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ce, les nôtres font incapables; & c'eft notre industrie qui nous ôte la force & l'agilité que la néceffité l'oblige d'acquérir. S'il avoit eu une hache, fon poignet romproit-il 'de fi fortes branches? S'il avoit eu une fronde, lanceroit-il de la main une pierre avec tant de roideur? S'il avoit eu une échelle, grimperoit-il fi légérement fur un arbre? S'il avoit eu un Cheval, feroit-il fi vîte à la Courfe? Laiffez à l'homme civilifé le temps de raffembler toutes fes machines autour de lui, on ne peut douter qu'il ne furmonte facilement l'homme Sauvage: mais fi vous voulez voir un combat plus inégal encore, mettez-les nuds & des-armés vis-à-vis l'un de l'autre ; & vous reconnoîtrez bientôt quel est l'avantage d'avoir fans ceffe toutes les forces

à sa disposition, d'être toujours prêt à tout événe

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événement, & de fe porter, pour ainfi di(*5.) re, toujours tout entier avec foi. (*5.)

HOBBES prétend que l'homme est naturellement intrépide, & ne cherche qu'à atta quer, & combattre. Un Philofophe illuftre pense au contraire, & Cumberland & Puffendorff l'affurent auffi, que rien n'est si timide que l'homme dans l'état de Nature & qu'il est toujours tremblant, & prêt à fuir au moindre bruit qui le frappe, au moindre mouvement qu'il apperçoit. Cela peut être ainfi pour les objets qu'il ne connoît pas; & je ne doute point qu'il ne foit effrayé par tous les nouveaux Spectacles, qui s'offrent à lui, toutes les fois qu'il ne peut dif tinguer le bien & le mal, Phyfiques qu'il en doit attendre, ni comparer fes forces avec les dangers qu'il a à courir; circonftances

rares

Fares dans l'état de Nature, où toutes chofes marchent d'une maniere fi uniforme, & où la face de la Terre n'eft point fujette à ces changemens brusques & continuels, qu'y cau fent les paffions, & l'inconftance des Peuples réunis. Mais l'homme Sauvage vivant dif, perfé parmi les animaux, & fe trouvant de bonne heure dans le cas de fe mefurer avec eux, il en fait bientôt la comparaison ; & fentant qu'il les furpaffe plus en adreffe, qu'ils ne le furpaffent en force, il apprend à ne les plus craindre. Mettez un ours, ou un loup aux prifes avec un Sauvage robufte

agile,

, courageux comme ils font tous, armé de pierres, & d'un bon bâton; & vous verrez que le péril fera tout au moins réciproque, & qu'après plufieurs expériences pareilles, les Bêtes féroces qui n'aiment point à

s'atta

s'attaquer l'une à l'autre, s'attaqueront peu volontiers à l'homme, qu'elles auront trouvé tout auffi féroce qu'elles. A l'égard des animaux qui ont réellement plus de force qu'il n'a d'adreffe, il eft vis-à-vis d'eux dans le

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cas des autres efpéces plus foibles qui ne laiffent de fubfifter; avec cet avantage pas

pour l'homme, que non moins difpos qu'eux à la course, & trouvant fur les arbres un refuge presque affuré, il a par tout le prendre & le laiffer dans la rencontre, & le choix de la fuite ou du combat. Ajoutons qu'il ne paroît pas qu'aucun animal faffe naturellement la guerre à l'homme, hors le cas de fa propre défenfe ou d'une extrême faim, ni témoigne contre lui de ces violentes antipathies qui femblent annoncer qu'une espéce eft destinée par la Nature à fervir de pâture à l'autre,

D'AU

D'AUTRES ennemis plus redoutables, & dont l'homme n'a les mêmes moyens de

pas

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l'enfance, la vieilleffe, & les maladies de toute efpéce; Triftes fignes de notre foibleffe, dont les deux premiers font communs à tous les animaux, & dont le dernier appartient principalement à l'homme vivant en Société. J'obferve même, au fujet de l'Enfance, , que la Mere portant partout fon enfant avec elle, a beaucoup plus de facilité à le nourrir que n'ont les femelles de plufieurs animaux, qui font forcées d'aller & venir fans ceffe avec beaucoup de fatigue, d'un côté pour chercher leur pâture, & de l'autre pour alaiter ou nourrir leurs petits. Il est vrai que fi la femme vient à périr, l'enfant rifque fort de périr avec elle; mais ce dan

ger

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