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ches l'ont conduit à formuler la conclusion suivante : « The Musk-Ox is entitled to form a subfamily of its own, at least pro tempore, as well definied as the Caprina or the Bovine ».

Notre première rencontre avec le boeuf musqué eut lieu, le 9 juillet 1899, à l'île Sabine (environ 74°30' de Lat. N.), à quelques kilomètres du mouillage où l'expédition allemande avait hiverné en 1869-1870. Ce jour-là, nous tuâmes un bœuf musqué.

Le 12 juillet, dans la vallée de la reine Augusta (Königin Augusta Thal),

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qui débouche dans la Flache bay, nous vimes deux troupeaux, dont l'un de sept têtes, l'autre de dix ou douze. A cette date, sept exemplaires furent abattus. Cinq jours après, dans l'île Clavering, nouvelle chasse à une troupe de douze animaux. Trois furent tués, et, le 19 juillet, le même nombre dans la presqu'île Hold with Hope.

Dans le Scoresby Sound, trois degrés plus au sud, nous tuâmes cinq bœufs. A une distance de cent mètres sous le vent de ces animaux, on sentait l'odeur de musc qu'ils répandent. La veille, le premier machiniste et le lieutenant de notre bâtiment avaient été chargés par un troupeau. Le 25 août, sur les bords de la baie des Rennes (Renbugten), dans le fjord François-Joseph, deux de ces bovidés furent tués, et cinq, dont trois veaux, le lendemain dans le fjord des Géologues (Geologfjorden), également un embranchement du fjord

François-Joseph. Le 27, dans le fjord des Bœufs Musqués (Myskoxefjorden), nous ne vîmes pas moins de soixante-sept de ces animaux. Ils se trouvaient là par groupes d'effectif très variable; les uns ne comptaient que deux ou trois animaux, tandis que le plus nombreux était fort de dix-neuf individus. Les veaux étaient rares; dans ce troupeau de dix-neuf bêtes nous n'en vìmes qu'un et également un seul dans une troupe de douze têtes. Pendant tout notre voyage nous avons aperçu de deux cent trente à deux cent quarante bœufs musqués; dans ce nombre il n'y avait guère plus de neuf veaux. La femelle ne met bas que tous les deux ans, mais ce fait ne peut expliquer une telle rareté des jeunes. Probablement les loups détruisent les jeunes exemplaires.

Le 29 août eut lieu notre dernière rencontre avec les boeufs musqués. Ce jour-là, notre excellent docteur fut chargé par un solitaire, tandis qu'il était occupé à de paisibles recherches d'archéologie, et, s'il n'avait été armé d'un pistolet de 8 millimètres à magasin, du modèle de la cavalerie allemande, l'issue de la rencontre eût pu être funeste à notre compagnon.

Jusque là nous avions douté de la véracité des histoires rapportées sur les dangers de la chasse au bœuf musqué; en tous cas, nous supposions que les faits avaient été exagérés. Un chasseur de phoques norvégien avait pourtant raconté qu'un de ses hommes avait été très mal mené par un de ces animaux, et la relation de l'expédition allemande mentionne également qu'un de ses officiers avait été attaqué par un bœuf musqué qui avait déchiré ses vêtements et endommagé son fusil. Pendant l'été, nous trouvàmes toujours ces animaux très paisibles; peut-être en automne, à l'époque du rut, leur humeur change-t-elle et doit-on attribuer à ce fait l'attaque qu'eut à subir notre excellent docteur. Hearne (1795) rapporte que, pendant cette période, dans l'Amérique du Nord, les bœufs musqués attaquent tout être qui s'approche d'eux; ils chargeraient même les corbeaux et les autres grands oiseaux qui viendraient se poser dans leur voisinage. D'après le même auteur, les mâles attaquent leurs rivaux jusqu'à ce que mort s'en suive. A ce propos, je dois faire observer que deux des animaux que j'ai tués avaient une corne cassée, sans aucun doute à la suite d'un de ces combats relatés par Hearne. Les femelles mettent bas à la fin de mai ou au commencement de juin et ne donnent le jour qu'à un seul petit.

Les estomacs des bœufs musqués sont remplis d'une quantité d'aliments absolument colossale. Ce sont principalement des feuilles et des branches de Salix arctica ou d'espèces analogues. Probablement quelquefois, il absorbe également des feuilles de bouleau nain, des graminées, des Dryas, etc. Le saule constitue la principale nourriture de cet animal; sur ce point tout le monde est d'accord. L'hiver, il mange des graminées, et, sans doute, des plantes enfouies sous la neige, mais l'assertion de Payer, que la mousse et le lichen forment la base de son alimentation, est absolument fausse. Greely rapporte qu'en hiver à la terre de Grinnell, les bœufs musqués grattent la neige, pour mettre à jour

des touffes de Dryas de saxifrages et de graminées; cet explorateur ne les a jamais vu manger des lichens, ni même fréquenter les localités où ces végé taux abondent. La chair de ce mammifère rappelle celle du bœuf. Si l'on enlève immédiatement les entrailles, elle n'a pas de goût particulier. Sans cette précaution, ou si une balle a traversé l'estomac ou les intestins et amené l'épanchement de leur contenu, tout naturellement la viande a une saveur particulière; mais, il en est de même pour le renne. A mon avis, la chair de ce bovidé n'a pas un goût musqué plus prononcé que celle du renne dans les mêmes conditions. Bref, la viande du bœuf musqué est un aliment nourrissant et très sain.

Au Canada, le bœuf musqué est tué en grand nombre. En 1891, d'après Lydekker, la compagnie de la baie d'Hudson a mis en vente pas moins de 1358 peaux de ce mammifère. Dans le Grönland oriental, ces animaux sont protégés par la banquise qui, en général, défend l'accès de cette côte. Mais, si l'état des glaces devient plus favorable, gare l'arrivée des chasseurs norvégiens. Heureusement, au nord du 75° de Lat. N., s'étendent d'immenses espaces toujours bloqués par les glaces; dans cette région, les derniers représentants de cette espèce curieuse trouveront un abri inviolable et s'y perpétueront. Peut-être, sera-t-il possible de tenter l'acclimatation du bœuf musqué dans l'Europe boréal ?

Cet animal paraît supporter la chaleur et les moustiques beaucoup mieux que le renne, et, d'autre part, il sait mieux se défendre contre les loups que ce cervidé. La laine, très fine dont il est couvert pendant l'hiver et qui tombe en été, sa peau et sa chair sont des produits excellents et de valeur; par suite, s'il était domestiqué, le bœuf musqué rendrait de très grands services. En 1891, les 1358 peaux de ce mammifère vendues par la Compagnie de la baie d'Hudson ont atteint des prix variant de 7 fr. 50 à 150 francs. Des essais d'acclimatation sont, du reste, actuellement tentés.

En 1899, un chasseur de phoques norvégien ramena à Tromsö deux jeunes veaux musqués vivants. Ils ont été achetés par le Duc de Bedford et installés dans son parc zoologique en Angleterre. Si l'un d'eux est mort, l'autre est en bon état et se développe.

Cette même année (1900), plusieurs autres exemplaires de bœuf musqué ont été importés en Europe. En Suède, on songe même à tenter l'acclimatation de ce mammifère. L'expédition organisée par M. Kolthoff avait même pour objet principal la capture de bœufs musqués. L'entreprise a réussi; cette mission a rapporté deux veaux vivants, un mâle et une femelle, qui ont été placés dans une propriété du Norrland' appartenant à M. Broms, le mécène de l'expédition.

1. Suède septentrionale.

Le chasseur de phoques norvégien, Næso, ayant rapporté à Tromsö quatre jeunes exemplaires, deux de chaque sexe, je proposai à un amateur éclairé, M. C. F. Liljevalch, d'acheter ces animaux, afin de procéder à une expérience d'acclimation qui, avec un tel nombre d'animaux, serait beaucoup plus concluante qu'avec les deux de Kolthoff. Ma proposition fut acceptée; maintenant trois de ces animaux se trouvent à Medstugan, propriété de M. Liljevalch, située dans le Jämtland; le quatrième est mort à la suite d'un accident. En Suède, il y a donc actuellement cinq jeunes exemplaires de bœuf musqué, deux mâles et trois femelles.

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L'expédition danoise de 1900 a, d'autre part, rapporté du Grönland oriental, un veau musqué vivant un mâle, qui a été placé au Jardin Zoologique de Copenhague. M. Hagenbeck, de Hambourg, a acheté un jeune individu vivant, mâle, à un chasseur de phoques norvégien, et le Jardin Zoologique d'Anvers cinq exemplaires. Quatre sont morts pendant le voyage; une femelle qui seule avait survécu est morte également. Il existe donc actuellement en Europe plusieurs bœufs musqués vivants, mais seuls, les animaux qui sont en Suède ont été placés dans un milieu aussi semblable que possible à celui dans lequel ils se trouvaient au Grönland.

Les jeunes individus s'apprivoisent facilement, et on doit espérer que nous pourrons avoir dans le bœuf musqué un animal domestique utile. J'ai, en effet, fait tisser la provision de laine de ce bovidé que j'avais rapportée du Grönland en 1899; elle a fourni un drap qui peut être employé. Cette laine est extraordinairement solide et élastique malgré sa finesse; d'après les spécialistes elle peut être comparée à celle de la vigogne.

Stockholm 3 janvier 1901.

A.-G. NATHORST.

Membre de l'Académie royale des Sciences de Suède.

La Patagonie'

La Patagonie' commence à la rive droite du rio Negro, où se termine la région pampéenne, et, va jusqu'au détroit de Magellan. A l'ouest, elle est bornée par la chaîne des Andes, et, à l'est, par l'océan Atlantique. Politiquement parlant, elle se divise en deux parties: 1° la Patagonie argentine, subdivisée elle-même en trois territoires (rio Negro, Chubut et Santa-Cruz) et limitée par le rio Negro, au nord, et le 52o de Lat. au sud; 2° la Patagonie chilienne, bande de terrain, très étroite, qui va du 52o au 55o de Lat. S., et, qui a pour capitale Punta-Arenas (Pointe de Sable.) Cet immense territoire a une superficie de 12 000 myriamètres carrés et une longueur de 1680 kilomètres. Quelques Européens en habitent les côtes, faisant du commerce, de la culture ou de l'élevage. L'intérieur des terres est occupé par des tribus indigènes, nomades, qui parcourent la contrée à la recherche des lamas et des nandous.

Au point de vue géographique, la Patagonie est formée d'une succession. de hauts plateaux séparés par de grandes vallées bien irriguées. Les plateaux appartiennent à la dernière formation des grès et sont couverts, en grande partie de blocs. La marche y est pénible; les chevaux s'y blessent les pieds et n'y trouvent qu'une herbe rabougrie et peu substantielle. Ce premier aspect donne au colon une triste idée du pays; pendant longtemps, cette idée a prévalu, par suite, sans doute, des affirmations de quelques voyageurs qui, de l'aridité d'un haut plateau, avaient conclu à l'aridité de toute la Patagonie. Heureusement pour ces terres australes, de telles descriptions sont erronées, et, à côté de plateaux desséchés, il existe de vastes et belles vallées prenant naissance dans la Cordillère et venant s'ouvrir sur l'Atlantique. Ces vallées sont arrosées par de grands fleuves dont quelques-uns ont un débit considérable. Les plus importants sont le rio Negro qui délimite la frontière septentrionale, le rio Chubut, et le rio Santa-Cruz.

1. De 1895 à 1897 le comte Henry de La Vaulx a parcouru l'extrémité méridionale de l'Amérique du rio Negro au détroit de Magellan. Dans un livre plein d'humour et d'entrain, aussi amusant qu'instructif, présenté au lecteur par M. José Maria de Hérédia, de l'Académie française, ce voyageur a conté les incidents de cette longue et intéressante exploration (Voyage en Patagonie, Collection des Voyages illustrés, 4 fr. Paris, Hachette. 1901), nous réservant l'exposé de ses études topographiques (Note du Secrétaire de la Rédaction).

2. Patagonie, en dialecte Quichua, signifie colline, par contraste avec la Pampa, contrée unie. LA GÉOGRAPHIE. III. 2

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