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bay, laissant à la station d'hivernage, MM. Jäderin, Westman, Rubin et Frænkel et rapatriant le reste de la mission.

Tandis que la mission dirigée par M. Jäderin poursuivait son œuvre dans le nord du Spitsberg, deux explorateurs suédois, le baron de Geer et le lieutenant. O. Van Knorring, répondant à l'aimable invitation de la commission de Saint-Pétersbourg, participaient aux travaux de l'expédition russe. Dans le courant du mois d'août, ces deux voyageurs entreprirent des bords du Storfjord une longue excursion sur les glaciers jusqu'au mont Svanberg. Ce sommet, très élevé, pourrait faire partie, pensait-on, du réseau de triangles. Remontant le glacier, large de 25 kilomètres, qui débouche à l'extrémité nord-ouest du Storfjord, la petite caravane atteignit, après dix-sept heures de marche, le mont Svanberg. C'est un nunatak formé par un plateau (970 m. à son extrémité sud, d'après les observations barométriques, 1000 m. d'après des visées). Sur le versant sud du pic, le glacier s'arrête à l'altitude de 575 mètres, tandis qu'à l'ouest il monte jusqu'à 6 ou 700 mètres. Cet îlot rocheux est constitué par des couches de dolomie grénue, semblable à celle dont la présence a été signalée sur les bords de la Temple bay à l'état de blocs erratiques et sur les rives du Hornsund. Au pied sud-est du mont Svanberg s'étendait, lors de la visite du baron de Geer, un lac glaciaire.

Ce voyageur signale un cas important de progression de la glaciation dans cette région. Le glacier de Hayes aurait rempli complètement la baie Mohn et formerait une saillie en mer.

Pendant l'hivernage à la Treurenberg bay, M. Jæderin, accompagné de cinq hommes, quitta la station pour essayer d'atteindre la chaîne Chydenius; le 16 mai, la petite troupe se mit en route, et, escaladant le glacier Dunér qui débouche au fond de ce fjord, arriva sur l'inlandsis qui atteint dans cette région l'altitude de 1 200 mètres. Mais les difficultés du terrain obligèrent à renoncer à l'entreprise et, le 3 juin, les explorateurs regagnaient la Treurenberg bay. L'excursion n'avait pas été inutile en ce qu'elle avait permis de relever une partie du Spitsberg, encore complètement inconnue.

Le 26 mai 1900, le Svensksund avait quitté Tromsö avec le personnel rentré l'année précédente, à destination de la station d'hiver, mais, en 1900 l'état des glaces était encore plus défavorable que l'année précédente. Le 7 août seulement, la banquise qui couvrait la Treurenberg bay se disloqua et le Svensksund réussit à délivrer les hiverneurs. Dans ces conditions, la mission ne disposait plus que d'un temps très court pour continuer ses travaux; dès le 3 septembre il fallut, en effet, quitter le Spitsberg pour éviter un second hivernage.

Pendant les deux campagnes de 1899 et de 1900, le capitaine N. C. Ringertz a exécuté d'importants travaux topographiques. Dans le réseau des triangles il a relevé: 1° la baie Lady Franklin et la région s'étendant dans le nord jusqu'au signal du cap Hansteen et à la ligne de partage des eaux entre cette baie et la Brandewiyn bay; 2° la baie Murchison et les environs du Celsius berg; 3° l'Hekla hook; 4° la Treurenberg bay avec la région s'étendant au sud jusqu'à l'inlandsis et dans l'ouest jusqu'aux environs de la Wijde bay; 5° les terres basses du Verlegen hook; 6° les environs de la station d'hiver de la mission suédoise au 5000". En dehors du

réseau des triangles, le capitaine Ringertz a levé la Porte méridionale des Danois, la Smeerenberg bay et l'intérieur de la Liefde bay, les îles de Norvège avec le Vogelsang et le Cloven cliff (50000"), la Foul bay (50 000'), une zone du littoral large de 5 à 10 kilomètres, comprise entre le glacier Kennedy, dans la baie de Smeerenberg, et la Red bay. Des levers du capitaine Ringertz, il résulte que la carte de l'Amirauté anglaise est très inexacte depuis la baie de la Magdeleine jusqu'à la Red bay.

En complétant les travaux suédois par la belle carte de la Red bay dressée par l'expédition de S. A. S. le Prince de Monaco, il sera possible de construire une carte exacte de la côte du Spitsberg du Biscayer's hook à la baie de la Madeleine. D'autre part, en 1899, le baron de Geer et le lieutenant von Knorring ont levé les portions suivantes du Spitsberg: 1° glacier de Goës (Hornsund) (20 000); 2° glacier Hamberg, situé immédiatement au nord du mont Hedgehog; 3° la section de côte, longue de 60 kilomètres, s'étendant du cap Sud au glacier Hamberg (50 000); 4o le cap et la baie Agardh (50 000"); 5° le cap Barcam (100 000"); 6° la baie Habenicht (Terre d'Edge) (100 000'); 7° glacier Negri, et parties de la Ginevra bay et de la côte nord du Storfjord (100 000"); 8° Green Harbour (50 000o).

D'autre part, en 1898, M. Carlheim-Gyllensköld, et, en 1899, M. Tchernychev et le baron de Geer, ont poursuivi des recherches géologiques très importantes.

Une note manuscrite que M. Carlheim-Gyllensköld a bien voulu nous adresser, fait connaître l'état d'avancement des travaux de la grande entreprise russo-suédoise au Spitsberg.

« Dans le nord de l'archipel, deux triangles sont presque terminés et deux commencés; pour cinq autres, les observations n'ont pas encore été entamées. Dans le sud, cinq triangles sont presque achevés et deux commencés; il en reste deux à mesurer. En résumé, sept triangles sont presque achevés et quatre commencés.

« Les azimuts des côtés des triangles ont été déterminés en sept points; le programme, en ce qui concerne ces observations, est donc plus que rempli.

«La latitude a été observée en deux points du réseau dans le nord et en six dans le sud; dans le nord, il reste encore à faire cette détermination pour cinq localités, au moins.

«La mesure d'une base seulement est achevée; celle de la seconde est commencée. « Les observations de pendule n'ont pu être exécutées que sur un point dans la partie nord et dans la partie sud du réseau; il reste encore à exécuter des observations de ce genre dans six points au moins.

«En somme, seulement la moitié du travail est accomplie. >>

Pour terminer cette importante entreprise scientifique, deux expéditions, l'une russe et l'autre suédoise, travailleront encore l'été prochain au Spitsberg.

CHARLES RABOT.

Note sur la carte du Spitsberg (PLANCHE 6.)

La carte que nous publions fait connaître quelques-unes des modifications apportées aux documents actuels par les travaux des expéditions russes et suédoises et par ceux de plusieurs autres missions récentes. Elle a été établie pour la zone qu'embrasse le réseau des triangles d'après celle publiée par le baron de Geer Plan öfver det svensk-ryska gradmätningsnätet på Spitsbergen efter nyaste mätningar, mai 1900 (1 000 000"). (Rapport till Kongl. Kommitten for gradmätning på Spitsbergen öfver den ryska gradmätnings expeditionens arbeten ommaren 1899 et Ymer, Stockholm, 1900, 2.) Sur ce document, les contours de la baie Murchison, de la baie Lady Franklin, de la Treurenberg bay sont indiqués d'après les levers du capitaine Ringertz, ceux de la Wijde bay d'après les travaux de MM. Jäderin et Schultz, ceux de l'Icefjord d'après des levers inédits du baron de Geer.

Parmi les autres sources que nous avons mises en œuvre, citons: 1° l'œuvre topographique de l'expédition suédoise de M. A. G. Nathorst (1898) comprenant : les cartes de la Terre du Roi-Charles par MM. Kjellström et Hamberg (Ymer, 1899, 1), de la baie Van Mijen par M. Kjellström et de la baie Van Kenlen par Hamberg; ces deux dernières, encore inédites, nous ont été obligeamment communiquées par le professeur A. G. Nathorst; 2° la carte de la Red bay levée par le lieutenant de vaisseau Guissez, au cours de l'expédition de S. A. S. le prince de Monaco en 1899 (voir La Géographie, III, 3, 15 mars 1901, p. 243); 3° les levers de Sir Martin Conway, dans le Spitsberg central (Adventdal, Sassendal) [Sir Martin Conway, The First Crossing of Spitsbergen, 1897, Dent, Londres] et entre la Kings bay et l'Icefjord (Sir Martin Conway, With Ski and sledge over arctic glaciers, 1898, Dent, Londres).

Une importante modification apportée au tracé du Spitsberg par la mission suédoise de 1898, la profonde indentation de la Wood bay dans l'intérieur des terres, n'a pu être dessinée faute de renseignements précis.

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Sur la carte que nous publions, nous avons essayé de donner une représentation de l'étendue de la glaciation, mais ces indications ne peuvent être que très approximatives en l'état de nos connaissances.

Les récentes explorations confirment les vues que nous avons toujours exprimées sur l'intensité du phénomène glaciaire au Spitsberg. En dehors de la Terre du Nord-Est, il n'existe point dans l'archipel d'inlandsis, seulement dans la partie orientale du Nieuw Vriesland paraît se rencontrer une vaste nappe de glace, laquelle se prolonge le long de la côte ouest du Storfjord. Partout ailleurs les glaciers sont morcelés par des pitons ou par des crêtes, partout ailleurs le substratum rocheux perce le revêtement cristallin. Dans certaines régions même, autour de la Sassen bay et de l'Adventdal, ainsi qu'entre le Green Harbout et l'Advent bay (Icefjord) et le Belsund, la glaciation est localisée autour des sommets.

CHARLES RABOT.

Bingerville

La nouvelle capitale de la côte d'Ivoire

Lorsque le décret du 10 mars 1893 fit de la côte d'Ivoire une colonie indépendante, M. Binger, nommé gouverneur de la jeune colonie, ne tarda guère à reconnaître combien la situation de Grand-Bassam, sa capitale, était défectueuse à tous les points de vue. Bâtie sur une étroite langue de sable, entre une petite lagune, marécage infect, et la mer, la ville de Grand-Bassam ne paraissait susceptible ni d'amélioration ni de développement. Les premières études en vue du déplacement du chef-lieu portèrent sur la côte ouest de la colonie, et, l'emplacement préconisé, tout d'abord, fut le plateau qui s'étend entre Sassandra et Drewin. Le commerce, puis l'administration s'étaient installés à Grand-Bassam, parce que c'était l'endroit où aboutissaient les produits de l'intérieur descendus vers la côte, en suivant la vallée du Comoë et une partie de la lagune Ebrié. Par la force des choses, Grand-Bassam était devenu le centre le plus riche et le plus important de la côte d'Ivoire, en même temps que la base d'opérations naturelle de notre action dans l'intérieur, vers Bondoukou, et, même vers Kong, tant que la sécurité ne serait pas assurée dans le Baoulé. Vivement frappé de ces avantages indéniables non moins que des inconvénients que présentait la situation excentrique de l'emplacement proposé entre Sassandra et Drewin, M. le gouverneur Mouttet, qui avait succédé à M. Binger en 1896, s'opposa à l'idée du transfert et consacra tous ses soins et des sommes relativement importantes à des améliorations à GrandBassam. La double épidémie de peste et de fièvre jaune survenue en 1899, et, localisée à Grand-Bassam vint, malheureusement, démontrer l'inanité des efforts tentés dans ce sens. La question du transfert du chef-lieu se posait donc avec une urgence nouvelle, sans que les raisons opposées par M. Mouttet au choix d'un emplacement sur la côte ouest eussent diminué de valeur.

Entre temps, une mission dirigée par le commandant du génie Houdaille s'était rendue à la côte d'Ivoire pour y étudier la création d'un port et d'un chemin de fer. Elle préconisait le percement d'un chenal à Petit-Bassam et l'établissement du port dans la baie d'Abidjean, sur la rive nord de la lagune Ebrié. La question du transfert du chef-lieu se posant avec une acuité nou

velle au moment où le commandant Houdaille achevait ses travaux, il en vint tout naturellement à proposer, pour l'emplacement de la future capitale, le voisinage du point qu'il avait choisi comme port et comme terminus de la voie ferrée. On touchait, enfin, à la vraie solution, à la seule conforme aux intérêts commerciaux et politiques de la colonie.

La lagune Ebrié, en effet, est, en quelque sorte, le cœur économique de la côte d'Ivoire. Ses eaux profondes, son développement de plus de 100 kilomètres de l'est à l'ouest, les baies multiples et profondes de sa rive septentrionale en font le plus gros centre de production d'huiles et d'amandes de palme de la colonie, en même temps qu'elle fournit des moyens de transport faciles aux exploitations d'acajou. A l'ouest, par la route Dabou-Tiassalé, elle est déjà et deviendra de plus en plus le débouché des caravanes venant du Baoulé et du pays de Kong; à l'est, elle communique avec la lagune Potou, où se trouve l'embouchure de la rivière Mé qui traverse le pays Attié, et, avec le Comoë qui draine vers la côte les produits de l'Indénié, de l'Assikasso, de Mango et de Bondoukou. De Craffy, à son extrémité ouest, on n'est plus qu'à quatre heures de marche de Lahou, tandis que, de Bassam, on peut gagner Assinie, en huit ou dix heures. Dès son arrivée dans la colonie en octobre 1899, M. Roberdeau, qui avait succédé à M. Mouttet comme gouverneur de la côte d'Ivoire, comprit l'urgence d'évacuer Grand-Bassam et la nécessité de ne pas s'installer ailleurs que sur la lagune Ebrié.

Sans discuter l'excellence de la baie d'Abidjean choisie par la mission Houdaille comme port futur, il parut à M. Roberdeau que le plateau qui s'étend à côté du village indigène d'Adjamé offrait, avec ses altitudes variant de 80 à 100 mètres, les savanes qui l'avoisinent, son orientation ouverte aux brises de mer, des conditions hygiéniques bien meilleures que les collines d'Abidjean qui atteignent à peine une hauteur de 42 mètres et dont l'orientation était beaucoup moins favorable.

La distance qui sépare Abidjean d'Adjamé est d'environ une dizaine de kilomètres. Il fallut donc faire accepter au ministère des Colonies la conception d'une capitale en partie double, l'une administrative et sanitaire, l'autre à peu près entièrement commerciale. Cette organisation est de règle dans la plupart des colonies étrangères en pays intertropicaux, mais elle n'est pas encore familière aux cerveaux français saturés de centralisation administrative. Il convient donc de rendre justice à la bonne grâce avec laquelle les bureaux des Colonies voulurent bien admettre cette idée.

En avril 1900, les études commencèrent; le mois suivant, on attaquait les défrichements, et, on posait les assises de la première maison. Le 25 novembre de la même année, le gouverneur Roberdeau était installé dans le nouveau chef-lieu avec les services de son cabinet et du secrétariat général. Le nom de Bingerville, précédemment proposé par la mission Houdaille pour le port

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