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Mesure d'un arc de méridien au Spitsberg

Travaux de la mission suédoise

(PLANCHE 6)

Afin de présenter à nos lecteurs un tableau complet de la grande œuvre géographique poursuivie de concert, au Spitsberg, par la Russie et par la Suède, il nous a paru utile de présenter un résumé des travaux des missions suédoises, d'après différentes publications, dont nous devons la communication à l'amabilité de M. Carlheim-Gyllensköld, secrétaire du Comité royal pour la mesure d'un arc du méridien au Spitsberg.

Pendant l'été 1898, comme l'indique plus haut M. Baklund, une expédition suédoise, subventionnée par l'initiative privée, visita le Spitsberg, pour achever la reconnaissance de différentes parties de l'archipel, en vue de la mesure d'un arc de méridien. Étudier les conditions d'établissement des triangles dans les parties centrale et méridionale du Spitsberg, gravir les cimes désignées pour l'érection de signaux, notamment le mont Chydenius, situé à 50 kilomètres de l'extrémité nord du Storfjord et dont la position était fort incertaine, choisir les bases, construire des signaux, prendre des panoramas photogrammétriques et des vues des sommets atteints, enfin, reconnaître les mouillages voisins des stations de triangulation, telle était la mission des explorateurs suédois.

Le 27 juin, l'expédition, dirigée par M. Jäderin et dont faisaient partie MM. CarlheimGyllensköld, H. von Zeipel, et, le colonel russe Schultz, quittait, à bord du vapeur Ran, l'Advent bay (Icefjord) pour entreprendre sa campagne sur la côte nord du Spitsberg. Ce jour-là, l'atmosphère présentait cette transparence merveilleuse signalée par M. Backlund, malheureusement trop rare dans ces régions, au gré des géodésiens; de Green Harbour, tous les détails du glacier Nordenskiöld, dans le fond de la Klaas Billen bay, situé à soixante-dix milles marins, étaient nettement discernables! Sans avoir rencontré aucune difficulté de la part des glaces, le Ran atteignit l'île de Ross

1. Carlheim-Gyllensköld. På åttionde breddgrade. Stockholm, Albert Bonnier, 1990; du même, Uppmätning af en meridian gradbåge på Spetsbergen genom en svensk-rysk expedition, in Ymer 1900, 2, Stockholm; du même, Travaux de l'expédition suédoise au Spitzberg en 1898 pour la mesure d'un arc de méridien (Extrait des comptes rendus et des mémoires de l'Académie royale des Sciences de Stockholm pour 1899 et 1900). Stockholm, 1900; Rapport till kongl. Kommittén för gradmätning på Spetsbergen öfver den ryska grad nätningsexpeditionens arbeten sommaren 1899, Stockholm, 1900; Rapporter till kongl. kommittén för gradmätning på Spetzbergen öfver den svenska gradmälningsexpeditions arbeten 1899-1990; Tilläg till rapporter till kommittén för gradmätning på Spetsbergen öfver den svenska gradmätningsexpeditionens arbeten 1899-1900, Stockholm, 1900; Jæderis, Svensk-ryska gradmätningen å Spetsbergen, in Varia, Stockholm.

(Sept Iles), la terre la plus septentrionale du Spitsberg. L'ilot voisin, la petite île de la Table (Little Table Island), fut choisi comme la station la plus nord du réseau des triangles. Après cette reconnaissance, on revint dans le sud, le 1er juillet, et, on alla à la Treurenberg bay, sur les bords de laquelle un signal fut érigé, au sommet de l'Hekla hook. Jusqu'au 21 juillet, l'expédition fut occupée à dresser d'autres signaux sur l'île Parry, sur l'île Valden, au cap Hansteen, et, à l'Extreme hook. Nulle part les glaces ne présentèrent le moindre obstacle à la marche du navire. L'été 1898 a été la dernière des trois saisons « ouvertes » survenues depuis 1896. De mémoire de chasseur de phoques, autour du Spitsberg, pendant cette période, la mer fut libre comme jamais elle ne l'avait été auparavant. Pendant que le Ran allait faire du charbon dans l'Advent bay, une escouade explora l'Hinlopen strait. Sur le Thumb point, qui commande un très vaste panorama s'étendant jusqu'à la terre du Roi-Charles, un signal fut érigé, et, le 12 août, un second sur le mont Forsius.

M. Carlheim-Gyllensköld gravit le mont Celsius (360 m.) [Terre du Nord-Est, et, de ce point reconnut combien la carte était inexacte dans ces parages. La baie Lady Franklin est beaucoup plus profonde que les meilleurs documents ne l'indiquent, et, la vallée ouverte à l'est du mont Celsius doit être portée plus dans l'ouest. Après une excursion dans la Wijde bay, l'expédition revint dans l'Hinlopen strait, et, par ce détroit, puis par le Thymens sund, arriva, le 27 août, au cap Lee (côte ouest de l'île d'Edge ou Stans Foreland). Les travaux furent ensuite entravés par des tempêtes et des brumes; le 3 septembre la vélocité du vent atteignit 42 m. 2 à la seconde, et le lendemain l'expédition fit route vers la Norvège.

Pendant le cours de l'été 1898, l'expédition suédoise réussit à ériger des signaux sur treize points du réseau des triangles, de la petite île de la Table (Little Table Island), dans le nord, à la Thumb point, dans le sud, ainsi qu'au cap Lee.

Suivant les observations préliminaires de la mission, voici les coordonnées de ces différents points avec leur altitude calculée d'après leur baromètre, ainsi que celles de quelques autres localités importantes '.

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1. Carlheim-Gyllensköld, Travaux de l'expédition suédoise au Spitzberg en 1898, etc., no 4, p. 54. 2. Les latitudes marquées d'un astérisque sont empruntées aux cartes ou aux documents préexistants.

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Pendant leur séjour à l'Advent bay, les astronomes exécutèrent une série d'observations, afin d'arriver à une bonne détermination de la longitude du Spitsberg. D'après leurs calculs, l'hôtel des Touristes, situé sur le bord de cette baie, se trouve par 15°31'43",6 de Long. E. de Gr. Pour ce même point ou pour la hutte russe sise à quelques mètres de là, Nordenskiöld avait obtenu, en 1864, 15°37′45′′, et, en 1872, 15°37′57′′, soit une position plus orientale de 6'1" ou de 6'4". Aux Sept Iles et sur les bords de l'Hinlopen Strait, les longitudes observées par la mission de 1898 présentent un écart constant avec celles fournies par la carte. L'écart est de 14' et dans quelques localités atteint même le double. Le Spitsberg est porté sur les cartes trop à l'est d'une valeur égale à 1/18 de degré.

Le programme de l'expédition comprenait l'érection d'un signal sur le mont Chydenius. Dans l'œuvre projetée, cette cime avait une importance de premier ordre, en ce qu'elle devait être un des deux points sur lesquels devait s'opérer la jonction entre le réseau des triangles du Storfjord et celui du nord de l'archipel. Mais nul ne connaissait la position exacte de cette montagne. En 1861, gravissant un glacier au sud du mont Lovén, Chydenius avait atteint un massif montagneux au milieu des glaciers qui couvrent la presqu'ile nord-est du Spitsberg occidental. Une de ces cimes, le pic ou mont Chydenius, était, d'après ses observations, située par 70°6,5'. Depuis, quelques explorateurs, notamment Nordenskiöld, en 1864, et, en 1872-1873, avaient aperçu ce relief, mais sans pouvoir déterminer sa position avec précision. Du mont Lovén M. Carlheim-Gyllensköld reconnut qu'à la place de la montagne isolée indiquée sur les cartes se dressait une chaîne de pics, comme du reste l'indiquait la description de Chydenius. Les cimes de cette crête atteignent une altitude beaucoup plus considérable qu'on ne le croyait et constituent les points les plus élevés du Spitsberg jusqu'à présent connus (voir La Géographie 1900, II, p. 59). Cette chaîne, comprise entre 79°1′ et 79°11′ de Lat. N., soit, entre le fjord oriental de la Wijde bay et la baie formée par l'Hinlopen Strait au sud du mont Lovén, présente sept cimes. principales auxquelles M. Carlheim-Gyllensköld a donné les noms des astronomes et des mathématiciens qui, suivant ses propres expressions, « ont le plus contribué par leurs travaux à nous faire connaître la forme des corps célestes ».

LA GEOGRAPHIE. III.

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Ce relief s'étend vers le nord; sa longueur totale peut être évaluée à quarante ou soixante kilomètres, tandis qu'au sud et plus dans l'est, s'élève une seconde crête, « très élevée », à laquelle M. Carlheim-Gyllensköld a donné le nom du célèbre astronome russe, F. G. W. Struve.

D'après les visées exécutées par l'explorateur suédois, la crète Struve serait comprise entre 70°1' et 78°56′ de Lat. N., et, à 40' à l'est de la chaîne Chydenius. Seulement au point de vue géographique les résultats obtenus par la mission préparatoire de 1898 étaient donc d'une importance considérable.

* * *

La mission suédoise de 1899 était composée de neuf savants: M. E. Jäderin, chef de mission; MM. F. Engström, R. Larssen et Tr. Rubin, astronomes; le capitaine N. C. Ringertz, topographe; M. H. Frænkel, ingénieur; M. J. Westman, météorologiste; M. E. 0. Solender, chargé des observations magnétiques, et M. Wulff, botaniste.

L'expédition, qui disposait de deux navires, la canonnière Svenksund et le vapeur Rurik, partit de Tromsö le 26 juin, entra dans l'Icefjord et prit au gisement de la Fästning plusieurs sacs de charbon. D'après les essais faits à bord, ce charbon a les qualités du Cardif. Le 1er juillet, on arriva au port de la Virgo (Virgoshamn) [ile des Danois]. Mais, en 1899, l'état des glaces était loin d'être aussi favorable que l'année précédente, ainsi que l'a exposé M. Backlund; une épaisse banquise obstruait la côte nord du Spitsberg, et, pendant vingt jours les navires essayèrent de se frayer un passage à travers la glace. Au cours de cette croisière, le Svenksund explora la Woodbay (Liefdebay) qui n'avait jamais été visitée encore par une expédition scientifique.

Pour cette raison, il nous semble intéressant de traduire le passage du rapport de M. Jäderin relatant la visite du Svensksund dans cette baie :

« Nous avançons en sondant continuellement; la profondeur, en général, varie de 50 à 100 mètres. Bientôt il devient évident que les cartes donnent de cette baie un dessin complètement inexact et qu'elle s'étend à 20' plus loin dans l'intérieur des terres que ne le portent les documents actuels.

1. Les coordonnées géographiques ne sont qu'approximatives.

2. Les altitudes ont été déterminées par des visées de trois points différents.

3. D'après des observations exécutées en 1899 par MM. Frankel et Rubin, les coordonnées de ce pic seraient: Lat. N. 79°4'; Long. E. de Gr. 17°26'. (Carlheim-Gyllensköld, loc. cit. in Ymer, 1900, 2, p. 227).

<< Plus avant dans le fjord, l'eau prend une couleur rouge et devient trouble; c'est. une preuve certaine que la profondeur diminue. Nous pouvons, cependant en toute sécurité avancer jusqu'à un îlot situé un peu à l'est du milieu de la baie, l'Ejderholm (l'îlot des Eiders) comme nous l'appelâmes, mais à quelques centaines de mètres plus loin la profondeur était trop faible, même pour des canots. Ces hauts fonds paraissent former un seuil occupant toute la largeur de la baie; par derrière se trouve un bassin, vraisemblablement plus profond, dans lequel nous ne pûmes pénétrer. Ce bassin, que nous nommâmes l'Inferno, est bordé au sud par une grande montagne située à 15 kilom. 23 de l'Ejderholm, d'après une mesure au télémètre. Vers le sud-est la Wood bay se prolonge par une indentation du rivage, longue de 10 à 20 kilomètres. »>

«Alors que d'après les cartes, cette baie ne s'étend pas au delà du 79°25′ de Lat. N., l'Ejderholm est situé sur 79°18′,5, le Tantaliholm, en avant de l'Inferno, par 79°15', la rive sud de l'Inferno par 79°10'. D'autre part, la branche sud-est se prolonge jusqu'au 79°, dans le voisinage du fjord de l'ouest de la Wijde bay et de la Dickson bay. A l'extrémité sud-ouest de la baie s'ouvre une vallée; au fond on distingue des montagnes lointaines qui doivent être voisines de la King's bay. Une carte de cette baie a été dressée par le lieutenant Ringertz. »

Seulement le 20 juillet les Suédois purent atteindre la Treurenberg bay et commencer les installations en vue de l'hivernage sur les bords de cette baie.

Dans les premiers jours d'août, MM. Rubin et Frænkel firent une tentative pour atteindre la chaîne Chydenius, en partant du glacier le plus septentrional qui débouche dans le fjord oriental (Ostfjord) de la Wijde bay. Arrivés à l'altitude de 1090 mètres (baromètre), ils furent contraints de battre en retraite.

D'après les observations de ces explorateurs, le Chydenius berg constitue, non pas une chaîne isolée au milieu de l'inlandsis, comme on l'a cru jusqu'ici, mais le relief occidental du massif qui, du fjord de l'Est de la Wijde bay, s'étend à plusieurs dizaines de kilomètres dans l'intérieur des terres et qui limite vers l'ouest l'inlandsis de cette partie du Spitsberg.

Après avoir terminé les travaux géodésiques et topographiques autour du mont Celsius, un détachement de la mission suédoise composé du lieutenant Ringertz, de M. Wulff, botaniste, et du Dr Torgersrud, entreprit une excursion sur l'inlandsis de la Terre du Nord-Est. Il avança jusqu'à une distance de 6 kilomètres de l'extrémité inférieure du glacier, jusqu'à un point d'où la baie Wahlenberg était visible. (alt. 610 m.). La carte anglaise, d'après celle du professeur A. E. Nordenskiöld, indique, à la surface de l'inlandsis, entre l'Extrême hook et la baie Wahlenberg, un escarpement de glace haut de 500 mètres; tout au moins, dans la région visitée par les Suédois, cette muraille n'existe pas; le glacier présente, au contraire, une pente très douce, absolument unie, sans la moindre crevasse. Nulle part aucun nunatak ne s'élève au-dessus de cette nappe immaculée. A la lisière occidentale de l'inlandsis, non loin du Celsius berg, les explorateurs découvrirent un lac glacé, long de 2 kilomètres et large d'autant, le lac Wulff. C'est la plus grande nappe du Spitsberg.

Le 15 septembre, les navires suédois quittèrent définitivement la Treurenberg

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