Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

(bonnes femmes en pierre), etc., analogues à ceux décrits par Potanine dans ses Otcherki, etc. (Esquisses de la Mongolie nord-occidentale).

A la fin d'août, M. Kozlov, partant de Kobdo, gagna la vallée qui sépare la chaîne septentrionale (elle porte les pics neigeux de Batour Khairkhan et de MounkouTsasoto Bogdo) de la crête méridionale (Altain-Nourou). Dans la région des sources du Bordjom, affluent du Tsitsik-Nor, se trouve une mine d'argent où travaillent plus de cinquante Mongols et Chinois. (Produit annuel 500 sacs environ). Le minerai est expédié à Ouroumtchi. Jusqu'au Khoulmou-Nor l'ossature des montagnes est formée de granites roses ou gris, dénudés par les agents atmosphériques. A une vingtaine de kilomètres de ce lac (et non à cinquante-cinq, comme l'indiquent les cartes), se trouve le Toun-Koul (1870 m.). Au nord-est de cette nappe, à travers un marais (et non un lac, comme l'indiquent les cartes), le CharghineTsagan-Nor (250 m. d'alt.), M. Kozlov a poursuivi droit à l'est jusqu'au lac Begher, entre les monts peu élevés qui représentent la chaîne du nord et les puissants massifs de Khara-Atszarga et de Bourkhan-Boudda qui constituent la chaîne. méridionale. Les deux chaînes sont couvertes d'épaisses forêts (limite supérieure : 1900 mètres environ). La rumeur mystérieuse que les indigènes signalèrent aux voyageurs comme se produisant dans cette région, sur les flancs des montagnes n'est, en réalité, que le bruit dû à la rencontre, sous un angle de 30°, du courant d'air chaud de la plaine avec le courant froid de la montagne. Près du CharghineTsagan-Nor se rencontrent de nombreux bosquets de « soulkhir » (Agriophyllum gobicum), dont les graines servent de nourriture aux Mongols desséchées et moulues, elles donnent une farine analogue à celle du blé. C'est le second exemple de l'emploi alimentaire du « soulkhir »; le premier a été cité par Prjévalsky dans l'Alachan.

C'est à l'est du massif de Bourkhan-Bouddha que se termine, en vue du lac d'eau douce, Khoudouk-Nor (Lac du Bonheur), la chaîne de l'Altaïn-Nourou. Le relief du pays, ici comme plus à l'est, ne ressemble pas au dessin porté sur les cartes. C'est à 22 kilomètres à l'est du lac Khoudouk que l'expédition de Kozlov fit une halte assez prolongée, au lieu dit Dalantourou' (déterminé astronomiquement), non loin de la route menant d'Ouliassoutaï à Yu-men-hsien, près de Sou-tcheou. De Dalantourou, M. Ladyghine fit une excursion vers le lac salé, le Booun-Tsagan Nor. Ensuite, les voyageurs se portèrent vers l'Orok-Nor, entouré, comme le précédent, de sources, mais situé déjà au pied du versant de la chaîne septentrionale formée ici par les massifs d'Iké (Grand) Bogdo et de Baga (Petit Bogdo; l'extrémité est du premier se trouve au sud de l'extrémité ouest du second. La végétation de celui-ci est plus riche que celle de l'Iké-Bogdo. Dans des ravins latéraux, on voit, en abondance, le peuplier et trois ou quatre espèces différentes d'arbrisseaux, tandis que les fentes de l'Iké-Bogdo sont nues ou ne portent que quelques rares bouquets d'arbres. L'animal caractéristique des deux Bogdo est une espèce de bouquetin (Capra sibirica). L'altitude absolue

1. A 1 kilomètre au nord de Dalantourou se trouve un menhir, une dalle de schiste, ayant près de 3 mètres de hauteur et 50 centimètres de largeur; il porte des traces de dessins presque complètement effacés; à la base de la dalle, on trouve un amas de pierres de diverses grandeurs.

au pied du grand massif est de 1800 mètres, en moyenne; au pied du petit, elle est de 2 100 mètres environ.

Après avoir traversé le Tatsin-Gol, qui coule au milieu de riches pâturages et de bouquets de darissoun (Lasiagrostis), si hauts qu'ils masquent un homme à cheval, M. Kozlov atteignit le massif d'Artsa-Bogdo qui marque l'infléchissement de la chaîne septentrionale vers le sud-est. Un nouvel arrêt assez prolongé eut lieu au puits de Tchatseringhi Khoudouk (point déterminé astronomiquement), à 35 kilomètres au sud-ouest de l'Oulan-Nor (lac Rouge), porté, au moins à 100 kilomètres trop à l'est, sur la carte de Pievtsov. Le puits (Khoudouk, en mongol) Tchatseringhi se trouve en face de l'énorme massif de Gourban (triple)Saïkhan, formé du Baroun (septentrional) Saïkhan, du Doundou (moyen ou central)Saïkhan et du Tsoun (méridional)- Saïkhan. Là Kozlov rencontra Kaznakov. Ce dernier, parti du Khoulmou-Nor, avait longé, d'abord, le versant sud de l'AltaïnNourou, puis, à partir du « Kuré » (couvent bouddhiste) de Youm-Beysin, s'était engagé entre la chaîne nord et la chaîne sud, pour se rencontrer avec le chef de l'expédition. Il avait contourné le Tsoun-Saïkhan, près du puits Denghen-Khoudouk (Lenghi des cartes; 43° de Lat. N., 105'°20′ de Long. E. Greenw.), et, s'était dirigé, ensuite, le long de son versant septentrional. Le versant sud de l'Altaïn-Nourou, sauvage et désert, est coupé de nombreuses entailles dénudées qui se prolongent dans le désert sous forme de ravins où se blottissent contre le vent, des bouquets de Caragana. Souvent on voit au pied des montagnes des blocs de granite de deux mètres de diamètre et plus; dans les vallées, des blocs analogues sont couverts d'une couche de substance verte dont la nature est restée inconnue au voyageur. Le désert qui s'étale au sud de la chaîne est parcouru par des troupes de « dzeren » (Antilope gutturosa); d'après les récits des Mongols, on y rencontrerait aussi un animal, nommé « taka », semblable au koulane (âne sauvage), mais ayant la crinière plus fournie, les jambes plus longues et la queue touffue (probablement le cheval sauvage, Equus Przewalskii). Ce renseignement sur l'équidé en question a été recueilli à une trentaine de kilomètres à l'ouest du Bidjen-Gol, qui arrose les champs d'une trentaine de Mongols demi nomades. Ces derniers labourent avec une charrue primitive, et irriguent leurs champs, d'après des règlements analogues à ceux du Turkestan. Les environs du BidjenGol et de l'Alyk-Nor, déversoir de deux rivières Nokhintcha et Gokhintcha, ont une végétation relativement abondante. Les collines argilo-sableuses couvertes de bosquets de « Tkhara » (Populus diversifolia) et de tamaris y alternent avec des roselières autour de sources d'eau potable. A l'est de l'Alyk-Nor le désert redevient sableux, avec des dunes couronnées de bouquets de saksaoul (Halymodendron), de Lasyagrostis et de diverses salsolacées. Il est dominé, au nord, par le massif d'Iké-Taïn, partie intégrante de l'Altaïn-Nourou; au sud, il est borné par la chaîne d'Adji-Bogdo (3 chaîne de l'Altaï?) dont quelques cimes étaient couvertes de neige au moment du passage de l'expédition (octobre). A Khoga, entre la rivière de Saksaï et la plaine salée (« Tzaïdam » des Mongols), on rencontre de nouveau quelques champs d'orge appartenant aux Mongols, et entourés d'innombrables monticules construits par les Gerbilles.

Passé le monastère de Youm-Beysin, où réside un « Khoubilgan» (incarnation d'un saint bouddhiste), entouré de trois à quatre cents lamas, M. Kaznakov s'engagea entre les monts Baga: Baïn-Tsagan (dans la chaîne septentrionale) et une succession de massifs: Altyn-Oula, Nemeghété, Senéré, etc., alignés vers l'estsud-est, et représentant probablement les restes d'une chaîne granitique, ensevelie sous les dépôts détritiques fournis par ses propres flancs. Dans ce coin de la Mongolie, qui fait partie de l'aïmak ou principauté de Saïn-Noïn, l'administration des «Khochouns » ou districts est entre les mains d'ecclésiastiques spéciaux portant des titres divers (Lamyin Gheghen, Noï-Koutoukhta, etc.), dont le choix est fait comme celle du Dalaï-Lama de Lhassa et des « Khoubilgans » en général, d'après les indications secrètes du haut clergé, et d'un enfant de cinq à six ans élevé au couvent et qui est censé représenter la nouvelle incarnation du lama décédé. Poursuivant sa route vers l'est, Kaznakov arriva à l'oasis de Baïn-Toukhoum, situé sur la route des caravanes qui vont d'Ouliassoutaï à Koukou-Khoto. Au delà du couvent Chuluté, en vue des monts Argalenté qui semblent prolonger la série de massifs isolés de la chaîne méridionale, le voyageur russe retrouva la route d'Ourga à l'Ala-Chan, et put relier son levé à celui de Prjevalsky, au puits de Saïren (Dzere-Khoudouk des cartes), situé un peu au sud-ouest du point de Denghen-Khoudouk. De là, M. Kaznakov tourna au nord-ouest pour rencontrer Kozlov aux environs de l'Oulan-Nor.

La deuxième partie de l'expédition, la traversée du Gobi central, s'est opérée, en décembre 1899 et janvier 1900, par trois routes en partie parallèles. M. Kozlov, se séparant de Kaznakov à Dzourkhaï-Datsan (temple), sur le versant sud du Gourboun Saïkhan, choisit la route la plus orientale, passant un peu à l'est du méridien de Liang-Tcheou. M. Kaznakov se dirigea, d'abord, plus à l'ouest vers les lacs jumeaux Gachioun et Sokho, puis obliqua, au sud-est, pour arriver à Tengyan-ing, capitale de l'Ala-chan. Pendant ce temps, M. Ladyghine, partant de Dalantourou, traversa le Gobi plus à l'ouest, et, arriva à Sou-Tchen. Les trois explorateurs se rencontrèrent, ensuite, à Tchortynton, au sud-ouest de Liang-Tcheou.

Après avoir traversé les monts Kouko-Morito, M. Kozlov arriva dans la dépression de Goïtso, 600 mètres au-dessous du niveau de la mer. C'est la lisière du grand désert de Badaïn-Djarenghi Ilissou, où l'on trouve encore des oasis ou des roselières. Quant au désert même, c'est un vaste, espace moutonné, dont les sables recouvrent à peine la roche sous-jacente; les «barkhanes », sortes de dunes aux contours sinueux, de 3 à 10 kilomètres de longueur, sont dirigées vers l'estsud-est. Leur hauteur varie de 3 à 30 mètres; leur flanc sud est abrupte, tandis que leur flanc nord est à pente douce. Entre les barkhanes on trouve plusieurs oasis où les nomades rencontrent l'eau douce à deux mètres de profondeur; la couche aquifère a de 30 à 60 centimètres d'épaisseur. La petite nappe d'eau appelée Koukou-Bourdou se trouve à l'endroit où les cartes chinoises placent l'énorme lac Yu-haï; elle n'a que 10 kilomètres de tour et de 1 m. 50 à 3 mètres de profondeur; alimentée par des sources, elle est douce; on a pu y recueillir de

1. A moins qu'il n'y ait une faute d'impression dans le texte russe.

par des cours d'eau rajeunis par le soulèvement de toute la région, mais, dans ce cas, les affluents auraient entaillé la falaise pour se maintenir à peu près en concordance avec le cours d'eau principal; ce qui n'est pas le cas. En outre, un approfondissement pareil de la vallée par une rivière aurait produit un cañon resserré au lieu d'une large vallée. Cette topographie est donc bien le résultat exclusif de l'érosion glaciaire. Le creusement résultant surtout de la pression exercée par la glace, par suite, de son épaisseur, on conçoit qu'il soit plus énergique dans la vallée principale. Bien que la surface de la glace soit partout à la même hauteur, le fond des glaciers affluents doit se trouver beaucoup plus haut que celui du grand glacier. Le fond de la plupart des grandes vallées des Alpes a été ainsi creusé et élargi par l'action des glaces (vallées de la Linth, du Tessin, de l'Inn, de l'Aar). Des faits semblables se retrouvent dans la région des lacs en Angleterre. Des traces d'une action glaciaire plus intense sont observées en Norvège. Les fjords présentent, avec beaucoup plus d'amplitude, les caractères topographiques des vallées glaciaires des Alpes. Des vallées suspendues déversent, par de magnifiques cascades, leurs eaux dans une large vallée à flancs très escarpés et dont le fond immergé est à peu près plat ou hérissé de rochers élevés, dont l'origine est expliquée par les saillies détachées des plateaux dans la vallée de la Rhue. Ces fjords permettent même de mesurer l'érosion glaciaire qui les a seule créés, comme le prouvent leur identité de forme avec la vallée du Tessin, par exemple. On peut admettre que l'érosion a fait disparaître tous les terrains qui séparent le point de déversement des vallées suspendues du fond du fjord; or cette hauteur peut s'élever à un millier de mètres.

L'érosion glaciaire peut donc atteindre des proportions extraordinaires. Cette érosion résulte, d'ailleurs, de phénomènes distincts: érosion proprement dite, désagrégation, broyage, arrachement, corrosion. Ces actions se retrouvent dans l'érosion produite par les cours d'eau, mais avec une intensité bien atténuée. Cette différence d'intensité dans le modelé permet de distinguer les vallées fluviales des vallées glaciaires. Tandisque dans les premières la section a la forme d'un V dont les branches se raccordent par un U étroit et très surbaissé, dans les vallées glaciaires les branches du V se raccordent par un U à branches très longues et très escarpées; les vallées latérales, sensiblement concordantes dans le premier cas, sont discordantes dans le second. La présence de ces vallées suspendues est peut-être la caractéristique la plus sûre des vallées glaciaires.

M. Davis a pensé que la ressemblance entre les rivières et les glaciers devait se poursuivre plus loin jusque dans leur évolution. « L'histoire de la vie d'un gla«cier doit être comprise comme se développant dans un climat glacial constant, <«< du commencement à la fin d'un cycle de dénudation, de la même façon que <«< Russell a étudié l'histoire de la vie d'une rivière dans un climat pluvieux constant. «Les glaciers jeunes seront donc ceux qui viennent de s'installer, avec un cours « conséquent, sur les pentes d'une surface continentale nouvellement soulevée; les « glaciers à maturité auront érodé leur vallée jusqu'au niveau de base et disséqué <«la surface soulevée; enfin, les glaciers seront arrivés à leur vieillesse lorsqu'ils «< recouvriront d'un manteau toute la terre basse à laquelle se trouve réduite la

L'érosion glaciaire d'après M. W. M. Davis

Après avoir enseigné pendant de longues années que l'érosion glaciaire était relativement faible, l'éminent géographe américain W. M. Davis a pu se convaincre du rôle considérable qu'elle a joué en Europe. Dans un mémoire d'importance capitale, il retrace les diverses phases de cette érosion, qu'il groupe, comme il l'avait fait pour les cours d'eau, en un cycle de dénudation glaciaire. Si les faits exposés étaient généralement connus, ils restaient isolés, paraissant quelquefois même contradictoires. M. Davis les a réunis et en a déduit une notion fondamentale, celle de l'âge du système, notion qui rendra singulièrement plus attrayante et plus rigoureuse l'étude des phénomènes glaciaires.

On peut dire, et M. Davis l'avoue lui-même, que l'explication rationnelle des phénomènes d'érosion par les glaciers, lui a été suggérée par l'examen des phénomènes glaciaires de l'Auvergne, si bien étudiés par M. Boule 2. La vallée de la Rhue a surtout, trop exclusivement peut-être, fait l'objet de l'examen du géographe américain. C'est là qu'il a pu fixer les premiers stades de l'érosion glaciaire. La vallée du Tessin, que M. Davis a étudiée en détail, montre des phénomènes d'érosion plus avancée, qui se manifestent surtout par le creusement de la vallée glaciaire dont les flancs deviennent abrupts, et la discordance entre la vallée principale et les vallées latérales, qui forment des vallées suspendues, se déversant dans la première par des cascades. Cette caractéristique est celle que M. Boule a mise en évidence dans la vallée de la Cère. Si l'érosion est plus avancée, tous ces caractères s'accentuent à tel point que beaucoup d'auteurs ont fait intervenir dans l'explication le jeu des actions tectoniques. La vallée se montre en section, formée de deux tronçons superposés : le tronçon supérieur, qui s'étend jusqu'aux montagnes limitant la vallée, a la forme d'un V très ouvert dont les branches se raccorderaient par un arc de grand rayon. Cet arc, d'ailleurs, incomplet est interrompu par le tronçon inférieur dont la forme est caractéristique: c'est un fossé à parois abruptes hautes parfois de plus de 300 mètres et dont le fond, normalement concave, est aplani par d'épaisses alluvions. Tous les affluents sont situés dans des vallées suspendues qui débouchent au point de raccordement de la partie élargie et du fossé. On avait émis l'hypothèse que ces faits résultaient d'une érosion

1. W. M. Davis, Glacial erosion in France, Switzerland and Norway, in Proceedings of the Boston Society of natural History, vol. 29, n° 14, p. 273-322, 3 pl. Boston, July 1900.

2. M. Boule, La topographie glaciaire en Auvergne,in Annales de Géographie,5° année,15 avril 1836. Le Cantal (Guide du touriste, du naturaliste et de l'archéologue), Paris, Masson.

« ZurückWeiter »