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au sud, le Férédougouba a une direction générale ouest est son cours est coupé de rapides jusqu'à Dougouguéla où il atteint 25 mètres de large; à son confluent avec le Tien-Ba, il a 100 mètres. Son cours s'étale alors dans la plaine de Dabala qu'elle convertit, aux grandes eaux, en un lac immense que la saison sèche transforme en marécage pestilentiel. A partir de son confluent avec le Tien Ba, le Férédougouba prend, pour ne plus la quitter, la direction générale du sud; il reçoit, à droite, le Bafing, qui ne lui cède en rien comme largeur et comme débit. Peu après, le fleuve, en se divisant en un grand nombre de bras, forme le Ba Kononto, c'està-dire les «Neuf Fleuves », puis, un peu plus au sud, dans le Ouobé, il change de nom et s'appelle Diobo; il reçoit alors le Kouen et probablement, plus loin, le Zo. M. Wolffel croit, avec le capitaine Blondiaux, que le Férédougouba n'est autre que le cours supérieur du Sassandra.

Le Bafing, affluent du Férédougouba auquel, sur une partie de son cours, il coule parallèlement, est aussi formé de deux rivières le Boho et le Guan. A Doué, il atteint 150 mètres de largeur et roule ses eaux sur un fond de rochers glissants; il reçoit, sur sa rive droite, un affluent important, le Mé.

Le Zo, plus important que le Bafing comme débit, coule un moment de l'est à l'ouest, puis, s'infléchit vers le sud. Très resserré d'abord dans son cours supérieur, sa vallée s'élargit vers le 7° de Lat. N. Le Zo reçoit le Gué, puis, le Mien, et prend ensuite une direction nord-ouest sud-est qu'il conserve presque toujours, au dire des indigènes; il reçoit alors à gauche le Ko, grossi du Kagoué qui vient des environs de Boféso. A trois ou quatre jours de marche au sud de Nouantogloin, il reçoit encore le Sio. A Nouantogloin même, le Zo a plus de 100 mètres de large et roule pendant l'hivernage une masse d'eau considérable.

Le Diougou auquel on donne peut être à tort le nom de Cavally sort du massif du Naba, qu'il contourne au nord, pour redescendre, ensuite, au sud, sur Tiafeso où il a environ 60 mètres de large. Son cours supérieur est très encaissé. Grossi, à gauche, du Gouo, puis, à droite, du Iapo, il forme le Douo ou Cavally.

Le chef de Douloumou parla au lieutenant Wolffel du Nuon ou Nioa, affluent de droite du Cavally, plus important comme débit et comme longueur que ce fleuve même, et qui pourrait bien être le Mani, qui prend sa source dans les monts du Koré et décrit un grand coude vers l'ouest avant de se jeter dans le Douo. M. Wolffel croit même qu'il y a de fortes chances pour que cette rivière n'en forme qu'une seule avec le Douobé. Ces identifications porteraient ainsi le bassin du Cavally beaucoup plus vers l'ouest qu'on ne le croyait jusqu'ici. Poussant plus loin les hypothèses, et considérant la vaste courbe vers l'ouest que MM. Hostains et d'Olonne font décrire au Cavally, M. Wolffel se demande si les explorateurs qui ont cru traverser à deux reprises ce fleuve n'auraient pas, la première fois, traversé le Nuon venant du nord ouest, et, la seconde fois, le Diougou.

Constitution du sol.

Le sol de la région parcourue par la mission est essentiellement composé de grès, de granite ou de blocs ferrugineux; les montagnes for

1. Voir le croquis publié dans la Géographie du 15 juin 1900, p. 489.

ment d'énormes dômes lavés par les pluies et présentent un ton gris ou bleuté suivant la nature des roches. Entre Beyla et Guécké les parties de terrains laissées à découvert ont une teinte rougeâtre provenant de roches ferrugineuses désagrégées. Le sous-sol est un « composé de graviers (rognons de sulfure de fer) et d'argile ferrugineuse ». Dans la contrée couverte de forêts, le sol est recouvert d'un humus excessivement épais et très fertile provenant de la décomposition de la végétation. Au-dessous, à une profondeur variable, reparaît l'argile. La substratum, affleure au moindre accident du sol. On trouve aussi quelques schistes et du quartz en tous points semblable au quartz aurifère du Bouré (environs de Siguiri), principalement aux alentours de Gouékangoui. Les indigènes, cependant, ne connaissent pas l'or et ne travaillent que le fer et le cuivre; le premier leur est apporté du nord, tandis que le cuivre, qui est, pour eux, le métal précieux, provient de la côte.

Forêts.

Jusqu'à Guécké, le pays présente l'aspect général du Soudan méridional. C'est la brousse haute, parsemée d'arbres et d'arbustes, qui se transforme, le long des marigots et dans les bas fonds, en forêt épaisse, toujours verte.

Vers N'Zo commence la forêt vierge proprement dite; à l'est, sa lisière se trouve plus au sud, vers Boféso. Tout le pays montagneux des Touras, où s'élèvent des roches escarpées et des falaises dénudées que dominent des villages indépendants, est déboisé; les fonds de vallées seuls sont couverts par la forêt tropicale.

Cette forêt vierge, que la lumière du soleil ne traverse jamais, où ne filtre qu'une demi-clarté accompagnée d'une chaleur lourde et humide, est coupée par des sentes étroites qui sont les seuls moyens de communications et que mille obstacles: marigots vaseux, arbres abattus, racines droites et tranchantes, rocs aigus, plantes rampantes et épineuses rendent presque impraticables. Les lianes enlacées forment au-dessus des sentiers une voûte de verdure qui oblige le voyageur à marcher courbé en deux. Ces sentiers s'élargissent seulement près des villages et sont alors bordés de kolatiers soigneusement entretenus. Dans leurs environs, s'étendent les cultures, consistant, principalement, en manioc, riz, maïs, bananes, arachides, ignames, un peu de mil et quelques cannes à sucre. La forêt renferme les essences les plus variées. Le palmier à huile se trouve en extrême abondance jusqu'à plus de 400 kilomètres de la côte. La mission n'a pas rencontré de lianes ou d'arbres produisant du caoutchouc, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en a pas.

Faune. La région est de plus en plus pauvre en animaux domestiques, à mesure qu'on descend vers le sud. Les principaux sont les boeufs, les moutons, les chèvres, les chiens et les chats. Ces derniers, très prisés, comme animaux de boucherie.

Les animaux sauvages de la forêt sont très nombreux. Toutes les espèces de singes sont représentées. Les hippopotames et les caïmans pullulent dans les fleuves. L'éléphant se rencontre dans les massifs montagneux de Drouplé et de Zelékouma; de nombreux troupeaux de ces animaux vivent dans le pays des Guérés.

Ethnologie.

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Presque toutes les populations qui habitent ces régions ont, a peu près, les mêmes caractères ethniques. Les hommes sont de taille moyenne et bien bâtis; la couleur de leur peau est plutôt bronzée que noire. Ils sont d'une agilité remarquable, et la rude existence qu'ils mènent en font des adver

saires redoutables. Toutes ces races parlent des langues différentes, quoique de même famille.

Les principales populations de la région sont : les Guerzés, entre Boola et Nzo et

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dans les bassins du Boho et du Guan jusqu'au confluent de ces deux rivières, race assez commerçante, les Manons, au sud et au sud-est des précédents, les Touras, perchés sur les deux rives du Bafing dans leurs villages inaccessibles, les Dans ou Dioulas, immédiatement au sud des Guerzés et du Bafing. A l'est des précédents, les Ouobés, qui sont, comme les Dans, anthropophages. Les villages sont généralement construits sur des éminences; les cases

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sont rondes avec des toits coniques. La chasse et la pêche sont les principales occupations des habitants de la forêt dont les armes favorites sont le fusil à pierre, la lance, ou plutôt l'épieu, et un couteau large et bien affilé.

M. CHESNEAU

Voyage de M. Kozlov en Asie centrale

Accompagné de MM. Ladyghine et Kaznakof, le lieutenant Kozlov vient d'explorer l'Altaï mongol ou chinois et la partie centrale du Gobi.

L'immense chaîne de l'Altaï mongol, qui s'étend, du nord-ouest au sud-est, sur 2000 kilomètres environ, entre la frontière russo-chinoise, où elle se soude à l'Altaï russe, et la grande boucle du Hoang-ho, a été découverte par Potanine et Pievtsov (1876-78). Le premier de ces explorateurs avait traversé ce relief à quatre reprises différentes, par les cols qui le coupent en cinq tronçons à peu près d'égale longueur; le second en avait longé tout le versant septentrional, à une distance variant de 50 à 100 kilomètres du pied des montagnes. Cette fois, il s'agissait d'étudier l'Altaï mongol dans toute sa longueur, en passant le plus près possible de son axe ainsi que de son versant sud. Telle est la tâche que viennent d'accomplir M. Kozlov et ses compagnons et sur laquelle nous allons donner quelques renseignements, d'après les lettres de ces voyageurs publiées par la Société Impériale russe de Géographie 2.

On peut diviser l'Altaï mongol en deux parties distinctes d'inégale longueur, suivant le méridien de la vallée de Kobdo. La partie située à l'ouest de cette ligne s'étale en massifs nombreux, dont les cimes sont blanchies par des neiges persistantes et dont les flancs laissent échapper les eaux du bassin du Kobdo, au nord, et celles du bassin de l'Irtych Noir, au sud. Ces eaux arrosent de riches pâturages où les Kirghiz nomades font paîtres leurs nombreux troupeaux. La partie située à l'est du méridien de Kobdo, quatre fois plus longue que la précédente, est une succession de chaînes allongées en deux séries parallèles, dont la plus septentrionale seulement dépasse ou touche par quelques sommets (Batour-Khaïrkhan, MounkouTsassoto-Bogdo, Iké-Bogdo, Baga-Bogdo) la ligne de neiges persistantes. Cette différence dans l'altitude de la limite des neiges pour les deux parties de l'Altaï mongol, est le résultat de l'action des vents desséchants du Gobi. Les lacs, situés sur le versant septentrionale, sont tous alimentés par les cours d'eau descendus d'une autre chaîne, le Khanghaï, sise plus au nord. Quant aux rivières et aux lacs

1. Voir pour plus de détails notre article Altaï mongol dans le supplément du Dictionnaire de Géographie universelle de Vivien de Saint-Martin et Rousselet, Paris, 1899.

2. Viesti iz ekspéditsii P. K. Kozlova (Nouvelles de l'expédition P. K. Kozlov). in Izviestia Imp. Roussk. Gheografitch. Obchtchestva (Bulletin de la Société Imp. russe de Géogr.), T. XXXV, 1899, no 6, p. 602, 615 et 633 av. pl.; T. XXXVI, 1900, n° 1, p. 18, 43 et 64, av. carte; n° 2, p. 135, 153 et 169, av. carte (les pages dans chaque numéro se rapportent successivement aux lettres de MM. Kozlov, Kaznakov et Ladyghine).

LA GEOGRAPHIE. III.

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de l'Altaï même, ils suffisent à peine pour former quelques oasis et quelques steppes assez maigres en fourrages où nomadisent les Mongols. A mesure qu'on avance vers le sud-est, les monts Altaï se dissocient, leur largeur diminue jusqu'à ce que leurs derniers contreforts soient ensevelis, non loin du Hoang-ho, sous les sables envahissants du Gobi.

Dans toute sa longueur, le système de l'Altaï mongol conserve le même profil sur une coupe transversale: un versant nord, court et abrupt, contrastant avec le versant sud, long et à pente douce.

Après ces observations générales, voici quelques détails sur le voyage même'. Parti, le 14 (26 juillet) 1899, de la «< stanitsa » (poste cosaque) Altaïskaïa, M. Kozlov, à la tête d'une troupe de dix-huit personnes, étudia, d'abord, la topographie de l'Altaï, entre la frontière russe et Kobdo, tout en chassant le cerf-maral que les colons russes tiennent actuellement dans des parcs, pour répondre aux demandes des Chinois grands acquéreurs des cornes de ce cervidé. L'altitude de la passe OulanDaban, sur la frontière, a été fixée à 2880 mètres (2470 mètres sur la carte de Pievtsov, 1884). La vallée du fleuve Kobdo (530 kilomètres de long) a été suivie ensuite, jusqu'à la ville de Kobdo, située sur la Bouïountou, non loin de l'endroit où celle-ci se jette dans le lac Kara-Oussou; ce lac est beaucoup plus petit que ne le représentent les cartes de Potanine et de Pievtsov. Kobdo est habitée par des Chinois; les Russes n'y ont que quatre maisons de commerce (plus quatre autres dans les environs); ils y échangent directement les objets manufacturés contre de la laine et des peaux de marmottes, de chèvres, etc. Pendant que M. Kozlov suivait la grande route, MM. Kaznakov et Ladyghine faisaient une excursion au sud, dans les vallées du Tsagan-Gol et du Kobdo-Gol jusqu'au lac Kobdo, où se jette cette dernière rivière; ils arrivèrent plus tard à Kobdo par la vallée de la Bouïountou 2. Les populations qu'ils rencontrèrent étaient des Mongols-Ouriankhs et des KirghizKirèï. Ces indigènes sont décrits en détail dans une lettre de M. Ladyghine 3. Les Ourinakh occupent la vallée du Tsagan-Gol et celle du haut Kobdo en amont de son confluent avec le Tsagan-Gol, ainsi que les rives du Toubla-Nor et les vallées du Saksaï et du Bouïountou, affluent de droite du Kobdo. Les KirghizKirèï nomadisent le long du cours moyen du Kobdo et dans le bas Saksaï, ainsi que près du Dala-Koul, qui donne naissance à cette rivière. Les Ouriankhs, que leurs voisins, Mongols-Eulets et Kirghiz, appellent « Ouïgours », forment une population misérable, vivant de la chasse ou de l'élève du bétail et indignement exploitée par les marchands chinois. Leur type est mongol, mais ils parlent une langue turque, comme le prouve le petit vocabulaire recueilli par M. Ladyghine.

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Notons, avant de poursuivre le récit du voyage, que dans la région parcourue entre la frontière russe et Kobdo, les trois voyageurs ont rencontré de nombreux monuments amas de pierres circulaires, pierres levées, «Kamennya Baby »

1. L. c., Izviestia, etc., T. XXXV, p. 602.

2. L. c., p. 615.

3. L. c., p. 633.

4. Nor. Lac, en mongol, Koul dans les idiomes turcs.

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