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M. Dubosc-Taret m'informe officieusement qu'il ne faut guère compter sur le bateau Ville d'Alger qui fait le trajet entre Diego-Suarez et Fort-Dauphin. Les opérations commerciales, trop peu lucratives sur la côte orientale de Madagascar, obligent la compagnie française qui l'a affrété à cesser le service.

Ma mission scientifique se trouve, par le fait, gravement compromise. Aller par voie de terre jusqu'à Fort-Dauphin me paraît impraticable, surtout à une époque où les rivières débordent de tous côtés; de plus, un si long voyage entraînerait de fortes dépenses. Je prends donc le chemin de Tamatave et rentre momentanément en France.

«En résumé - disions-nous dans un rapport à l'Académie des Sciences, le 7 mai dernier, on déduit de nos derniers travaux les conclusions suivantes :

1° Depuis Andevorante, Vatomandry et Mahanoro, la côte s'infléchit vers le sud-sud-ouest, beaucoup plus que ne l'indiquent les cartes. La position des deux villes de Vatomandry et de Mahanoro doit être reculée vers le sud.

2o En réunissant toute la série de nos observations magnétiques faites en 1892, 1896 et 1900, depuis Tamatave, Ampanotoamaisina, Andevorante, Vatomandry, Marosika et Mahanaro, on constate, le long de cette zone de la côte orientale, une inégalité magnétique qui se manifeste par les effets suivants: a. la déclinaison subit une hausse et une baisse alternatives, d'après l'ordre des stations énumérées plus haut; b. le maximum de déclinaison se trouve à Andevorante, le minimum à Vatomandry; c. la déclinaison et l'inclinaison varient en sens inverse l'une de l'autre. »

Espérons que, dans un avenir peu éloigné, lorsque le réseau télégraphique se prolongera jusqu'à Fort-Dauphin, il me sera permis de poursuivre ces travaux astronomiques et magnétiques malheureusement interrompus, et, de déterminer, d'une manière précise, les positions géographiques très incertaines de Mananjary, de Farafangana et du cap Sainte-Marie, l'extrémité sud de notre grande île africaine.

E. COLIN S. J.
Correspondant de l'Institut.

De Quango à Mobaye

par les pays n'sakara et bougbou

(29 MARS-9 AVRIL 1899)

Après l'évacuation de Fachoda, la compagnie de tirailleurs auxiliaires commandée par le capitaine Julien, et primitivement destinée à renforcer le capitaine Marchand, était mise à la disposition de l'administrateur Bretonnet, commandant la région du Chari.

Afin de rejoindre sa nouvelle destination, un peloton de la compagnie gagnait le poste de Mobaye par les voies de terre encore inconnues, ou, tout au moins non parcourues jusqu'ici. D'où, la marche exécutée entre Ouango et Mobaye par les pays n'sakara et bougbou, du 29 mars au 9 avril 1899, qui fait l'objet de cette étude, laquelle accompagne les travaux levés, en cours de route, par le lieutenant Archambault, et, sur le M'Bomou-Oubanghi par le lieutenant Galland, tous deux de l'infanterie de marine, détachés à la relève.

Itinéraire. Le 29 mars à 6 heures du matin, le capitaine Julien, le lieutenant Archambault, le maréchal des logis de Possel et le deuxième. peloton, à l'effectif de 68 fusils, quittent le poste militaire de Quango.

Ce poste, palissadé, occupe l'extrémité d'un plateau orienté nord-sud; il surplombe le M'Bomou de 70 mètres environ.

A partir des bords du M'Bomou, la petite colonne se dirige, par Douba, vers l'ouest, à travers une suite ininterrompue de champs de manioc, s'étendant jusqu'à Binayongo, le premier village n`sakara. Après avoir croisé plusieurs affluents du N'Déré, franchi les hauteurs de Diamba et traversé un plateau couvert d'herbes et de broussailles, sablonneux par endroits, elle arrive, ensuite, à Wandja. A 17 kilom. 600 au nord-nord-ouest de Wandja, la colonne parvient au village de Labassou, un des fils de Bangassou, et un des principaux chefs n'sakaras, qui traita royalement la petite troupe sans vouloir accepter de son chef aucune rémunération. La colonne traverse, plus loin, de nombreux villages forts beaux, de riches plantations, établis le long des rives du M'Pamba, franchit la rivière M'Braï, large de 12 mètres, profonde de 1 m. 50 qui est, avec le NDéré, le seul affluent de l'Oubanghi

entre M'Bomou et Kota, et par le village de Bagou, fils de Ganda, premier allié n'sakara des Français, et, chef influent des N'Sakaras de l'ouest, elle se porte sur la Kota, qu'elle franchit sous le 4°30'.

La Kota est une belle rivière de 150 mètres, ayant, à cette époque, des berges de 8 à 10 mètres sur la rive gauche, de 6 mètres sur la rive droite; son courant est rapide, son eau potable, sa profondeur minima de 1 m. 50;

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FIG. 19.

VUE DU M'BOMOU, AU-DESSOUS DE BOZÉGUI. AU PREMIER RAPIDE. RIVE DROITE.
TYPE DE PIROGUE POUR VOYAGER ENTRE GOZOBANGHI ET BANGASSOU.

Reproduction d'une photographie du capitaine Julien.

elle est accessible aux grandes pirogues. La distance de Ouango à la Kota, par la route suivie, est de 77 kilomètres; on pourrait, sans grand travail, construire entre ces deux points une route carrossable.

Après avoir franchi la Kota sur deux pirogues la colonne traverse une région de plateaux admirablement cultivée, plantée, à perte de vue, de mil, de manioc, de patates, d'arachides, de courges, tandis que, dans les vallées, sillonnées d'une belle eau courante, croissent, par endroits, de véritables forêts de palmiers à huile et de raphias, rencontrés là pour la première fois dans l'Oubanghi. Hélas! partout, on ne voit, sous d'innombrables. bananiers, que des vestiges de villages incendiés qui pouvaient compter jusqu'à un millier de cases.

Jusqu'à Yabrou, vers l'ouest, et au delà de la chute Bougbou, vers le nord, tout a été razzié et rasé par Bangassou. Jamais les Bougbous n'ont été aussi cruellement éprouvés.

Après Yabrou-Yakoma, au delà du Bébé, le pays est d'abord herbeux, puis coupé de cultures; il renferme plusieurs villages bougbous; le plus important est celui d'Imbéto.

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Entre Guélorget et Libanga le chemin est jalonné par le village n'sakara de Landou, perché à plus de 100 mètres au-dessus des rapides de Cettéma, et, par les centres bougbous d'Angba, Boumba, Bazougou, Sinda, Banda, Caza, Lapy, réunissant un ensemble de plus de deux mille foyers. Belles plantations de mil, de manioc.

Libanga est un grand centre sango, le premier sur le fleuve, en quittant le pays Yakoma; car, entre Houndé et Libanga, la rive française est déserte. Au delà de Libanga, le chemin traverse un terrain, en général, aride, broussailleux, marécageux, et, sans cultures. A partir de Banda et jusqu'à Mobaye le pays, très accidenté, est sillonné d'eaux fraîches et limpides.

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I. Aspect général du pays. L'itinéraire ci-dessus indiqué suit la naissance des plateaux détachés des contreforts est-ouest, formant l'avantligne des crêtes qui se devinent en arrière; la ligne de partage entre les bassins est à peine sensible, les cols, sauf celui de Lamba près de Mobaye, très peu marqués.

Dans la section Quango-Kota, l'origine des plateaux se trouve à 25 kilomètres parallèlement au fleuve. Dans celle Kota-Guélorget-Landou, trois phases bien nettes sont dessinées. La première jusqu'à YabrouYakoma, comprend des plateaux peu élevés, riches en cultures, en palmiers, en raphias, s'étendant à perte de vue. La deuxième, de Yabrou à Banda (38 kilom.), offre une plaine, uniforme, couverte tantôt d'une végétation arborescente de graminées, tantôt de cultures; elle est sillonnée de marigots formant des marécages longs à franchir, ainsi que de lignes de mares; du côté nord, elle se trouve abritée par des hauteurs qui décrivent un arc de cercle dont l'itinéraire serait la corde. La troisième phase, de Banda à Landou par Guélorget (12 kilom.), est la plus intéressante au point de vue géographique, comme fusion orographique de deux massifs de 200 à 250 mètres de relief, donnant l'illusion d'un gigantesque V, dont la branche orientale s'ouvre dans la direction de la chute Bougbou, sur la Kota, et la branche occidentale vers la Banghi, tandis que la pointe appuyée sur l'Oubanghi, le tourmente pour la formation de ce long et dangereux rapide de Cettéma.

Dans la section Landou-Mobaye (93 kilom. y compris la pointe sur Libanga), le chemin se maintient de 6 à 10 kilomètres de l'Oubanghi. L'aspect général est plutôt monotone. A partir de Banda, placé en vedette sur une haute croupe, et jusqu'à Mobaye, les plateaux font saillie sur l'Oubanghi, séparés les uns des autres, par des ruisseaux s'écoulant en cascades et par chutes.

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II. Géologie. Dans toute la région parcourue le substratum est généralement dissimulé par des couches d'argile et de sable. Presque partout la limonite est abondante. Les roches les plus communes sont le granite, les schistes, et des grès.

III. Flore. Sur les 250 kilomètres du parcours Ouango-Mobaye, la brousse occupe un espace de 111 kilomètres, les cultures diverses 55 kilomètres, les forêts et bois une vingtaine de kilomètres. La végétation arborescente ne mérite guère la dénomination de forêt que dans les vallées du Congoumba et de la M'Boté; ailleurs, ce sont des bouquets d'arbres, des bosquets ou des bordures de cours d'eau ne dépassant pas la zone humide. Parmi les lianes ou les arbustes, le caoutchoutier domine.

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