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importance: elle fixera, en effet, en droit, la valeur d'un terme de géographie. Elle dira ce qu'est une chaîne de montagnes. Si c'est une crête ou une plaine, et, comment une chaîne de montagnes « se comporte », pour employer les termes de la procédure, c'est-à-dire, quelles sont ses dépendances. Elle dira si une chaîne de montagnes comprend, outre les crêtes, les terres basses situées à son pied. Il s'agit, en somme, de décider si des phénomènes de capture doivent se répercuter sur la géographie politique, et, annihiler l'existence d'une chaîne de montagnes choisie comme ligne de démarcation entre deux États.

Pour éclairer la religion de l'arbitre, le gouvernement argentin a publié un magnifique ouvrage dans lequel se trouve exposé son dire. Ce mémoire, qui ne remplit pas moins de quatre volumes in-4°, est accompagné de 14 cartes représentant tout le versant oriental de la Cordillère des Andes au 500 000, du 39° au 52° de Lat. S., et, certaines régions au 200 000 (sources des rios Aisen et Mayo) [45° 15′-46°] et même au 100 000° (haute plaine tertiaire à l'est de la Cordillère des Andes [43° 30'-44° 45']; lac de Buenos-Aynes, rios Fenix et Deseado). Cet ouvrage renferme, en outre, 487 planches, dont 140 hors texte. Toutes ces illustrations hors texte sont des reproductions directes de panoramas photographiques, dont quelques-uns ont un développement de 1 m. 56, et le tirage en est excellent. A eux seuls ces chiffres montrent l'intérêt scientifique de l'ouvrage argentin. L'examen de pareilles planches remplace presque un voyage dans les Andes; ces reproductions montrent tous les accidents du sol et leur importance relative, et, cela est d'autant plus important que, la politique étant intervenue dans l'exploration de la Cordillère, les cartographes ont eu recours à des artifices de dessin pour représenter certaines régions, conformément à leurs prétentions nationales. Des documents originaux ces figurés fantaisistes ont, ensuite, passé dans des publications européennes jouissant d'une grande autorité; aussi bien, les cartes des régions contestées ne doivent être acceptées que sous les réserves les plus expresses, notamment celles à petite échelle, dépourvues de cotes d'altitude. Un des panoramas de l'ouvrage argentin, la planche LXX, montre, sur l'emplacement de la ligne de partage des eaux, une plaine, alors qu'une carte, toute récente, dessine, au même endroit, une haute crête glacée.

Le dire argentin discute naturellement les propositions du Chili. Nombre de pages sont emplies par une polémique géographique. A ce débat nous ne saurions prendre aucune part; nous nous bornerons à mettre en évidence les phénomènes géologiques qui ont donné naissance au conflit. Tout d'abord, pré

1. Argentine-Chilian Boundary, Report presented to the tribunal appointed by her Britannic Majesty's Government to consider and report upon the differences which have arisen with regard to the frontier between the Argentine and Chilian Republics to justify the argentine claims for the boundary on the summit of the Cordillera de los Andes according to the treaties of 1881 and 1895. London. Printed for the Government of the Argentine Republic by William Clowes and Sons, Lim., 1900.

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FIG. 41.

LE RIO CORCAVADO (CARRENLEUFEU) DANS LA PLAINE PATAGONE, AVANT SON ENTRÉE DANS LA CORDILLÈRE DES ANDES, QU'IL TRAVERSE POUR ALLER SE JETER DANS LE PACIFIQUE.

sentons une courte description de la Cordillère des Andes; il est, en effet, nécessaire de se rendre compte de la disposition des crêtes, pour saisir le processus des phénomènes.

Au sud du 40° de Lat. S., la Cordillère des Andes est, en général, formée d'un relief orienté dans la direction du méridien, interrompu, de distance en distance, par des vallées transversales, et, limité, à l'ouest comme à l'est, par une dépression longitudinale. Au delà de chacun de ces deux fossés, le terrain se relève de nouveau, et, constitue des avant-monts, les Pré-Cordillères; à l'est de la Pré-Cordillère orientale, commence la haute plaine de la Patagonie, et, à l'ouest de la Pré-Cordillère chilienne, c'est le Pacifique. Tandis que, dans la zone contestée du nord, de très faible étendue (autour du 26° 55'), la Cordillère des Andes atteint des altitudes de près 7000 mètres, à partir du 40o de Lat. S., sa hauteur diminue notablement. Sur la crête dominant la dépression orientale, entre le 39° et le 41° de Lat. S., la cote maxima est 2600 mètres; au delà du 41°, le terrain se relève et culmine au Tronador (3400 m.), puis, jusqu'au 45°, les plus grandes altitudes dépassent rarement 2500 (2600 m. aux Tre Picos). L'arête devient, ensuite, plus saillante mont Saint-Valentin 3676 m., puis demeure très élevée, 4 000 m. environ. Du 48° au 52° de Lat. S., la Cordillère des Andes forme un énorme massif atteignant 3000 mètres, couvert d'énormes glaciers descendant jusqu'à la mer, et, que l'on ne saurait mieux comparer qu'à la chaîne du Saint-Élie

dans l'Alaska.

La Pré-Cordillère orientale est beaucoup moins saillante; seulement sur quelques points, elle dépasse 2000 mètres, et, en nombre de localités, est percée de seuils, très larges et très bas; dans ces localités, elle fait même complètement défaut et est remplacée par des plaines.

L'intensité de la glaciation est proportionnelle à l'abondance des précipitations atmosphériques; aussi bien, au nord du 38° de Lat. S., la Cordillère des Andes ne recevant que 250 mm. de pluie, sauf dans la région de l'Aconcagua (500 mm.), le phénomène glaciaire se manifeste seulement par des glaciers de deuxième ordre (Karrengletscher) ou par des glaciers suspendus, exceptionnellement par des courants de premier ordre (Thalgletscher). Au sud du 38° de Lat. S., la tranche annuelle des précipitations atteignant 1 500 millim., les glaciers prennent une puissance de plus en plus considérable. Aux environs du 42°, la glaciation recouvre des massifs entiers, et, émet, sur le versant oriental, de puissants courants qui s'étalent, à la base des reliefs, en larges nappes, réalisant le type des piedmont glaciers de l'Alaska. Sur le revers oriental des Andes, ces glaciers se terminent à l'altitude de 200 mètres (50° de Lat. S.), tandis qu'ils descendent, sur le versant chilien, jusqu'au niveau de la mer.

Mais le caractère le plus saillant de la Cordillère des Andes au sud du 40° de Lat. S. réside, non pas tant dans l'intensité de la glaciation et dans les formes du relief, que dans l'abondance des dépressions qui découpent cette

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FIG. 43.

MORAINES FORMANT LA LIGNE DE PARTAGE DES EAUX, A L'EST DU RIO FENIX.

puissante crète. A l'est de la Cordillère des Andes, s'ouvre la longue dépression longitudinale qui sépare ce relief de la Pré-Cordillère. Elle est d'origine tectonique, et, a été, ensuite, agrandie par les érosions fluviale et glaciaire. Toute cette région présente, au plus haut degré, les caractères de la topographie glaciaire drainage dans l'enfance, moraines, drumlins, abondance des lacs. D'après les recherches du Dr Moreno et de ses collaborateurs du musée de la Plata, à deux reprises différentes, la zone basse, située au pied oriental de la Cordillère, a été recouverte par des nappes de glace.

Le fossé longitudinal de l'est est particulièrement apparent à partir du 41°40′, tracé par la branche nord-ouest du Nahuel Huapi, les bassins des lacs Mascardi, Guillelmo, les vallées supérieures des rios Foyel, Puelo, Fetaleufeu, Frio. Au delà du 45°, la dépression est jalonnée par les vallées des rios Mañihuales et Murta, le fjord sud-est du lac de Buenos Ayres, le bassin du lac Nansen, la branche nord-est du lac San Martin, les bras nord et sud du lac Argentin, enfin, par le canal de l'Ultima Esperanza.

Transversalement à cette grande coupure s'ouvrent, à travers toute l'épaisseur de la Cordillère des Andes, d'autres dépressions par lesquelles les eaux du versant oriental s'écoulent dans le Pacifique. De pareils seuils sont assez fréquents dans les chaînes de montagnes; citons pour mémoire, en Europe, le Poprad et l'Aluta, déchirant les Carpathes pour rejoindre, l'un, la Vistule, l'autre le Danube, le Penée s'ouvrant un passage à travers l'Olympe; mais, nulle part ces accidents ne sont aussi nombreux que dans la Cordillère. Sur une étendue de quatre degrés en latitude, du 41 au 45o, on ne rencontre pas moins de sept vallées transversales (Rios Foyel, Puelo, Fetaleufeu, Carrenleufeu, Pico et Aisen). Ces vallées sont des gorges très étroites, hérissées de seuils, que les rivières sautent en cataractes; celle du Fetaleufeu est large seulement de 6 à 7 mètres. Elles sont, suivant toute vraisemblance, le résultat de mouvements éprouvés par l'écorce terrestre, à la fin du pléistocène, suivant les géologues argentins; les phénomènes volcaniques qui se manifestent dans la région ont probablement déterminé ces fractures que l'érosion a, ensuite, élargies et peu à peu étendues vers l'est, par des phénomènes de capture.

C'est de cette disposition topographique et de ces accidents qu'est né le conflit actuel, le Chili réclamant toute la partie de la dépression longitudinale orientale drainée par les affluents du Pacifique, par suite du recul progressif des escarpements.

Dans ces coupures transversales et dans la dépression longitudinale sont établis de nombreux lacs, dont plusieurs atteignent des dimensions considérables et sont de véritables mers intérieures. Le lac Argentin est long de 90 kilomètres; le San Martin, de 100, le lac de Buenos Ayres de 120. La plupart de ces nappes s'étendent vers l'est, à travers toute l'épaisseur de la PréCordillère, jusqu'à la lisière occidentale de la haute plaine patagone. Ils appar

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