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arriva à cette conclusion que le Lob-nor est soumis à des déplacements périodiques et alternatifs du nord au sud et vice-versa. Kozlov, qui visita le lac, à trois reprises différentes (de 1885 à 1894), se montra, à son tour, incrédule à l'égard de ces déplacements périodiques et attribua la topographie actuelle des nappes d'eau de la dépression du Lob, d'une part, à l'assèchement continuel de la contrée sous les influences éoliennes, et, d'autre part, aux débordements du bassin et de son affluent de gauche, le Kontché-Daria'. Dans sa nouvelle publication, M. Sven Hedin revient sur la question, refait l'historique serré de toute la polémique, et, conclut à la nécessité de l'exécution d'un nivellement de précision dans la région du Lob-nor, pour obtenir la solution du problème. En effet, les différences de niveaux sont minimes entre les différents points du Tarim inférieur et du Lob, et en second lieu, les altitudes n'ont été déterminées que très approximativement. L'altitude exacte du Lob est même inconnue. En février-mars 1877, Prjévalsky obtint, pour le village d'Abdal, d'après 41 observations barométriques, 760 mètres; en 1885, 848 mètres (49 observations); de ces observations il déduisit une moyenne de 790 mètres. Roborovsky et Pievtsov donnent des chiffres voisins: 789 et 807 mètres, tandis que Sven Hedin arrive, pour l'altitude d'Abdal, à 877 mètres. Cet écart de 87 mètres entre les observations russes et celles de Sven Hedin s'explique, cependant, très bien par le fait que les observations barométriques de Prjévalsky et de ses continuateurs ont été toutes rapportées à l'altitude de Vernoyé (732 m.) et à celle de Kachgar (1 219 m.), lesquelles, d'après les observations et les calculs plus récents, doivent être relevées de 62 mètres et de 85 mètres respectivement. On sait, du reste, la valeur très relative des cotes d'altitude obtenues par des déterminations barométriques. M. Sven Hedin cite encore un exemple de ce genre d'après les observations de Roborovsky, la différence de niveau entre le Lob-nor et le village de Tjegghelik (20 mètres) déterminerait une pente de 1 mètre sur 3 kilomètres, ce qui est une impossibilité, étant donnée la vitesse du courant du Tarim (39 centimètres par seconde) en cet endroit. D'après les propres observations de S. Hedin, la différence de niveau entre les deux points serait de 3 mètres à peine.

Les cartes jointes à l'ouvrage du savant suédois sont fort intéressantes. Elles ont été exécutées par le cartographe bien connu, Hassenstein, d'après les levés et les croquis de M. S. Hedin; construites, d'abord, à l'échelle du 1/500 000, les minutes ont été réduites au 1/1 000 000; en dehors des itinéraires de l'explorateur suédois, les cartes de M. Hassenstein contiennent toutes les indications sur les régions parcourues ou avoisinantes fournies par d'autres voyageurs. Elles donnent donc, pour la première fois, à une grande échelle, la physionomie orographique et hydrographique, approximative, du Turkestan oriental et du Tibet septentrional. Les feuilles 4 et 5 surtout (Tibet septentrional) sont remarquables sous ce rapport. Les levés de M. Sven Hedin s'appuient sur la détermination en latitudes de sept points, parmi lesquels quatre sont complètement nouveaux. Ce sont:

1. On trouvera, résumée, toute la controverse jusqu'à ce point dans nos articles: LOB-NOR du Dictionnaire de Géogr. Universelle de Vivien de Saint-Martin et Rousselet et dans son supplément. 2. Sven Hedin, loc. cit., p. 150.

Merket (partie est du Yarkend-Daria, près Laïlyk, par 77° 35′
Long. E. de Gr. environ). . .

Oasis de Mazar-tag (campement n° 10 près de l'extrémité
mérid. du Grand lac, par 79° 7' Long. E. de Gr. environ).
Oasis Tavek-Kel (sur la rive droite du Khotan-Daria, env.
80° 23' Long. E. de Gr.).

38° 54' 20"

39° 26' 30"

37° 37′ 20′′

Campement no 27, de la partie tibétaine du voyage, sur la
rive ouest du lac no 19, par 91° 36' Long. E. à peu près.. 35° 30′ 55′′

Les trois autres points déterminés sont: Ighis-Yar, en Kachgarie (38° 40′ 20′′ Lat. N.), ville de Khotan (37° 7' 20" Lat. N.), en parfait accord avec les déterminations de Pievtsov et de Dutreuil de Rhins, et, Liang-tcheou (37° 59′ 5′′ Lat. N.).

En outre de ces sept latitudes M. Hassenstein s'est servi, pour la construction de ses cartes, d'une centaine de points astronomiques déterminés par Grombtchevsky Pievtsov, Prjévalsky, Roborovsky, Dutreuil de Rhins, pandite Krishna, Rockhill, Potanine et Obroutchev.

On trouve, dans le corps de l'ouvrage, une traduction par K. Himly des passages du Si yu-chouéi-tao-ki relatifs au Lob-nor (p. 151), ainsi que l'analyse minéralogique et chimique, par G. de Geer des sables du Takla-Makane (p. 268) qui contiennent une quantité notable de calcaire.

L'appendice comprend : 1° Les déterminations altimétriques de l'auteur avec quelques déductions générales. Un profil du plateau du Tibet et de la dépression du Tarim est particulièrement instructif à cet égard. 2o Une liste alphabétique et explicative des noms de lieu du Turkestan oriental. 3° Une liste des algues recueillies dans les sources et les lacs salés ou d'eau douce du Tibet septentrional, et déterminées par le prof. N. Wille. 4° Une liste de plantes alpines (65 espèces), recueillies à 4 880 mètres d'altitude, par 35°-37° Lat. N. et 85°30' 94° Long. E. de Gr., et déterminées par B. Hamsley et Pearson. Elle démontre la large distribution des mêmes espèces dans tout le Tibet. 5° Une note de H. Bäckström, avec analyse chimique des roches éruptives récentes (andésites) du Tibet septentrional, recueillies par 36° 10′ Lat. N. et 87° 30′ Long. E. de Gr., sur le versant sud de l'Arka-Tag, dans un cône isolé, semblable à ceux que M. Sven Hedin avait rencontrés déjà par 86° 10′ Long. E. et 36° 30′ Lat. N., et ensuite entre l'Arka-Tag et les monts Koko Chili jusqu'à 90° 30' Long. E. de Gr. environ. Rappelons, à ce propos, que c'est exactement dans les mêmes parages que Bonvalot et le prince H. d'Orléans ont signalé les volcans d'Élisée Reclus et de Rubruquis, qui, suivant S. Hedin, ne sont pas probablement actifs, mais bien comme ceux qu'il a vus, des monts coniques, isolés, formés de couches sédimentaires, et, recouverts, en stratification discordante par une couche de tufs, et, peut-être de laves, témoins d'une activité volcanique pendant une période géologique relativement récente. J. DENIKER.

AFRIQUE

La mission du lieutenant Dromard. La carte que nous publions ici a été dressée par le lieutenant Dromard, de l'Infanterie Coloniale. Cet officier est mort,

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Niania

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FIG. 31.

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20

MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE.

à peine âgé de vingt-huit ans, au retour de sa campagne en Afrique occidentale dans laquelle il s'était zo considérablement surmené. Après un court séjour au Sénégal en 1898, le lieutenant Dromard fut dirigé sur la côte d'Ivoire, où nous avions à lutter contre les indigènes de la région du Cavally. Les défaites que leur avaient infligées le commandant Kolb et le capitaine Dumas les avaient rendus plus malléables, mais il restait à pacífier le pays et à le faire connaître. Les connaissances très étendues en topographic du lieutenant Dromard en firent un collaborateur précieux pour ses chefs.

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Venaoule

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Kablake

Bokré

(100 Cases)

Yenno Pointe Tennoi
Bacio

Degre Biaouin

Quépa
Vakarepo
Soubra

Nous ne pouvons ici qu'analyser les notes qui complétaient utilement la carte qu'il a dressée.

Carte exécutée sur les fonds de la donation faite par

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Les Tepos sont une des tribus des hautes régions de la côte d'Ivoire. Ils sont établis entre le 5°10' et le 4°30' de Lat N. Ce sont des gens vigoureux et propres, mais indolents; ils cultivent, cependant, le riz et le maïs qui forment la base de leur nourriture. Ils exploitent les lianes à caoutchouc qui abondent dans la forêt et les échangent contre les produits de la côte. Leurs cases, très bien construites, ont une forme conique et mesurent de 5 à 6 mètres de rayon.

M. MARCEL GALLICE pour l'amélioration des publications de la Société de Géographie.

A signaler un article d'exportation: tous les chefs des villages portent le chapeau haut-de-forme noir, mais il n'a pas les huit reflets.

Toute cette région paraît appelée à un grand développement économique, en raison de la fertilité du sol.

Le lieutenant Dromard a fait faire, autour de Grabo, de grands progrès à la géographie. Il a soigneusement reconnu à la boussole, le cours du moyen Cavally, consciencieusement relevé tous ses affluents et sous-affluents, puis exécuté le même travail dans la vallée de la rivière Tabou dont il a fixé presque définitivement le cours, jusqu'à ce jour incertain. La ligne de partage des eaux entre les bassins du Cavally et de la rivière Tabou a été également déterminé avec précision par le lieutenant Dromard. L'ensemble de ses travaux constitue un intéressant document topographique.

Ce travail topographique sert de trait d'union entre ceux des missions WoeifelMangin et Hostains-d'Ollone. Nous avons ainsi une connaissance plus complète de cette région limitrophe du Libéria, qui était à peu près ignorée jusqu'à ce jour. Malheureusement, celui qui a apporté une si précieuse contribution à la géographie, n'est plus là, pour mettre au net les diverses notes et documents qu'il avait recueillis. En effet, placé, comme les autres officiers de la mission, dans de très mauvaises conditions hygiéniques, n'ayant ni vivres, ni médicaments, ni médecin, sans outils même pour construire le poste de Grabo qu'il devait fonder, le lieutenant Dromard, atteint de fièvre bilieuse, épuisé par un surmenage incessant, n'a quitté la côte d'Ivoire, en mai 1900 que pour venir mourir à ClermontFerrand, au milieu de sa famille éplorée. Il était de ceux dont l'Infanterie Coloniale s'honore.

NED NOLL.

Influence de la région du Bahr-el-Ghazal sur les crues du Nil. Dans la communication qu'il a faite, le 8 février, à la Société de Géographie, le commandant Roulet a exposé la théorie suivante qu'il nous a paru intéressant de reproduire :

au

« La fertilité de la basse Égypte est due aux crues régulières annuelles du Nil qui, par infiltration et non par submersion, fécondent le sol. L'étiage du fleuve augmente pendant les mois de juin, juillet, août, et, septembre; il diminue en octobre, novembre, et, décembre. Si la crue n'atteint pas 6 mètres, elle est insuffisante, et, la récolte manque par sécheresse; les crues de 6 à 8 mètres sont moyennes et apportent l'abondance, les terres donnent alors le maximum de rendement; delà de 8 mètres, il y a inondation, submersion des terrains et mauvaise récolte. Les eaux du Nil, à Karthoum, proviennent de trois régions différentes : des grands lacs, de l'Abyssinie, et du Bahr-el-Ghazal. Dans la première, la saison des pluies a lieu en février, mars, avril. Mais, d'une part, les différents lacs servant de modérateurs, d'autre part, les 2000 kilomètres à franchir retardant de plusieurs mois et régularisant l'arrivée de la crue, elle se produit insensiblement.

«Dans la seconde région, au contraire, où l'altitude est très grande et la distance à franchir très courte, les ruisseaux prennent des allures torrentueuses, et, comme tous les affluents du Nil Bleu s'étendent en éventail dans des régions ayant la même

latitude, où la saison des pluies se produit aux mêmes époques, les crues sont subites et pourraient amener des débordements du Nil, si le troisième affluent n'existait pas. <«< Étudions donc le régime hydrographique de ce troisième élément. Les régions du Bahr-el-Ghazal, du Bahr-el-Homr, du Bahr-el-Arab sont presque absolument plates; la ligne de partage des eaux avec l'Atlantique dépasse à peine 600 mètres, la hauteur relative moyenne est d'environ 500 mètres, comme Karthoum est à 400 mètres au-dessus du niveau de la mer et à une distance de plus de 1 000 kilomètres, la pente est insensible. Aux saisons des pluies, qui se produisent aux mêmes époques qu'en Abyssinie, les eaux, par suite du manque de pente, stationnent dans chacun des affluents secondaires; puis, quand la crue se produit, le lit du Bahr-el-Ghazal forme, dans les environs du lac Nô, un vaste marécage de plus de 100 kilomètres de largeur, qui arrête l'écoulement des eaux. La crue produite par les pluies de juin, juillet, et août se fait donc sentir à Karthoum en juillet, août et septembre, si elle provient de l'Abyssinie, et, en août, septembre, octobre, novembre et décembre, si elle provient de la région du Bahr-el-Ghazal. Grâce à cette heureuse conformation du terrain, les inondations sont rares dans la basse Égypte; elles seraient régulières, au contraire, par suite, le terrain marécageux et infertile, si la région du Bahr el-Ghazal était aussi montagneuse que l'Abyssinie.

D'autre part, toute la région du Bahr-el-Ghazal est formée par ce que l'on appelle le pays aux herbes; chaque année, à la fin de la saison sèche, de vastes incendies réduisent cette végétation en cendres, et, comme sur l'argile ferrugineuse qui compose le sol, aucun humus ne peut retenir cet engrais naturel, les eaux de pluie dissolvent les matières fertilisantes, notamment la potasse; ainsi la crue en arrivant dans la basse Égypte, dépose avec les matières tenues en suspension provenant de l'érosion des terrains, un excellent limon.

«On peut donc dire, sans exagération, que l'Égypte doit une partie de sa fertilité à la situation particulière de l'orographie et de la flore de la région du Bahr-el-Ghazal. »

Délimitation du Congo français et du Cameroun. Les gouvernement français et allemand se sont mis d'accord pour procéder à une délimitation de leurs possessions dans l'Afrique occidentale, Congo et Cameroun.

La commission chargée d'établir la frontière se compose de deux missions, l'une française, et l'autre allemande. La mission française est ainsi constituée : le D' Cureau, administrateur, chef de mission, le savant astronome dont nos collègues ont pu apprécier les beaux travaux dans le haut Oubanghi, M. Laurent, administra teur, aide pour les travaux astronomiques et topographiques, M. Olummel, administrateur, chef d'escorte, et vingt-cinq miliciens sénégalais. La mission allemande comprend le capitaine Engelhardt, capitaine au corps du génie bavarois, chef de mission, le lieutenant von Restorff et Schulz, deux sous-officiers européens, et une escorte indigène.

La commission de délimitation devra:

1° Se rendre à la rivière Campo, pour y déterminer astronomiquement le parallèle dit « du Campo », fixé par le point de rencontre du 10° E. de Gr. avec le cours de cette rivière;

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