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point. Partant de l'archipel polaire américain, les loups ont dû cheminer le long de la côte septentrionale du Grönland, puis, descendre vers le sud, le long de la côte orientale. Le 1er avril 1872, l'équipage du Polaris, qui hivernait à Thank God

Harbor, vit un loup'. En

février, on avait observé

déjà des pistes. Au prin-
temps de 1876, l'expédi- 80°
tion anglaise de Nares
observa plusieurs loups
sur la côte américaine
du canal de Robeson.
Greely raconte qu'au
Fort Conger, on vit ou
entendit ces animaux
pendant tous les mois
de l'hiver, sauf en
novembre. Un troupeau
de dix-huit de ces ani-
maux passa près de la
station en septembre
1881; pendant l'été de
1883, un troupeau de

70°

douze têtes fut aperçu.
En 1892, sur la côte
méridionale de l'Inde-
pendence Bay, Eivind
Astrup vit des fumées
de loups et d'autres in-
dices de leur présence; 60
en 1894, Peary observa
dans cette même localité
des traces de ce mam-

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mifère. Il est donc ainsi possible de reconstituer

V. H.

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60°

30°

la route suivie par les

CARTE DE LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE
DU LOUP POLAIRE AU GRÖNLAND.

loups dans leur migration vers le Grönland oriental. Il est très naturel qu'ils suivent les bœufs musqués qui se répandent également dans les mêmes régions.

1. Il est curieux que les relations anglaises et américaines ne mentionnent pas si les loups étaient blancs; les auteurs ont, sans doute, jugé ce détail inutile. Feilden dit, cependant, que leur fourrure présentait une teinte gris-clair.

La date de cette immigration peut être établie avec un certain degré d'exactitude. L'expédition polaire allemande qui hiverna à l'ile Sabine (74°33' de Lat. N.) en 1869-1870, et, qui poussa des reconnaissances, à une grande distance le long de la côte, ne vit aucun loup et ne releva, non plus, aucune trace de cet animal. On peut donc affirmer, avec une certitude absolue, que l'immigration des loups dans ce pays s'est produite après 1870. Le capitaine Knutsen, qui visita cette région en 1889, n'y a pas observé de loups, non plus que le capitaine Robertson, qui, pendant des années, a parcouru cette côte. Comme l'expédition danoise commandée par le lieutenant Ryder, qui hiverna dans le Scoresby Sound, en 1891-1892, n'a pas rencontré la moindre trace de ce mammifère, on est tenté de croire que l'immigration a eu lieu postérieurement au séjour de cette expédition. Les explorateurs danois ont fait de très nombreuses excursions tant en traîneaux qu'en canots dans les diverses branches de ce fjord; il n'est donc guère probable que, si ce carnassier s'était déjà établi dans la région, sa présence eût passé inaperçue. Il est, par suite, permis de supposer que le loup est arrivé dans le détroit de Scoresby après 1892; mais, à cette époque, il pouvait très bien être parvenu dans la partie de la côte située plus au nord. La présence du jeune loup dans le Hurry Inlet semble, en outre, indiquer que ces animaux ont déjà eu le temps de se reproduire dans le Grönland oriental.

L'arrivée de ce carnassier a modifié la faune de la région dans une certaine mesure et semble, notamment, avoir entraîné une diminution considérable dans l'effectif des rennes. D'après la relation de l'expédition allemande de Koldewey, ces cervidés étaient très abondants, en 1870, dans le bassin du fjord François-Joseph, et, plus au nord; en 1891-1892, suivant Ryder, ces animaux se rencontraient en troupeaux sur la terre de Jameson et sur la côte de Liverpool (les deux rives du Hurry Inlet). Avant même de constater la grande extension de l'habitat des loups, je fus étonné de la rareté des rennes. Jusqu'à notre arrivée dans le Hurry Inlet, nous n'en vimes aucun, et, quoique la côte orientale de cette baie offrit d'excellents pâturages et de nombreux ruisseaux d'eau limpide, nous ne trouvâmes, non plus, aucun de ces animaux. L'abondance des cornes éparses partout sur le sol montre qu'ils étaient autrefois nombreux dans ces parages. Pendant notre séjour, qui dura une semaine, nous ne vimes que deux de ces cervidés dans le nord de la vallée qui débouche dans cette baie, et ils étaient très farouches. Sur les bords des ramifications extrêmes du fjord François-Joseph, nous trouvâmes des preuves plus directes du passage des loups. D'abord, ainsi que je l'ai dit plus haut, nous relevâmes des pistes en plusieurs endroits et des débris de squelettes de rennes. En second lieu, ces cervidés se montrèrent très sauvages, en comparaison de ce qu'ils étaient lors du séjour de l'expédition allemande et de ce qu'ils sont encore au Spitsberg. Leur humeur farouche ne peut s'expliquer

que par le fait que les loups les ont poursuivis et les ont rendus méfiants. Nos chasseurs norvégiens les plus expérimentés étaient de cet avis. Pendant toute notre campagne dans le Grönland oriental, nous n'avons vu qu'une quarantaine de rennes et n'en avons tué que neuf. Dans la vallée au nord du Hurry Inlet, deux ont été observés; dans le bassin intérieur du fjord François-Joseph, vingt-cinq ou vingt-six; dans une baie située près de l'embouchure de ce long goulet, douze, et dans le fjord du Roi Oscar, deux. L'effectif des troupeaux dépassait, bien entendu, les chiffres ci-dessus indiqués. Sur les bords du fjord du Roi Oscar, notamment, je vis des traces fraîches, à des endroits où on ne voyait pas de rennes à ce moment-là. En tout cas, le nombre de cervidés que nous avons vus est extrêmement faible, eu égard à cette circonstance que la plus grande partie de la région que nous avons parcourue n'avait pas été visitée auparavant par des Européens, et que les bassins fjordiens y atteignent une grande étendue. Ajoutons que, sur plusieurs points des côtes du fjord François-Joseph, les anciens sentiers battus par les rennes, observés déjà par Payer, étaient nettement visibles. De plus, les kjökkenmöddings autour des anciennes habitations eskimos renfermaient de nombreux ossements de ce mammifère. Au cap Broer Ruys, où l'expédition allemande de 1870 trouva des cervidés en abondance, nous n'en vîmes pas un seul, non plus que des pistes. Donc, à mon avis, depuis plus de dix ans, le nombre des rennes a beaucoup diminué dans cette partie du Grönland oriental, et, cette diminution doit être attribuée, sinon entièrement, du moins, en grande partie, à l'immigration du loup.

D'après Feilden, les loups de la Terre de Grinnell se nourriraient principalement de bœufs musqués. Le savant naturaliste anglais tire cette conclusion de la présence dans leurs excréments de laine et de fragments d'os de ces derniers animaux. Le bœuf musqué est commun dans la région que nous avons visité; il semble, par suite, qu'ils résistent mieux aux loups que les rennes. Du reste, on doit supposer que, tant que les loups ont des rennes à leur disposition, ils laissent les bœufs musqués tranquilles. Toutefois, en 1899, les veaux musqués étaient rares, peut-être, parce que les loups avaient réussi à en capturer un certain nombre. Mais, ce n'est là qu'une hypothèse; peut-être cette circonstance dépend-elle d'autres causes.

Aujourd'hui, sur la côte oriental du Grönland, non seulement le renne mais encore le renard bleu semble beaucoup plus rare qu'en 1869-1870. Pendant tout notre séjour dans ces parages, nous n'avons vu que deux de ces carnassiers; cependant, en plusieurs endroits, j'ai observé des traces. Comme le renard rôde de préférence la nuit, peut-être est-il plus commun que nous le pensons, car nous tâchions autant que possible de faire nos excursions pendant le jour. D'après Richardson, dans l'Amérique polaire « les loups tuent beaucoup de renards (bleus), qu'ils attrapent facilement, lorsqu'ils les

aperçoivent dans une plaine à quelque distance de leurs tanières ». Cette observation permet donc de supposer que le nombre des renards a également diminué depuis l'immigration des loups.

Quoi qu'il en soit, l'immigration du loup dans le Grönland oriental, constatée pendant notre expédition, a été néfaste pour les troupeaux de rennes; peut-être, même, doit-on craindre l'extermination de ce mammifère dans la région, si les loups continuent à y rester et à s'y multiplier.

Richardson raconte avoir vu dans les Barren Grounds du Canada, des loups isolés poursuivre des rennes. Les cervidés couraient plus vite que leurs assaillants, mais, s'arrêtant de temps en temps pour regarder leurs ennemis, ils étaient finalement rejoints par eux... et dévorés.

Ces observations sur l'immigration du loup polaire dans le Grönland oriental et sur les ravages exercés par ce carnassier sur les troupeaux de rennes ont été confirmées par les expéditions qui ont visité cette région en 1900. M. Kolthoff, le chef de l'expédition zoologique suédoise entreprise l'été dernier dans cette même région, a tué un loup dans le fjord des Bœufs musqués, une branche du fjord François Joseph, découverte par la mission que je dirigeai en 1899. D'autre part, ce naturaliste a acheté au même capitaine Næsö dont il a été question plus haut la dépouille d'un second exemplaire, tué au cap Berghaus. L'expédition danoise dirigée en 1900 par le lieutenant de vaisseau Amdrup, a vu deux loups polaires sur les bords du Hurry Inlet, au même endroit où j'en avais observé l'année précédente. Ni M. Kolthoff, ni les Danois, n'ont vu de renne dans ces parages; pourtant M. Kolthoff a fait une longue relâche dans la baie Mackenzie (entre le cap Broer Ruys et le fjord François Joseph) à l'entrée de laquelle, en 1870, l'expédition allemande avait observé de grands troupeaux de ce cervidé. Pendant tout son séjour sur la côte orientale du Grönland, l'expédition suédoise de 1900 n'a vu, non plus, aucun renard bleu; autrefois, cet animal était, cependant, commun dans la région.

A l'époque glaciaire, alors que le renne vivait dans les plaines de l'Europe jusqu'aux Pyrénées, le bœuf musqué était également indigène de ces régions. Des débris fossiles de cet animal ont été trouvés dans le sud de l'Angleterre, dans l'Europe continentale, en Sibérie, dans l'Alaska, et, aux États-Unis. Pendant cette période, le bœuf musqué était une espèce circompolaire, et, était contemporain du mammouth et du rhinocéros lanifère. Il ne s'ensuit pas, cependant, que ces animaux vécussent ensemble, car il est possible qu'alors comme aujourd'hui, le bœuf musqué se rencontra dans les toundras de l'époque. Ainsi, Nehring a démontré qu'à Thiede, près de Brunswick, après

toundra, composée du renne, du bœuf musqué, du renard bleu, du lemming,

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FIG. 2. CARTE MONTRANT LA DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE DU BOEUF MUSQUÉ La partie ombrée indique l'aire occupée par ce mammifère.

la fonte de la grande carapace glaciaire, il y eut, d'abord, une faune de

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