Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

La mission du capitaine Wolffel

Itinéraires et résultats scientifiques

Au cours des dernières opérations militaires poursuivies dans le Soudan méridional, les colonnes françaises avaient sillonné une partie de la région forestière habitée par les antropophages et avaient trouvé en eux de précieux auxiliaires dans leur lutte contre Samory. Aussi, après la prise de l'Almamy, le 28 septembre 1898, le commandant de Lartigue, qui avait dirigé les opérations, se proposa-t-il la pénétration plus complète de leur pays, et, conçut-il même le projet de relier nos postes extrêmes du Soudan aux postes les plus avancés de notre colonie de la côte d'Ivoire situés tout au plus à 200 kilomètres de là. La saison n'étant pas alors propice à cette pénétration, le commandant de Lartigue s'était contenté, tout d'abord, de prendre des dispositions pour en faire préparer l'exécution; mais, à l'annonce du départ de la mission Hostains-d'Ollone, qui se proposait le même objectif en partant de la côte, il activa les préparatifs de l'expédition dont le commandement fut confié au lieutenant (aujourd'hui capitaine) Woelffel.

Le 18 février 1899, le lieutenant Woelffel quitte Siguiri pour marcher vers le Cavally à la rencontre des explorateurs qui venaient de la côte.

Après avoir traversé le Tankisso pittoresquement encaissé de berges boisées et dont le cours est navigable en toute saison jusqu'à Dinguiray, puis le Niger dont le lit atteignait 1800 mètres de largeur, l'expédition entrait, le 21, à Kankan, chef-lieu de cercle de la région sud (5 à 6000 habitants), un des centres les plus actifs de la propagation musulmane.

Le 28, la mission était à Bissandougou, ancienne capitale de Samory, poste français aujourd'hui abandonné, qui n'est plus qu'une petite bourgade de 100 à 150 habitants; le 4 mars, elle atteignait Kérouané (600 mètres d'altitude), ancien Sanankoro, berceau de la famille de Samory. Le 5 mars, le détachement franchissait le col difficile de Goiffé, situé à 1 200 mètres d'altitude, dans le massif qui sépare le Milo du Dion, et, le 7, parvenait à Beyla. Là, l'expédition compléta son effectif et se constitua définitivement. Elle se composait de 100 tirailleurs, de 4 sergents réguliers, d'un sergent d'infanterie de ligne, d'un sous-lieutenant indigène et du lieutenant Mangin, second de la mission.

Le 19 mars, l'expédition quitte Beyla et atteint le lendemain Boola, marché très important où les Dioulas du Soudan viennent échanger leur sel et leurs toiles contre les noix de kola apportées par les Guerzés. Le 22, elle entre dans la zone forestière;

LA GEOGRAPHIE. III.

5

le 23, elle franchit le col de Zaragoué, excessivement pénible pour les porteurs en raison des pentes très raides de son versant méridional. Les forêts deviennent de plus en plus épaisses, à mesure qu'on s'avance vers le sud. Le 24, le lieutenant Woelffel atteignait Guécké situé sur un mamelon complètement entouré de forêts, et, le 28, faisait son entrée à Lola, énorme village mi-Guerzé, mi-Manon près duquel il fonda un poste.

Le 3 avril, le lieutenant Mangin poussait une pointe vers le sud-ouest, afin de recueillir des renseignements sur la rivière Mani; mais attaqué à lalounsou par les indigènes, il ralliait Lola, le 6, et, le 7, la mission reprenait sa marche sur N'Zo,

[merged small][merged small][merged small][graphic][merged small][merged small]

Gauplé (appelé jusqu'alors Oua du nom de la province), afin d'attendre un courrier de son second. Le 23, ne recevant aucune nouvelle, il prenait la route de Gouro pour se rapprocher de Man. A Tiéplé, il recevait, enfin, les premiers renseignements du lieutenant Mangin qui lui faisait connaître l'hostilité des habitants de Guékangoui. Quelques jours après, à Drouplé, il apprenait, par un rapport, le combat que son second avait dû soutenir à Ninéné, au sud-est de Man, et prescrivait au lieutenant Mangin de rejoindre la mission dont les deux tronçons se réunissaient à Gotogoui le 3 mai. Le 8 mai, l'expédition se dirigeait sur Sangoui puis, en deux colonnes, sur Dainné, situé sur la rive droite du Mien, affluent du Zo. A Dainné, les Blolos, qui avaient préparé une embuscade, s'opposèrent au passage; après une longue palabre ils permirent cependant l'entrée du village. Là, une nouvelle palabre eut lieu, à la suite de laquelle une dizaine d'indigènes qui s'étaient jetés sur les tirailleurs, furent tués. Le reste s'enfuit mais la mission fut assiégée dans Dainné pendant neuf jours. Le 20 mai, à l'aube, elle abandonnait Dainné et se dirigeait sur Guékangoui qu'elle atteignait le soir même. L'hostilité des naturels était toujours constante; le lieutenant Mangin, envoyé le 16 juin en reconnaissance vers Logoualé, était attaqué et forcé de livrer une série de combats en avant du village que ses habitants préférèrent incendier plutôt que le laisser occuper par des Européens.

Dans ses conditions l'expédition Woelffel, toujours sans nouvelles de la mission Hostains, et ne pouvant obtenir que fort peu de renseignements exacts sur les routes. du sud se décida à laisser une petite garnison à Guékangoui et à fonder, pour l'hivernage, un poste près des bords du Zô, sur l'emplacement de l'ancien village de Nouantogloin. Le 23 juillet, la construction de ce poste était terminée. Tout paraissait tranquille, lorsque, le 9 août, les indigènes recommencèrent leurs attaques contre la mission qui dut, de nouveau, livrer de nombreux combats. Le 21 août, la garnison du poste de Lola que le gouvernement venait de supprimer, renforçait celle de Nouan

[graphic]

FIG. 12.

[ocr errors]

UN MARCHÉ A TÉ (DIOULAS).

Reproduction d'une photographie du capitaine Woelffel.

Reproduction interdite en France et à l'étranger, y compris la Suède et la Norvège.

togloin, mais les escarmouches et les embuscades continuaient. Déjà la mission avait 65 hommes hors de combat (dont 23 tués) et de nombreux malades, lorsque, le 13 septembre, les premiers symptômes d'indiscipline se firent sentir parmi les tirailleurs, qui réclamaient leur licenciement. Le lieutenant Woelffel demanda d'urgence au gouverneur l'envoi de 25 tirailleurs réguliers, mais, en réponse, il fut avisé que la mission était disloquée et qu'un poste serait seulement maintenu à Nouantogloin, qui ferait partie du cercle de Touba '. Le 1er décembre, l'expédition rentrait, par Man et Doué, à Touba où elle apprenait l'arrivée à Beyla de la mission Hostains-d'Ollone, qui, traversant le Diougou, avait suivi, pour éviter les peuplades guerrières, une route plus occidentale. Tout en faisant le coup de feu, le capitaine Wolffel n'a pas négligé un seul instant de recueillir des observations géographiques sur le pays si difficile qu'il traversait.

1. Ce poste ainsi que celui de Guékangoui a été évacué depuis.

De ce voyage, accompli dans des conditions dont le récit précédent montre le danger, il a rapporté 1 500 kilomètres d'itinéraires nouveaux, donné les noms et placé sur la carte plus de 500 villages jusqu'alors inconnus, et recueilli de nombreux documents linguistiques, photographiques, botaniques, etc.

En un mot, la mission a rempli un blanc de la carte d'Afrique, et, pour permettre d'apprécier son œuvre, nous allons présenter, d'après ses observations, une esquisse topographique des contrées qu'elle a parcourues.

La région sillonnée par la colonne Wolffel est comprise entre le 9 et le 11° de Long. O. et le 9o et le 6° 40' environ de Lat. N. Au point de vue orographique, cette contrée, qui constitue d'une façon très nette la ligne de partage des eaux entre le bassin du Niger et les petits bassins côtiers de l'Atlantique, présente une importance considérable, car elle est de beaucoup la plus élevée et la plus tourmentée de tout le Soudan et donne naissance à un grand nombre de fleuves côtiers.

Orographie. Au nord de la ligne Beyla-Touba et allant de l'ouest nord-ouest à l'est sud-est les montagnes de Guéyé limitent, au nord, le bassin du Férédougouba, et forment la ligne de partage des eaux entre le Niger et les bassins côtiers. C'est dans ce massif que prennent naissance : le Dion, le Kouraï, le Gouala, affluents de gauche du Niger. Les montagnes de Guéyé s'arrêtent à l'ouest de Koro, pour laisser passer le Tien Ba. Ce massif se continue au nord, par des hauteurs plus modestes jusqu'à Odienné; à partir de ce point, il suit la direction ouest est sous les noms de monts du Naoulou entre le Baoulé et le Bagoé, au nord, le Tien Ba, le Iani et le Pou au sud.

A l'ouest, le massif s'abaisse pour se relever, ensuite, en deux chaînes: 1° celle du Goï entre le Milo et le Dion avec des sommets atteignant 2000 mètres et traversée entre Beyla et Kérouané, par le col de Goïfé (1200 m.) et 2' celle qui sépare le Milo, au nord, du Diani et de la Toffa.

Venant de Beyla, c'est vers Ourougué qu'on franchit la faible ligne de hauteur qui sépare les bassins du Férédougouba et du Diani, puis, au col de Zaragoui (entre Guéssékéré et Daguadougou) la chaîne assez pénible qui sépare l'Ouré de la Toffa, tous deux affluents du Diani.

Depuis Ourougué jusqu'à Guan, la route est tout entière comprise dans le bassin du Diani; au delà, elle court dans le bassin du Bafing, affluent du Férédougouba.

Ces trois séries de hauteurs: montagnes d'Ourougué, de Guessékéré et de Guan partent d'un même noeud orographique qui détache des ramifications entre le Férédougouba et le Bafing jusqu'au confluent de ces deux cours d'eau et entre le Guan et le Boho.

Une série de collines sans importance sépare les hauts bassins du Mani et du Diougou (Cavally) qui prennent tous deux naissance dans les massifs excessivement élevés du Naba ou Niénimba et du Koré, qui ont comme pendant, sur la rive gauche du Diougou, le grand massif de Zélékouma et de Drouplé d'une altitude peut être plus considérable encore et qui, en enserrant de très près les rives du Diougou et de ses affluents, crée une série de rapides dans la partie supérieure de leurs cours.

Le massif du Naba qui atteint 2170 mètres d'altitude s'élève au-dessus du

village de N'Zo en un énorme bloc de granit et de grès, poli et sillonné de filets d'eau; il est orienté du nord-est au sud-ouest. Le Koré, tout aussi élevé que le Naba, est également nu et aride. Ses pentes, extraordinairement à pic, lavées par les eaux torrentielles de l'hivernage, sont complètement dénudées. Toute la terre végétale se trouvant en traînée dans les fonds et les vallons; la végétation acquiert là une puissance merveilleuse.

MTS GOI

Beyla

[ocr errors]

Qua

Boola

Guesse

[ocr errors]

Guan
GUE

Boho

10°

[ocr errors]

Quéna

Touba

Keniéko

Tienba

9o

ecke

64easo

Lantu

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]

Le massif symétrique de Zélékouma, qui n'a pu être mesuré exactement, mais qui dépasse 3000 mètres, est encore plus impénétrable; il est recouvert d'une végétation luxuriante. Il est très difficile de se procurer des renseignements sur ce massif épais où la forêt est si dense et le sol si accidenté que les indigènes n'ont jamais pu s'y installer. Une des ramifications de ce massif longe la rive orientale du Diougou, s'élève, tantôt en falaises à pic, tantôt en pitons importants couverts d'épaisses forêts et s'inclinant sur Niara-lassou et Déniféso, elle s'abaisse, ensuite, pour se joindre, aux environs de Toungaradougou et de Fanha, aux collines qui forment la ligne de partage des eaux entre Lola et Gogota.

[blocks in formation]

NABA

Daneso Gangouale

[ocr errors]
[merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]

Echelle

[blocks in formation]

FIG. 13. RÉGION PARCOURUE PAR LA MISSION WOLFFEL.

le massif de Zélékouma est prolongé par le massif de Drouplé et par le grand massif des Touras qui séparent nettement le Bafing du bassin du Zo. Le Gué, le Zo, le Kouen prennent naissance dans cette longue chaîne qui vient se terminer près de Kouloukoro.

Une série de chaînons plus modestes se détachent de ces deux massifs, s'étalent en éventail et viennent mourir aux environs du 7° parallèle.

Hydrographie. - Dans cette région mouvementée où les pluies de l'hivernage durent plus de sept mois de l'année, naissent une quantité innombrable de cours d'eau qui, tous, sont les tributaires des bassins côtiers. Les plus importants sont : le Férédougouba, avec son affluent le Bafing, le Zo, le Diougou ou Cavally, le Mani, le Diani avec son affluent l'Ouré.

Le Férédougouba est formé de deux rivières, l'Oua et le Boho. Resserré entre les montagnes du Guéyé, au nord, et, le massif qui s'étend entre Boola et Touba,

« ZurückWeiter »