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Bien que mon dessin ne rende pas la finesse de l'original, il suffit pour montrer combien par le style ce nouveau miroir diffère de tous ceux qui ont été publiés jusqu'ici.

Veuillez agréer, etc.

ALBERT DUMONT.

M. le PRÉSIDENT reprend la parole et donne lecture de la lettre suivante de M. Fr. Lenormant.

Londres, 14 novembre 1867.

BIEN CHER MONSIEUR,

Je pense que vous lirez avec un certain intérêt et que peut-être vous trouverez dignes d'être communiqués à l'Académie quelques détails sur les nouvelles acquisitions du Musée Britannique, que j'ai pu étudier ces jours derniers, grâce à la libéralité que les conservateurs de ce magnifique établissement apportent toujours dans leurs communications aux étrangers.

Je ne vous parlerai aujourd'hui que de ce qui a trait à l'Oriental department, dirigé par notre ami M. Birch, réservant pour une autre lettre ce qui est des acquisitions nouvelles du Musée en antiquités grecques et romaines.

La série des antiquités égyptiennes ne s'est enrichie que d'un petit nombre de monuments. La seule pièce de grandes dimensions est la statue d'un des fils de Rhamsès II qui avait été photographiée il y a quelques années par M. Thénard. Mais un morceau d'une valeur inappréciable, récemment acquis par le Musée, est un papyrus en écriture hiératique contenant un traité, avec figures, de géométrie appliquée à l'arpentage. Il est d'une lecture facile, et, dans le peu de temps que je l'ai eu entre les mains, j'ai pu y reconnaître des méthodes pour déterminer l'aire d'un carré, d'un triangle, d'un parallélogramme, ainsi que pour calculer la masse d'une pyramide. L'écriture est environ de la XXII dynastie; mais il est dit dans une note que ce texte est copié d'un manuscrit plus ancien. Le papyrus va ètre publié en fac-simile aux frais des trustees, et M. Birch promet d'en donner bientôt une traduction complète. On va aussi, d'ici à très-peu de

temps, publier en fac-simile toute la riche collection des textes en écriture hiératique tracés à l'encre sur des cailloux ou des tessons de poterie.

Les Anglais ne font en ce moment aucune grande fouille en Assyrie ou en Chaldée; aussi la série assyrienne ne s'est-elle augmentée d'aucune pièce de sculpture de grandes dimensions. Mais M. Coxe continue avec activité et bonheur son patient travail de reconstitution des tablettes de terre cuite provenant de la bibliothèque de Sardanapale VI à Koyoundjik; il est maintenant aidé par un jeune assyriologue, M. Smith, qui vient de se former sous la direction de Sir Henry Rawlinson et qui promet à cette science un homme tout-à-fait distingué. Nombre de textes intéressants ont été ainsi reconstitués dans les derniers temps. On a surtout retrouvé douze nouveaux fragments de la liste des éponymes. La découverte de ces nouveaux fragments a conduit à modifier considérablement la disposition que l'on avait d'abord cru pouvoir donner à ceux précédemment connus. Plusieurs des morceaux traduits par M. Oppert comme appartenant à la première tablette ont été reportés avec certitude à la seconde ; il y a donc maintenant des remaniements importants à faire à cette liste, qui fournit les éléments essentiels de la chronologie assyrienne pendant plus de trois siècles.

Les études assyriologiques continuent, du reste, à être cultivées dans ce pays avec un succès remarquable. Tandis que sir Henry Rawlinson poursuit ses publications et que M. Smith prépare des travaux qui marqueront dans la science, M. Norris achève le premier dictionnaire assyrien qui aura encore été publié. C'est un immense travail, pour lequel il a mis à contribution tous les monuments jusqu'à présent édités. Une partie considérable est déjà imprimée, et M. Norris a bien voulu m'en communiquer les bonnes feuilles.

Le consul britannique à Bagdad vient d'envoyer au Musée deux gros galets roulés de basalte, chargés d'inscriptions cunéiformes ct de symboles sculptés en relief, qui ont été trouvés dans les environs de Babylone. Ils sont exactement semblables au célèbre caillou Michaux de la Bibliothèque impériale et leurs inscriptions

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sont de même relatives à des bornages de terres, avec des imprécations contre celui qui en déplacerait les limites. Mais ce qui leur donne un intérêt supérieur, c'est que dans l'un les symboles religieux sculptés à la partie supérieure sont accompagnés d'inscriptions, peut-être explicatives, et que dans l'autre une des faces, soigneusement aplatie, porte la figure, sculptée en relief avec une extrême finesse, d'un roi babylonien debout, tenant l'arc et la lance, vêtu d'une longue robe brodée et coiffé de la tiare droite chargée de symboles religieux. C'est un des plus remarquables spécimens de l'art ancien de Babylone. Une inscription placée à côté de la figure du prince nous apprend qu'elle représente le roi Mardoukidin-akhé, un des plus puissants souverains de Babylone à l'époque où la première dynastie ninivite n'avait pas encore été renversée par Bélitaras, celui même qui, dans le XIe siècle avant Jésus-Christ, vainquit Teglatphalasar Ier, prit Ninive et en enleva les statues des dieux, qu'il emporta comme trophées dans sa propre capitale.

Désirant mettre à profit mon séjour ici pour les travaux de l'Académie, j'ai pris, à l'intention de la commission du Corpus inscriptionum semiticarum, de nouvelles empreintes de toutes les pierres gravées et cylindres portant des inscriptions phéniciennes ou araméennes qui ont été découvertes dans les explorations de la Mésopotamie. La plupart, du reste, sont déjà publiées. J'ai aussi examiné avec un grand soin toute la collection des empreintes de sceaux marquées sur l'argile, que les fouilles de Ninive ont fournie. Dans le nombre il y a une certaine quantité de pierres phéniciennes, mais malheureusement pour la plupart sans inscriptions ou trop effacées pour qu'on en puisse rien tirer même en employant la plus forte loupe. Je n'ai trouvé qu'une seule de ces empreintes dont la légende fût entièrement lisible; c'est un simple nom propre 5. Quant aux tablettes de terre cuite portant des contrats de vente en écriture cunéiforme avec une inscription araméenne sur la tranche, il n'y avait rien à faire à leur sujet. Le Musée n'a reçu récemment aucun nouvel échantillon de cette si curieuse classe de monuments, et ceux qui y existent depuis un certain temps ont été publiés en fac-simile avec

la plus complète exactitude par sir Henry Rawlinson. Il n'y a non plus, je m'en suis assuré par une attentive comparaison avec les originaux, rien à changer dans les fac-simile donnés par M. Layard des fragments de vases peints à inscriptions phéniciennes qu'il a trouvés à Nimroud. Ces fragments sont identiques par la nature de la fabrication, par les couleurs employées, par le système d'ornementation, aux vases les plus archaïques des îles de l'Archipel et spécialement à ceux de Théra. C'est un nouvel et décisif argument en faveur de l'origine phénicienne de ces derniers monuments, que, vous le savez, j'ai toujours soutenue.

Une nouvelle série qui vient de s'ouvrir au Musée Britannique, où elle n'était encore représentée par aucun spécimen, est celle des antiquités de la Palestine. Le révérend Arthur Stanley, doyen de Westminster, a donné une précieuse tête d'Astarté en pierre calcaire blanche, d'un travail fort archaïque, provenant des ruines d'un temple à Kadesch sur le territoire de la tribu de Nephthali. C'est un monument des cultes païens qui s'étaient introduits à une certaine époque avec tant de succès au sein du peuple d'Israël. C'est aussi à un Hébreu infidèle à la loi de Moïse et adorateur des divinités phéniciennes que l'on doit attribuer le mobilier d'une sépulture antique découverte à Bethlehem à côté du tombeau de Rachel, que le chapelain du consulat anglais à Jérusalem vient d'envoyer au Musée. Ce mobilier se compose de : trois petits vases à une anse en terre rouge; une écuelle de la même terre; deux petits vases à une seule anse, l'un en terre grise et l'autre en terre rouge; une statuette en terre cuite du travail le plus grossier, représentant l'Astarté nue, les deux mains soutenant les seins, que nous offrent tant de terres cuites de la Phénicie et de la Babylonie; une coquille de tridacne couverte de gravures au trait de style égyptio-phénicien représentant des fleurs de lotus. Le Musée Britannique en possède d'exactement semblables, trouvées par M. Loftus à Warkah, dans la Basse-Chaldée, et par M. Saltzmann à Camirus. Le tridacne-bénitier, vous le savez, est une coquille spéciale à la mer de l'Inde et qu'un commerce actif avec cette partie du monde pouvait seul apporter en Phénicie, en Palestine, en Chaldée et dans l'Archipel.

Me trouvant amené par ces objets sur le chapitre des antiquités de la Palestine, j'ajouterai que M. Deutsch, le savant orientaliste de la bibliothèque du Musée, vient de me communiquer l'empreinte d'une gemme découverte il y a seulement quelques semaines dans l'enceinte du Haram-ech-chérif à Jérusalem. Elle est sans figures, indice manifeste de son origine juive, et porte seulement une inscription en deux lignes:

לחגי ב־ ן שבני

La forme des caractères est exactement la même que sur votre gemme de Raphathiah au Louvre, trouvée sous un des taureaux de Khorsabad et que je persiste à considérer comme le cachet d'un des captifs samaritains de Sargon.

Voici maintenant le calque d'une inscription phénicienne tracée à la pointe sur la pâte encore fraîche, qui se lit à l'extérieur d'une petite écuelle de terre grise provenant de Saïda :

وا

*/ # / 9 + 9

Je ne me charge pas de l'interpréter, surtout en ce moment, n'ayant pas mes livres sous la main, mais je vous l'envoie pour être soumise à la commission du Corpus.

La collection des inscriptions carthaginoises s'est enrichie d'un certain nombre de pierres depuis la publication de M. Vaux. En général ces nouvelles inscriptions sont de date très-basse, et quelques-unes descendent même jusque vers le temps des Vandales ; elles accompagnent des sculptures déjà toutes byzantines. J'en rapporterai des estampages.

Quant à ce qui est des monuments himyaritiques, la série en est restée depuis quelques années stationnaire. Je n'y ai rien ANNÉE 1867.

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