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L'écriture de ce petit document est à peu près celle du temps de Ptolémée Philométor, que nous offrent tant de pièces provenant du Sérapéum de Memphis, aujourd'hui conservées dans les musées de Turin, de Londres, de Leyde et de Paris (1). Les mots ne sont pas accentués. L'iota est adscrit, non souscrit ; une fois même, à la troisième ligne, il est fautivement adscrit à la première personne d'un verbe, duoλoy, ce qui n'est pas sans exemple (2), même sur des papyrus d'un caractère tout littéraire, comme sont ceux des discours d'Hypéride. La caisse ou banque royale τράжεα et le titre de caissier panelíns sont exprimés, comme d'ordinaire sur les papyrus ou les ostraka, par les deux lettres p. L'épithète uɛyán de la ville de Diospolis est représentée par le u que surmonte un (3). La mesure de capacité appelée métrète est exprimée par une abréviation pour laquelle notre typographie usuelle manque de caractère spécial, mais dont le sens paraît suffisamment déterminé par d'autres pièces de comptabilité ptolémaïque (4). Le chiffre final de la 6° ligne est précédé d'une barre verticale que l'on a déjà remarquée sur plusieurs pièces du même genre (5).

La date est le 19 jour de mésori, 8° année du règne d'un prince dont le nom n'est pas mentionné.

Le texte principal peut être traduit :

« Asclepiadès, le préposé à la fabrique d'huile en cette même

(4) Voir sur la provenance commune de ces divers documents le mémoire de M. BRUNET DE PRESLE inséré au tome II, première série, des Mémoires présentés par divers savants étrangers à l'Académie des inscriptions.

(2) Papyrus du Louvre, p. 151, 215, etc.

(3) Cf. Papyrus du Louvre, p. 168, 215, etc., surtout p. 161.

(4) Voir les papyrus de Londres, nos 6 et 7, le premier surtout, qui offre (lignes 32 et suivantes) plusieurs exemples de cette sigle.

(5) Exemples, dans les Papyrus du Louvre, p. 344, 347 et suivantes. Cf. p. 326, note 2, où M. BRUNET DE PRESLE exprime la conjecture trèsvraisemblable que cette barre est l'abréviation cursive de la lettre initiale de γίνεται ου γίνονται : ce qui fait ou total, Γίνονται se lit en toutes lettres sur le papyrus 8 du British Museum,

» ville, à Diogénès le caissier salut. Je reconnais que par tes » mains il m'a été payé, sur le comptoir de Diospolis la grande, » pour transport d'huiles: 80 métrètes, à raison de dix [drachmes] « de cuivre par métrète, 800 [drachmes] de cuivre, ci... 800. << Porte-toi bien. L'an VIII, le 19 mésori. >>

Il est facile de reconnaître, après avoir lu cette traduction, que la note du verso résume, à titre de memento pour le comptable dépositaire, le contenu de la pièce qui dégageait sa responsabilité à l'égard de la partie prenante. On y distingue, en effet, les premières lettres des deux noms propres Asclepiadès et Diogénès, la mention du transport d'huiles, enfin le chiffre (c'est-à-dire un w) de la somme payée.

Cette somme, évaluée d'après le tableau des monnaies égyptiennes qu'a dressé M. LETRONNE (1), à raison de 1 centime 16 par chalcus ou drachme de cuivre, serait de 14 francs 40 centimes pour 80 métrètes, soit 80 fois 39 litres, soit 3120 litres d'huile; elle est assez modique, sans doute, mais n'a rien d'invraisemblable, si l'on remarque que le préposé à la fabrique d'huile a exécuté d'un lieu à un autre lieu de la même ville (ce qu'indique le mot autó01) le transport dont il s'agit : si grande que fût la ville de Diospolis, le bâtiment et le lieu en question n'y pouvaient être à une distance considérable l'un de l'autre. Ce lieu était-il quelque magasin de dépôt ? Etait-ce l'êλaía ou l'éλaïx dont nous parlent deux papyrus relatifs à la célèbre affaire des Jumelles (2)? C'est ce que je n'oserais décider, bien que la chose me paraisse très-vraisemblable. Ce pouvait être le lieu appelé Evov dans un papyrus de même provenance où l'on trouve parmi d'autres comptes : ópɛτρον ξύλων, et plus bas φόρετρον τῶν ἄρτων εἰς τὸ Ἑλλήνιον (3). Qui sait si les employés grecs du Sérapéum (et ils étaient nombreux) ne touchaient pas leur salaire en nature dans un bureau spécial

(4) Commentaire sur le Papyrus contenant la promesse de récompense pour deux esclaves échappés d'Alexandrie, no 40, p. 177 et suivantes de la collection LETRONNE.

(2) Papyrus du Louvre, p. 267 et 272.

(3) Papyrus du Louvre, p. 347.

qui tirait son nom de sa spécialité même? On voit par une pièce du musée du Louvre que ces Hellènes en réclusion (xátoxoi, xateχόμενοι, οι ἐν κατοχῇ ὄντες) dans le sanctuaire de Sérapis, n'y étaient guère bien vus par leurs confrères de race égyptienne, et que leur condition d'étrangers les exposait même à de mauvais traitements. Le protecteur des Jumelles, Ptolémée, fils de Glaucias, se plaint, dans une requête à Dionysius le stratége, d'avoir été plusieurs fois malmené, « parce qu'il était Grec, napà tò “EXÌŋva Eivat, » et cela par les employés même de l'administration (1). La même plainte est renouvelée dans une requête, de l'an 161, au roi Philométor et à la reine Cléopâtre (2). Elle se retrouve, en d'autres termes, dans un document semblable, écrit par Apollonius, frère du précédent (3). Tous ces faits semblent indiquer que les Hellènes formaient, au Sérapéum, une sorte de colonie que la communauté des exercices du culte ne rattachait qu'imparfaitement aux prêtres de race indigène, et que pour eux les agents royaux pouvaient avoir un bureau distinct de ceux où les prêtres égyptiens venaient toucher leurs appointements.

Je vais, au reste, traduire, d'après la transcription de Bernardino Peyron, les deux papyrus du British Museum auxquels je me suis référé plus haut, parce qu'ils ont quelque rapport avec le papyrus Raifé, et que l'un des deux nous offre précisément un Asclépiadès, fonctionnaire de la même administration.

Papyrus VII du British Museum.

« L'an XX, le 52 d'Athyr.

» Mesurage fait à Cratéros le facteur chez Dorion le caissier, » en présence de Chrysippos et d'Aréos, pour Thayte et Thays >> Jumelles du Sérapéum, d'une quantité prise aux magasins du

(1) Papyrus du Vatican, réimprimé, p. 295, no 36, parmi les Papyrus du Louvre.

(2) Papyrus du Louvre, n° 39, p. 302. (3) Papyrus du Louvre, no 41, p. 306,

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