Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

La Géographie

Le loup polaire et le bœuf musqué

dans le Grönland oriental

NOTES DE GÉOGRAPHIE ZOOLOGIQUE

Pendant l'exploration que j'ai dirigée, en 1899, sur la côte orientale du Grönland, entre l'île Shannon (75° de Lat. N.) et le Scoresby Sound (70° de Lat. N.), j'ai eu l'occasion de recueillir des observations intéressantes sur deux mammifères terrestres; le loup polaire (Canis lupus) et le bœuf musqué (Ovibos moschatus). Ces observations constituent une contribution à la géographie zoologique des régions arctiques et révèlent plusieurs faits inconnus.

En premier lieu, je dois signaler l'immigration récente dans le Grönland oriental du loup polaire, une variété septentrionale de l'espèce américaine Canis lupus occidentalis. Je dis espèce, quoique les zoologistes ne soient pas d'accord sur ce point; les avis sont partagés sur l'existence de différences spécifiques entre les individus de l'Amérique boréale et ceux d'Europe.

Le loup était autrefois inconnu dans le Grönland oriental, et, il est facile de prouver qu'il y est arrivé à une époque relativement récente, au grand dommage des rennes.

Dans le Grönland occidental, les Eskimos ont, de tout temps, parlé d'un animal qu'ils appellent amarok; longtemps, on a pensé qu'il n'existait que dans leur imagination. Il y a quelques années, cependant, on réussit à tuer un amarok, et, l'on reconnut alors que cet animal légendaire était le loup polaire qui vit dans l'extrême nord de l'Amérique. Il est certain, toutefois, que ce carnassier ne se rencontre qu'accidentellement dans le Grönland occidental; dans leur terreur, les Eskimos prennent, la plupart du temps, les chiens errants pour l'amarok'. L'exemplaire dont nous nous occupons ici fut

1. Th. Fries, Grönland, Upsal, 1872.

LA GÉOGRAPHIE. III.

1

1

tué, en 1869, à Umanak (71° de Lat. N.). Sa dépouille se trouve actuellement au Muséum d'Histoire Naturelle de l'Université de Copenhague. D'après les renseignements donnés par M. H. Winge, inspecteur adjoint du dit muséum, au D' N. Hartz, on n'a trouvé, depuis, aucun autre loup dans le Grönland danois. Cet animal venait vraisemblablement d'Amérique, après avoir traversé sur la glace le détroit de Davis.

Le 15 juillet 1899, pendant notre exploration de la côte orientale du Grönland, une tempête de nord nous obligea à mouiller près du cap Berghaus, au nord de l'ile Clavering, par environ 74°15′ de Lat. N. A cet ancrage nous rencontrâmes trois chasseurs de phoque norvégiens. Au cours d'une visite qu'il nous fit à bord de l'Antarctic, le capitaine Næsö, patron de l'un de ces navires, la Cecilie-Malene, m'offrit de lui acheter la peau d'un loup qu'il avait récemment tué. Sachant que jusque-là le loup n'avait pas été observé dans le Grönland oriental, avec une très vive curiosité, je demandai immédiatement à voir la pièce. Elle provenait, en effet, d'un loup blanc. Cet exemplaire avait été tué, quelques jours auparavant, au cap Berghaus. A la vue du chasseur, l'animal n'avait pas manifesté la moindre crainte, et, s'était dirigé droit vers lui. Un autre individu avait été vu à l'ile Clavering. Le corps de l'animal tué avait été jeté à la mer, mais je pus faire l'acquisition de la peau et du crâne.

Quelques jours après, en visitant le Scoresby Sound, situé à quatre degrés plus au sud, je fus amené à reconnaître que la présence de loups dans le Grönland oriental n'était pas un fait accidentel, et qu'une immigration de cet animal dans cette région avait dû se produire récemment. En effet, le 1er août, au cours d'une excursion sur la côte occidentale du Hurry Inlet, nous rencontrâmes des traces de loup tant sur la côte que dans la vallée. Ces pistes étaient assez anciennes; elles avaient été imprimées dans de l'argile mouillée qui s'était desséchée et était, ensuite, devenue dure. En plusieurs endroits, les traces indiquaient qu'un animal adulte avait cheminé en compagnie d'un jeune.

Le lendemain je vis également des traces de loup sur la côte orientale du Hurry Inlet, et, le 3 août, près de la rivière qui se jette au fond de cette baie. Enfin, les 5 et 6, nous rencontrâmes les loups eux-mêmes, mais, un de nos chiens leur ayant donné la chasse, nous ne pùmes nous en emparer. Sur les bords du fjord François-Joseph, nous relevâmes, également, des traces de ces animaux en plusieurs points.

Ceci dit, étudions maintenant l'immigration des loups dans le Grönland oriental et cherchons à en fixer la date. Il est facile d'élucider le premier

1. M. Nehring a décrit le crâne d'un prétendu loup de Grönland; mais, d'après des renseignements particuliers que j'ai eus de M. Winge, le crâne en question est un crâne de chien. M. Nehring m'a déclaré partager cette opinion.

nt Partant de l'archipel polaire americain, les loups ont dù cheminer le long de la côte septentrionale du Gronland, puis, descendre vers le sud, le long de la côte orientale. Le 4" avril 1872, l'équipage du Polaris, qui hivernait à Thank God

Harbor, vit un loup'. En fevrier, on avait observe deja des pistes. Au printemps de 1876, l'expédi ro tion anglaise de Nares observa plusieurs loups sur la côte américaine du canal de Robeson, Greely raconte qu'au Fort Conger, on vit ou entendit ces animaux pendant tous les mois Je Thiver, sauf en novembre. Un troupeau de dix-huit de ces animaux passa près de la station en septembre 1884, pendant Fete de 4883, un troupeau de Je têtes fut aperçu. Eu 1892, sur la côte meridionale de l'Inde. pendence Bay, Eivind Astrup vit des fumees de loups et d autres inces de leur presence, en 1894, Peary observa dans cette même localite des traces de ce mam..fre. Il est donc ainsi ¡ble de reconstituer

la rate suivie par les

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

14ps dans leur migration vers le Grenland oriental. Il est tres naturel qu'ils ..vent les berufs mus pies qui se repan lent egalement dans les mêmes régions,

*

tué, en 1869, à Umanak (71° de Lat. N.). Sa dépouille se trouve actuellement au Muséum d'Histoire Naturelle de l'Université de Copenhague. D'après les renseignements donnés par M. H. Winge, inspecteur adjoint du dit muséum, au D' N. Hartz, on n'a trouvé, depuis, aucun autre loup dans le Grönland danois'. Cet animal venait vraisemblablement d'Amérique, après avoir traversé sur la glace le détroit de Davis.

Le 15 juillet 1899, pendant notre exploration de la côte orientale du Grönland, une tempête de nord nous obligea à mouiller près du cap Berghaus, au nord de l'île Clavering, par environ 74°15' de Lat. N. A cet ancrage nous rencontrâmes trois chasseurs de phoque norvégiens. Au cours d'une visite qu'il nous fit à bord de l'Antarctic, le capitaine Næsö, patron de l'un de ces navires, la Cecilie-Malene, m'offrit de lui acheter la peau d'un loup qu'il avait récemment tué. Sachant que jusque-là le loup n'avait pas été observé dans le Grönland oriental, avec une très vive curiosité, je demandai immédiatement à voir la pièce. Elle provenait, en effet, d'un loup blanc. Cet exemplaire avait été tué, quelques jours auparavant, au cap Berghaus. A la vue du chasseur, l'animal n'avait pas manifesté la moindre crainte, et, s'était dirigé droit vers lui. Un autre individu avait été vu à l'île Clavering. Le de l'animal tué avait été jeté à la mer, mais je pus faire l'acquisition de la peau et du crâne.

corps

Quelques jours après, en visitant le Scoresby Sound, situé à quatre degrés plus au sud, je fus amené à reconnaître que la présence de loups dans le Grönland oriental n'était pas un fait accidentel, et qu'une immigration de cet animal dans cette région avait dû se produire récemment. En effet, le 1er août, au cours d'une excursion sur la côte occidentale du Hurry Inlet, nous rencontrâmes des traces de loup tant sur la côte que dans la vallée. Ces pistes étaient assez anciennes; elles avaient été imprimées dans de l'argile mouillée qui s'était desséchée et était, ensuite, devenue dure. En plusieurs endroits, les traces indiquaient qu'un animal adulte avait cheminé en compagnie d'un jeune.

Le lendemain je vis également des traces de loup sur la côte orientale du Hurry Inlet, et, le 3 août, près de la rivière qui se jette au fond de cette baie. Enfin, les 5 et 6, nous rencontrâmes les loups eux-mêmes, mais, un de nos chiens leur ayant donné la chasse, nous ne pûmes nous en emparer. Sur les bords du fjord François-Joseph, nous relevâmes, également, des traces de ces animaux en plusieurs points.

Ceci dit, étudions maintenant l'immigration des loups dans le Grönland oriental et cherchons à en fixer la date. Il est facile d'élucider le premier

1. M. Nehring a décrit le crâne d'un prétendu loup de Grönland; mais, d'après des renseignements particuliers que j'ai eus de M. Winge, le crâne en question est un crâne de chien. M. Nehring m'a déclaré partager cette opinion.

« ZurückWeiter »