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ger eft commun à cent autres efpéces, dont les petits ne font de longtemps en état d'al ler chercher eux-mêmes leur nourriture; & fi l'Enfance eft plus longue parmi nous, la vie étant plus longue auffi, tout eft encore (*d.) à peu près égal en ce point; (* d.) quoi

qu'il y ait fur la durée du premier âge, & (*6.) fur le nombre des petits, (* 6.) d'autres re

gles, qui ne font pas de mon Sujet. Chez les Vieillards, qui agiffent & tranfpirent peu, le befoin d'alimens diminue avec la faculté d'y pourvoir; Et comme la vie Sauvage éloigne d'eux la goute & les rhumatifmes, & que la vieilleffe eft de tous les maux celui que les fecours humains peuvent le moins foula ger, ils s'éteignent enfin, fans qu'on s'apperçoive qu'ils ceffent d'être, & presque fans s'en appercevoir eux-mêmes.

A

A l'égard des maladies, je ne répéterai point les vaines & fauffes déclamations, que font contre la Medecine la plupart des gens en fanté; mais je demanderai s'il y a quelque obfervation folide de laquelle on puiffe conclure que dans les Pays, où cet art eft le plus négligé, la vie moyenne de l'homme foit plus courte que dans ceux où il eft cultivé avec le plus de foin? Et comment cela pourroit-il être, fi nous nous donnons plus de maux que la Medecine ne peut nous fournir de Remedes! L'extrême inégalité dans la maniére de vivre, l'excès d'oifiveté dans les uns, l'excès de travail dans les autres, la facilité d'irriter & de fatisfaire nos appetits & notre fenfualité, les alimens trop recherchés des riches, qui les nourriffent de fucs échauffants & les accablent d'indigestions, la mauvaise nourritu

re

re des Pauvres, dont ils manquent même le plus fouvent, & dont le défaut les porte à furcharger avidement leur eftomac dans l'occafion, les veilles, les excès de toute ef pece, les transports immodérés de toutes les Paffions, les fatigues, & l'épuisement d'Esprit, les chagrins, & les peines fans nombre qu'on éprouve dans tous les états, & dont les ames font perpétuellement rongées; Voilà les funeftes garands que la pluspart de nos maux font notre propre ouvrage, & que nous les aurions presque tous évités, en confervant la maniére de vivre simple, uniforme, & folitaire qui nous étoit prefcrite par la Nature. Si elle nous a destinés à être fains, j'ofe presque affurer, que l'état de réflexion est un état contre Nature, & que l'homme qui médite est un animal dépravé. Quand on fonge à la bonne

bonne constitution des Sauvages, au moins de ceux que nous n'avons pas perdus avec nos liqueurs fortes; quand on fait qu'ils ne connoiffent prefque d'autres maladies que les bleffures & la vieilleffe, on est très-porté à croire qu'on feroit aisément l'histoire des maladies humaines en fuivant celle des Sociétés civiles. C'est au moins l'avis de Platon, qui juge, fur certains Remedes employés ou approuvés par Podalyre & Macaon au fiége de Troye, que diverfes maladies que ces remedes devoient exciter, n'étoient point encore alors connues parmi les hommes.

AVEC fi peu de fources de maux, l'hom me dans l'état de Nature n'a donc guéres be foin de remedes, moins encore de Medecins l'efpéce humaine n'eft point non plus à cet égard de pire condition que toutes les autres,

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& il eft aifé de favoir des Chaffeurs fi dans leurs courses ils trouvent beaucoup d'animaux infirmes. Plufieurs en trouvent-ils qui ont reçu des bleffures confidérables très bien ci

catrifées qui ont eu des os & même des

,

membres, rompus & repris fans autre Chirurgien que le temps, fans autre régime que leur vie ordinaire, & qui n'en font pas moins parfaitement guéris, pour n'avoir point été tourmentés d'incifions, empoifonnés de Drogues, ni exténués de jeûnes. Enfin, quelque utile que puiffe être parmi nous la medecine bien administrée, il est toujours certain, que fi le Sauvage malade abandonné à lui-même n'a rien à espérer que de la Nature; en revanche il n'a rien à craindre que de fon mal, ce qui rend fouvent fa fituation préférable à

la nôtre.

GAR

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