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radical 7, propre à la langue himyarite, que M. Osiander (Zeitschr. der deutsch. Morgenl. Gesellsch., t. X, p. 57) a étudié d'une manière toute spéciale et auquel il a montré qu'était attachée la notion de «force» et de « puissance ». Ici, d'après la construction même du nom, il est évident que 27 est employé dans une acception verbale active et que nous nous trouvons en présence d'un de ces noms propres formant une phrase entière qui se rencontrent assez fréquemment dans les usages sémitiques, « celui que le prince fortifie. » Exactement analogue est le nom 7, «< celui que le tobbâ (titre spécial et bien connu des rois de I'Yémen) fortifie, » lequel se lit dans la grande inscription du HaramBilkis ou temple d'Almakah à Mareb (Fresnel, no 56) et sur deux des tables de bronze du Musée Britannique (pl. IX, no 13, et pl. X, no 15, de la publication anglaise; pl. IX et XIII du mémoire de M. Osiander). Il faut encore comparer y, « celui que le peuple fortifie, rend puissant », dans une des tables du Musée Britannique (pi. III, n° 4, de la publication anglaise; pl. I, du mémoire de M. Osiander). Le plus souvent le premier élément des noms de ce genre est une appellation divine: 27277 (Fresnel, no 2; Sanaensis secunda de M. Roediger), « celui que fortifie le dieu analogue à l'Eros des Grecs », adoré à Daumat-Djandal sous le nom de Wadd, , par les Sakoun, tribu d'origine yamanique qui se rattachait à la race de Kinda (CAUSSIN DE PERCEVAL, Histoire des Arabes, t. 1, p. 244): (Fresnel, no 25. — Tables de bronze du Musée Britannique pl. III, no 4; pl. IX, no 13, et pl. X, no 15 de la publication anglaise; pl. I, IX et XIII du mémoire de M. Osiander), « celui que fortifie Samah (4). » Mais le roi était considéré comme un dieu; aussi trouvons-nous encore le même verbe appliqué au roi dans un autre nom propre formant une phrase d'une composition différente no 56, lignes 2 et 13), « celui que fortifiera le roi », formation se reproduit exactement dans celui de no 47) : « celui que le roi glorifiera, rendra illustre » (arabeyf~).

(Fresnel,

nom dont le mode de

(Fresnel,

27. Voici encore un nom propre qui est également fourni par une des tables de bronze du Musée Britannique (pl. VIII, no 44 de la publication anglaise; pl. VII du mémoire de M. Osiander). Il signifie « l'allié ». Parmi les Arabes ismaéliens nous trouvons une famille célèbre appelée →↓↓↓↓ (Caussin de Perceval, Histoire des Arabes, t. II, p. 287).

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n est le lakab ou surnom de Rabbab; en général dans les inscriptions himyaritiques les surnoms prennent la terminaison nasale beaucoup plus rarement que les noms propres; cependant on en rencontre quelques exemples. Il n'y a pas à songer ici à l'arabe, ami », que M. Osiander (Zeitschr. der deutsch. morgenl. Gesellsch., t. XIX, p. 207) (1) Le nom divin, qui signifie « l'élevé », de la racine que l'arabe nous offre sous la forme L, et qui par conséquent est fort analogue à ' des Chananéens, se retrouve dans le nom propre si commun celui que Samah élève» (sur le sens du radical, voy., Osiander, Zeitschr. der deutsch. morgenl. Gesellsch., t. X, p. 56), et dans celui de Now (Fresnel, no 56, ligne 5), qui a le même sens. J'ai déjà eu l'occasion de parler du radical N dans une précédente com

,שמחעלי

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munication.

a reconnu avec certitude sous la forme 55, par un , dans une des inscriptions du Musée Britannique (pl. VIII, n° 12, de la publication anglaise; pl. XII du mémoire de M. Osiander). Mais il faut rapprocher Ja, is qui ritus sacros persolvit, et Jul maritus, contubernalis.

Le nom est nouveau; il dérive de la racine qui est en hébreu

et en arabe, saginavit. La forme féminine en est celui de Rebecca, p, quia similis juvencae saginatae. Quant au père du personnage ainsi appelé, son nom appartient à la classe de ceux qui se composent d'une appellation de localité précédée de dhou, comme par exemple 77777; «< celui de Raidân » (Fresnel, nos 45 et 54), en arabe . Au nominatif il eût été p, mais ici nous avons le génitif de régulièrement formé en 17, arabe (Voy. Osiander, Zeitschr. der deutsch. morgenl. Gesellsch. t. X, p. 47). La localité de Sarkas, d'où cet homme tirait son nom, n'est pas connue jusqu'à présent; mais on sait combien sont restreintes et incomplètes nos notions sur la géographie de l'Arabie méridionale.

Vient ensuite dans la planche IV du journal de la Société de Bombay pour 1844 un fragment rapporté de Mareb, qui contient un début d'inscription :

מדבחת דבתן בחרנם

La formule est ici la même que dans le n° 51 de Fresnel, dont le commencement seul est certain, la fin du texte présentant des leçons dou

Dans l'un et l'autre .מדבחת עמכרב בן דמר :teuses et des fautes evidentes

cas le premier mot est le chaldaïque 7, « autel, » de la racine 727, « sacrifier », hébreu 1727, arabe éthiopien H:· Le n° 51 de Fresnel le fait suivre d'un nom propre dans une de ces constructions par simple apposition qu'affectait tout spécialement le génie de la langue des Himyarites: « autel de (élevé par) Amkarib, fils de Dhamar ». Il doit en être de même dans l'inscription du Musée de la Société asiatique de Bombay, car nous y lisons immédiatement après le mot « autel » un de ces noms propres dont nous venons de parler, composés de dhou avec un nom de lieu, (1). La localité de ne nous est pas plus connue que celle de Sarkas; c'était sans doute un des châteaux-forts qu'habitait la noblesse féodale de l'Yémen. On peut en comparer le nom à celui de la province arabe de la Batanée, en hébreu 1, en chaldaïque et en arabe . Peut-être aussi faut-il y chercher tout simplement la signification de « les deux maisons », arabe.

Quant à , c'est le lakab ou surnom du personnage qui avait élevé l'autel. Il a la mimation finale des noms propres, qui comme nous

(1) Rigoureusement il faudrait ici, par une forme génitive, n comme nous avons trouvé dans l'inscription précédente. Mais les exemples du génitif sont très-rares dans les monuments de l'épigraphie himyaritique et le plus souvent 7, correspondant à l'arabe, s'y montre, comme ici, indéclinable.

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بحرنی Tarabe

venons de le dire, s'applique quelquefois aussi aux surnoms. Abstraction faite de cette désinence, il me semble difficile de ne pas y reconnaître <<< homme de la tribu de Bahra». Cette tribu des BenouBahra ou Bahranys est plusieurs fois mentionnée dans les annales de l'Arabie (CAUSSIN DE PERCEVAL, Histoire des Arabes, t. I, p. 213; t. II, p. 42, 46, 85, 140, 186, 294; t. III, p. 242, 444, 422, 434 et 435); elle se rattachait à la race de Codhâa. Il n'est question d'elle que dans les siècles postérieurs à l'ère chrétienne, époque où elle habitait, comme les autres tribus codhaïtes, le Hedjâz, puis la Mésopotamie. Mais on sait que les Codhaïtes tiraient leur origine de l'Yémen. Codhâa, auteur de leur nom, était prince de la montagne de Schihr ou Schidjr (Abulfedae Hist. anteislam.éd. de Fleischer, p. 182), auprès de Zhafâr, et ce n'est que plusieurs générations après lui qu'ils quittèrent l'Arabie heureuse pour s'établir d'abord à Nadjrân, puis dans le Tihâma (CAUSSIN DE PERCEVAL, t. I, p. 209); la plupart de leurs tribus étaient déjà formées, mais ne s'étaient point encore séparées, au temps de cette émigration. Autant que l'on peut établir des calculs chronologiques sur la supputation des généalogies arabes, l'époque où les Codhaïles quittèrent le pays de Mahra pour aller s'établir dans le nord, bien que ne devant pas être de beaucoup antérieure à l'ère chrétienne, est peut-être un peu vieille pour que l'inscription publiée dans le journal de la Société de Bombay puisse être regardée comme appartenant à une date plus haute. Mais il n'y aurait rien de contraire aux vraisemblances dans l'hypothèse qu'une fraction de la tribu des Benou-Bahra ou Bahranys serait demeurée en arrière du gros de la race dans son pays d'origine. D'ailleurs l'offrande d'un homme de cette tribu à Mareb, au centre religieux et politique de l'Yémen, n'aurait rien que de naturel faite à l'époque où elle habitait encore à Nadjrân. On sait, en effet, que cette ville célèbre dépendait du sceptre des rois himyarites, et c'est à titre de souverain que Dhou-Nowâs en persécuta plus tard les chrétiens avec une férocité sans nom, qui amena en représailles la conquête abyssine et la perte de l'indépendance de l'Yémen.

Je traduis, en conséquence de ces remarques :

« Autel (élevé) par Dhou-Batan le Bahrany... »

La dernière inscription contenue dans la même planche du recueil de Bombay n'est pas empruntée à un monument transporté en original dans cette ville. C'est une copie, probablement faite par quelque indigène, d'une des inscriptions de Khariba, entre Sanâa et Mareb, qui porte le n° 10 dans la publication de Fresnel. Le texte en est évidemment en certains points meilleur que dans la copie de M. D'Arnaud, éditée par Fresnel. Cette dernière copie donne l'inscription comme en une seule ligne, tandis que la publication anglaise le distribue en cinq lignes; une vérification de l'original, quand elle sera possible, permettra seule de voir de quel côté à ce point de vue est l'exactitude. Quoi qu'il en soit, le texte contient la dédicace d'un temple au dieu Almakah et se reproduit avec de très-légères variantes, mais suivi d'autres formules religieuses, au commencement de l'inscription n° 9 du recueil de Fresnel, copiée par D'Arnaud sur une face différente du même édifice de l'antique Caripeta. Des fragments incontestables d'autres répétitions de la même formule dédicatoire se reconnaissent dans les nos 4 et 8 de Fresnel.

L'inscription se transcrit, en conservant la disposition des lignes dans la publication anglaise :

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Dès le premier pas nous nous trouvons en face d'une difficulté grave et même insoluble dans l'état actuel de la science. Il s'agit de l'interprétation à donner aux deux lettres. Elles ne fournissent aucun sens plausible, aucun mot vraisemblable, et ne paraissent se lier en aucune façon à la marche générale du texte. Mais ces deux lettres, qui se lisent aussi au commencement du n° 9 de Fresnel, se retrouvent encore à la fin de ce dernier texte, mais dans un ordre inverse T, et là non plus elles ne se lient bien évidemment pas à la phrase, qui finit au mot précédent. Nous les voyons, gravées isolément et en plus gros caractères, aux deux côtés des inscriptions nos 12 et 43 de Fresnel, qui proviennent de la digue de Mareb. Elles se lisent aussi au début du fragment no 20 de Fresnel, et on en voit les vestiges avant la dernière inscription dont je viens de proposer l'explication. Elles sont donc toujours indépendantes du texte qu'elles accompagnent, et il faut nécessairement les considérer comme représentant en abrégé quelque formule sacramentelle, actuellement inexplicable, mais qui sans doute sera fournie un jour dans son intégrité par quelque nouveau monument.

Ainsi le texte véritable ne commence qu'au mot qui suit ces deux lettres, et c'est de là aussi que doit partir notre traduction.

NY. Ce nom propre, qui figure encore dans l'inscription no 48 de Fresnel, se retrouve dans la liste des rois du Hadhramaut (CAUSSIN DE PERCEVAL, t. I, p. 137), porté par le père du prince qui combattit le roi de Perse Sapor II, dans le IVe siècle de notre ère. Il signifie quem Deus cognovit, animadvertit, de la racine 7, et il est identique au de la Bible (I Chron. VIII, 6), et il faut également y comparer un autre nom juif (I Chron. IX, 10; XXIV, 7).

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7. Nous avons maintenant ici le surnom de l'auteur de la dédicace.

Dans l'inscription no 9 de Fresnel, la copie de D'Arnaud offre ici ↳ au lieu de 7. Mais la concordance des deux copies de la revue de Bombay et de la publication de Fresnel pour l'inscription qui nous occupe est déterminante comme preuve de l'exactitude de la leçon 17. Elle se confirme par le fragment no 4 de Fresnel, qui donne

i baytı

-Remar .דרה בן שמעלי,et par le fragment ne 8, oh on lit ,שמ[העלי

quons, du reste, que la copic de l'inscription n° 9 renferme manifestement ici une omission d'un certain nombre de lettres, car elle ne fournit pas l'indication de la filiation de Yedâyl, que le monument original doit certainement porter. Or, si l'on met en parallèle cette portion du texte des nos 9 et 10, on se rend un compte exact des lettres que D'Arnaud a omises dans cette dernière inscription et on voit qu'il a précisément sauté la fin du lakab de Yedâyl et inis à la place la fin du nom de son père.

שמתעלי דרח בן לי

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Quant à la signification de 17, c'est plutôt encore un titre de noblesse (voy. Osiander, Zeitschr. der deutsch. morgenl. Gesellsch. t. X, p. 56), comme ceux de 7 et de fournis également par les inscriptions himyaritiques, qu'un surnom proprement dit. Les nos 34 et 55 de Fresnel nous offrent en effet des personnages qui s'intitulent 77 Nw, exactement comme dans le n° 54 un autre personnage s'intitule 1. veut dire « l'éminent »; il dérive bien évidemment, comme l'a déjà reconnu M. Osiander, de la racine perdue qui a donné naissance à l'arabe ; et à l'hébreu 1777, tous deux avec le sens de

«< colline, éminence ».

vn. Nous ne nous arrêterons ici, ni au mot «< fils », qui est trop connu, ni au nom propre si multiplié Samahâli, dont l'étymologie nous occupait tout à l'heure.

7. Ceci est le titre de fonction de l'auteur de la dédicace. Nous le retrouvons, porté par d'autres personnages, dans les inscriptions nos 11, 12, 13, 14, 29, 46 et 49 de Fresnel. M. Osiander l'a étudié spécialement au point de vue philologique (Zeitschr. der deutsch. morgenl. Gesellsch. t. X. p. 55 et 57), et il signifie « le fort (arabe), le puissant de Saba ». Ce n'est pas un titre royal, comme l'avait conjecturé d'abord M. Ewald (Zeitschr. f. d. Kunde d. Morgenl. 1843, p. 305); c'est certainement la qualification d'un fonctionnaire. Mais en quoi consistait son office? C'est ce que l'on ne saurait dire. Il est seulement à remarquer que ce devait être probablement un magistrat spécial à la ville de Mareb ou Saba, cár dans les nos 12, 14, 29, 46 et 49 nous voyons que c'est un 7 qui fait exécuter les réparations que réclame l'état de la fameuse digue de Mareb.

1. Voici actuellement le verbe de la phrase, celui qui indique la dédicace. C'est à M. Ewald (Zeitschr. f. d. Kunde d. Morgenl. 1843, p. 309) qu'appartient l'honneur d'en avoir déterminé le sens avec certitude. Il signifie « consacrer », et se retrouve en éthiopien sous la

forme

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, nom qui désigne spécialement

les prêtres des faux dieux. Dans les inscriptions himyaritiques il s'applique exclusivement à la consécration des temples.

. Ce substantif, dont le sens est « maison », comme dans toutes les langues sémitiques, est le plus habituellement usité dans les inscriptions de l'Yémen pour désigner ces châteaux-forts qui avaient une si grande importance dans l'organisation toute féodale de l'Arabie Heureuse au temps de son indépendance et de son éclat (Osiander, Zeitschr. der deutsch. morgenl. Gesellsch., t. X, p. 70 et suiv.). Mais il s'applique aussi quelquefois aux temples; il nous suffira de citer comme exemple de cet emploi le n na de l'inscription de Sanda qui porte le no 1 dans les copies de Cruttenden et le n° 3 dans la publication de Fresnel.

p. Ce nom du principal dieu de l'Yémen est trop connu maintenant pour réclamer aucune explication.

V. Le premier de ces deux mots est celui qui dans tous les idiomes sémitiques désigne le « jour ». Nous avons donc ici l'indication du jour sacré dans lequel eut lieu la dédicace du temple. Le fragment no 15 de

ANNÉE 1867.

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