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35. Ce qu'ayant appris les hommes de ce lieu, ils envoyèrent dans toute cette contrée, et lui présentèrent tous les malades.

36. Et ils le prioient de les laisser seulement toucher le bord de sa robe, et tous ceux qui le touchèrent revinrent en santé.

Jésus, fuyant Hérode, le pouvoir qui tue les Prophètes, les hommes suscités de Dieu pour annoncer et préparer l'avenir, se retire au désert; le peuple l'y suit, et Jésus, après avoir guéri les malades, le nourrit des pains que sa parole a multipliés. Cependant ses disciples, qu'il a renvoyés dans une barque, afin de rester seul sur la montagne pour prier, sont assaillis d'une grande tempête. Jésus vient à eux sur les flots au milieu de la nuit. Ils croient voir un fantôme et sont saisis de frayeur. Jésus les rassure par ce mot : C'est moi. Pierre lui demande d'aller à lui; mais, bien que Jésus lui ait dit : Venez, et qu'enhardi par ce commandement il soit descendu de la barque, il a peur et enfonce dans la mer. Jésus aussitôt, étendant la main pour le soutenir, lui adresse ce reproche : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté? —Que signifient ces choses? Elles vous apprennent ce que l'Évangile inculque si souvent, qu'on ne se sauve que par une foi ferme. Doutez-vous? Restez où vous êtes et ce que vous êtes, car vous n'avez pas ce qu'il faut pour rien changer à votre état. Croyez-vous? Allez au désert, suivez-y Jésus, celui qui vient fonder sur la terre le royaume de Dieu. Car le royaume de Dieu n'est pas dans les lieux habités, dans les sociétés présentes : il est dans l'avenir, dans le désert. Et ne vous inquiétez point comment vous vivrez dans le désert. Ayez faim de la parole, rassasiez-en votre âme, et le pain du corps lui sera donné, lui sera donné surabondamment par la puissance même de cette parole féconde. Ce n'est pas tout cependant, vous aurez encore à subir d'autres épreuves;

il vous faudra lutter contre les flots et les vents. Pensez-vous donc que le vieux monde, le monde d'Hérode et de ses courtisans ne vous troublera point dans votre œuvre, renoncera sans combattre au pouvoir qu'il exerce sur vous, souffrira tranquillement que vous vous dérobiez à son oppression? Ne l'espérez pas. La tempête viendra; mais Jésus aussi viendra dans la tempête, et les vents s'apaiseront, les flots s'abaisseront, et heureux alors ceux qui auront cru, qui n'auront pas douté! Priez donc, priez, comme le Fils de l'homme sur la montagne, priez que cette foi, la foi qui sauve, soit affermie en vous. Qui ne l'a pas en soi est dévoué à la servitude. Que celui-là donc dorme son sommeil, le sommeil de la bête de somme sur la litière que le maître lui a jetée.

CHAPITRE XV.

1. Alors des Scribes et des Pharisiens, venus de Jérusalem, s'approchèrent de lui, disant :

2. Pourquoi vos disciples trangressent-ils les traditions des anciens? car ils ne lavent pas leurs mains lorsqu'ils mangent du pain 1.

3. Mais il leur répondit: Et vous, pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu pour votre tradition? Car Dieu a dit : 4. Honorez votre père et votre mère; et quiconque maudira son père ou sa mère2, mourra de mort.

5. Mais vous, vous dites : Quiconque dit à son père ou à sa mère : Tout don que j'offre à Dieu vous est utile (accomplit le précepte),

1

Toujours la lettre, la chose matérielle substituée à l'esprit.

2 Leur dira des paroles d'outrage.

1

6. Quoiqu'il n'honore point son père ou sa mère 1; et vous détruisez le commandement de Dieu par votre tradition.

7. Hypocrites, c'est bien de vous qu'Isaïe a prophétisé, di

sant:

s. Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi.

9. Et vain est le culte qu'ils me rendent, enseignant des doctrines et des ordonnances humaines.

10. Puis, ayant appelé le peuple, il leur dit : Écoutez et comprenez.

11. Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme; mais ce qui sort de la bouche, c'est là ce qui souille l'homme. 12. Alors ses disciples, s'approchant, lui dirent: Savez-vous que les Pharisiens, entendant cette parole, se sont scandalisés?

13. Mais il leur répondit: Toute plante que mon Père céleste n'a point plantée sera arrachée.

14. Laissez-les ce sont des aveugles et des conducteurs d'aveugles. Or, si un aveugle conduit un aveugle, ils tomberont tous deux dans la fosse 2.

15. Pierre, reprenant, lui dit : Expliquez-nous cette parabole. 16. Mais il lui dit : Êtes-vous donc encore, vous aussi, sans intelligence?

1 Le sens est: Vous enseignez au fils à violer la loi qui ordonne d'honorer son père et sa mère et de les assister, sous le prétexte qu'ils auront part au mérite des offrandes faites par lui à Dieu, et que cela suffit à l'accomplissement de ses devoirs envers eux. Un des caractères du pharisaïsme fut toujours de corrompre la morale par une dérisoire interprétation de la loi.

2 A la vraie loi de Dieu, les Pharisiens, aveugles et conducteurs d'aveugles, substituoient de leur chef une autre loi, qui détournoit les hommes de la première et la détruisoit. C'est pourquoi Jésus dit: Laissez-les. Et ce qu'il dit des Pharisiens, il le dit de quiconque enseigne des doctrines ou qui corrompent, ou qui divisent; égare la conscience en altérant les commandements, impose des lois particulières, qui, par là même, ne sont pas l'universelle loi de Dieu. Toute plante que le Père céleste n'a point plantée doit être arrachée.

17. Ne comprenez-vous point que tout ce qui entre dans la bouche va au ventre, et est rejeté en un lieu secret?

18. Mais ce que la bouche profère sort du cœur, et c'est là ce qui souille l'homme.

19. Car, du cœur sortent les mauvaises pensées, les homicides, les adultères, les fornications, les vols, les faux témoignages, les blasphèmes.

20. C'est là ce qui souille l'homme; mais manger sans avoir lavé ses mains ne souille point l'homme.

21. Jésus, étant parti de ce lieu, se retira du côté de Tyr et de Sidon.

22. Et voilà qu'une femme chananéenne, sortant de ces contrées, lui dit avec de grands cris: Seigneur, fils de David, ayez pitié de moi; ma fille est cruellement tourmentée du démon.

23. Jésus ne lui répondit pas une parole. Et ses disciples s'approchant de lui le prioient, disant : Renvoyez-la, car elle nous poursuit de ses cris.

24. Mais il leur répondit: Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël 1.

25. Elle cependant se vint prosterner devant lui, disant : Seigneur, secourez-moi.

26. Il lui répondit: Il n'est pas bon de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux chiens.

27. Mais elle lui dit : Il est vrai, Seigneur; mais les petits chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres.

28. Alors, Jésus lui répondit: 0 femme, votre foi est grande; qu'il vous soit fait comme vous voulez. Et sa fille fut guérie à l'heure même.

29. Étant parti de là, Jésus vint le long de la mer de Galilée; et montant sur une montagne, il s'y assit.

1 On voit assez par ce qui suit que Jésus ne se refuse en apparence à une œuvre de miséricorde que pour leur montrer, au delà de toute mission particulière, la grande et universelle mission, qui fait disparoître par la foi toutes les différences de peuples et de races ramenées ainsi à l'unité.

30. Alors de grandes troupes s'approchèrent de lui, ayant avec elles des muets, des aveugles, des boiteux, des infirmes, et beaucoup d'autres malades; et ils les déposèrent à ses pieds, et il les guérit.

31. De sorte que la multitude étoit dans l'admiration, voyant les muets parler, les boiteux marcher, les aveugles voir; et elle glorifioit le Dieu d'Israël.

32. Cependant Jésus, ayant appelé ses disciples, leur dit : J'ai pitié de cette foule, car il y a déjà trois jours qu'ils restent près de moi, et ils n'ont pas de quoi manger; et je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur qu'ils ne défaillent en route.

33. Et ses disciples lui dirent: Où donc trouverons-nous dans le désert assez de pains pour rassasier une si grande foule?

34. Jésus leur dit : Combien avez-vous de pains? Ils lui dirent : Sept et quelques petits poissons.

35. Et il commanda à la multitude de s'asseoir sur la terre. 36. Et prenant les sept pains et les poissons, et rendant grâces à Dieu, il les rompit et les donna à ses disciples, et ses disciples les donnèrent au peuple.

37. Et tous mangèrent et furent rassasiés. Et de ce qui resta de fragments, ils remportèrent sept corbeilles pleines.

38. Or, ceux qui mangèrent étoient au nombre de quatre mille hommes, sans les petits enfants et les femmes.

39. Et ayant renvoyé le peuple, il monta dans une barque, et vint aux confins de Magedan.

Lorsqu'une institution ne peut plus satisfaire aux besoins des peuples à cause du progrès qui s'est opéré, l'esprit qui l'animoit, qui faisoit sa vie, se retire d'elle. Il n'en reste que le cadavre. Ainsi, au temps de Jésus-Christ, la religion de Moïse, matérialisée par les Sadducéens, chefs du sacerdoce, qui ne voyoient en elle qu'un instrument de la politique; corrompue par les Pharisiens, qui, subtilisant sur la Loi au

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