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Dans la campagne du Bornou, ma mission prêtera encore un concours effectif; le commandant Reibell a dit lui-même, avec sa grande éloquence, la belle conduite des spahis soudanais au combat d'lssgué.

Le 24 mai avait lieu la dislocation; ma mission reprenait la route de Zinder, en traversant tout le Bornou, sur la demande même du sultan de ce pays, qui était tout heureux de pouvoir montrer que nous étions ses alliés et que nous ne l'abandonnerions pas, au cas où Fad' el-Allah aurait eu des velléités de reprendre la campagne. Avant de quitter Kouscheri le commandant Reibell avait mis à ma disposition le brigadier Trenque des spahis sahariens. Je n'ai eu qu'à me louer des services de ce brave garçon dont le dévouement et le courage sont au-dessus de tout éloge. Atteint par une bilieuse à calore au moment où nous quitterons Zinder pour rentrer en France, ce brave serviteur ne pourra partir avec nous. Le colonel Péroz qui vient d'arriver à Zinder va, enfin, pouvoir le renvoyer en France auprès de son vieux père.

A partir de Dikoa je suivis l'itinéraire par Maiduguri et Magoumneri pour de là remonter au nord sur le Komadougou Yoobé près de Doutchi et rejoindre Zinder, où nous arrivions le 10 juillet. Cette traversée du Chari à Damaghara faite en plein hivernage ne s'accomplit pas sans de grosses difficultés, mais le plaisir de rentrer dans notre capitale et de retrouver les braves tirailleurs restés à Zinder diminuait les fatigues de la route. Quand, le 10 juillet, en entrant dans la ville, une réception grandiose nous accueillit, nous eùmes vite oublié et les privations et les souffrances endurées, pour ne songer qu'au plaisir de nous retrouver, après avoir fait tout notre devoir.

En arrivant à Zinder, j'avais, en outre, la satisfaction de trouver un pays calme et complètement confiant. L'accueil enthousiaste que me firent les populations me montra que la pacification de ce pays était définitivement établie et que le sergent Bouthel avait su, pendant mon absence, s'attirer leur sympathie. Cette conduite lui fait le plus grand honneur et mérite d'être signalée à l'attention de tous. Quelques jours après, le 19 juillet, une reconnaissance composée de cent fusils sous les ordres de l'adjudant Bouthel attaquait à Tanamari, à 110 kilomètres dans le nord-est de Zinder, un chef touareg nommé Moussa, qui jetait la terreur dans tout le Damhergou. Ce fut un combat terrible où tous les Touaregs se firent tuer plutôt que de se rendre et où vingt de nos hommes furent tués ou blessés à coups de sabre ou de ·lance. L'adjudant Bouthel avait montré là des qualités militaires remarquables.

En attendant que le gouvernement envoyât une relève qui nous permit de rentrer au Soudan, j'employai mes loisirs à faire une tournée dans le pays de Zinder dont j'ai pu ainsi rapporter une carte à peu près complète.

Le 3 octobre, le capitaine Moll arrivait à Zinder avec une compagnie de 250 hommes, et, le 11, ma mission reprenait, enfin, la route du Soudan. Avant le départ, j'avais exhumé les corps du colonel Klobb, du capitaine Cazemajou et d'Olive, pour les ramener au Soudan, conformément aux désirs de leur famille.

Je ne parlerai pas des difficultés que nous avons rencontrées dans cette route de retour; la chaleur, les étapes sans eau de plus de 70 kilomètres, le mauvais état de-santé de mes hommes presque tous atteints du ver de Guinée; mais, tout cela ne nous impressionnait pas outre mesure, car nous approchions du terme de la mission.

Le 17 novembre au matin, du haut d'une colline nous apercevions une grande ligne blanche devant nous. C'était le Niger! C'était le Soudan!

Une émotion indescriptible s'empara de nous tous; mes braves tirailleurs ne se sentaient plus de joie, en songeant qu'ils revoyaient leur pays, auquel si souvent ils avaient songé et qu'ils avaient bien cru ne plus revoir.

Notre mission était terminée, la dislocation se fit lentement, et, le 24 décembre, je pouvais, enfin, quitter Say pour rentrer en France par le Dahomey.

Avant de terminer cette conférence je voudrais donner un aperçu de l'organisation actuelle du pays de Zinder.

Trois races distinctes occupent ce pays. La race dominante est la race haoussa, dont est originaire le sultan lui-même et toute sa famille; autrefois le pays de Zinder était une province tributaire de l'empire du Bornou. Il en résulte que l'on trouve alors à côté de la race haoussa de nombreux Bornougens. Le nombre de ces derniers n'avait fait qu'accroître d'ailleurs lors de l'invasion du Bornou par Rabah.

Enfin la troisième race est le Touareg.

Dans le pays de Zinder on retrouve les institutions féodales telles qu'elles existaient en France, il y a une dizaine de siècles. La tête de l'empire est le sultan; on ne pourrait décrire l'adoration dont ce chef est l'objet de la part de ses sujets; ses désirs sont des ordres toujours exécutés immédiatement; son autorité est telle qu'il me disait un jour : « Rien ne peut se passer dans le pays que je ne le sache immédiatement et rien ne peut être perdu qui ne me soit rapporté. » Autour de lui se trouvent tous les vizirs, ayant chacun leurs attributions bien définies : l'un, le Caïgama, est le chef des armées; le Serky Foulani, préfet de la ville et chef de tous les étrangers; le Serky N'Rouafi, chef des eaux du pays; le Serky N'Beye, chargé de la maison du sultan, etc. De plus à Zinder même se trouvent des chefs de provinces.

Le pays lui-même est divisé en cantons; à la tête de chacun d'eux est un Serky, originaire de ce canton et pris toujours dans la même famille.

On peut voir avec quelle méthode ce pays était organisé avant notre arrivée; il eût été une faute de ma part d'y apporter le moindre changement; j'ai compris immédiatement que commander ce pays revenait à commander le sultan.

Pour donner une idée exacte de ce qu'est ce pays de Zinder, il me faudrait évo quer des tableaux des Mille et une Nuits. Il me faudrait décrire et l'intérieur du palais du sultan avec ses lits couverts d'étoffes de soie et de velours brodées d'or, le tout parfumé à l'essence de rose; il me faudrait évoquer le faste oriental transporté en pleine Afrique centrale; il faudrait décrire aussi ces cavalcades où les accoutrements les plus grotesques se mêlent aux manteaux brodés et aux velours damassés. Le cadre de cette conférence ne me permet pas de m'étendre sur ce sujet. Qu'il me suffise de dire que le pays de Zinder est un pays riche où le blé, le citronnier, le mil, le maïs, le riz, les dattiers, etc., en un mot, tous les produits soudanais y poussent en abondance. Le climat y est admirablement sain; aussi ne crains-je pas d'affirmer que ce pays est appelé à un grand avenir, sinon pour la grande, du moins pour la petite colonisation.

Une étude complète serait nécessaire pour parler des Touaregs Kel Oui qui vivent dans le pays de Zinder, dans le Damhergou, et, dans l'Aïr; je me contenterai de dire qu'à l'heure actuelle, tous les Kel Oui ont fait leur soumission complète, amenés à composition par l'établissement d'un poste à Zinder, par une administration ferme mais bienveillante, par la mort de Moussa tué à Tanamari, qui était leur ennemi invétéré, et, surtout par cette nécessité où ils sont de venir se ravitailler dans le pays de Zinder.

C'est avec l'aide des Kel Oui que j'ai effectué tous les transports de ma mission et ces mêmes Touaregs, qui m'avaient accompagné dans toute ma mission autour du Tchad, ont tenu à me conduire à Say, lors de mon retour au Soudan. J'ai donc pu apprécier leur honnêteté et leur dévoûment. Un chef aussi expérimenté que le colonel Péroz peut obtenir des Kel Oui des résultats merveilleux et saura certainement les utiliser au mieux de nos intérêts. Pour terminer, je tiens à résumer l'œuvre de ma mission.

Avec des effectifs restreints, nous avons accompli point par point tout ce qui avait été prescrit par le gouvernement au colonel Klobb: l'étude complète de la frontière franco-anglaise; la conquête des rives nord, est et sud du Tchad. De plus, nous avons coopéré à la destruction de l'empire de Rabah; enfin, en plus de ce qui était prévu, nous avons pris et pacifié ce beau pays de Zinder que je consi dère comme le joyau de notre empire colonial dans le centre de l'Afrique. J'adresse ici publiquement mes remerciments les plus sincères et les plus émus au capitaine Meynier, à l'adjudant Bouthel, au maréchal des logis Trenque et à tous mes braves Soudanais. Grâce à leur aide j'ai pu triompher des plus grandes difficultés et travailler effectivement à la grandeur et à la gloire de mon pays.

PAUL JOALLAND, capitaine d'Artillerie coloniale.

Itinéraire de Salé à Tanger

par Méquinez, Fez, Ouazzan, Alkazar, Larache,

Azila, Tétouan

fre étape.

Sla à El-Knitra, 38 kilomètres (six heures et demie environ). De Sla la route se dirige à peu près au N.-E. en suivant un pli de terrain entre deux chaînes de collines peu élevées, s'écartant peu à peu de la côte. Territoire des Aamer, végétation de steppe. Cultures peu nombreuses, céréaes, figuiers. Douars rares et peu importants. 30 kilomètres bifurcation de la route; une branche conduit à Mahdiya, dont on aperçoit les murs sur une hauteur au N.-O., l'autre se dirige vers l'E.-N.-E. Nous suivons celle-ci, longeons un étang entouré de pâturages, Daïa ber-rami, et quittons le territoire des Aamer pour entrer dans celui des Beni Ahsen. - 36 kilomètres : Oued Sbou; angle O. d'un grand crochet du fleuve vers le S., où se trouve une kasba de construction récente. - La route suit la rive gauche de la rivière vers l'amont. 38 kilomètres El-Knitra, pont en maçonnerie franchissant un ruisseau qui se jette dans le Sbou, près de l'angle E. de son crochet. Près du pont, sur la rive gauche du ruisseau, douar à 25 mètres d'altitude. Le niveau du Sbou, à cet endroit, y est inférieur d'une dizaine de mètres. Qme étape. - El-Knitra à Dar ben-Khadda, 40 kilomètres (près de 7 heures). D'El-Knitra la route se dirige vers le N.-E. pendant environ 9 kilomètres, puis vers l'E.-N.-E. Au N., colline couronnée d'un marabout. — 12 kilomètres Souk el-Khmis (marché du jeudi). : 15 kilomètres à gauche, koubba

-

de Sid el-Arbi es-Sahraoui, un peu plus loin, à droite, celle de Sidi Aïach. — Plaine accidentée, couverte d'une belle végétation après les pluies, brûlée et déserte pendant huit mois avant leur retour. Au S. on distingue par moments la lisière de la grande forêt des Zemmour. 28 kilomètres Mechrâa erRemla, gué de l'oued Er-Remla, ruisseau peu important en cette saison (septembre), aux eaux limpides coulant à fleur de terre dans un lit de sable bordé de joncs. Près du gué, Souk et-Tleta, marché du mardi. La route se dirige vers l'E. à travers un pays absolument plat et dénudé. Au N., vastes marécages visibles moments de la route. par 40 kilomètres à droite, le mau

:

solée d'une sainte, Lella Ito, puis, à gauche, Dar ben-Khadda, grand douar entourant quelques constructions en pisé, résidence du caïd d'une fraction des Beni Ahsen. Altitude 40 mètres.

3me étape.

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Dar ben-Khadda à El-Khmis, 42 kilomètres (7 heures).

La route continue vers l'E., en déviant légèrement vers le S.-E. 5 kilom. 500: à droite Sidi Abbad, douar, vergers. 12 kilomètres : on franchit le lit d'une rivière intermittente; à gauche, douar de Sidi Aamer. — La direction de la route se rapproche du S.-E. 24 kilomètres : Oued Beht, rivière assez importante, bordée de vergers. A l'endroit où on la franchit, près de Si-Sliman, elle roule ses eaux jaunes dans un lit large d'une vingtaine de mètres, entre deux talus argileux naturels de 5 à 6 mètres de haut. La route traverse, ensuite, une vaste plaine nue, se dirigeant vers une chaîne de montagnes qui bornent l'horizon à l'E. — 41 kilomètres : Oued-Rdem, gros ruisseau, aux eaux boueuses, encaissé entre deux hautes parois argileuses. Sur la rive droite est établi un douar, où siège un caïd de la tribu des Cherarda. 42 kilomètres : à l'E. du douar, au pied des montagnes, Souk el-Khmis (marché du jeudi). Altitude, 80 mètres. Près de là, l'oued Rdem sort d'un passage étroit qu'il s'est frayé à travers la montagne, et arrose les jardins de la Zouïa de Sidi Kacem, située de l'autre côté de la rivière, sur une terrasse du versant occidental du Djebel Outita dominant la plaine du Gharb.

El-Khmis à Meknas, neuf heures, à raison de 5 kilom. 500,

4me étape. environ, à l'heure.

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Ne pouvant suivre la vallée trop étroite de l'oued Rdem, la route escalade la montagne au N. de celle-ci, puis, redescend vers le S. sur son versant oriental, et, retrouve le cours d'eau à l'endroit où il pénètre dans la gorge mentionnée plus haut. On remonte, ensuite, la vallée fertile et relativement bien cultivée de l'oued Rdem, traversant et retraversant celui-ci à plusieurs reprises, et restant finalement sur sa rive gauche. Les montagnes au N.-E. font partie du territoire des Cherarda, celles au S.-O. de celui des Guerouan. Après quatre heures un quart de marche, environ, nous quittons la grande route de Meknas, traversons la rivière, et, après une montée assez roide sur la rive droite, nous dirigeons droit à l'E. vers le Djebel Zerhoun. - Cinq heures trois quarts arrivés au pied de la montagne, nous tombons sur une autre route menant à Meknas. A l'E., dans un vallon s'ouvrant dans le flanc boisé du massif en face de nous, la fameuse Zaouïa de Mouley Edris, berceau de la dynastie des Edrisides et tombeau de son fondateur, lieu saint entre tous; au N.-E., à une petite distance, Ksar Faraoun, les ruines de Volubilis. — Nous suivons la route de Meknas vers le S., le long du versant occidental du Djebel Zerhoun, territoire des Zerahna. Sept heures méridionale de la montagne. -Plaine cultivée. ruisseau au lit rocailleux se dirigeant vers l'O.

source à droite, à la base Sept heures trois quarts:

-

La route monte vers

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