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Les volcans du Latium

et la Campagne Romaine

La région volcanique de l'Italie centrale comprend une traînée de volcans, plus ou moins démantelés, alignés le long du flanc occidental de l'Apennin et dont le pied baigne parfois dans la Méditerranée. Cette série volcanique s'étend depuis le mont Amiata, au nord, jusqu'au Vésuve, au sud. De tous ces volcans, le Vésuve est le plus connu, parce qu'il est encore en activité. L'histoire des autres groupes volcaniques, d'àge très récent, n'est pas moins intéressante aux points de vue géographique et géologique. Leur configuration et tous leurs caractères diffèrent profondément de ceux de l'Apennin qui les borde sur une étendue de 350 kilomètres.

De nombreux travaux ont été publiés sur cette région. Je désirerais retracer ici, sommairement, l'histoire du plus important de ces centres volcaniques éteints, celui des volcans du Latium, connus aussi sous le nom de monts Albains, et y joindre celle de la Campagne Romaine, qui n'en est qu'une annexe. J'utiliserai largement la belle étude que vient de publier, sur cette contrée', M. V. Sabatini, ingénieur des mines de Rome, qui a été chargé d'en dresser la carte pour le Service Géologique d'Italie. J'y ajouterai les renseignements que ce géologue a eu l'obligeance de me communiquer et des observations personnelles faites lors d'un récent voyage en Italie.

Aperçu géographique. Rome est située dans la plaine du Tibre, entre deux grands volcans au nord, les monts Sabatini (de l'ancienne ville Sabatia), formés d'une série de cônes auxquels se rattache le grand lac-cratère de Bracciano, qui n'a pas moins de 58 kilomètres carrés de superficie; au sud, les monts du Latium ou monts Albains.

Le Tibre, qui, sur près de 80 kilomètres, suit le fossé séparant l'Apennin de la série volcanique du nord de Rome, délimite, également aux environs de cette ville, les produits de projections lancés par ces deux Vésuves romains.

1. R. Ufficio Geologico d'Italia. Memorie descrittive della carta geologica d'Italia, vol. X. I Vulcani dell' Italia centrale e i loro prodotti, Parte prima. Vulcano Laziale, di V. Sabatini.

La Campagne Romaine proprement dite forme le territoire circonscrit par l'Apennin, les monts du Latium et le lac de Bracciano. Son sol est presque entièrement constitué par les produits des deux volcans, dont les coulées se sont étendues jusqu'aux portes de la Ville Éternelle.

Les monts du Latium (fig. 75) commencent à s'élever à 12 kilomètres au S.-E. de Rome. Ils peuvent être envisagés, d'une façon très générale, comme formés de deux édifices, deux troncs de cône superposés. La base supérieure du grand tronc de cône est concave, de sorte que son fond est de 100 à 300 mètres moins élevé que son bord, dont l'altitude atteint presque en certains points (939 m.) celle du tronc de cône interne (949 m.).

La base de l'édifice externe ou inférieur mesure près de 80 kilomètres; elle est comme cerclée, à partir de Ciampiano, par le ruban de la voie ferrée de Rome à Velletri et Valmontone. D'autre part, elle touche les premiers contreforts de l'Apennin et limite, au sud, les marais Pontins. Les coquettes villes de Tivoli, Palestrina, et, Valmontone jalonnent à peu près, vers l'est, la limite de l'Apennin et les projections du volcan Latial.

Le rebord supérieur du tronc de cône délimite une enceinte circulaire, appelée Atrio della Molare, assez régulière et intacte vers l'est, sur les deux tiers de son étendue, depuis les environs de Frascati jusqu'à Nemi. La crête de ce rebord denticulé a des altitudes variant de 600 m. à 939 mètres. Elle présente des abrupts particulièrement prononcés, tant du côté des flancs extérieurs, que vers l'atrio, au nord de Velletri, où ils sont presque aussi élevés que le cône central et connus sous le nom de monte Artemisio.

A l'ouest, et, sur le prolongement virtuel de la bordure supérieure, sont taillées, comme à l'emporte-pièce, dans les flancs de la montagne, les deux conques ellipsoïdes, si curieuses, de Nemi et d'Albano. Elles logent deux lacs, sans issue naturelle et sans émissaires visibles, qui ressemblent à deux grands miroirs, situés à 200 mètres en contre-bas, quand on les domine de leurs bords escarpés. Le lac de Nemi a 5 kilomètres de tour et une profondeur de 34 mètres; celui d'Albano est beaucoup plus grand, il mesure plus de 10 kilomètres et a une profondeur de 170 mètres.

Entre ces deux lacs, et un peu plus au sud, s'étend la Valle Aricciana, marécageuse, jadis occupée par un lac.

L'édifice intérieur ou supérieur des monts Albains s'élève de 400 mètres audessus de l'enceinte du tronc de cône inférieur. Il n'a guère que 4 kilom. 500 de large à la base et 2 kilom. 500 au sommet. Il est dominé au S.-O. par le piton du Monte Cavo (949 mètres) sur lequel se dressait autrefois le temple fameux de Jupiter Latial et que couronne aujourd'hui un observatoire d'où l'on jouit d'une vue grandiose sur l'Apennin, la Méditerranée, la Sardaigne, Rome et les nonts Sabatini. L'enceinte supérieure a été faussement appelée camp d'Annibal. A l'entrée de l'enceinte et regardant Rome, la ville de la

Rocca di Papa étage ses maisons en amphithéâtre dans un désordre des plus pittoresques.

Sur un grand nombre de points des monts Albains se dressent brusquement des petites collines, de 50 à 200 mètres de haut, dont nous aurons à parler plus loin.

Lorsqu'on quitte Rome et que l'on se dirige vers les monts du Latium,

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FIG. 75.

- CARTE DES VOLCANS DU LATIUM, D'APRÈS UN PLAN EN RELIEF COLORIE
DU SERVICE GÉOLOGIQUE ITALIEN 1.

Les parties noires indiquent les coulées de lave; les portions gris clair appartiennent au volcan proprement dit ; les parties gris foncé marquent l'emplacement de la Campagne Romaine. Rome est située un peu au delà du coin nord-ouest.

on traverse, d'abord, cette contrée flétrie qui a reçu le nom de Campagne Romaine, étrange désert, morne, insalubre, presque sans végétation et sans habitants, semé de ruines d'aqueducs, de tombeaux, de voies romaines (voie Appienne, voie Latine) et où règne depuis des siècles la fièvre connue sous le nom de malaria. Quel contraste avec les environs des grandes villes, d'habitude si gais, si peuplés, si riants! Mais, aux premières pentes des montagnes du Latium, le spectacle change; on quitte le désert marécageux pour rentrer

1. Cette figure et la suivante nous ont été aimablement prêtées par M. Sabatini. Nous le prions d'agréer nos remerciements de cette obligeance.

dans une sorte de jardin fertile. Ce ne sont partout que des vergers, des vignes, des bois, des champs cultivés. Les odeurs pestilentielles sont remplacées ici par le suave parfum de l'oranger, du citronnier, de la mélisse, et, de la lavande, tandis que des villes, des châteaux s'étagent sur les flancs de la montagne, se dressent sur des pitons rocheux ou semblent blottis dans des nids de verdure. Ce sont, au nord Colonna, monte Compatri, monte Catone, Rocca Priora; au sud Velletri, Civita Lavinia, bâties sur des cônes surgissant brusquement des flancs des monts Albains. Voilà Marino surplombant un profond ravin, Castel Gandolfo qui aligne ses maisons au-dessus du miroir du lac d'Albano; Albano, anciennement Albe la Longue, résidence d'été des papes d'autrefois; Ariccia, reliée par de pittoresques ouvrages d'art à Genzano, puis, Nemi, à 200 mètres au-dessus du lac du même nom, etc. Plus au N., Grotta Ferrata et la délicieuse Frascati, où les habitants de Rome viennent en villégiature. Un chemin de fer la relie directement, d'ailleurs, à la capitale de l'Italie; un autre dessert également Marino et Albano, et, ce n'est pas un spectacle banal que celui dont on jouit, en allant par la voie ferrée de Marino à Albano. A la sortie de la gare, on entre dans un tunnel qui débouche brusquement sur les bords du lac d'Albano, dominé par des rochers à pic de 200 mètres; on le côtoie pendant quelques minutes, puis, on sort de nouveau et subitement dans la campagne, par un second tunnel. Le voyageur ne se doute pas généralement qu'il vient ainsi de traverser un ancien cratère volcanique occupé aujourd'hui par un lac.

Toute la région Sud-Ouest des monts Albains (monte Artemisio) est plus sauvage, plus élevée, plus rocheuse. Il y a peu de chemins de communications et presque partout s'étendent de grands bois. Mais une partie de l'Atrio della Molare et des flancs du cône interne sont cultivés et plantés en vignes.

Histoire géologique. L'étude géologique permet seule de comprendre le pittoresque des monts Albains, leur configuration si spéciale, les deux cônes superposés qui le constituent, ses lacs, ses monticules isolés, la fertilité de son sol, sa richesse et la pauvreté, l'aridité de la Campagne Romaine. C'est ce que je vais essayer de montrer à grands traits.

Les monts Albains constituent, en effet, un grand volcan relativement récent, deux fois plus considérable que le Vésuve comme étendue. Son soubassement comprend une série de terrains variés, depuis le Lias jusqu'au Pléistocène, mais, vers le nord et l'ouest, c'est le Pliocène et le Pléistocène qui affleurent. Le Pliocène marin fossilifère se montre à Rome même (monte Mario, Vatican).

A. Portis, professeur de géologie à Rome, qui a publié récemment un important travail sur les environs de cette ville, a eu l'idée de représenter, par une série

1. A. Portis, Contribuzioni alla storia fisica del bacino di Roma, 1893.

de schémas très clairs, les diverses phases par lesquelles a passé, durant le Plio

cène et le Quaternaire, la région occupée aujourd'hui par les volcans du Latium et la Campagne Romaine.

Au début, le pied occidental de l'Apennin baignait dans la mer. Sur l'emplacement du rivage actuel s'étendait, au contraire, une petite ride montagneuse qui, avec l'Apennin, délimitait un fossé qu'allaient bientôt combler les sédiments pliocènes. A cette époque, la pente générale du sol se faisait de la ride vers d'Apennin, c'est-à-dire, était l'inverse de ce qu'elle est aujourd'hui. La connaissance de

ce fait nous permettra d'expliquer, plus loin, les caractères physiques de la Campagne Romaine.

Peu après le dépôt des sédiments pliocènes, des pressions latérales produisirent un curieux changement; elles exondèrent toute la fosse marine et firent remonter son fond sur les flancs de l'Apennin, tandis que, par un jeu de bascule inverse, elles abais saient peu à peu la ride qui limitait cette fosse vers l'ouest. Au début du Quaternaire, la partie terrestre était sous les eaux et la

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fosse marine était devenue terrestre et surélevée dans une assez large mesure.

LA GEOGRAPHIE. III.

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