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rivière atteint parfois des largeurs de 300 mètres. Quelques roches et bancs de sable. Les hippopotames abondent malgré les pirogues et les pêcheries nombreuses. J'ai arrêté mon investigation, en aval au point où la Ouâ fait un coude à angle droit vers le nord-nord-ouest, avec la direction générale suivie depuis Boyo. Une île assez longue partage en cet endroit, la rivière en deux bras.

<< Suivant les indigènes, la Ouâ coulerait assez longtemps dans le nordnord-ouest. Les N'Gamas habiteraient dans cette direction, à cinq journées de marche, les Saras et les Arabes (Tourgous) seraient aussi les riverains lointains de la Ouà. Les Dagbas ne parlent des derniers qu'avec une certaine terreur, ayant été jusqu'ici razziés assez régulièrement par eux.

« J'ai constaté que les noms de Kossina, de Vouni, et, autres indications des cartes étaient parfaitement inconnus des indigènes de cette région, de même, du reste, que l'existence d'aucun cours d'eau important à l'ouest et ou nordouest des villages où je prenais des renseignemente. J'ai dépassé sensiblement dans l'ouest, d'après ma latitude nord: 7° 32', et, ma longitude est : 15° 31', le tracé au pointillé de la Vouni sur les cartes de Courtry. Cette Vouni serait, sans doute, la Ouâ placée sous ce nom par renseignements, et, la Kossina, à moins d'être la Fafa -- cé qui n'est guère admissible - ferait double emploi. Quoi qu'il en soit, il me paraît d'ores et déjà certain que la Ouâ n'est autre que le Bahr-Sara.... »

La seule inspection du tracé de la Ouà jusqu'à Devo, sur la carte jointe à ce rapport, suffit déjà à convaincre tout esprit non prévenu de la légitimité de cette conclusion. En envisageant, tour à tour, les différents côtés de cette question, et, en procédant par voie d'élimination, nous allons arriver à démontrer qu'elle s'impose, comme seule admissible.

Nous ne rappelons que, pour mémoire, l'hypothèse de la Ouâ, affluent de la Nana, hypothèse qui dépasse, s'il est possible, en invraisemblance, toutes celles émises à ce sujet. Conçoit-on, en effet, cette rivière parvenue à 7° 32' de Lat. N. revenant brusquement au sud, et, suivant alors un cours diamétralement opposé à celui de ses affluents: la Dy et la Fafa, pour se jeter au-dessous de Fort-Crampel, dans la petite rivière, Nana, près de dix fois moins considérable qu'elle, au niveau de son confluent avec le Gribingui.

Il me reste à examiner la dernière hypothèse concevable, et, d'après laquelle la Quà viendrait se jeter, soit dans le Gribingui, soit dans le Chari, entre Fort-Crampel et l'embouchure du Bahr-Sara.

J'ai parlé tout à l'heure de mon exploration entre Fort-Crampel et FortArchambault. Or, je n'ai rencontré au cours de mon voyage que trois rivières méritant d'être signalées. C'est, d'abord, la Wassa ou Vassa, reconnue par Bernard et moi, à la latitude de Fort-Crampel, à 40 kilomètres environ à l'ouest de ce poste et précédemment franchie par moi entre Yagoussou et

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Finda, au point où elle se jette dans le Gribingui. Or, cette rivière dont le cours a une direction générale sud-nord, et qui atteint à son embouchure une largeur maxima de 20 à 25 mètres, ne saurait être, à aucun titre, confondue avec la Ouâ, mais bien avec la Vulu-Vuli de Clozel dont l'embouchure est portée sur la carte de Maistre, au même point, entre Yagoussou et Finda.

C'est, ensuite, la rivière Bangadèlé ou Vassako de Maistre, dont le lit, très encaissé, ne dépasse pas 30 mètres de largeur, à son confluent avec le Gribingui et dont le cours total, au dire des indigènes, atteint à peine 100 kilomètres de longueur, chiffre qui concorde, d'ailleurs, parfaitement avec ses dimensions.

C'est, enfin, la rivière de Mandja-Tésé ou Nana-Basa de Maistre, encore bien moins importante que la précédente, et, qui, au lieu d'être un affluent du Gribingui, comme l'indique Maistre, se jette dans le Chari, environ à 2 kilomètres en aval du confluent du Bamingui et du Gribingui. Tels sont les trois seuls cours d'eau existant sur la rive gauche du Chari, entre Fort-Crampel et l'embouchure du Bahr-Sara, petits cours d'eau, très aisément guéables aux basses eaux, et, dont aucun, à aucuns égards, ne peut être identifié avec la Quâ.

Dès lors, je crois pouvoir affirmer de la façon la plus positive que la Quâ reconnue par nous à Bongoji, et, suivie par Bernard jusqu'à Devo n'est autre que le Bahr-Sara, dont le cours est rejeté, vers l'ouest, par le petit massif des collines Boutou-Comba, Erikéné et Tassio, relevées au cours de mon itinéraire Fort-Crampel-Fort-Archambault.

III

Identification de la Ouâ-Bahr-Sara avec la Ouâm de Perdrizet et Clozel.

Ceci établi, j'ai encore à démontrer que la Quà-Bahr-Sara et la Quàm de Perdrizet et Clozel ne'sont qu'une seule et même rivière.

Partis du poste de Fort-Crampel, le 20 octobre 1900, nous arrivons, Bernard et moi, le 28 octobre au bord de la Fafa déjà connue de Bernard, et, la suivons sur une partie de son cours. Cette rivière, qui, à cette époque des hautes caux, a une largeur moyenne de 60 à 70 mètres, se jette dans la Ouà, un peu en amont de Devo, et, prendrait sa source, au dire des indigènes, à cinq ou six journées de marche dans le sud-ouest, au pied d'un important massif montagneux. Sur le versant opposé de ce massif, à une journée de marche environ, naîtrait un autre grand cours d'eau coulant au sud, et, sur les bords duquel est établi un chef très renommé, visité par Bernard, au cours d'une de ses précédentes reconnaissances sur la rivière M'Poko, affluent de l'Oubangui. Je me borne à signaler ce fait, sans y insister actuellement davantage.

Le 3 novembre, nous atteignons la Ouà, au village de Bongoji, point extrême atteint en amont par Bernard, au cours de sa première reconnaissance. Nous traversons la rivière et la remontons pendant quatre jours, sur la

rive gauche, jusqu'au village de Boungara où nous arrivons le 8 novembre. Depuis la veille, les indigènes nous parlent avec persistance du voyage. d'un blanc venu de l'ouest, il y a plusieurs lunes, sur la rive droite de la Ouâ. La description qu'ils en font paraît bien se rapporter à Perdrizet, mais aucun d'eux ne connaît le village de Gankoura que cet explorateur. donne comme point terminus de son itinéraire. A Boungara, les renseignements se précisent au point de ne plus nous laisser aucun doute. Le nom de Gankoura est toujours inconnu, mais le chef boungara nous montre, sur la rive opposée, le village de Garao où a campé le blanc, non loin de la petite rivière Kémo ou Sumbé, et d'où il est, ensuite, retourné sur ses pas jusqu'au village de Bengey. D'autre part, les indigènes nous citent quelques noms de chefs ou de villages de la rive droite (Akouma, Bengey, Géné-Pé), que nous retrouvons sur la carte de Perdrizet aux mêmes distances que celles indiquées par ces indigènes. Le 11 novembre, nous continuons l'exploration. de la rive gauche de la Quâ, parallèlement à la route suivie par Perdrizet sur la rive droite puis, retraversons la rivière au village d'Akouma, pour adopter l'itinéraire Perdrizet sur un parcours de 50 kilomètres jusqu'à Bengey où nous retrouvons de nombreuses traces du passage de ce voyageur, qui est, d'ailleurs, le seul à nous avoir précédés dans cette région.

Dès lors, nous avons la certitude absolue d'avoir relié nos deux itinéraires et indiscutablement identifié la Oud-Bahr-Sara avec la Quâm-Perdrizet-Clozel.

IV

De la Ouâm-Bahr-Sara à la Sangha.

La première partie de notre mission était ainsi heureusement accomplie, sinon sans difficultés, du moins sans incidents sérieux. Nous n'avions plus, suivant les instructions de M. Gentil, qu'à atteindre le poste de Carnot sur la haute Sangha, en adoptant un itinéraire différent de celui de M. Perdrizet, et, nous permettant de relever en un point nouveau, plus au sud, la ligne de partage des eaux entre le Chari et le Congo.

Nous partons de Bengey le 17 novembre, suivons, presque jusqu'à sa source, la rivière Bâ, affluent de droite de la Ouâ, et, arrivons, le 24 novembre, au village bosintéré de Gariama, sur un haut plateau, le Kaga-Gaga, qui sépare le bassin de la Bali de celui de la Ouâ. Les journées du 24, 25, 26 et 27 novembre sont employées à traverser le massif montagneux de la ligne de partage des eaux dont les points culminants: Kaga-Bosinga, Bakala, et, Ouarra, atteignent de 700 à 800 mètres d'altitude. Nous gravissons une série de montagnes limitant des cirques très mamelonnés et donnant naissance à une foule de cours d'eau, notamment la Baé, la Fô et la Mià, tributaires de la Bali.

La ligne de partage des eaux, qui a, d'abord, une direction nord-ouest-sudest, parallèle au cours de la Bali, s'infléchit brusquement à l'est, au niveau de Kaga-Ouarra, pour conserver probablement, ensuite, la même direction jusqu'aux sources de la Fafa et de la M'Poko et jusqu'à Krébedjé où elle s'abaisse très sensiblement, au point de ne plus dépasser 100 mètres d'altitude maximum.

Le 27 novembre, nous reconnaissons la Bali, au village de Torgo, à 80 kilomètres du point où l'a traversée Perdrizet, et, à six jours de marche en amont de Kédé, village visité par Ponel. C'est, en cette saison des hautes eaux, une rivière de 35 mètres de largeur et de 3 mètres de profondeur, aux eaux noirâtres, encaissée dans un bas-fond marécageux entre deux hautes collines. Elle coule, d'abord, du nord au sud, puis, fait un coude vers l'est, pour reprendre, ensuite, définitivement, au dire des indigènes, sa direction primitive nord-sud. Sans vouloir entrer plus avant dans la question, au cours de cet exposé très sommaire des résultats de notre mission, je déclare, pour ma part, adopter, de préférence, l'hypothèse d'après laquelle cette Bali ne serait autre que la Likouala aux Herbes dont les eaux, près de son embouchure, ont la même coloration noirâtre très caractéristique.

Le 29 novembre, nous traversons la Bali, et, après une marche de 95 kilomètres, au cours de laquelle nous relevons le Kaga-Gofone, qui sépare le bassin de la Bali de celui de la haute Sangha ou Membéré, nous arrivons, le 2 décembre, au poste de Carnot, point terminus de notre exploration.

Dr HUOT.

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