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à Abian auprès d'Aden, que M. Gauldraud, chirurgien de la marine impériale, actuellement en retraite, a bien voulu me communiquer. Un de ces textes a déjà passé sous les yeux de la docte Compagnie qui daigne accueillir avec tant de bienveillance mes premiers essais dans l'étude des monuments de l'ancien idiome national des habitants de l'Yémen. Aujourd'hui je demande à l'Académie la permission de lui soumettre les résultats de mes recherches sur trois autres monuments de la même collection, qui me paraissent de nature funéraire.

Les copies de ces monuments, faites par une main inexpérimentée, présentent quelques fautes indubitables, que je crois être parvenu à corriger. Mais, pour en hasarder l'explication et la correction, il est nécessaire avant tout de rappeler quelles sont les formules de la seule épitaphe himyaritique jusqu'à présent connue, celle que M. Loftus a trouvée à Warkah dans la Basse-Chaldée et qui fait maintenant partie des collections du Musée Britannique (pl. XVIII, no 38 de la publication anglaise; pl. XXXV, a du Mémoire de M. Osiander). Cette inscription a été parfaitement expliquée par M. le docteur A. Levy de Breslau (Zeitschr. der deutsch. morgenl. Gesellsch., t. XII, p. 215). Elle commence par les mots apt wa, << monument et tombeau », dont le premier est bien évidemment à assimiler au chaldaïque et syriaque avec le sens de « monument », qui se lit, sous la forme emphatique NW et en s'appliquant à la stèle fu

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1998

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néraire elle-même, en tête des épitaphes palmyréniennes trouvées en Algérie

ANNÉE 1867.

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et d'une inscription araméenne du Haouran, rapportée par mon savant ami M. le comte de Vogüé. Après ces mots vient le nom du défunt pour qui la sépulture avait été faite, suivi de sa filiation remontant à plusieurs générations.

Que l'on veuille bien maintenant jeter les yeux sur la première des inscriptions que j'extrais aujourd'hui des copies de M. Gauldraud, et on y reconnaîtra, malgré plusieurs erreurs, plusieurs confusions de lettres faciles à rectifier, précisément les mêmes formes.

Cette inscription était tracée « sur un bloc quadrangulaire de calcaire » madréporique. » Je la transcris, en y apportant les corrections nécessaires :

נפש וקבר

עבריתעם

בן מרתדם בן עברית־ עם בן מרתהדם בן שמ־ העלו

<< Monument et tombeau de Abd-Yat'ôm, fils de Mart'ad, fils d'AbdYat'òm, fils de Mart'ad, fils de Samahâli. »

Les deux premiers mots me paraissent certains. Dans la copie a omis le trait vertical supérieur du ; la même faute a été commise encore au commencement du nom hyn, où cette lettre, par suite d'une telle omission, est devenue semblable à un 2. M. Gauldraud, évidemment préoccupé de l'analogie extérieure que quelques lettres himyaritiques présentent avec des lettres grecques a donné au la figure d'un majuscule; c'est la même préoccupation qui lui a fait tracer tous les comme des ẞ retournés et le comme un v. Enfin dup initial de 7 il a fait un, confusion très-facile et que nous observons presque constamment dans ses copies.

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Le nom du défunt et de son grand-père- car l'usage d'appeler le petitfils comme l'aïeul existait chez les gens de l'Yémen, de même que chez presque tous les peuples antiques est ce même Day que nous avons vu attribué comme épithète à l'auteur de la dédicace dans l'inscription que possède M. Bonnetty. Nous voici donc de nouveau en présence d'une mention du dieu Yat'ôm dont il n'était pas parlé dans les textes antérieurement connus. Il en est encore question dans les deux dernières inscriptions relevées par M. Gauldraud, lesquelles nous apprennent que c'était le dieu spécial d'Aden, car il y est appelé seigneur de cette ville, . Il est assez probable que son nom doit être transcrit Yat'a et non Yat'ôm, en considérant le final comme l'expression du son nasal qui termine la plupart des noms propres himyarites et s'orthographie d'ordinaire ainsi dans les textes de cette langue. Les appellations divines y reçoivent quelquefois cette terminaison comme les noms d'hommes; ainsi celle du dieu du Soleil est écrite v dans le nom propre sur une des tables de bronze du Musée Britannique (pl. IX, no 13 de la publication anglaise; pl. IX du Mémoire de M. Osiander). Notre nom

עבדשמש

7.

de dieu se trouvant ainsi réduit à sa portion vraiment essentielle, yn, comme on sait par plusieurs exemples que le de l'hébreu et des idiomes voisins se transformait facilement en dans la langue de l'Yémen, on est conduit à y reconnaître le radical, liberatio, auxilium, salus, qui a pu d'une façon assez naturelle produire une appellation divine. A plusieurs reprises dans la Bible, Dieu est invoqué sous le titre de y, bx, Deus auxiliator meus (Psalm. XVIII, 47; XXV, 5; XXVII, 9. — Mich. VII. Is. XVII, 10). Sans le final notre nom de dieu yn entre comme composante dans le nom propre viril, jusqu'à présent inexpliqué, y, que fournissent trois inscriptions de Fresnel (nos 12, 13 et 14). Nous traduisons celui-ci quem Yat'à (deus salutaris) sustulit, reconnaissant dans la seconde composante le radical N, qui ne s'emploie d'ordinaire en hébreu qu'avec le sens de dixit, mais dont Gesenius dit primaria significatio est efferendi, et qui produit en hébreu 2, caput, cacumen, en arabe J. Ce dernier radical s'observe aussi dans les noms propres himyaritiques, encore rebelles à une analyse définitive, Now (Fresnel, n° 56, ligne 5) et n (Fresnel, no 54).

DT, c'est-à-dire Mart'ad, nom du père et du bisaïeul du défunt, est un de ceux qui se rencontrent le plus fréquemment dans les inscriptions himyaritiques; les exemples en sont tellement multipliés que nous ne saurions les énumérer tous. Un personnage ainsi dénommé se remarque aussi dans la liste des rois de la dynastie proprement himyarite (CAUSSIN DE PERCEVAL, Histoire des Arabes, t. I, p. 111). Le Kamous traduit cette appellation par, « homme magnanime, noble » ; M. Osiander (Zeitschr. der deutsch. morgenl. Gesellsch., t. XIX, p. 162) a cherché à en établir l'étymologie.

الكريم

Quant à Sarahâli, c'est encore un des noms les plus répandus dans les anciens monuments de l'Yémen; on peut le noter dans les inscriptions nos 4, 8, 9, 10, 12, 13, 14, 18, 41, 43, 46, 48, et 55 de Fresnel.

La seconde inscription dont nous voulons parler aujourd'hui n'est qu'un fragment:

Di

147197 1471049

La première ligne et la fin du texte manquent. La copie présente exactement les mêmes fautes et les mêmes confusions de lettres que la précé

dente. Les quelques corrections qu'elle réclame sont donc faciles à faire. Je la transcris:

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<< Monument et tombeau de Wahab, fils de Yanouph, fils de..... »

Le nom propre Wahab, si commun chez les Arabes musulmans, se trouve une autre fois sous la forme himyaritique 1 dans une des tables de bronze du Musée Britannique (pl. XIII, n° 23 de la publication anglaise; pl. XVIII du Mémoire de M. Osiander). Quant à celui de Yanouph, on le rencontre plusieurs fois dans les inscriptions de Fresnel (nos 12, 14, 43, 46 et 49); c'est l'arabe, « le prééminent, » d'où dérive aussi le nom de l'idole, célèbre dans l'ancien paganisme arabe (Voy. Zeitschr. der deutsch. morgenl. Gesellsch., t. VII, p. 500).

Passons à notre troisième épitaphe, qui était « sculptée très-profondément sur un parallélogramme de calcaire madréporique. » La copie de M. Gauldraud la donne de la manière suivante:

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Il faut relever dans cette copie quelques fautes manifestes. La première lettre de la ligne 4 et la troisième de la ligne 4 doivent être lues Pau lieu de 1; lep est pourtant reproduit d'une manière exacte comme second caractère de la ligne 2. Les deux traits verticaux parallèles qu'on remarque

à la seconde place dans la ligne 4 et à la première dans la ligne 4 se restituent avec certitude en 2. Le premier signe de la ligne 2 est un dont le petit trait vertical supérieur a été omis. Enfin, dans la bizarre figure qui commence le second mot de la ligne 3, il me semble qu'il faut distinguer un mal copié. En conséquence de ces observations, je propose de transcrire:

קבר רבפ־ רש קרינס בן אשער בן קריני

רם בן או

רשם

<< Tombeau et monument de Kouraïn, fils d'Assâd, fils de Kouraïn, fils d'Aûs. »

L'ordre habituel des deux termes de la formule initiale est ici interverti, mais il est clair que l'on pouvait dire indifféremment

קבר רנפש

pi pa ou

Le nom propre se lisait déjà sur nne des tables du Musée Britannique (pl. VIII, no 12 de la publication anglaise; pl. XII du Mémoire de M. Osiander); Ibn-Douraïd le rapporte sous la forme. C'est un diminutif tiré de la racine 7, « corne, puissance », laquelle se rencontre dans la ligne 4 de l'inscription publiée par M. de Wrède.

Assad est un des noms arabes les plus répandus. C'était le nom réel du célèbre tobbá himyarite surnommé Aboukarib (CAUSSIN DE PERCEVAL, Histoire des Arabes, t. I, p. 90). On le trouve aussi dans une des tables du Musée Britannique (pl. XI, no 18 de la publication anglaise ; pl. XVI du Mémoire de M. Osiander).

Le dernier nom de l'épitaphe, celui du bisaïeul du défunt, est aussi l'un de ceux qui ont été le plus habituellement portés par les Arabes anciens, Ismaeliens comme Yamanites, et même par les Nabatéens, dans les inscriptions desquels il est écrit N et rendu en grec par AYCOC. Avec la terminaison nasale propre à l'himyaritique, c'est-à-dire écrit comme ici DUN, on le remarque une seconde fois dans une des tables du Musée Britannique (pl. XII, no 22 de la publication anglaise; pl. XXIII du Mémoire de M. Osiander). »

M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL commence la lecture d'un nouveau travail de M. Abel Desjardins intitulé : « ĽAmbassadeur du grand-duc de Toscane, François Ier, et les proscrits florentins. »

Séance du vendredi 27.

PRÉSIDENCE DE M. de LongPÉRIER.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et la rédaction en est adoptée. Il n'y a pas de correspondance.

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