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IV. Faune. L'éléphant, comme le bœuf, abonde des rives du M'Bomou à celles de la Kota, de Yabrou à Guélorget. Les antilopes, que les naturels prennent au filet, sont très répandues. On rencontre quelques singes dans les forêts. La panthère existe et le chat-tigre (serval) est commun. Dans les

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villages cabris, chiens, poules. Les oiseaux abondent: pintades, perdrix, perroquets gris, tourterelles, pigeons verts. Des pêcheries sont installées dans les cours d'eau.

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V. Cultures. Les plantes rencontrées sont : le manioc, base de la nourriture; le maïs et le mil, la sésame, l'arachide; de petits haricots bruns; la patate douce; l'igname; le gombou; des cucurbitacées; la canne à sucre; quelques arbustes de ricin; le tabac; des bananiers. Le sol dendi est le plus cultivé; mais l'agriculture est mieux comprise dans le pays bougbou, entre la rivière Kota et Yabrou. Plusieurs fruits et légumes importés par les Européens sont cultivés dans les postes.

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VI. Ethnologie. Les Dendis ou « gens de rivière» très métissés de Yakomas et de Bougbous, habitent le Bas-M'Bomou; ils sont cultivateurs et pêcheurs. Ils sont soumis aux N'Sakaras.

LA GEOGRAPHIE. III.

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Les N'Sakaras sont maîtres du territoire, de l'est à l'ouest, entre M'BomouChinko et Kota, du sud au nord, depuis une bande large de quelques kilomètres le long de l'Oubanghi, réservée aux Yakomas, jusqu'au pays des Vidiris. Originaires du Bahr-el-Ghazal, ils occupent la région actuelle par droit de conquête. Ils sont indolents, menteurs, faux, très assimilables, plus guerriers que leurs voisins. Leur chef, le sultan de Bangassou, dispose de 4 000 hommes, dont le quart est armé de fusils provenant de la vente de l'ivoire et du caoutchouc à l'État indépendant. Les N'Sakaras supportent malaisément les Français et Bangassou ne manque pas une occasion de manifester son indépendance vis-à-vis de nous.

Les Bougbous, « gens de l'intérieur », qui se donnent le nom d'« Alangba », sont essentiellement cultivateurs. C'est la race productive de ces régions; elle est même la race de l'avenir. A l'égard des blancs, ils subissent l'influence néfaste des Yakomas et des Sangos. Ceux-ci, « gens de l'Oubanghi », sont les intermédiaires forcés entre les Européens et les naturels de l'hinterland.

VII. Habitations, villages, populations. Dans la région que nous venons d'étudier, les habitations sont à toits coniques ou hémisphériques de hauteur variable. Des constructions sur pilotis abritent les denrées.

Les Dendis sont réunis par groupes de huit à dix cases, toujours masquées par un rideau d'arbres. Les N'Sakaras sont plus agglomérés et recherchent le voisinage de cours d'eau. Les Bougbous habitent les hauteurs et les plateaux d'accès difficile; ils s'éparpillent dans les plaines et dans les vallées par groupe de trois à cinq cases au plus.

La population échelonnée sur le parcours suivi par la colonne s'élève à environ 94,495 âmes, abritées par 19,499 cases, soit cinq personnes par foyer. Les villages bougbous, brûlés par les N'Sakaras, au nombre de neuf, comprenaient 3 800 foyers.

JULIEN.

Voyage de Pékin au Turkestan russe

par la Mongolie, le Koukou-nor, le Lob-nor et la Dzoungarie 1

I

De Pékin au fleuve Jaune. Parti, de Pékin, en avril 1899, après avoir visité les tombeaux des empereurs Ming aux environs de la capitale et franchi la Grande-Muraille à la passe de Nan-kou, j'arrivai à la préfecture de Sunhoa, où réside le taotai chinois, chargé à titre purement honoraire de l'administration de la Mongolie, celle-ci étant, en fait, gouvernée par ses propres princes sous le contrôle des résidents mandchous connus sous le nom d'Ambans.

De Sun-hoa, je passai à Kalgan, porte de la Grande-Muraille extérieure, puis, obliquai directement dans l'ouest pour atteindre Kwei-hwa-tcheng ou Koukou-khoto, en remontant le cours du Yang-ho. Deux explorateurs notables, l'abbé David en 1866 et Rockhill en 1891, ont suivi cette vallée; mais mon itinéraire, qui s'écarte en partie du leur, m'a permis de compléter et de rectifier leur carte, du moins pour la vallée supérieure de cet important cours d'eau, qui forme, avec le Pei-ho, la rivière de Tien-tsin. Le tracé de Rockhill, notamment, confond en un seul les deux bras appelés Toung-yang-ho et Si-yang-ho (Yang-ho de l'est et de l'ouest). Ce fut, ici, l'amorce de la plus longue route du moyen âge, qui, partant de Pékin, traversait toute l'Asie, de l'est à l'ouest, pour gagner l'ancienne [Bactriane, d'où elle divergeait vers l'Europe. C'est la fameuse route de la soie, que les Grecs mêmes ont connue, mais qui obliquait, à leur époque, du Kansou vers Si-ngan-fou, capitale du royaume des Sères. Elle est, encore aujourd'hui, jalonnée des tours rondes, surélevées sur des plates-formes carrées, qui servaient à guider la marche des caravanes perdues dans les steppes: Ptolémée parle déjà de la tour blanche

1. Pour la première partie du voyage de M. Bonin, effectuée, en 1898, entre Shanghai et la frontière du Tibet par la vallée du fleuve Bleu, voir les Comptes rendus de la Société de Géographie de 1898 (pp. 2, 162, 265, 304 et 348) et de 1899 (pp. 33, 54, 127, 159, 352 à 355), ainsi que le 2o trimestre du Bull. de 1899. Le 4 trimestre du Bull. de 1898 contient le résumé du premier voyage de M. Bonin entre le Tonkin et la Sibérie (1895-96), dont le voyage actuel forme le complément et le développement. Dans ce récit et dans la carte qui sera publiée dans le numéro de mars, les noms chinois ont été orthographiés d'après les règles anglaises.

qui, de son temps, marquait l'entrée de cette route du côté du Pamir. Ce fut aussi la route de Marco-Polo, que je désirais aujourd'hui refaire.

Après avoir atteint la haute vallée du Yang-ho, habitée par des populations chinoises agricoles, j'entrai sur les grands plateaux herbeux où paissent des hardes d'antilopes (hoang-yang) et les troupeaux des Mongols. Je traversai ainsi le territoire des Mongols-Tchakars, puis celui des Mongols-Toumoudes ou Toumeds, qui s'étend jusqu'à Kwei-hwa-tcheng et au fleuve Jaune. C'est le Tsao-ty, la terre des herbes, que les Chinois opposent au Mien-ty, la. terre du blé; celui-ci est spécialement cultivé sur le loss, la principale formation géologique depuis Pékin jusqu'au fleuve Jaune. En fait, rien ne s'opposerait à la construction d'une voie ferrée dans cette direction, où elle serait facilitée singulièrement par la régularité du sol; le seul obstacle viendrait des inondations causées, pendant les pluies, par les torrents descendant des montagnes déboisées qui bordent et soutiennent au sud le plateau du Gobi.

La ville de Kwei-hwa-tcheng (en mongol Koukou-khoto, la ville bleue), qui serait desservie par ce chemin de fer, est le plus important marché de la Chine du nord avec la Mongolie. Les laines, les peaux, les cuirs forment le principal du trafic. Pour en donner une idée, il suffit de dire qu'en deux jours j'ai ́rencontré, venant de Kwei-hwa-tcheng, trois caravanes comprenant ensemble environ 150 chameaux et 75 voitures à 2 mules, le tout chargé de laine qui représente un stock de près de 70 000 livres chinoises (à 600 grammes la livre environ).

A une demi-lieue au nord-est de Kwei-hwa-tcheng s'élève le quartier mandchou de Sin-tcheng, la nouvelle ville, bâtie par l'empereur Kien-loung, et, remarquable par ses belles avenues d'arbres et ses murailles bien conservées, tandis que sa voisine, par une exception presque unique en Chine, n'est pas environnée de murs. C'est à Sin-tcheng que réside le maréchal tatar qui commande la Mongolie du sud, et, spécialement la tribu des Toumoudes, qui n'a plus aujourd'hui de roi, mais seulement deux Kongs, le duc de l'Est et le duc de l'Ouest, résidant près de Pao-tou.

De Kwei-hwa-tcheng, où j'étais arrivé quinze jours après mon départ de Pékin, je me rendis, en deux jours, aux bords du fleuve Jaune en descendant la vallée du Hai-shoui (l'eau noire), qui n'est navigable que sur une longueur de quatre lieues en amont de son confluent avec le Hoang-ho. Ce cours d'eau se jette dans le grand fleuve, près du village de Ho-keou, au sud de la petite ville chinoise de To-tcheng, dominée par les ruines de l'antique citadelle mongole de Tokto. Cette dernière a joué un rôle important aux temps des GengisKhanides, alors qu'elle gardait le passage du fleuve Jaune. C'est le Tenduc de Marco-Polo. L'enceinte, que j'ai visitée et photographiée, est encore en bon état elle a la forme carrée, sans tours d'angle, mais, avec deux bastions au sud et au nord pour défendre les entrées.

Je passai le Hoang-ho au bac de Tatou-keou, à deux lieues en aval de To-tcheng. Le fleuve, à cet endroit assez resserré, a une largeur d'environ 200 mètres, à une altitude de 1 025 mètres (985 m. d'après la carte de Potanine). La couleur de ses eaux est jaune sale et leur température de 15° (en mai). La vitesse du courant était, en cette saison, de deux nœuds environ près des rives, et probablement de trois au milieu du fleuve. Les berges sont plates, taillées dans le loss et le sable, et la traversée, qui se fait par deux grands bacs, est aisée pour les chevaux et les chariots. Toutes ces conditions semblent favorables pour la navigation à vapeur, que j'ai proposé, dans une note spéciale, d'établir sur le fleuve Jaune. Les missionnaires belges de la région avaient songé déjà à donner à cette idée une forme pratique et pressaient leur évêque, Mgr Hamer, d'acheter une chaloupe à vapeur pour desservir leurs stations, qui sont presque toutes sur le fleuve.

Les Chinois usent déjà largement de cette voie d'eau pour la navigation par jonques, tandis que le Hoang-ho a été considéré jusqu'ici par les Européens comme impropre à la navigation. Non seulement les grandes barques circulent régulièrement en amont de Ho-keou, entre Ning-hsia et Pao-tou, mais elles peuvent descendre beaucoup plus bas jusqu'à Ho-keou même, et, pendant les grandes eaux, remonter un peu le Hai-shoui, comme je l'ai dit précédemment, dans la direction de Kwei-hwa-tcheng. A Ho-keou, on fabrique de grandes embarcations qui descendent le fleuve jusqu'au Ho-nan, où elles portent, surtout, des médicaments et du borax provenant du Kansou et de la Mongolie. Elles ne remontent jamais et sont vendues sur place à l'arrivée, car la montée du fleuve demanderait trop de temps; de plus, il y a sur la route plusieurs rapides qu'on peut franchir à la descente, mais qu'il serait trop dur de remonter. On voit que, comme je le faisais pressentir dans la note préindiquée, le fleuve Jaune peut, d'ores et déjà, être considéré comme navigable depuis le Kansou jusqu'au Honan.

Dans la vaste boucle que le Hoang-ho décrit vers le nord, entre ces deux provinces, est enclavé le territoire mongol des Ordos, habité par les sept hordes qui se disent issues des armées de Gengis-Khan. J'avais déjà parcouru ce territoire, en allant, en 1896, visiter, à Yeke-et-jen-koro, le tombeau du conquérant, et, j'ai eu l'occasion d'en décrire l'aspect et l'organisation dans le récit que j'ai fait de cette reconnaissance'.

Après une excursion vers le yamen de Dzoungar, résidence du roi mongol chef de tous les Ordos (à une cinquantaine de kil., au sud-ouest de Ho-keou), je revins à Palakai, où j'étais déjà passé en 1896, en franchissant de nouveau le Hoang-ho au bac de Kaolong. Le fleuve est ici plus large, 300 mètres environ, encore ne remplit-il, en cette saison, que les trois quarts de son lit.

1. Revue de Paris, du 15 février 1898.

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