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par des cours d'eau rajeunis par le soulèvement de toute la région, mais, dans ce cas, les affluents auraient entaillé la falaise pour se maintenir à peu près en concordance avec le cours d'eau principal; ce qui n'est pas le cas. En outre, un approfondissement pareil de la vallée par une rivière aurait produit un cañon resserré au lieu d'une large vallée. Cette topographie est donc bien le résultat exclusif de l'érosion glaciaire. Le creusement résultant surtout de la pression exercée par la glace, par suite, de son épaisseur, on conçoit qu'il soit plus énergique dans la vallée principale. Bien que la surface de la glace soit partout à la même hauteur, le fond des glaciers affluents doit se trouver beaucoup plus haut que celui du grand glacier. Le fond de la plupart des grandes vallées des Alpes a été ainsi creusé et élargi par l'action des glaces (vallées de la Linth, du Tessin, de l'Inn, de l'Aar). Des faits semblables se retrouvent dans la région des lacs en Angleterre. Des traces d'une action glaciaire plus intense sont observées en Norvège. Les fjords présentent, avec beaucoup plus d'amplitude, les caractères topographiques des vallées glaciaires des Alpes. Des vallées suspendues déversent, par de magnifiques cascades, leurs eaux dans une large vallée à flancs très escarpés et dont le fond immergé est à peu près plat ou hérissé de rochers élevés, dont l'origine est expliquée par les saillies détachées des plateaux dans la vallée de la Rhue. Ces fjords permettent même de mesurer l'érosion glaciaire qui les a seule créés, comme le prouvent leur identité de forme avec la vallée du Tessin, par exemple. On peut admettre que l'érosion a fait disparaître tous les terrains qui séparent le point de déversement des vallées suspendues du fond du fjord; or cette hauteur peut s'élever à un millier de mètres.

L'érosion glaciaire peut donc atteindre des proportions extraordinaires. Cette érosion résulte, d'ailleurs, de phénomènes distincts: érosion proprement dite. désagrégation, broyage, arrachement, corrosion. Ces actions se retrouvent dans l'érosion produite par les cours d'eau, mais avec une intensité bien atténuée. Cette différence d'intensité dans le modelé permet de distinguer les vallées fluviales des vallées glaciaires. Tandisque dans les premières la section a la forme d'un V dont les branches se raccordent par un U étroit et très surbaissé, dans les vallées glaciaires les branches du V se raccordent par un U à branches très longues et très escarpées; les vallées latérales, sensiblement concordantes dans le premier cas, sont discordantes dans le second. La présence de ces vallées suspendues est peut-être la caractéristique la plus sûre des vallées glaciaires.

M. Davis a pensé que la ressemblance entre les rivières et les glaciers devait se poursuivre plus loin jusque dans leur évolution. « L'histoire de la vie d'un gla«cier doit être comprise comme se développant dans un climat glacial constant, « du commencement à la fin d'un cycle de dénudation, de la même façon que «Russell a étudié l'histoire de la vie d'une rivière dans un climat pluvieux constant. «Les glaciers jeunes seront donc ceux qui viennent de s'installer, avec un cours « conséquent, sur les pentes d'une surface continentale nouvellement soulevée; les «glaciers à maturité auront érodé leur vallée jusqu'au niveau de base et disséqué «la surface soulevée; enfin, les glaciers seront arrivés à leur vieillesse lorsqu'ils « recouvriront d'un manteau toute la terre basse à laquelle se trouve réduite la

« région montagneuse, ou lorsqu'ils seront en voie de disparition lente dans les «< climats doux des régions basses, terme du cycle de dénudation. >>

Un glacier qui commence s'installe sur une pente, généralement dans une dépression préexistante et travaille à éroder sa vallée de façon à obtenir un meilleur écoulement de la glace que ne le faisait la vallée initiale. La rapidité de l'usure de la vallée dépend de plusieurs facteurs profondeur et rapidité du cours glacé, quantité de débris charriés par la glace, nature du sol, etc. Le glacier fondant dans sa partie inférieure, il présente un point d'épaisseur maximum. Le travail sera beaucoup plus grand en amont de ce point qu'en aval, où la largeur et la profondeur du chenal vont en diminuant. Il arrive un moment où toute l'énergie du glacier sur les pentes plus douces est employée à transporter les débris la partie inférieure du cours agit donc exclusivement comme agent de transport. L'état d'équilibre entre l'énergie et le travail exécuté par le glacier, obtenu d'abord à l'extrémité inférieure, se propage, ensuite, vers le haut. Partout où cet état est atteint, où le glacier cesse de creuser, le fond est nivelé, et, dans tous les points semblables, la surface du glacier doit avoir une pente très faible.

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La maturité sera atteinte lorsque, comme dans le cas des rivières, l'exact équilibre entre l'énergie et le travail sera obtenu pour tous les points du système. Pendant la première période, le glacier principal peut creuser son lit beaucoup plus vite que ses affluents, qui pourront le rejoindre par une cascade de séracs; mais, pendant la maturité, l'approfondissement de la vallée principale devenant très lent, l'érosion se poursuit dans les vallées latérales jusqu'à ce que la surface de la glace soit partout au même niveau. Les canaux n'en seront pas moins à des hauteurs différentes par suite de la différence d'épaisseur de la glace dans le tronc principal et les branches secondaires. Les variations dans la nature du lit, ont souvent permis, en certains points, un développement plus rapide de l'état d'équilibre. Des paliers séparés par des rapides se produisent ainsi pendant la jeunesse du glacier, mais les rapides sont usés, les dépressions creusées dans les parties tendres sont remblayées, lorsque le glacier arrive à maturité. Les vallées brisées que l'on croyait caractéristiques de l'érosion glaciaire ne le sont donc que pendant la jeunesse, comme pour les rivières. Pendant la maturité du réseau glaciaire, il peut se développer des branches à cours subséquent, et, par suite, des phénomènes de capture. Cette seconde phase du développement est donc surtout caractérisée par la régularisation et le remblayage du lit. La plupart des débris transportés proviennent alors, en effet, des pentes dominant le glacier, dont la puissance va en s'atténuant de plus en plus, et une partie de ces matériaux est abandonnée sur le fond. L'autre partie, amenée à la moraine terminale, est reprise par l'émissaire glaciaire. Cet émissaire, malgré son état de jeunesse, incapable d'enlever ces matériaux, se borne à les étaler en une large terrasse alluviale. Lorsque la proportion des débris amenés par le glacier diminue, l'émissaire du glacier devient un agent d'érosion.

Enfin, à mesure que la dénudation de la région progresse, la chute de neige décroit, le glacier entre dans sa phase de vieillesse et finit par disparaître. Cependant, si la ligne des neiges persistantes atteint le niveau de la mer, la glaciation

persistera, même après la transformation de la région en une plaine de dénudation, à une profondeur indéterminée au-dessous de la mer, comme dans l'Antarctique. L'existence des glaciers de types scandinave ou alpin dépend partiellement des conditions initiales du substratum, partiellement du stade d'évolution. Avec une forme initiale comportant des plateaux séparés par des vallées profondes, les champs de glace du type norvégien s'installent sur toute la région pendant la phase de jeunesse. Avec la maturité, les plateaux sont entaillés et la confluence initiale des champs de neige est transformée en une série de réservoirs séparés par des arêtes. Ces arêtes disparaissent pendant la vieillesse, les réservoirs tendent de nouveau à confluer, séparés seulement par des nunataks. Si la ligne des neiges persistantes est suffisamment abaissée, une couche complètement confluente couvre la plaine de dénudation glaciaire la transformant, dans le stade de vieillesse avancée, en un inlandsis.

La recherche de la profondeur atteinte par les canaux glaciaires arrivés à maturité est très importante. Par suite de la diminution du glacier vers son extré mité et du relèvement du fond par suite de l'alluvionnement vers cette partic, le profil en long de la vallée glaciaire sera une courbe concave vers le haut, dont le point le plus bas sera occupé par un lac. Dans le cas d'un glacier arrivant jusqu'à la mer, le fond sous marin peut être érodé. Pour un glacier épais de 300 mètres par exemple, l'érosion se poursuivra jusqu'à ce qu'il ne reste que 40 mètres de glace hors de la mer; le fond pourra être approfondi jusqu'à 260 mètres. Si le glacier se retire, son canal sera occupé par un bras de mer. La profondeur des fjords n'est donc pas un critérium sûr des oscillations terrestres; elle dépend de la puissance du glacier qui a affouillé le fond sous marin.

Le résultat de l'érosion glaciaire à maturité est de produire des vallées, larges et profondes, à flancs escarpés, dont l'ajustement correspond aux nécessités de l'écoulement de la glace. Le régime fluviatile qui succède à un pareil réseau com mence par remblayer la partie concave du profil longitudinal. La vallée est donc « surcreusée »; les éboulements fréquents des parois du fossé glaciaire, la discordance des vallées latérales, montrent que ses flanes ont été «surescarpés »; les rivières ont, donc, un travail considérable pour ajuster à leurs besoins le réseau glaciaire.

La pleine connaissance de la glaciation dans une région, exige l'étude du modelé préglaciaire, de l'énergie du glacier et de la durée du cycle pendant lequelle il vécut, des vicissitudes qu'il subit par le fait des changements climatologiques ou des mouvements tectoniques. C'est ainsi que la vallée de la Rhue apparaît comme le résultat d'une glaciation jeune et faible sur un réseau fluvia tile à peu près arrivé à maturité; la vallée du Tessin résulte d'une forte glaciation à maturité sur un système hydrographique également à maturité; les fjórds de Norvège ont été produits par une intense glaciation presque à maturité dans un système fluviatile dont le stade préglaciaire est mal connu.

Comme on le voit, le mémoire de M. W.-M. Davis est d'importance capitale et de nature à modifier sensiblement l'exposé des phénomènes glaciaires.

J. GIRAUD.

MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE

EUROPE

Les travaux de l'Institut Météorologique de Prusse. L'Institut météorologique du royaume de Prusse (K. Preussische Meteorologische Institut) dirigé par le Dr van Bezold, comprend : 1° l'Institut central de Berlin (quatre sections: généralités et climatologie; précipitations atmosphériques et bibliothèque; orages, phénomènes atmosphériques accidentels et instruments; aéronautique); 2° Observatoire de Postdam, qui a pour directeur le Dr Sprung (deux sections: météorologie et magnétisme terrestre) et 202 stations dont 148 en Prusse (123 de premier et de deuxième ordre, 71 de troisième ordre, 8 de quatrième ordre).

Dans le courant de l'année 1899, le nombre des stations pluviométriques a été augmenté de 70 unités. Au 1er janvier 1900, il s'élevait à 2315, en y comprenant les stations météréologiques indiquées ci-dessus. L'étude des précipitations atmosphé riques présente une très grande importance pratique; elle intéresse, en effet, l'agriculture comme l'industrie; aujourd'hui que les fleuves sont redevenus des voies de transport très actives et qu'ils sont des sources d'énergie, il importe, au plus haut degré, de connaître leur régime, et, par suite, leur alimentation.

Dans le même ordre d'idées, l'Institut météorologique de Prusse a poursuivi, en décembre 1899, des observations sur la hauteur de la neige tombée et sur sa valeur en eau. Il a, même, organisé un service de prévision très intéressant à cet égard. Ainsi, le 19 décembre, à midi, il a pu envoyer aux services hydrologiques (Strombauverwaltung) des cinq grandes fleuves de l'Allemagne, une dépêche indiquant la hauteur de la neige dans les cinq bassins, relevée la veille, à sept heures du matin. Les géographes et les météorologistes pourront se référer pour ces observations à Wöchentliche Berichte über die Höhe der Schneedecke in Nord-deutschland (Deutcher Reichs anzeiger und Königlicher Preussischer Staats anzeiger 2).

Le rapport annuel de l'Institut royal météréologique de Prusse renferme la liste des publications faites, soit par cet établissement scientifique, soit par ses collaborateurs. Parmi ceux appartenant à cette dernière classe de nature à intéresser les géographes, mentionnons la carte de la distribution des pluies dans la Silésie par le Dr Hellmann accompagnée d'un texte explicatif. (Regen Karte der Provinz Schlesien, Berlin, D. Reimer, 1899). L'an dernier, le même auteur avait déjà fait paraître

1. Bericht über die Thätigkeit des königlichen preussischen Meteorologischen Instituts im Jahre 1899 von W. von Bezold Direktor. Berlin 1900.

2. Les numéros ne sont pas indiqués dans le texte original.

une carte semblable pour la province de Prusse. Signalons encore une étude sur le climat de Francfort sur Oder par M. Kremser (Klima von Frankfurt a 0. [Beschrei burg der Garnison Frankfurt. Herausgegeben von der Medicinal-Abtheilung des Kriegsministeriums, Berlin 1799], et une sur le climat de Berlin, qui a été distribuée aux membres du Congrès international de Géographie en 1897 par le Dr Baschin. (Die Stadt Berlin. Festschrift der Stadtgemeinde für die Theilnehmer am VII internationalen Geographenkongress, Berlin 1899. CHARLES RABOT.

Les ports du Danemark en 1899 1. En 1899, le mouvement du port franc de Copenhague s'est élevé à 541 798 tonnes à l'entrée (589 navires) et à 553 731 tonnes à la sortie (653 navires). Le progrès est attesté par l'élévation rapide du produit des droits de quai: 123125 fr. en 1899 contre 63 800 fr. en 1897. Le « vieux port » demeure toujours aussi fréquenté.

Copenhague est appelé à devenir le grand port d'exportation et le principal centre de manutention des marchandises, tout au moins pour la Baltique scandinave et russe, grâce à l'ouverture de nouvelles lignes de navigation vers l'ExtrêmeOrient et l'Amérique. La première, appartenant à la compagnie de l'Asie orientale, a pour point de départ Saint-Pétersbourg et pour terminus Vladivostock; elle dessert Copenhague, Gothembourg, Anvers, Port-Saïd, Colombo, Singapour, HongKong, Schang Haï et Port Arthur. Au retour, les navires relâchent à Marseille et au Havre. La compagnie possédait, à la fin de 1899, quatre grands steamers et en avait affrété trois autres. Elle avait, en outre, deux vapeurs de 7 à 800 tonnes chargés d'un service entre Singapour et Bangkok. Après la fondation de cette société, d'importantes maisons danoises ont envoyé au Siam et en Extrême-Orient des représentants pour développer le commerce dans ces régions. La Forenede Dampskibsselskab a, de son côté, ouvert une ligne entre Copenhague, la NouvelleOrléans et Galveston; de plus, les vapeurs (3 de 6 à 4000 tonnes) de la compagnie russe de navigation en Extrême-Orient font escale dans le port de Copenhague. D'après le consul anglais résidant dans cette ville, une compagnie de navigation desservant l'Amérique du Sud et les Antilles trouverait des avantages à prolonger son itinéraire sur Copenhague, la Suède, la Finlande et Saint-Pétersbourg.

La ligne de Londres, à Copenhague, viâ Esbjerg Parkeston, gagne en popularité. Si l'administration des chemins de fer danois accélérait la vitesse de ses trains, elle ferait une retoutable concurrence à celle qui passe par Hambourg, Kiel, Korsör.

A Nyborg, sur le grand Belt, un bassin profond de 7 m. 20 (longueur des quais : 2130 mètres) a été terminé dernièrement. Les droits de port sont seulement de 0 fr. 28 par register ton net.

A Aarhus, le grand port du Jutland, la construction d'un nouveau bassin est en projet.

En 1899, la valeur des produits danois exportés s'est élevée à 375 millions de francs, en augmentation de plus de 43 millions sur le chiffre de 1898.

Cu. R.

1. Trade and agriculture of Denmark for the year 1899. (Diplomatic and consular reports, n° 2445. Annual Series. Foreign office, juin 1900).

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