus) : αὕτη ἡ σορὸς διαφέρει Πολυκάρπῳ ὑποδιακόνῳ καὶ τῇ γυναικὶ ηου (lis. αὐτοῦ) Παλλαδίᾳ. Et le n° 9459 : Μνήμα Stapépov suivi du génitif au lieu du datif.

Vient ensuite le nom des personnages pour lesquels la sépulture a été faite : Λουκᾷ καὶ Κυριακῇ. Dans les premiers siècles du christianisme, il était d'usage, je pourrais dire de mode, d'adopter le nom des évangelistes et des apotres. De là Λουκᾶς, Παῦλος,

(1) Bast in Greg. Cor., p. 18.

(2) Id. ib., p. 869.

(3) P. 495, ed. Bonn.

Πέτρος, etc... Le nom Κυριακή est connu comme nom chrétien (Corp., n° 9647).

Il est probable que Luc et Cyriacé étaient le frère et la sœur, bien que l'inscription ne le dise pas. Ils étaient Athéniens, 'Avaíore. Ici commencent les obscurités et les difficultés. Ce qui suit, úлò Пaúλov, représente l'ellipse dont parle M. Dumont. Cette préposition ó n'est justifiée ni expliquée par aucun verbe, car elle ne dépend pas du participe diapépov de la première ligne. Veuton dire que la sépulture de Luc et de Cyriacé a été construite par les soins de Paul? Je serais tenté de le croire. Je ne vois pas du moins le moyen d'expliquer autrement cet inó. Une chose m'étonne cependant, c'est que rien n'indique quels liens existaient entre ce Paul et les deux autres personnages. Si c'était le père, on n'aurait pas manqué de le dire. De même si c'était simplement un ami. Tout cela est bien obscur.

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τοῦ τὴν λογίαν μνήμην σχόντος. C'est ainsi du moins que je lis l'abréviation, Σ X. Je traduirais, qui a laissé les souvenirs les plus honorables.

xal Oɛíou dixaotou yevaμévou, et qui a été un juge divin, c'est-à-dire un dicaste inspiré par la divinité. Je crois que ɛïos est ici simplement une épithète louangeuse pour relever le titre de juge. Autrement, il faudrait admettre qu'elle tient aux fonctions ellesmêmes. Et dans ce cas quelles auraient été les fonctions, les attributions du Ostos dixachs? C'est ce que j'ignore complétement. J'avouerai même que je rencontre cette expression pour la première fois.

γενημένου est probablement une faute pour γενομένου.

La fin de l'inscription ne présente point de difficulté.

Ἐκυμήθη (même faute que plus haut pour ἐκοιμήθη) ἐν εἰρήνῃ ὁ αὐτὸς τῆς μακαρίας μνήμης Λουκᾶς. C'est la formule ordinaire répondant à celle des Latins, Requiescit in pace bonæ memoriæ, etc... L'épithète beatæ au lieu de bonæ reproduit plus exactement le grec paxapías, mais elle est employée très-rarement. J'en citerai cependant un exemple d'après M. Le Blant (t. II, p. 32): Hic requiescit in pace, -beatæ memoriæ, Eusebia sacra deo, puella, etc... Dans les épitaphes chrétiennes grecques, on met

indifféremment

μaxafías μvýμns (cf. Corp., n° 9470), ou avec l'article ó τ μxxapías μvńμns (cf. Corp., n° 9262 et 9493). Quant à la formule éxoruńon èv sipńvn, elle se rencontre très-fréquemment (Corp., nos 9644 et 9805), ou avec la variante ¿v ɛipńvy xúμois auτou (Corp., nos 9569, 9608, etc.). μισις

μηνὸς νοεμβρίου ενδεκάτη, le onzième jour du mois de novembre. Viennent ensuite les lettres IHA. Il me paraît évident qu'il faut lire un N au lieu d'un H, c'est-à-dire ivd[ixti@vi] éбôóμn. La forme ordinaire serait ινδικτιῶνος ἑβδόμης, mais l'absence du Σ la fin de ce dernier mot 66óuns, en supposant qu'il n'a pas été oublié par le copiste, prouve qu'il faut lire ivotxtõvi.

En général l'indication de l'année accompagne l'indiction. On trouve cependant un assez grand nombre d'épitaphes chrétiennes, où, comme ici, la date du mois et le chiffre de l'indiction sont seulement indiqués (Voy. dans le Corpus, le no 9373 et suiv.)

Comme on le voit, l'inscription envoyée par M. Dumont présente plus d'un côté intéressant. Les nombreuses obscurités qu'on y rencontre, et que je n'ai pas la prétention d'avoir éclaircies dans ce petit travail fait avec tant de rapidité, ces obscurités ne manqueront pas d'attirer l'attention de plus habiles que moi, et donneront sans doute lieu à quelque travail important. >>

M. le PRÉSIDENT rappelle qu'un mois s'étant écoulé depuis la notification du décès de M. BOECKH, associé étranger, l'Académie doit décider au scrutin s'il y a lieu de pourvoir à son remplacement. Cette question ayant été résolue affirmativement, l'Académie renvoie l'élection au mois de novembre.

M. Roussillon continue la lecture commencée par lui dans la séance précédente.

M. MILLER Communique un fragment de la Relation de son dernier voyage à l'île de Thasos.

L'Académie reçoit les ouvrages dont les titres suivent :

4° Histoire du château et des sires de Saint-Sauveur-le-Vicomte, suivie de pièces justificatives, par M. LEOPOLD DELISLE, membre de l'Institut (Valognes, Paris et Caen, 1867, in-8°).

2o Revue archéologique : septembre 1867.

3o L'Orient : n° 24 (25 août 1867).

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